Recherche-développement publique

Messages clés

  • La Nouvelle-Écosse est la province la mieux classée. Elle décroche un A+ et dépasse tous les pays de comparaison en ce qui concerne le pourcentage du PIB consacré à la recherche-développement (R-D) publique.
  • Huit provinces conservent la même note qu’elles avaient dans le bilan comparatif précédent. Or, l’Île-du-Prince-Édouard voit sa note baisser de A à B alors que Terre-Neuve améliore son score de C à B.
  • La R-D publique, exprimée en pourcentage du PIB, a diminué dans sept provinces depuis la publication du dernier bilan comparatif, mais elle a augmenté légèrement en Nouvelle-Écosse, au Nouveau-Brunswick et au Manitoba.

Pourquoi la R-D publique est-elle importante pour l’innovation?

La recherche-développement (R-D) publique a une fonction incontournable dans l’écosystème de l’innovation et de la science. Constituée des activités de R-D postsecondaires et gouvernementales, elle joue un certain nombre de rôles.

Premièrement, une grande partie de la recherche postsecondaire (mais pas la totalité) et une partie de la recherche gouvernementale se concentrent sur l’exploration des connaissances et la résolution de questions de science fondamentale. Celles-ci servent d’assise à l’innovation, mais les entreprises ne font généralement pas ce type de recherches elles-mêmes, car leurs liens avec l’innovation et la commercialisation sont moins directs et leurs résultats, plus incertains. Certes, les chercheurs postsecondaires et gouvernementaux mènent désormais davantage de recherche appliquée et de recherche axée sur des problèmes précis, et quelques entreprises consacrent du temps et des ressources à la science fondamentale. Mais en général, c’est la R-D publique qui comble les lacunes dans le domaine des sciences fondamentales, car les entreprises n’ont ni les ressources ni l’envie de le faire.

Deuxièmement, la R-D postsecondaire joue un rôle essentiel au niveau de la formation et de la préparation des chercheurs de demain qui exerceront leur profession dans le milieu universitaire, le secteur public et l’industrie. Les étudiants de premier cycle, deuxième et troisième cycles bénéficient du temps consacré à des projets de recherche dans les universités, les collèges et les écoles polytechniques du Canada. À leur tour, les employeurs, qu’il s’agisse d’établissements d’enseignement supérieur, de gouvernements ou de l’industrie, ont l’occasion de recruter des chercheurs de pointe dûment formés, qui sont à même de contribuer à l’innovation sociale et économique.

Enfin, la R-D publique joue un rôle important au niveau de l’exploration et du développement de l’innovation sociale et politique dont la société a besoin, mais que peu d’entreprises peuvent mener, car elles disposent de peu de motivation à le faire ou n’ont pas l’indépendance requise. Une grande partie de la recherche gouvernementale et postsecondaire génère des idées qui contribuent à innover et à apporter des améliorations dans toute une gamme de domaines d’ordre social, politique et économique, notamment la santé, l’environnement, le logement, l’intégration des nouveaux arrivants, les infrastructures et le mieux-être communautaire. Certaines recherches publiques se concentrent sur les conditions économiques, sociales et politiques de base qui forment l’écosystème de l’innovation dans lequel l’innovation commerciale réussit ou échoue – notamment les politiques en matière d’éducation et de compétences, les pôles d’innovation, ainsi que la fiscalité, les réglementations et les politiques en R-D.

Comment mesure-t-on la R-D publique?

Dans ce bilan comparatif, la R-D publique correspond à la somme des dépenses gouvernementales et de l’enseignement supérieur en R-D, exprimée en pourcentage du PIB. Bien que d’autres analyses fassent souvent la distinction entre ces deux types de dépenses, nous les avons combinées étant donné que la manière de structurer les activités publiques de la R-D varie selon les compétences diverses. Ainsi, certains pays ont de solides réseaux de laboratoires gouvernementaux, mais des portefeuilles de recherche postsecondaire plus faibles, tandis que c’est l’inverse dans d’autres pays. En combinant ces deux mesures pour former un seul indicateur pour la R-D publique, nous évitons ainsi de pénaliser les compétences diverses pour la configuration structurelle de leur écosystème d’innovation et de recherche publique.

À noter que ces mesures ne correspondent pas au financement en matière de R-D, mais bien aux dépenses en R-D réalisées par les secteurs qui jouent un rôle à cet égard. Les entreprises, le secteur public, les fondations sans but lucratif et les établissements d’enseignement supérieur comptent parmi les sources de financement.

Comment les provinces s’en sortent-elles par rapport aux pays de comparaison?

La performance des provinces par rapport aux pays de comparaison varie considérablement. Avec une R-D publique atteignant 1,2 % de son PIB, la Nouvelle-Écosse décroche un A+ et prend la tête du classement général. Le Québec (0,99 %) et l’Ontario (0,96 %) obtiennent un A et se classent, respectivement, en 3e et 5ee positions. L’Île-du-Prince-Édouard (0,87 %) glisse de A à B et de la 9e à la 12e place. Le Danemark (1,06 %), la Suède (0,99 %) et la Finlande (0,94 %) sont les pays de comparaison les mieux classés.

Le Manitoba (0,78 %) et Terre-Neuve-et-Labrador (0,76 %) reçoivent un B et occupent les 15ee et 16e places, respectivement. Le Canada (0,79 %) obtient lui aussi un B et glisse d’un rang pour occuper le 10e rang parmi les 16 pays de comparaison.

Quatre provinces se retrouvent dans les sept dernières positions du classement général. Le Nouveau-Brunswick (0,67 %) et la Colombie-Britannique (0,65 %) reçoivent un C, ce qui leur vaut les 20e et 22e places, respectivement; ces provinces devancent le Royaume-Uni (0,55 %), l’Irlande (0,36 %) et, dans le cas du Nouveau-Brunswick, le Japon (0,66 %). La Saskatchewan (0,47 %) et l’Alberta (0,43 %) écopent d’un D et occupent les 24e et 25e rangs sur les 26 pays et provinces du classement. Seule l’Irlande s’en tire moins bien que l’Alberta et la Saskatchewan.

Comment les provinces s’en sortent-elles les unes par rapport aux autres?

La R-D publique varie considérablement selon les provinces. La Nouvelle-Écosse (1,2 % du PIB) est la province la plus performante pour cet indicateur, suivie du Québec et de l’Ontario qui ont changé de place par rapport au bilan comparatif précédent. Chacune des trois affichent des R-D publiques avoisinant 1 % du PIB, ou légèrement supérieures à ce taux. La Nouvelle-Écosse décroche un A+ tandis que le Québec (0,99 %) et l’Ontario (0,96 %) obtiennent un A, décrochant la troisième et la cinquième place respectivement.

L’Île-du-Prince-Édouard remporte un B, car sa R-D publique est passée de 0,91 % en pourcentage du PIB à 0,87 %. Pour leur part, deux provinces – la Saskatchewan et l’Alberta – réalisent nettement moins de R-D publique que leurs rivales et écopent donc d’un D.


Comment la performance des provinces a-t-elle évolué au fil du temps?

La Nouvelle-Écosse est la seule province à afficher une performance constante depuis 1991, décrochant chaque année un A+ par rapport aux pays de comparaison. Le pourcentage du PIB consacré à la R-D publique a toutefois connu une certaine volatilité dans cette province, allant d’un creux de 0,95 % en 1997 à un pic de 1,21 % en 2006. La R-D publique en Nouvelle-Écosse a suivi une courbe descendante de 2007 à 2011, mais a enregistré de faibles hausses au cours de chacune des dernières années.   

Presque toutes les provinces ont nettement augmenté leurs R-D publiques de 1997 à 2004, essentiellement, grâce à d’importants nouveaux investissements dans la recherche postsecondaire. Ceux-ci comprennent la création de la Fondation canadienne pour l’innovation et des Chaires de recherche du Canada, ainsi qu’une série d’autres petits programmes de financement de la recherche destinés aux universités et collèges. En 1997, les provinces ont collectivement obtenu un A+, un A, trois B, deux C et trois D. En 2004, le bilan s’était amélioré avec deux A+, deux A, trois B, deux C et un seul D. Globalement, la R-D publique au Canada est passée de 0,66 % du PIB en 1997 à 0,89 % en 2004. Cela a permis au pays de troquer son B contre un A et de se hisser de la 10e à la 4e place au classement.

Cependant, depuis 2004, le pourcentage de la R-D publique par rapport au PIB a reculé dans sept provinces et a généralement stagné dans les trois autres. Parallèlement, 12 des 16 pays du classement ont augmenté leurs R-D publiques en pourcentage du PIB et plusieurs ont dépassé certaines provinces au classement général. Puisque la proportion des dépenses consacrées à la R-D publique en pourcentage du PIB est passé de 0,89 % à 0,79 %, le Canada a vu sa note chuter de A à B. Il est retombé au 10e rang par rapport aux 16 pays de comparaison. Bref, l’avantage gagné par les provinces et le Canada à la fin des années 1990 et au début des années 2000, s’est évanoui. Autrement dit : le pourcentage de la R-D publique par rapport au PIB est restée au même niveau, tandis qu’il a augmenté dans la plupart des pays de comparaison.


Comment se répartit la participation des entreprises, du gouvernement et de l’enseignement supérieur en matière de R-D?

La répartition de la R-D des entreprises, de l’enseignement supérieur et des gouvernements varie selon les provinces. Ainsi la proportion de la R-D des entreprises par rapport à l’ensemble de la R-D est la plus élevée au Québec (59 %) et la plus basse en Nouvelle-Écosse (23 %). La proportion de la R-D de l’enseignement supérieur est la plus élevée en Nouvelle-Écosse (67 %) et la plus faible en Ontario (34 %). La proportion de la R-D des gouvernements est la plus élevée à l’Île-du-Prince-Édouard (21 %) et la plus faible au Québec et en Colombie-Britannique (4 %).


Malgré la proportion élevée que représente la R-D de l’enseignement supérieur dans la R-D des provinces dans son ensemble, la performance des provinces par rapport aux pays de comparaison est mitigée. Certes, la Nouvelle-Écosse est en tête du classement et le Québec se classe relativement bien, mais beaucoup de provinces sont à la traîne. La performance globale du Canada à cet égard est moyenne et en régression.


En ce qui concerne la proportion des dépenses des gouvernements en R-D, la performance des provinces est pire. Si deux provinces – l’Île-du-Prince-Édouard et l’Ontario – se positionnent dans la première moitié du classement, six écopent d’un D, tandis que le Canada se classe au 10e rang parmi les 16 pays de comparaison.


Pourquoi les provinces stagnent-elles en ce qui concerne la R-D publique?

La R-D publique des provinces a reçu un bon coup de pouce grâce aux importants investissements du gouvernement fédéral dans la R-D postsecondaire à la fin des années 1990 et au début des années 2000. Toutefois, cette période a été suivie d’une période de stagnation jusqu’après 2016. À partir de ce moment, le gouvernement fédéral et certains gouvernements provinciaux ont commencé à investir dans certains domaines de recherche – notamment dans les technologies propres, l’intelligence artificielle et de nouveaux programmes de chaires de recherche.

Tant que les données sur la R-D pour 2017 et au-delà n’auront pas été recueillies et publiées, il sera difficile de déterminer si ces nouveaux investissements suffiront pour stopper les réductions progressives à long terme de la R-D du gouvernement et la stagnation des investissements dans la R-D de l’enseignement supérieur. Conjuguées à une hausse des investissements des autres pays, cette situation a érodé l’avance qu’avaient jadis le Canada et ses provinces.

L’investissement public dans la R-D rivalise de plus en plus avec d’autres priorités publiques — comme l’envolée des coûts des soins de santé et des coûts d’infrastructure — et certains commencent à se demander si les investissements réalisés autrefois ont produit les gains escomptés en ce qui concerne les connaissances et l’innovation. Ces forces réunies font qu’il est difficile pour les gouvernements de consacrer plus de fonds à la R-D. Or, si le Canada ne réussit pas à maintenir ou à augmenter son niveau de financement dans la R-D, il aura plus de mal à améliorer sa performance en matière d’innovation et à résoudre les difficultés économiques et sociales qui pèsent sur les ressources publiques.

Comment mesure-t-on la R-D publique?

Dans ce bilan comparatif, la R-D publique correspond à la somme des dépenses gouvernementales et de l’enseignement supérieur en R-D, exprimée en pourcentage du PIB. Bien que d’autres analyses fassent souvent la distinction entre ces deux types de dépenses, nous les avons combinées étant donné que la manière de structurer les activités publiques de la R-D varie selon les compétences diverses. Ainsi, certains pays ont de solides réseaux de laboratoires gouvernementaux, mais des portefeuilles de recherche postsecondaire plus faibles, tandis que c’est l’inverse dans d’autres pays. En combinant ces deux mesures pour former un seul indicateur pour la R-D publique, nous évitons ainsi de pénaliser les compétences diverses pour la configuration structurelle de leur écosystème d’innovation et de recherche publique.

À noter que ces mesures ne correspondent pas au financement en matière de R-D, mais bien aux dépenses en R-D réalisées par les secteurs qui jouent un rôle à cet égard. Les entreprises, le secteur public, les fondations sans but lucratif et les établissements d’enseignement supérieur comptent parmi les sources de financement.

Comment les provinces peuvent-elles améliorer leur performance en matière de R-D publique?

À une certaine époque, le Canada et ses provinces ont réalisé avec succès des investissements stratégiques dans la recherche postsecondaire — y compris la recherche axée sur la découverte et l’innovation. En outre, nombre des investissements récents ont été taillés sur mesure afin d’encourager des partenariats entre les chercheurs postsecondaires et les entreprises, dans le but de combler le fossé entre les idées et leur application commerciale.

Cependant, si les efforts visant à lier plus directement une partie de la recherche aux applications commerciales sont encourageants — et doivent se poursuivre —, le fait de s’engager dans ce sens au détriment des ressources consacrées à la recherche sans application commerciale, pourrait affaiblir l’assise scientifique dont le Canada a besoin pour réussir à innover à long terme. Le Canada devrait aussi être conscient qu’en liant le financement public de la recherche à des partenariats avec les entreprises, cela risque de précipiter la baisse des dépenses des entreprises en R-D. En effet, si les entreprises se rendent compte que les établissements d’enseignement supérieur peuvent répondre à une partie de leurs besoins en matière de recherche, elles pourraient décider de consacrer leurs fonds de recherche à d’autres fins.

Le principal défi qui se pose, c’est que le Canada et ses provinces sont peut-être en train d’accorder moins de priorité à la R-D publique compte tenu des autres priorités, tels que les soins de santé et les infrastructures. Ce qui est paradoxal cependant, c’est que le fait de réduire les fonds accordés à la recherche pourrait entraver la capacité du Canada à résoudre ses problèmes en matière de santé, d’environnement ou autres — grâce à l’innovation —, au lieu de continuer à dépenser toujours plus, jusqu’à ce que cela devienne insoutenable. Reste que l’amélioration de la R-D publique, et de manière plus générale l’innovation, nécessitera une nouvelle façon de penser audacieuse et de nouveaux investissements considérables.