Innovation

Messages clés

  • L’Ontario se classe en tête des provinces au bilan comparatif global de l’innovation. Il décroche un B et recule de deux rangs pour occuper le 7e rang du classement général.
  • Avec un C au lieu d’un B, le Québec recule d’une place au classement, tandis que la Colombie-Britannique, qui jouissait d’une bonne position au classement, perd sept places et passe de B à D.
  • L’Île-du-Prince-Édouard et le Nouveau-Brunswick restent les lanternes rouges du classement, écopant des D–, tandis que quatre autres provinces – la Nouvelle-Écosse, Terre-Neuve-et-Labrador, la Saskatchewan et le Manitoba – glissent de D à D–, ce qui permet à l’Irlande de les doubler au classement.
  • Le Canada occupe le 12e rang des 16 pays de comparaison – soit un recul de trois places – et obtient un C en innovation. Sa performance s’est améliorée à quelques indicateurs, mais plusieurs pays de comparaison affichent une meilleure performance, d’où ce résultat.

L’innovation en perspective

Qu’est-ce que l’innovation? Le Conference Board du Canada définit l’innovation comme un processus par lequel on extrait des connaissances une valeur économique ou sociale, par la formulation, la diffusion et la transformation d’idées, afin de créer des produits, des services, des stratégies, des capacités ou des procédés nouveaux ou améliorés.

Bien que l’attention soit souvent centrée sur des innovations radicales, comme des technologies révolutionnaires (p. ex. impression 3D, informatique quantique), de nouveaux produits (p. ex. téléphones intelligents) ou services (p. ex. Uber), les innovations progressives sont tout aussi importantes. Par exemple, on peut arriver à des gains de productivité substantiels en adoptant et en utilisant (par opposition à créer) de nouvelles technologies de l’information et des communications (TIC) ou en mettant en application une méthode de gestion des connaissances plus efficace. Ces types d’innovation progressive sur le plan des procédés profitent aux entreprises et aux économies sans être nécessairement à la pointe d’innovations radicales. 

L’innovation est importante non seulement pour assurer le succès des entreprises et d’autres organisations, mais aussi pour le bien-être économique et social des collectivités, des régions et des pays. Les entreprises qui innovent avec succès améliorent leur compétitivité et se positionnent de manière à prospérer. Les pays et provinces où l’activité novatrice est dynamique et fructueuse voient s’améliorer leur productivité, leur croissance économique et leur création d’emplois, et ils disposent de plus de ressources pour financer les dépenses d’éducation, de santé et d’infrastructure, entre autres.

Comme l’écrit le Comité d’experts sur l’innovation dans les entreprises du Conseil des académies canadiennes, « l’innovation alimente la capacité qu’a l’économie de renforcer la valeur économique d’une heure de travail et fait ainsi augmenter la production économique par habitant. La croissance de la productivité qui en résulte offre un potentiel d’augmentation des salaires et des revenus, donc également du niveau de vie1. »

Comment mesure-t-on la performance en matière d’innovation?

Pour mesurer la performance en matière d’innovation, nous évaluons le Canada, ses provinces et 15 pays de comparaison par rapport aux neuf indicateurs de bilan comparatif suivants : recherche-développement (R-D) publique, chercheurs affectés à la R-D, articles scientifiques, ambition entrepreneuriale, investissements de capital-risque, R-D des entreprises, investissement dans les TIC, brevets et productivité du travail2. Nous évaluons également la performance des provinces pour ce qui est des taux d’entrée d’entreprises. Malheureusement, il n’existe pas de données internationales comparables pour cet indicateur.

Nous calculons aussi pour chacune des régions de comparaison une note générale en matière d’innovation en nous fondant sur la performance globale aux neuf indicateurs pour lesquels il existe des données internationales (le taux d’entrée d’entreprises n’est pas inclus dans le calcul). Les notes sont calculées uniquement à partir de la performance relative des pays. Les notes provinciales ne sont attribuées qu’après que les seuils de notation ont été générés par les comparaisons entre pays. La performance provinciale n’a donc aucune incidence sur les notes attribuées à chacun des pays. Pour plus de détails sur le calcul des notes, consultez la page sur la Méthodologie.

On ne dispose pas, pour la plupart des indicateurs, de données sur les territoires ou, dans certains cas, il en existe, mais elles regroupent les territoires, ce qui ne permet pas de faire la distinction entre le Yukon, les Territoires du Nord-Ouest et le Nunavut. Dans certains cas, on dispose de données sur les territoires, mais trop peu d’indicateurs pour dresser véritablement un tableau de leur performance globale en matière d’innovation.

Comment les indicateurs du bilan comparatif sont-ils choisis?

Le choix des indicateurs a été guidé par la définition de l’innovation du Conference Board du Canada, la nécessité de traiter chacune des trois dimensions de l’innovation (capacité, activité et résultats), la volonté d’être aussi cohérents que possible par rapport à nos précédents bilans comparatifs internationaux de l’innovation et le besoin d’indicateurs qui soient logiques au niveau provincial.

Par exemple, les rapports précédents sur l’innovation internationale de la série Les performances du Canada comprenaient un ensemble d’indicateurs qui comparaient les parts de marché à l’exportation des pays de comparaison dans l’aéronautique, l’électronique, les machines et ordinateurs de bureau, les produits pharmaceutiques et les instruments. Tout cela est logique dans des comparaisons internationales, mais moins dans un bilan comparatif de l’innovation provinciale, étant donné la tendance des régions infranationales à se concentrer davantage sur quelques secteurs clés. Le choix des indicateurs était également limité par la disponibilité de données comparables pour les provinces et pour les différents pays.

Dans l’idéal, les mesures relatives aux activités d’innovation et à leurs résultats seraient obtenues auprès des entreprises, y compris les données sur le pourcentage d’entreprises (et leur taille) innovant sur le plan des produits, des services, des procédés, du marketing et autres activités d’innovation, et les données sur la performance qui en découle en ce qui concerne le chiffre d’affaires, les frais d’exploitation et la part de marché. Bien que des données sur l’activité d’innovation des entreprises soient recueillies et comparées à l’échelle internationale, Statistique Canada ne recueille pas suffisamment de données pour permettre une analyse provinciale. De plus, à notre connaissance, on ne recueille pas de données provinciales et internationales complètes et comparables qui mesurent directement l’innovation au niveau des entreprises (produits, procédés ou services innovateurs) et ses résultats. Par conséquent, nous nous appuyons principalement sur un ensemble d’indicateurs économiques relatifs à la capacité d’innovation, à l’activité d’innovation et aux résultats obtenus.

Performance en matière d’innovation

CapacitéActivitéRésultats
  • R-D publique
  • Chercheurs
  • Articles scientifiques
  • Ambition entrepreneuriale
  • Investissements en capital-risque
  • R-D des entreprises
  • Investissement dans les TIC
  • Brevets
  • Taux d’entrée d’entreprises
  • Productivité du travail

Source : Le Conference Board du Canada.

Quelles sont les provinces les mieux classées en ce qui concerne l’innovation?

L’Ontario, qui arrive en tête, est la seule province à décrocher un B au bilan comparatif de l’innovation. Le Québec recule légèrement au classement général, passant de B à C. L’autre province qui avait obtenu un B au bilan comparatif précédent, la Colombie-Britannique, recule de sept rangs, passant de la 10e place à la 17e, et ne reçoit cette année qu’un D.

L’Ontario, qui se classe en tête des provinces, obtient globalement un B et occupe le 7e rang, avec un A et un A+ à deux des dix indicateurs. Avec une R-D publique équivalant à 0,96 % du PIB, la province s’est hissée au sommet des meilleurs performances du monde à cet égard, décrochant un A. L’Ontario obtient un A+ à l’ambition entrepreneuriale, indicateur auquel toutes les provinces affichent de très bons résultats par rapport aux pays de comparaison. La province obtient un B à deux indicateurs : les articles scientifiques et l’entrée d’entreprises.

Cependant, l’Ontario passe de B à C à deux indicateurs : l’investissement dans les TIC et le capital-risque. L’Ontario continue d’obtenir des D à la R-D des entreprises et à deux indicateurs de résultats de l’innovation, à savoir les brevets et la productivité du travail. Cela donne à penser que la province continue de faire face à des problèmes de commercialisation et a toujours du mal à récolter davantage les fruits de l’innovation.

Le Québec se place 9e au classement des régions de comparaison, soit un rang derrière celui qu’il occupait au dernier bilan comparatif. Globalement, il obtient un C, contre un B au bilan précédent. Auparavant, le Québec se situait en queue de peloton des B. À présent, il est le mieux classé des C. Sa performance relative a changé juste assez pour faire descendre la province dans la cohorte inférieure. Par ailleurs, le Québec décroche un A à deux indicateurs : la R-D publique et l’ambition entrepreneuriale (contre un B au bilan comparatif précédent). Même si les investissements de capital-risque y sont passés de 0,14 % à 0,2 % du PIB et que la province occupe le deuxième rang du classement, l’amélioration spectaculaire des États-Unis à cet indicateur fait descendre la note du Québec de A à B.

Le Québec récolte un C à trois indicateurs : les chercheurs, les articles scientifiques et la R-D des entreprises (en ce qui a trait à ce dernier aspect, il fait mieux que le Canada et que l’ensemble des provinces). Cependant, avec un D aux investissements dans les TIC, aux brevets, à l’entrée d’entreprises et à la productivité du travail, le Québec a du mal, comme l’Ontario, à commercialiser ses innovations et à en récolter les fruits.

La R-D publique (c.-à-d. celle réalisée par le secteur public et le secteur de l’enseignement supérieur) et les chercheurs affectés à la R-D sont des indicateurs de la capacité d’innovation, c.-à-d. les ressources et compétences nécessaires pour disposer de fondations solides afin de réaliser des progrès scientifiques et des échanges d’idées. La catégorie de la capacité comprend également une mesure de la productivité de la communauté scientifique, c.-à-d. les articles scientifiques. Le plus récent bilan comparatif international de l’innovation de la série Les performances du Canada comprenait un indice de la facilité de devenir entrepreneur (indiquant dans quelle mesure l’environnement des entreprises et les politiques ambiantes sont favorables à de nouvelles activités) et un indice des articles les plus souvent cités (ce qui donne une idée de la qualité et de l’utilité des articles scientifiques pour la communauté des sciences, de la technologie et de l’innovation en général). Malheureusement, on ne dispose pas de données comparables pour les provinces au sujet de ces indicateurs.

L’ambition entrepreneuriale (c.-à-d. la proportion des habitants âgés de 18 à 64 ans qui font état d’une activité entrepreneuriale en phase de démarrage, y compris des tentatives pour créer ou posséder et gérer une nouvelle entreprise), les investissements de capital-risque, la R-D des entreprises et l’investissement dans les TIC sont des indicateurs de l’activité d’innovation, c.-à-d. des investissements consentis par les entreprises et par d’autres investisseurs pour approfondir encore des idées et mettre en œuvre des technologies propres à améliorer la productivité ainsi que des premières mesures prises par les entrepreneurs pour lancer de nouvelles activités.

Les brevets et les taux d’entrée d’entreprises sont des indicateurs des résultats de l’innovation, c.-à-d. des signaux montrant que le processus d’innovation a permis de créer des produits, des services ou des procédés qui méritent d’être protégés et de nouvelles activités qui valent la peine d’être lancées. Les précédentes éditions du bilan comparatif international de l’innovation comprenaient les marques de commerce, mais on ne dispose pas de données comparables pour les provinces et les pays de comparaison.

Enfin, la productivité du travail est un indicateur global de la performance en matière d’innovation. L’amélioration de la productivité du travail résulte d’un certain nombre de facteurs, mais l’innovation joue un rôle important. En tant que mesure de l’efficacité à transformer des intrants (p. ex. compétences, technologie, procédés) en extrants utiles dans la production, le marketing ou la fourniture de produits et de services, la productivité traduit les retombées de l’innovation. Par exemple, l’investissement dans les TIC devrait contribuer à des gains d’efficacité, mais rien ne garantit que les entreprises parviennent à mettre en œuvre des TIC et les utilisent efficacement. L’évolution de la productivité est une des mesures, certes indirecte, des retombées globales de diverses innovations.

À quoi ressemble le bilan comparatif provincial de l’innovation?

À quoi ressemble le bilan comparatif global de l’innovation du Canada?

Globalement, le Canada décroche un C au bilan comparatif de l’innovation et se classe 12e sur les 16 pays de comparaison, soit un recul de trois places par rapport au dernier bilan comparatif. Ce recul tient moins à une dégradation importante de la performance du Canada aux différents indicateurs qu’à une nette amélioration de la performance de quelques pays de comparaison. Quelques pays en peloton de tête ont sensiblement amélioré leur performance à certains indicateurs, tandis que des pays qui s’en sortaient auparavant à peu près aussi bien que le Canada, ont relevé leur niveau. Ainsi, la Belgique a gagné sept places, passant du 17e au 10e rang parmi les 26 régions de comparaison, tandis que le Japon et l’Australie ont chacun progressé de trois rangs, dépassant par là-même le Canada.

Le Canada a reculé relativement à quelques indicateurs par rapport aux pays de comparaison. La baisse la plus marquée concerne l’indicateur des investissements de capital-risque, non pas que l’investissement ait chuté au Canada, mais en comparaison des États-Unis (qui se classent au premier rang), il a perdu du terrain. Il est passé de B à C à cet indicateur, malgré une amélioration absolue dans ce domaine. Le Canada maintient ses notes, mais perd quelques places au classement à deux indicateurs, celui des dépenses de R-D publique (passant du 9e au 10e rang sur les 16 pays de comparaison) et celui des chercheurs affectés à la R-D (du 9e au 10e rang), tandis que sa performance (mais non ses notes ou son classement) faiblit à d’autres. 

En bref, le Canada continue d’afficher la même faible performance qui suscite tellement d’inquiétude depuis quelques années. Reste à savoir si les nouvelles initiatives lancées par les gouvernements fédéral et provinciaux permettront d’améliorer la performance et le potentiel du Canada en matière d’innovation. De récentes annonces sont prometteuses – y compris l’Initiative des supergrappes, le programme d’approvisionnement de Solutions innovatrices Canada (inspiré du programme américain Small Business Innovation Research), les nouvelles chaires de recherche dans l’enseignement supérieur et le renouvellement du Plan d’action sur le capital de risque. Mais on ne saura pas avant quelques années si ces initiatives contribueront à améliorer la performance du Canada en matière d’innovation.

Qu’est-il arrivé à la Colombie-Britannique?

Au dernier bilan comparatif, la Colombie-Britannique affichait de bons résultats, décrochant globalement un B et occupant le 10e rang du classement général. Au nouveau bilan comparatif, cependant, la province passe à D et recule de sept rangs pour se retrouver au 17e rang sur 26. Par rapport aux pays de comparaison, elle ne dépasse que l’Irlande et le Royaume-Uni. Que s’est-il passé?

Bien que la Colombie-Britannique passe de B à A à l’entrée d’entreprises, seul indicateur où elle décroche un A, cela n’influe pas sur la note globale (parce qu’on ne dispose pas de données comparables pour les pays). Aux neuf indicateurs qui composent la note finale, la Colombie-Britannique recule d’une lettre à quatre indicateurs, soit le capital-risque (de A à B), les articles scientifiques (de B à C), l’investissement dans les TIC (de C à D) et les chercheurs affectés à la R-D (de D à D–). Si l’on ajoute la faiblesse persistante en ce qui concerne la R-D publique (C), les brevets (D), la productivité du travail (D) et la R-D des entreprises (D-), la Colombie-Britannique se retrouve en dessous de la moyenne canadienne déjà médiocre. Elle doit redresser la barre rapidement avant qu’un équilibre de faible innovation devienne la norme.

Comme s’en sort l’autre province la plus peuplée, l’Alberta?

Les notes et le classement de l’Alberta ont également reculé depuis le dernier bilan comparatif, où elle occupait le 15e rang parmi les 26 régions de comparaison et obtenait un C. Mais au nouveau bilan comparatif de l’innovation, l’Alberta passe au 19e rang et ne se voit attribuer qu’un D.

La province continue d’obtenir de bons résultats à l’indicateur de l’ambition entrepreneuriale (A+), de l’entrée d’entreprises (A) et de la productivité du travail (B), mais elle recule d’une lettre aux articles scientifiques (de B à C). L’Alberta maintient ses notes aux autres indicateurs, mais elle perd des places au classement relatif, car certains pays de comparaison ont progressé dans certains domaines. L’Alberta obtient un C à l’investissement dans les TIC, un D à la R-D publique, aux investissements de capital-risque et aux brevets, et un D– aux chercheurs affectés à la R-D. Dans l’ensemble, la performance de l’Alberta, qui a légèrement fléchi conjuguée aux améliorations enregistrées dans des pays de comparaison, font qu’elle obtient une moins bonne note et qu’elle recule au classement général du bilan comparatif de l’innovation.

Comment s’en sortent les autres provinces?

Les six provinces restantes obtiennent de piètres résultats au chapitre de l’innovation. La Nouvelle-Écosse, Terre-Neuve-et-Labrador, la Saskatchewan, le Manitoba, l’Île-du-Prince-Édouard et le Nouveau-Brunswick se voient toutes attribuer des D– au bilan comparatif global de l’innovation, car toutes se classent derrière le pays de comparaison le moins performant, le Royaume-Uni.

La Nouvelle-Écosse obtient un D– et se retrouve au 21e rang des 26 régions de comparaison, ce qui en fait la mieux classée des provinces de l’Atlantique. Elle passe de C à D à l’investissement dans les TIC et se voit attribuer quatre D–, soit aux chercheurs, à la R-D des entreprises, aux brevets et à la productivité du travail. La Nouvelle-Écosse obtient de bons résultats à quelques indicateurs. Avec des dépenses publiques en R-D équivalant à 1,2 % du PIB, la province dépasse l’ensemble des autres régions de comparaison et décroche un A+ à cet indicateur. Elle obtient un B et se classe troisième aux articles scientifiques, même si cela représente un recul d’une note et d’une place par rapport au précédent bilan comparatif. Le secteur néo-écossais de l’enseignement supérieur fournit de solides assises pour développer le potentiel en sciences et en innovation. La province occupe d’ailleurs la tête du classement des 26 régions de comparaison pour ce qui est de la R-D de l’enseignement supérieur.

Terre-Neuve-et-Labrador contient un D– et une 22e place au classement général. Comme la Nouvelle-Écosse, la province se voit attribuer un D– pour ce qui est des chercheurs, de la R-D des entreprises et des brevets. La province obtient un D à l’investissement dans les TIC et au capital-risque, et un C aux articles scientifiques et à la productivité du travail. Sa meilleure note est un A pour son taux d’entrée d’entreprises de 15 %, le deuxième meilleur taux parmi les provinces. Terre-Neuve-et-Labrador s’en sort assez bien à l’ambition entrepreneuriale, où elle décroche un B, mais sa performance pour ce qui est de la productivité du travail est passée de B à C depuis le précédent bilan comparatif.

La Saskatchewan obtient de bons résultats aux indicateurs de l’entrepreneuriat. Elle décroche un A et une 7e place au classement général à l’indicateur de l’ambition entrepreneuriale, ainsi qu’un B et une 5e place au classement des provinces pour ce qui est de l’entrée d’entreprises. Cependant, des notes allant de médiocres à mauvaises à presque tous les autres indicateurs valent à la province un D– et un 24e rang au classement général du bilan comparatif de l’innovation. La province obtient un C aux articles scientifiques, au lieu d’un B dans le bilan précédent, et un C à la productivité du travail. Elle affiche de faibles résultats concernant la proportion de dépenses liées à l’innovation et sa capacité à attirer des capitaux pour innover. Elle obtient un D aux investissements de capital-risque et en R-D publique, ainsi qu’un D– à la R-D des entreprises et à l’investissement dans les TIC. La Saskatchewan obtient également un D– aux indicateurs des brevets et des chercheurs. Comme l’indique son expérience, l’esprit d’entreprise et l’entrée d’entreprises ne suffisent pas à améliorer la performance d’une région au bilan comparatif de l’innovation. Il faudrait explorer d’autres investissements et activité.

Au chapitre de l’innovation, le Manitoba décroche un D– et une 23e place globalement. Il obtient un A pour l’ambition entrepreneuriale et un B en ce qui concerne la R-D publique et l’entrée d’entreprises. La province passe de B à C aux articles scientifiques, dans une large mesure parce que le pays de comparaison le mieux classé, la Suisse, affiche de tellement bons résultats, et de C à D à l’investissement dans les TIC. Les entreprises manitobaines ont attiré des investissements de capital-risque en 2016 totalisant 90 M$, soit le plus haut niveau d’investissement dans la province en plus de dix ans. Cela était suffisant pour la faire passer du 25e au 11e rang parmi les 26 régions de comparaison, mais en raison de l’augmentation spectaculaire enregistrée par les États-Unis à ce chapitre, le Manitoba ne passe que de D– à D. Le Manitoba obtient D– pour les chercheurs, la R-D des entreprises et les brevets, car sa performance est inférieure à celle des pays de comparaison les moins performants relativement aux mêmes indicateurs.

L’Île-du-Prince-Édouard décroche un A à l’entrée d’entreprises, mais sa performance aux autres indicateurs s’est détériorée. Elle passe ainsi de A à B à l’indicateur de la R-D publique et de B à D à l’indicateur de l’investissement dans les TIC. La province obtient de piètres résultats aux indicateurs liés à la capacité et aux activités relatives à l’innovation, décrochant un D aux articles scientifiques, au capital-risque et à l’investissement dans les TIC, et un D– aux chercheurs affectés à la R-D et à la R-D des entreprises, de même qu’aux indicateurs des résultats de l’innovation, obtenant un D aux brevets et un D– à la productivité du travail. Étant donné la taille de la province, il est peu probable qu’elle fasse reculer les frontières de l’innovation. Le défi pour la province consiste à trouver son créneau afin de contribuer à l’innovation dans les chaînes d’approvisionnement locales et mondiales.

Le Nouveau-Brunswick occupe le dernier rang du classement des 26 régions de comparaison. Il est la seule région à ne pas décrocher de A ou de B pour aucun des indicateurs. Pour ce qui est de sa capacité à innover, le Nouveau-Brunswick a une R-D publique médiocre (ce qui lui vaut un C), il compte très peu de chercheurs affectés à la R-D (D–) et produit peu d’articles scientifiques (D). Dans la catégorie de l’activité d’innovation, le Nouveau-Brunswick obtient un C pour l’investissement dans les TIC, un D aux investissements de capital-risque, et un D– à la R-D des entreprises. Quant aux résultats de l’innovation, la province décroche un C à l’entrée d’entreprises, un D à la productivité du travail et un D– aux brevets. En revanche, les investissements de capital-risque ont augmenté en valeur et en nombre au Nouveau-Brunswick ces dernières années, signe que les investisseurs y voient un nombre croissant d’entreprises à fort potentiel.

Le Canada a-t-il laissé passer le moment d’innover?

Le Canada obtient un C à l’innovation et se classe 12e sur les 16 pays de comparaison, soit un recul de trois places depuis le dernier bilan comparatif. Le Canada réussit à se maintenir juste au-dessus du D qu’il s’est vu attribuer pendant des années, mais des faiblesses persistantes et un investissement à la traîne donnent à penser que même la note de C est précaire.

Comme le montre le bilan comparatif, la performance diffère sensiblement d’une province à l’autre, tant globalement qu’à chaque indicateur. Cela complique la tâche quand on veut fournir une seule évaluation générale de la performance du Canada. L’Ontario, par exemple, se révèle être une région dynamique sur le plan de l’innovation, même si elle peut encore mieux faire à ce chapitre, alors que le Nouveau-Brunswick affiche la pire performance au Canada et la pire parmi les pays de comparaison.

La performance globale du Canada s’est détériorée en raison d’une baisse absolue à certains indicateurs et de meilleures performances de certains pays de comparaison à d’autres. Bien que le Canada passe du troisième au premier rang à l’indicateur de l’ambition entrepreneuriale, il perd du terrain pour ce qui est de la R-D publique et des chercheurs affectés à la R-D. À certains indicateurs où le classement du Canada reste stable, sa performance relative par rapport aux meilleurs pays de comparaison faiblit. Par exemple, il occupe encore le 5e rang (sur les dix pays pour lesquels on dispose de données) en ce qui concerne les articles scientifiques, mais sa note passe de B à C à cause de la très belle performance du chef de file mondial, la Suisse. De même, bien que le Canada continue d’investir plus de capital-risque qu’auparavant et qu’il conserve sa deuxième place avec une marge d’avance importante sur le pays suivant, l’Irlande, l’amélioration spectaculaire du pays de comparaison le mieux classé, les États-Unis, au cours de la même période, fait en sorte qu’il passe d’un B à un C. À ces indicateurs et à d’autres, le Canada continue de progresser, mais le rythme plus rapide des pays en tête de classement fait qu’il perd encore plus de terrain.

Au dernier bilan comparatif, le Conference Board du Canada faisait remarquer que le Canada s’était amélioré à certains égards, mais il prévenait qu’en raison de faiblesses persistantes, le Canada était dans une situation qui était loin d’être idéale. Le Canada accuse toujours un retard important sur les pays de comparaison pour ce qui est de la R-D des entreprises. Les dépenses en pourcentage du PIB augmentent légèrement, passant de 0,87 % à 0,9 %, alors que la plupart des pays de comparaison ont augmenté leurs dépenses davantage. Résultat : le Canada se retrouve bien loin de la moyenne des pays de comparaison, qui est de 1,69 % du PIB. De plus, la R-D publique recule depuis quelques années au Canada, ce qui a fait passer le pays du 8e au 10e rang des pays de comparaison entre les deux bilans comparatifs de l’innovation. Le Canada produit certes plus de brevets par habitant que jamais, mais il se situe toujours vers le bas du classement à cet égard parce que les pays de comparaison enregistrent davantage de brevets.

Bref, il y a de plus en plus de raisons d’être préoccupé par la performance du Canada en matière d’innovation. Les activités entrepreneuriales et les investissements de démarrage sont, certes, en hausse, mais certains éléments fondamentaux de la capacité d’innovation du pays subissent des baisses progressives et persistantes, ce qui continue de nuire à sa performance.

Pourquoi le Canada continue-t-il d’obtenir globalement de piètres résultats aux bilans comparatifs de l’innovation?

Le retard qu’accuse le Canada en matière d’innovation tient, dans une large mesure, à l’inaction des entreprises à ce chapitre et, en particulier, à de piètres efforts de commercialisation. Depuis près de 20 ans, les gouvernements fédéral et provinciaux ont investi dans l’éducation, la recherche et le capital-risque, et ils ont modifié, entre autres, la politique fiscale pour soutenir et stimuler l’innovation. Pour ce qui est des apports à la recherche et à l’innovation, le Canada s’en sort assez bien.

Or, comme le souligne le Conseil des académies canadiennes, les entreprises canadiennes n’innovent que lorsqu’elles en ont besoin et c’est tout3. Jusqu’à tout récemment, le fait d’être à l’abri de la concurrence, le prix élevé des ressources naturelles, des échanges commerciaux généralement satisfaisants avec les États-Unis ainsi que d’autres conditions ont fait en sorte que les entreprises canadiennes n’ont pas eu à innover autant que les entreprises d’autres pays pour être rentables. Dans l’ensemble, le Canada a réussi à maintenir un niveau de vie élevé malgré la faiblesse relative des entreprises à innover.

Mais cette situation est en train de changer rapidement.

L’équilibre entre faible innovation et niveau de vie élevé est de plus en plus intenable. Le prix des ressources naturelles est plus instable, la structure du commerce international évolue et les départs à la retraite sont de plus en plus nombreux. Tous ces changements exposent les faiblesses du Canada en matière d’innovation des entreprises et inciteront les entreprises à innover davantage au cours des prochaines années. Après s’être contentées de survivre pendant des années, les entreprises canadiennes vont devoir mieux utiliser les apports des gouvernements et innover davantage, et ce, dans un climat beaucoup plus concurrentiel.

L’apport des gouvernements aux intrants clés de l’innovation a stagné pendant des années, ce qui n’a pas aidé la situation. Pendant le règne du gouvernement conservateur, les fonds accordés à la recherche ont diminué. Le gouvernement libéral n’a que récemment augmenté son enveloppe budgétaire à la recherche, à savoir dans les budgets de 2017 et 2018. Le gouvernement a prévu des fonds pour de nouveaux programmes de chaires de recherche universitaire, a renouvelé le Plan d’action sur le capital-risque, et a promis de nouveaux investissements pour financer des initiatives liées aux supergrappes et aux villes intelligentes. De plus, il a créé le programme d’approvisionnement pour la recherche Solutions innovatrices Canada (inspiré du programme américain Small Business Innovation Research). Enfin, de nouveaux fonds ont été dégagés pour financer des projets de recherche fondamentale au Canada à la suite de fortes pressions exercées par les scientifiques canadiens.

Ce nouveau financement améliorera la performance du Canada à certains des indicateurs liés aux intrants, mais il faudra avoir les données de 2018-2019 en main pour avoir l’heure juste. En fait, on saura mieux dans les prochaines années si ces initiatives auront permis d’améliorer les indicateurs de l’activité d’innovation et des extrants et, surtout, d’améliorer la performance du Canada en matière d’innovation.

Que faudra-t-il pour que le Canada et les provinces se hissent dans les premiers rangs?

Les structures industrielles, les systèmes d’enseignement supérieur ainsi que l’environnement des entreprises et des politiques diffèrent beaucoup d’une province à l’autre. Tout comme leur performance à la série d’indicateurs en matière d’innovation. En conséquence, les stratégies destinées à améliorer la performance en matière d’innovation différeront aussi d’une province à l’autre tout comme le contexte. En fait, si certaines provinces ont la possibilité de se trouver à l’avant-garde mondiale de l’innovation dans certaines industries, d’autres feraient mieux de se concentrer sur l’adoption d’innovations et de technologies qui visent d’ailleurs à améliorer l’efficacité et la productivité de leurs industries existantes.

Pour augmenter leur capacité d’innovation, le Canada et les provinces devraient s’inspirer des principes généraux et approches suivants.

Augmenter les dépenses d’innovation

Les gouvernements et les entreprises devraient trouver des façons de stimuler les dépenses d’innovation — y compris dans la R-D publique et la R-D des entreprises, ainsi que dans l’investissement dans les TIC et le capital-risque, le cas échéant.

Le Canada et plusieurs provinces ont affiché de bons résultats au chapitre de la R-D publique dans le passé, mais les dépenses en pourcentage du PIB ont légèrement diminué au cours des sept dernières années. Cela pourrait avoir des conséquences négatives pour la recherche scientifique et son rôle fondamental dans l’innovation économique et sociale, de même que pour l’éducation et la formation des futurs chercheurs qui contribueront à l’innovation en jouant des rôles dans les universités, les entreprises et le secteur public. Bien que la R-D publique soit sans doute moins prioritaire pour le Canada et les provinces que la santé et les infrastructures, si on réduit le financement de la recherche, on risque de nuire à la capacité du Canada de répondre aux défis sanitaires, sociaux et environnementaux, pour n’en nommer que quelques-uns, auxquels il fait face.

Pour ce qui est de la R-D des entreprises et de l’investissement dans les TIC, les décideurs devraient chercher à déterminer si la combinaison actuelle d’incitations fiscales et d’aide directe stimule vraiment les dépenses et l’investissement, tout en examinant comment les caractéristiques structurelles des économies nationale et provinciales influent sur les dépenses consacrées à la R-D des entreprises et aux investissements dans les TIC. Ils devraient étudier de près de nouvelles solutions pour améliorer les deux, y compris examiner les pratiques des pays les plus performants. Les investissements fédéraux et provinciaux dans la recherche et l’innovation relatives à l’intelligence artificielle, dans les infrastructures nécessaires pour combler le fossé numérique, dans les supergrappes et dans d’autres initiatives sont prometteurs. Mais les entreprises doivent emboîter le pas en faisant des investissements et en multipliant leurs activités d’innovation.

Mettre en œuvre de la technologie et l’utiliser efficacement

L’investissement dans les TIC est important pour innover, car il permet de financer l’infrastructure numérique nécessaire à l’échange d’idées et de données essentielles pour la mise au point, la commercialisation et le marketing de produits et services nouveaux et améliorés. Parallèlement, l’adoption et l’utilisation de TIC constituent au niveau des entreprises des innovations de procédé qui contribuent à des gains d’efficacité et à une croissance de la productivité. Les gains potentiels pour les entreprises, ainsi que pour l’économie et la société plus généralement, sont une bonne raison d’encourager l’adoption de la technologie.

Sachant que certains facteurs structurels qui empêchent d’adopter des technologies — comme la structure de l’industrie, la taille des entreprises et le rapport coût du travail-coût du capital — ne sont pas faciles à changer, l’amélioration de la performance devrait miser sur une série de facteurs contextuels et sur le processus décisionnel au niveau de l’entreprise. Une plus grande concurrence dans le secteur des TIC pourrait faire baisser les coûts pour de nombreuses entreprises, et inciter fortement celles qui sont exposées à une plus grande concurrence à améliorer leur productivité et compétitivité (au moyen d’investissements dans les TIC).

On craint, toutefois, de plus en plus que l’investissement des entreprises dans des technologies nouvelles et émergentes entraîne des pertes d’emplois qui toucheraient beaucoup de Canadiens4. Cependant, le retard du Canada à adopter des technologies présente probablement un risque encore plus important. En n’investissant pas autant que les pays de comparaison dans la technologie, les entreprises canadiennes deviennent moins productives et moins compétitives et, ce faisant, elles risquent de devoir mettre la clé sous la porte, ce qui entraînerait certainement des pertes d’emplois.

En revanche, les entreprises qui investissent dans la technologie et améliorent la productivité pourraient créer des difficultés d’emploi pour certains, mais générer plus de nouveaux types d’emploi pour d’autres à long terme. Au chapitre des politiques, les gouvernements devraient chercher des moyens d’encourager l’adoption de technologies, tout en s’assurant que les travailleurs licenciés bénéficient du soutien nécessaire pour acquérir de nouvelles compétences et décrocher ainsi un nouvel emploi5.

Créer un bon climat d’affaires

Les Canadiens sont les champions du monde de l’ambition entrepreneuriale. Au final, cependant, ce qui compte pour la performance en matière d’innovation, c’est de savoir si les entrepreneurs et les innovateurs veulent et peuvent concrétiser cette ambition — autrement dit, lancer de nouvelles entreprises et les faire prospérer. Les entrepreneurs canadiens ont besoin d’un climat sain, propice à de nouvelles activités, y compris une demande du marché et un accès au marché satisfaisants ; des chaînes d’approvisionnement solides et fiables ; des transports et une infrastructure de communication ; des taux d’imposition favorables et un régime fiscal clair ; une réglementation appropriée ; et un accès à des capitaux et à des compétences. Les décideurs ont les moyens de régler certaines de ces questions, mais pas toutes.

Renforcer les compétences en gestion

Les entrepreneurs canadiens manquent parfois des compétences et de l’expérience nécessaires en gestion pour vraiment relever les défis et saisir les possibilités, mettre en œuvre la technologie et mener des stratégies et des activités d’innovation, les gérer et en tirer profit. Comparées aux entreprises américaines qui ont de meilleurs résultats en matière d’innovation et d’investissement dans les TIC, les entreprises canadiennes font face à un déficit de gestion. De 1997 à 2004, alors que 48 % des gestionnaires aux États-Unis étaient titulaires d’un baccalauréat ou d’un diplôme supérieur, ce n’était le cas que de 32 % des gestionnaires canadiens6. En 2011, la proportion de gestionnaires canadiens titulaires de tels diplômes n’était passée qu’à 35 %7.

Si une faible capacité de gestion explique, en partie, pourquoi les entreprises canadiennes accusent un retard sur le plan de l’innovation, il faudrait donc qu’elles prennent, autant que possible, des mesures pour bénéficier de l’expertise nécessaire. De leur côté, les décideurs devraient étudier des façons de renforcer la formation et les compétences en gestion axées sur l’innovation. Des efforts pourraient également être déployés pour améliorer la capacité de gestion des entreprises canadiennes — en formant davantage et mieux les gestionnaires et en donnant aux entreprises (en particulier aux petites et moyennes entreprises) des conseils et une aide en gestion — pour améliorer l’adoption des TIC et leur utilisation efficace8.

Aller vers un programme d’innovation inclusif

Jusqu’à tout récemment, les économistes, analystes et décideurs spécialistes de l’innovation se concentraient sur les gains de productivité, les bénéfices, la croissance économique, l’emploi et le revenu par habitant découlant de l’innovation. Tous ces éléments sont cruciaux. On a toutefois moins porté d’attention aux bénéficiaires des activités innovatrices et à la répartition des risques et avantages de l’innovation. Heureusement, cela change.

Beaucoup reconnaissent à présent que la manière de répartir les possibilités et retombées est une question d’équité. Et, de plus en plus, on se rend compte qu’en assurant une participation large et inclusive et une meilleure répartition des retombées, on arrive à des bases plus solides pour assurer à long terme le succès de l’innovation et la croissance économique.9 En fait, il ne suffit pas qu’un pays ou qu’une province innove davantage. Il est essentiel que l’économie canadienne de l’innovation devienne plus « inclusive ».

De manière générale, l’innovation est inclusive lorsque tout le monde peut y participer et que les retombées de l’économie de l’innovation sont réparties équitablement. Dans le cadre d’une récente étude sur la croissance inclusive au Canada, Mike Moffatt, associé principal de Canada 2020, et ses coauteurs, Hannah Rasmussen et David Watters, approfondissent ces critères. Selon eux, l’innovation est inclusive lorsqu’elle « accroît l’autonomie » et qu’elle est « économiquement inclusive », autrement dit, lorsqu’elle offre plus de possibilités à des personnes, à des familles et à des collectivités de poursuivre leurs objectifs et qu’elle renforce le lien entre leurs choix et les résultats qu’ils connaissent, et lorsqu’elle améliore l’accès aux biens et aux services, à de meilleures perspectives d’emploi et à des salaires plus élevés, en particulier pour la classe moyenne et les moins nantis10.

Comme le révèle le bilan comparatif de la société du Conference Board, le Canada et les provinces font face à des défis persistants et de taille en ce qui concerne la pauvreté, les inégalités de revenu, l’égalité entre les sexes et les mesures à prendre pour parvenir à une plus grande inclusion et à des salaires plus élevés pour les immigrants, les groupes racialisés et les personnes ayant une incapacité. Même si le Canada est fier de sa société ouverte et inclusive, les faits montrent qu’il reste beaucoup à faire. Mais ce travail est une occasion autant qu’un défi. Si le Canada veut améliorer sa performance en matière d’innovation, il lui faudra des compétences, des perspectives et la participation de personnes et de communautés très diverses. Le Canada devrait être plus inclusif parce que c’est la bonne chose à faire et parce que cela contribuera à l’innovation et à la prospérité.

La prospérité future du Canada et des provinces et le bien-être de la population et des collectivités d’un bout à l’autre du pays dépendent de l’innovation. Il faudra compter sur des services, des produits et des procédés nouveaux ou améliorés, conjugués à des améliorations à la prestation des services sociaux, de santé et autres au profit aux Canadiens, pour assurer une bonne performance économique du pays et par ricochet, le bien-être des individus et de la société.

Comme le montre le bilan comparatif de l’innovation, l’écosystème et la performance du Canada au chapitre de l’innovation demeurent en équilibre précaire par rapport à la plupart des pays de comparaison développés et concurrents. Le pays doit relever des défis importants. Parallèlement, tous les Canadiens n’ont pas eu la possibilité de participer à l’économie de l’innovation générée par le Canada et d’en profiter. Le défi du Canada — et sa chance — ne consiste pas seulement à innover davantage, mais à veiller au partage équitable des possibilités et des retombées de l’économie de l’innovation.

Notes de bas de page

1    Comité d’experts sur l’innovation dans les entreprises, Innovation et stratégie d’entreprise : pourquoi le Canada n’est pas à la hauteur, Ottawa, Conseil des académies canadiennes, 2009, p. 30.

2    Pour plus de détails sur le calcul des notes et sur le choix des pays de comparaison, consultez la page de la Méthodologie.

3    Conseil des académies canadiennes, Un paradoxe dissipé : Pourquoi le Canada est fort en recherche et faible en innovation, Ottawa, CAC, 2013, p. 6.

4    C. Lamb. The Talented Mr. Robot: The Impact of Automation on Canada’s Workforce, Toronto, Brookfield Institute, 2016; Institute for Competitiveness and Prosperity, The Labour Market Shift: Training a Highly Skilled and Resilient Workforce in Ontario, Toronto, ICP, 2017; M. Oschinski et R. Wyonch. Future Shock? The Impact of Automation on Canada’s Labour Market, Ottawa, C.D. Howe, 2017.

5    DEEP Centre, The Future of Manufacturing in Ontario: New Technologies, New Challenges and New Opportunities, Waterloo, DEEP, 2015; C Lamb. The Talented Mr. Robot.

6    Roger Martin et James Milway. Strengthening Management for Prosperity, Toronto, Institute for Competitiveness and Prosperity, 2007, p. 9.

7    Calculs reposant sur l’Enquête nationale auprès des ménages 2011 de Statistique Canada.

8    Daniel Munro. Navigating and Managing Technology-Driven Change, Ottawa, Le Conference Board du Canada, 2015.

9    M. Moffatt, H. Rasmussen et D. Watters. Vers un Canada inclusif et novateur, Ottawa, Canada 2020, 2017 ; Organisation de coopération et de développement économiques, Making Innovation Benefit All : Policies for Inclusive Growth, Paris, OCDE, 2017; Forum économique mondial, Rapport sur La croissance inclusive et le développement,Genève, FEM, 2017.

10    M. Moffatt, H. Rasmussen et D. Watters. Vers un Canada inclusif et novateur, p. 6.