Entrée d’entreprises

Messages clés

  • L’Alberta, Terre-Neuve-et-Labrador, l’Île-du-Prince-Édouard et la Colombie-Britannique décrochent toutes un A à l’indicateur de l’entrée d’entreprises — et affichent des taux d’entrée supérieurs à la moyenne générale canadienne qui est de 13,3 %.
  • Avec un taux d’entrée d’entreprises de 10,2 %, le Québec est la province la moins performante et reçoit un D.
  • De 2004 à 2014, l’Alberta, l’Ontario et la Colombie-Britannique ont enregistré les taux d’entrée d’entreprises nets (à savoir, les entrées moins les sorties) les plus élevés du Canada, ce qui laisse supposer une plus grande probabilité de survie dans le temps des entreprises dans ces provinces.

Pourquoi l’entrée d’entreprises est-elle importante pour l’innovation?

L’entrepreneuriat est un élément important de la performance en matière d’innovation. L’arrivée de nouvelles entreprises sur le marché est un signe que les entrepreneurs croient avoir un nouveau produit ou service à offrir aux consommateurs, ou avoir trouvé une meilleure façon de produire ou d’offrir des produits ou des services existants. Autrement dit, elle est indicatrice d’innovation.

L’arrivée de nouvelles entreprises sur le marché donne aussi à penser que les entrepreneurs sont optimistes par rapport à la demande des consommateurs et qu’ils ont confiance dans la conjoncture — ce qui peut en inciter d’autres à se lancer sur le marché ou à renforcer leurs activités commerciales existantes. À cet égard, un taux d’entrée d’entreprises élevé ou en hausse est un signe que l’innovation se porte bien.

L’entrée d’entreprises donne également une indication de la compétitivité de l’économie. Que les nouvelles entreprises réussissent ou non à lancer des innovations, leur arrivée même sur le marché accentue les pressions concurrentielles sur les entreprises établies, qui se sentent poussées à mettre au point de nouveaux produits, services, procédés et méthodes de marketing ou à les améliorer pour garder ou accroître leur part de marché. En fait, plus les entreprises établies font face à de nouveaux arrivants et concurrents, plus il est probable de voir des innovations dans un secteur ou économie.

Comment mesure-t-on cet indicateur?

Le taux d’entrée d’entreprises se mesure en nombre de nouvelles entreprises par rapport au nombre d’entreprises actives (c.-à-d. entreprises nouvellement créées + entreprises demeurées en activité), exprimé en pourcentage pour une année donnée. Statistique Canada définit une entreprise comme étant une entreprise du secteur privé employant des salariés – constituée en société ou pas – qui remet un ou plusieurs états de la rémunération payée (c.-à-d. des feuillets T4) à ses employés aux fins d’impôt. Les entreprises « nouvellement créées » sont celles qui ont des employés dans l’année en cours, mais qui n’en avaient aucun l’année précédente, alors que les entreprises « demeurées en activité » sont celles qui ont des employés dans l’année en cours et qui en avaient les années précédentes1.

Il n’existe pas de données internationales permettant de faire des comparaisons entre les provinces et les pays pour cet indicateur.

Comment les provinces s’en sortent-elles les unes par rapport aux autres?

Avec un taux d’entrée d’entreprises de 15,5 % en 2014, l’Alberta décroche un A et est la province la mieux classée — un rang qu’elle occupait déjà dans le précédent bilan de l’innovation. Terre-Neuve-et-Labrador et l’Île-du-Prince-Édouard ont échangé leurs places. Terre-Neuve-et-Labrador est 2e au classement avec un taux d’entrée de 15 %, tandis que l’Île-du-Prince-Édouard est 3e rang avec un taux de 14,6 %. La Colombie-Britannique est montée de la 5e place à la 4e, et d’un B à un A, enregistrant un taux d’entrée de 14,2 % en 2014.

Trois provinces obtiennent un B, à savoir la Saskatchewan (14,1 %), l’Ontario (13,9 %) et le Manitoba (13,2 %). Le Nouveau-Brunswick (11,9 %) et la Nouvelle-Écosse (11,6 %) obtiennent un C. Pour la Nouvelle-Écosse, il s’agit d’une progression puisqu’elle avait obtenu un D au précédent bilan comparatif. Avec un taux de 10,2 % en 2014, le Québec reste la province la moins bien classée et écope d’un D.

La performance des provinces a-t-elle évolué au fil du temps?

De 2004 à 2014, toutes les provinces ont globalement vu baisser leur taux d’entrée d’entreprises, bien que cette baisse ait ralenti ces dernières années. Au cours de cette période, dans presque toutes les provinces, ce taux a atteint un sommet en 2004 et un creux en 2013. Certaines provinces ont affiché de légers progrès en 2014 par rapport à 2013. Néanmoins, la tendance à long terme est une baisse générale depuis les années 1980.

Le taux d’entrée d’entreprises au Canada a baissé globalement, passant de 24,5 % en 1983-1984 à 12,8 % en 2014. Le taux de sortie d’entreprises au Canada a lui aussi baissé — mais de façon moins spectaculaire que le taux d’entrée — passant de 16,5 % en 1983-1984 à 11,4 % en 2014.


Bien que les taux d’entrée et de sortie soient sensibles au cycle économique, celui-ci n’explique pas la tendance à long terme. Les taux d’entrée et de sortie diffèrent d’une industrie à l’autre et nécessitent donc une analyse par industrie pour savoir quels facteurs influencent les variations et les tendances à long terme2.

L’Alberta et Terre-Neuve-et-Labrador ont plusieurs fois alterné en tête de classement de 2002 à 2014. De 2002 à 2004, et en 2009 et 2010, Terre-Neuve-et-Labrador a été en tête du classement, enregistrant le taux le plus élevé pour cette période, soit de 20,3 % en 2004. L’Alberta lui a ravi la première place de 2005 à 2007 et affiche le meilleur taux d’entrée depuis 2011. La province a obtenu le deuxième taux le plus élevé (19,5 %) pour la période en 2007. En 2008, les deux provinces ont enregistré le même taux d’entrée (17,7 %).

Le Québec est, parmi les provinces, celle qui a constamment enregistré le plus faible taux d’entrée depuis 2002.

Si l’on se penche sur la constance des résultats, de 2004 à 2014, c’est Terre-Neuve-et-Labrador qui a enregistré le plus gros écart (5,8 points de pourcentage) entre son taux le plus élevé (20,3 % en 2004) et son taux le plus faible (14,5 % en 2013). C’est aussi dans cette province que le taux d’entrée a le plus fortement chuté de 2004 à 2014. En revanche, c’est en Saskatchewan que ce taux a connu la baisse la plus faible, passant de 15,2 % en 2004 à 14,1 % en 2014, soit une perte de 1,1 point de pourcentage.

Les nouvelles entreprises survivent-elles et prospèrent-elles?

Le taux d’entrée d’entreprises est certes une mesure importante de l’activité novatrice et de la situation en ce qui concerne la concurrence, mais il faut aussi se demander si les nouvelles entreprises survivent et prospèrent. Dans une économie axée sur la concurrence et l’innovation, il est possible que les entreprises qui n’innovent pas éprouvent des difficultés et disparaissent. En fait, un certain roulement est bienvenu dans la mesure où il crée une possibilité de voir des ressources humaines et autres réaffectées à de nouvelles entreprises ou à d’autres entreprises dynamiques qui les utiliseront à des fins plus novatrices et productives.

Cependant, ce roulement devient préoccupant dès lors que les taux de sortie sont élevés parce que les entreprises nouvelles et établies font alors face à un climat peu propice à l’innovation et à la croissance. À long terme, une économie en expansion aura besoin d’un taux d’entrée net positif, autrement dit, où les entrées totales sont plus nombreuses que les sorties totales.


De 2004 à 2014, dans la plupart des provinces, le taux d’entrée moyen a été supérieur au taux de sortie, ce qui signifie que des entreprises ont probablement réussi à survivre et, sans doute, à prospérer avec le temps. Au cours de cette période, le taux d’entrée d’entreprises moyen net de l’Alberta a été de 3,2 % — autrement dit, en moyenne, le taux d’entrée d’entreprises a dépassé de 3,2 points de pourcentage le taux de sortie. Il n’y a qu’en 2009 que l’Alberta a affiché un taux de sortie (15,3 %) supérieur au taux d’entrée (15,2 %). Donc, en général, les entreprises ont trouvé un climat propice dans cette province au cours de cette période. L’Ontario (avec un taux d’entrée d’entreprises moyen net de 2,74 %) et la Colombie-Britannique (2,08 %) ont également eu de 2004 à 2014 des taux d’entrée nets supérieurs à ceux des autres provinces.

En revanche, les entrées ont été inférieures aux sorties pour trois provinces pendant cette période de dix ans — à savoir l’Île-du-Prince-Édouard (taux d’entrée d’entreprises moyen net de -0,5 %), la Nouvelle-Écosse (-0,2 %) et le Nouveau-Brunswick (-0,1 %). Bien que ces écarts soient faibles, ils sont persistants — ce qui amène à se demander si ces provinces ont des écosystèmes propices à la survie et au développement à long terme des entreprises.

Bien qu’ayant enregistré le plus faible taux d’entrée parmi toutes les provinces en 2014, le Québec a eu un taux d’entrée net positif (0,7 %) de 2004 à 2014.

Comment le Canada s’en sort-il par rapport aux pays de comparaison?


On ne dispose pas de données pour faire des comparaisons directes entre les provinces et les pays de comparaison parce que Statistique Canada et l’OCDE – les deux principales sources de données sur les entrées et les sorties d’entreprises – utilisent pour recueillir ce type de données des définitions et des paramètres différents et incompatibles. Cependant, les données de l’OCDE montrent que le Canada accuse un retard sur presque tous les pays de comparaison pour ce qui est des taux d’entrée d’entreprises. Avec un taux à peine supérieur à 7 % (d’après les données de l’OCDE), le Canada fait mieux que la Belgique (3,2 %), mais pire que les dix autres pays de comparaison pour lesquels on dispose de données. Le taux d’entrée de la Finlande (16,5 %) est plus du double de celui du Canada. Cela donne à penser que, même si certaines provinces semblent afficher de bons taux d’entrée d’entreprises, le tableau peut paraître nettement moins positif dans un contexte international.

Que peut-on faire pour améliorer la performance entrepreneuriale des provinces?

Les Canadiens ont une grande ambition entrepreneuriale et créent beaucoup d’entreprises.
Celles-ci profitent non seulement à leurs propriétaires et à leurs employés, mais aussi, plus généralement, à l’écosystème de l’innovation, qui peut être renforcé par l’arrivée de nouveaux concurrents.

Cependant, les comparaisons internationales donnent à penser que le Canada n’est peut-être pas aussi doué pour lancer de nouvelles entreprises que les données nationales le laissent supposer. En outre, de nombreuses entreprises créées semblent avoir du mal à survivre et à prospérer au-delà de la phase de démarrage initiale. Qu’est-ce qui explique la performance entrepreneuriale du Canada et que peuvent faire les entrepreneurs et les décideurs pour l’améliorer?

Compétences entrepreneuriales

Une partie de la stratégie visant à consolider la performance entrepreneuriale consiste à améliorer les compétences des Canadiens en entrepreneuriat et en innovation, notamment en affaires, en gestion et en collecte de fonds, ainsi que d’autres compétences et comportements. Les signes de progrès à cet égard sont de plus en plus nombreux. Beaucoup d’universités, de collèges et d’écoles polytechniques ont créé des accélérateurs de jeunes entreprises, des incubateurs et des laboratoires qui aident les étudiants à acquérir et à développer des compétences pour lancer et faire prospérer de nouvelles entreprises. Le Creative Destruction Lab de l’École de gestion Rotman de l’Université de Toronto est un parfait exemple d’initiative qui montre déjà des signes de réussite. Bien que les programmes de formation et d’études pour ces initiatives soient encore en cours d’élaboration et d’amélioration (souvent par l’essai et l’erreur), l’intensité de l’activité s’est accrue ces dernières années.

Il existe de plus en plus d’initiatives visant à aider les diplômés très qualifiés de nombreuses disciplines à acquérir et développer des compétences en affaires, en gestion, en entrepreneuriat et en innovation. Mitacs, un organisme sans but lucratif, a étendu l’éventail des occasions qu’il offre aux étudiants de maîtrise et de doctorat de travailler avec des employeurs des secteurs public et privé afin d’appliquer leurs connaissances et leurs compétences dans le domaine de la recherche, de contribuer à l’innovation et à la résolution de problèmes de l’entreprise, et de développer des attitudes et des comportements entrepreneuriaux qu’ils pourront ensuite appliquer dans leur propre entreprise ou d’autres organisations.

Climat pour les nouvelles entreprises

La motivation et la capacité d’un entrepreneur à lancer une nouvelle entreprise et à la faire prospérer dépendent aussi de divers facteurs environnementaux, notamment :

  • la taille et la nature de la demande du marché ;
  • la solidité de la chaîne d’approvisionnement, des transports et de l’infrastructure de communication ;
  • les taux d’imposition et la clarté du régime fiscal ;
  • la réglementation ;
  • l’accès à des capitaux et à des connaissances spécialisées.

En fait, les taux d’entrée d’entreprises des provinces sont étroitement liés à ce que les entrepreneurs pensent des obstacles — réels ou perçus — à l’entrepreneuriat et à l’innovation.

En 2014, la Fédération canadienne de l’entreprise indépendante a interrogé plus de 7 100 propriétaires de petites et moyennes entreprises pour savoir s’ils recommanderaient de lancer une entreprise dans leur province. D’après ses constatations, les réponses varient grandement d’une province à l’autre3. Dans leur grande majorité, les répondants de la Saskatchewan (88 %), de l’Alberta (72 %) et de Terre-Neuve-et-Labrador (68 %) seraient susceptibles de recommander le lancement d’une entreprise dans leur province. Ces provinces figurent parmi les cinq premières au classement concernant l’entrée d’entreprises.


En revanche, peu de répondants du Nouveau-Brunswick (39 %), de la Nouvelle-Écosse (36 %), du Québec (31 %) et du Manitoba (24 %) seraient susceptibles de recommander la création d’une entreprise dans leur province. Or, ces quatre provinces occupent les derniers rangs du classement relatif à l’entrée d’entreprises.

Fait intéressant, il ne semble pas y avoir de liens entre les taux d’imposition des entreprises (à l’époque où a été réalisé le sondage) et la probabilité que les répondants recommandent de lancer une entreprise. Les décideurs devraient donc étudier de près non seulement l’incidence des réalités du climat d’affaires sur l’entrepreneuriat, mais aussi les facteurs qui déterminent les perceptions du climat d’affaires chez les entrepreneurs actuels et potentiels4.

Notes de bas de page

1     Statistique Canada, Tableau du CANSIM 527-0007, Mesure de la dynamique des entreprises, selon le Système de classification des industries de l’Amérique du Nord (SCIAN), provinces et territoires.

2    Oana Ciobanu et Weimin Wang. Dynamique des entreprises : l’entrée et la sortie d’entreprises au Canada, 2000 à 2008, Ottawa, Statistique Canada, 2012 ; Ryan Macdonald. Taux d’entrée et de sortie d’entreprises au Canada : un portrait sur 30 ans, Ottawa, Statistique Canada, 2014.

3    Amber Ruddy, Kimball Kastelen et Jennifer English. Les gouvernements doivent adopter une vision entrepreneuriale : analyse pancanadienne de la sensibilité des gouvernements provinciaux aux PME,
Toronto, Fédération canadienne de l’entreprise indépendante, 2014.

4    Daniel Munro, From Perception to Performance : How Canadian Business Leaders View the Innovation Environment, Ottawa, Le Conference Board du Canada, 2012.