Articles scientifiques

Messages clés

  • En ce qui concerne les articles scientifiques, la Nouvelle-Écosse décroche un B. Au classement général, elle est uniquement devancée par la Suisse et la Suède.
  • Étant donné la remarquable performance de la Suisse, beaucoup de pays de comparaison et de provinces canadiennes ont obtenu une note inférieure à celle reçue au précédent bilan comparatif.
  • Le Nouveau-Brunswick est la province la moins bien classée et écope d’un D. Seul le Japon fait moins bien que lui.

Pourquoi les articles scientifiques sont-ils importants pour l’innovation ?

Les articles scientifiques sont un indicateur utile de l’état de la communication et des connaissances scientifiques dans un pays ou une province. Celles-ci sont elles-mêmes des bases indispensables pour l’innovation. En effet, les articles donnent une indication des découvertes et des connaissances générées par les scientifiques et autres chercheurs à la pointe de leur domaine. Ils contiennent aussi une synthèse et une analyse des divers aspects de l’état des connaissances et de la compréhension dans une discipline. Comme l’indique le Comité d’experts sur l’état de la science et de la technologie au Canada (Conseil des académies canadiennes) :

Dans de nombreux domaines de la S-T [science et technologie], les articles publiés dans des revues à comité de lecture constituent dans le monde entier le principal moyen de communication des progrès de la recherche. L’examen par des pairs est une forme de contrôle de la qualité, puisque d’autres experts du domaine croient que l’article proposé a du mérite. Par conséquent, le nombre d’articles publiés dans de telles revues permet de faire des comparaisons internationales de l’ampleur de la S-T1.

Bien que le parcours pour passer de l’idée à la publication puis à l’innovation puisse être long — et reste souvent inachevé —, une société et une économie innovantes doivent pouvoir compter sur de solides assises scientifiques. Le nombre d’articles scientifiques examinés par des pairs donne une idée — certes partiale et imparfaite — de l’état de ces assises scientifiques et de la capacité à générer des idées susceptibles de déboucher sur la création ou l’amélioration de produits, de services et de procédés. Il indique aussi l’ampleur de l’expertise scientifique qui existe dans une région donnée — expertise à laquelle les entreprises innovantes et les autres chercheurs pourraient faire appel pour obtenir des conseils et une assistance.

Comment mesure-t-on cet indicateur?

L’indicateur relatif aux articles scientifiques se mesure selon le nombre d’articles scientifiques examinés par les pairs qui sont publiés en sciences naturelles, en ingénierie, en sciences sociales et en sciences humaines par tranche d’un million d’habitants.

Les articles qui ont plusieurs auteurs canadiens résidant dans différentes provinces sont comptabilisés une seule fois pour le Canada, mais aussi une fois pour chaque province de résidence de l’un des auteurs. Ainsi, un article publié par trois auteurs vivant respectivement en Colombie-Britannique, en Saskatchewan et en Alberta sera repris une fois dans le total canadien et une fois pour chacune des trois provinces concernées.

L’indicateur utilisé dans cette édition du bilan comparatif repose sur un nouvel ensemble de données qui a été élargi par rapport à celui du bilan précédent2. Auparavant, nous comparions uniquement le nombre d’articles publiés en sciences naturelles et en ingénierie, alors que pour ce bilan comparatif, nous avons inclus les articles en sciences sociales et en sciences humaines.

Nous avons adopté une nouvelle définition pour deux raisons : premièrement, l’ancien ensemble de données n’est plus mis à jour, et deuxièmement, nous avons pris conscience que l’innovation repose non seulement sur la science et l’ingénierie, mais aussi sur les connaissances spécialisées et les idées en sciences sociales et en sciences humaines. Une innovation réussie passe par des idées en gestion, marketing, design, psychologie et dans d’autres disciplines axées sur la personne, autant que par des idées et des avancées en science, technologie et ingénierie.

Comment les provinces s’en sortent-elles par rapport aux pays de comparaison?

Il existe des écarts importants en ce qui concerne la performance des provinces pour cet indicateur. La Nouvelle-Écosse occupe la 3e place du classement général — uniquement devancée par la Suisse et la Suède — et décroche un B, avec 3 303 articles par tranche d’un million d’habitants. L’Ontario obtient lui aussi un B, avec 2 815 articles, et se classe au 6e rang du classement général.

Six provinces reçoivent un C et font mieux que plusieurs pays de comparaison. La Saskatchewan (2 709 articles), l’Alberta (2 698 articles) et la Colombie-Britannique (2 661 articles) occupent respectivement les 7e, 8e et 9e places, juste devant le Canada (2 437 articles) qui se classe 10e et obtient lui aussi un C. Le Québec (2 334 articles), Terre-Neuve-et-Labrador (2 252 articles) et le Manitoba (2 241 articles) reçoivent un C, mais se classent en dessous de la moyenne canadienne¸ déclassant seulement le Japon (915).

Avec 4 619 articles par tranche d’un million d’habitants, la Suisse décroche le seul A du classement, et fait très largement mieux que tous les autres pays de comparaison. Elle produit près de 1 200 articles de plus par tranche d’un million d’habitants que le deuxième du classement, à savoir la Suède (3 468 articles), qui obtient un B. L’Australie et les Pays-Bas sont les deux autres pays du classement qui reçoivent un B. Avec un C, le Canada se positionne en milieu de peloton, et se classe 5e sur les dix pays pour lesquels des données sont disponibles.

Comment les provinces s’en sortent-elles les unes par rapport aux autre?

Avec 3 303 articles par tranche d’un million d’habitants, la Nouvelle-Écosse est la province la mieux classée et décroche un B. L’Ontario obtient lui aussi un B pour ses 2 815 articles. Six provinces reçoivent un C, avec des chiffres allant de 2 709 articles pour la Saskatchewan à 2 241 pour le Manitoba. Avec respectivement 1 549 et 1 526 articles, l’Île-du-Prince-Édouard et le Nouveau-Brunswick écopent d’un D, ce qui les place aux derniers rangs parmi les provinces.

Cinq provinces (Nouvelle-Écosse, Ontario, Saskatchewan, Alberta et Colombie-Britannique) font mieux que le Canada et ses 2 437 articles, tandis que les autres (Québec, Terre-Neuve-et-Labrador, Manitoba, Île-du-Prince-Édouard et Nouveau-Brunswick) font moins bien que le Canada.


Comment la performance des provinces a-t-elle évolué au fil du temps?

Les nouvelles données nous permettent d’examiner la performance des provinces et des pays de comparaison concernant les articles scientifiques pour la période comprise entre 2003 et 2014. Au cours de cette période, chaque province et chaque pays a connu une hausse significative du nombre d’articles scientifiques publiés par tranche d’un million d’habitants.

Parmi les provinces, c’est Terre-Neuve-et-Labrador qui a connu la plus forte progression de 2003 à 2014 — soit de plus de 93 % de 2003 à 2014. Viennent ensuite la Colombie-Britannique (64 %), le Québec (62 %) et la Nouvelle-Écosse (61 %). Seule l’Australie s’en est mieux tirée (102 %) que Terre-Neuve-et-Labrador. Deux autres pays ont aussi connu une forte hausse du nombre d’articles publiés — les Pays-Bas (77 %) et le numéro un du classement général, la Suisse (73 %).

La province qui a connu la plus faible hausse d’articles publiés de 2003 à 2014, soit de 25 %, est l’Île-du-Prince-Édouard. L’Alberta a également connu une faible hausse (38 %). La moyenne canadienne s’élevait à 57 %.

Sur le plan international, c’est au Japon que la hausse a été la moins forte (seulement 14 %), tandis qu’elle a été de seulement 31 % aux États-Unis. En ce qui concerne les pays, la hausse moyenne du nombre d’articles par tranche d’un million d’habitants correspond à celle enregistrée par le Canada (57 %).

Le nombre de fois où un article est cité est-il plus probant que le nombre d’articles?

La réponse est oui. Les articles examinés par les pairs sont un élément essentiel de la recherche, laquelle est elle-même une composante clé de l’innovation. Cependant, le nombre d’articles publiés ne fournit essentiellement qu’une indication quantitative de la production de recherche, et une mesure seulement partielle de sa qualité, car ces publications ne sont examinées que par une poignée de pairs. Ce nombre ne reflète pas bien ni l’utilité ni l’impact de la recherche3.

L’un des moyens de remédier à cette lacune est d’examiner le nombre de fois qu’un article est cité. Cela donne une certaine indication de l’influence qu’a un article, de même que la recherche sur laquelle il repose, sur les travaux de recherche qui seront menés ultérieurement. L’hypothèse sous-jacente est que les articles plus fréquemment cités ont généré de nouvelles idées que la communauté des chercheurs a trouvées intéressantes ou qui sont plus utiles pour les autres chercheurs ou innovateurs.

Hélas, les données qui permettraient de comparer le nombre de citations entre les provinces et les pays du classement ne sont pas facilement disponibles. Les précédents bilans sur l’innovation montrent que le Canada s’en sort relativement bien par rapport aux pays de comparaison en ce qui concerne l’indice des articles les plus cités, mais les données sur la performance des provinces sont toujours en cours de préparation.

Notes de bas de page

1     Comité d’experts sur l’état de la science et de la technologie au Canada, L’état de la science et de la technologie au Canada, 2012, Ottawa, Conseil des académies canadiennes, 2012, p. 38.

2    Nous utilisons des données personnalisées provenant de l’édition 2018 (à paraître) du rapport sur l’état de la science et de la technologie au Canada publié par le Conseil des académies canadiennes. Ces données ont été recueillies et analysées par Science Metrix pour le Conseil des académies canadiennes. Elles ont été remises au Conference Board du Canada et au Conseil des académies canadiennes.

3    Comité d’experts sur l’état de la science et de la technologie au Canada,L’état de la science et de la technologie au Canada 2012, Ottawa, Conseil des académies canadiennes, 2012, p. 48.