Croissance économique

Messages clés

  • La Colombie-Britannique, qui affiche en 2016 le taux de croissance économique le plus élevé parmi toutes les provinces, n’est devancée que par l’Irlande et obtient un B.
  • La Saskatchewan et l’Alberta, deux provinces tributaires des hydrocarbures, écopent d’un D-, le PIB réel de ces provinces ayant diminué en 2016 en raison de l’impact différé de la chute des cours des produits de base.
  • Globalement, le Canada obtient un D et se classe au 9e rang parmi les 16 pays de comparaison, avec une croissance de son PIB réel de 1,4 % en 2016.

La croissance économique mise en contexte

La croissance du produit intérieur brut, ou PIB, sert souvent d’indicateur global de l’amélioration du niveau de vie ou de la prospérité d’un pays. Étant donné que les prix augmentent au fil du temps, les économistes éliminent les effets de l’inflation et se concentrent sur la variation du PIB réel, qui mesure l’augmentation du volume de biens et de services produits par une économie.

Où se situent les taux de croissance économique des provinces par rapport à ceux d’autres pays?

Grâce à une croissance de 4,0 % en 2016, la Colombie-Britannique arrive en tête du classement national et en seconde position dans le classement international, derrière l’Irlande (5,2 %). La Colombie-Britannique et la Suède, qui occupe la troisième place, sont les seules régions de comparaison à obtenir un B.

Avec une croissance de 2,7 % en 2016, l’Ontario reçoit un C et se classe au 4e rang du classement général. Le Manitoba et l’Île-du-Prince-Édouard suivent de près, affichant tous deux une croissance de 2,6 %. Malgré un mauvais rendement à d’autres indicateurs, Terre-Neuve-et-Labrador récolte aussi un C, ayant connu une croissance économique relativement forte (2,1 %) en 2016 grâce à la construction de la plateforme pétrolière d’Hébron.

De nombreux pays et provinces ont affiché une piètre performance en 2016 : 12 des 16 pays comparés ont reçu des D. Le Québec se situe dans cette catégorie, bien que sa croissance économique de 2,0 % ait failli lui permettre d’obtenir un C. Le Nouveau-Brunswick, avec une croissance de 1,6 %, et la Nouvelle-Écosse, de 1,1 %, sont les autres régions canadiennes ayant également écopé d’un D.

Les pays comparables au Canada les plus mal classés, la Norvège et le Japon, ont tous deux enregistré une croissance de 1,0 % en 2016. La Norvège est affectée par la baisse des recettes de ses exportations pétrolières, tandis que le Japon est depuis longtemps confronté à une lente croissance. Deux provinces productrices de pétrole, la Saskatchewan et l’Alberta, écopent d’un D-, car la croissance de leur PIB réel a été négative en 2016 et leur rendement est inférieur aux pays de comparaison les moins performants. Les deux provinces ont connu une forte baisse de leurs investissements énergétiques dans un contexte de contraction économique – le recul a été de 0,8 % en Saskatchewan et de 3,6 % en Alberta.

Globalement, le PIB du Canada a avancé à un rythme lent, soit de 1,4 % en 2016, ce qui a valu au pays un D et la 9e place parmi les 16 pays comparables. L’an dernier, l’économie canadienne a été frappée par les feux de forêt de Fort McMurray, qui ont perturbé l’exploitation des sables bitumineux et ainsi freiné les exportations. Mais les incendies ne sont pas les seuls responsables de cette situation : la baisse des prix des produits de base et la grande faiblesse des investissements ont affecté de nombreuses régions du pays.

Cependant, les effets du choc des produits de base s’estompent et l’économie canadienne a fait preuve d’une vigueur remarquable à la fin de 2016 et au début de 2017. Le raffermissement de l’économie américaine contribuera à faire avancer le Canada, alors que le recul des investissements des entreprises touche à sa fin. La croissance mondiale demeure toutefois faible, ce qui assombrit les perspectives des exportations canadiennes sur de nombreux marchés. En outre, les investissements n’ont pas encore progressé suffisamment pour permettre à l’économie de passer à une vitesse supérieure.

Comment s’en tirent les provinces les unes par rapport aux autres?

Les taux de croissance des provinces canadiennes ont été marqués par une forte disparité en 2016. Ces deux dernières années, la Colombie-Britannique a été le chef de file de la croissance grâce à la vigueur de son secteur de l’habitation et de son économie intérieure. L’économie de l’Ontario, qui se situe en 2e position, a été soutenue par les mêmes facteurs que la Colombie-Britannique : un secteur immobilier en plein essor et une forte demande des consommateurs.

Les économistes s’attendaient à une contraction économique à Terre-Neuve-et-Labrador en 2016, de sorte que la croissance de 2,1 % enregistrée par cette province a été inattendue. Cette performance a été en grande partie imputable à un important projet de construction ponctuel, la plateforme pétrolière d’Hébron, qui a employé jusqu’à 3 000 personnes1. Comme la plateforme doit entrer en production cette année, ces emplois – de même que les retombées économiques qu’ils occasionnaient – disparaîtront.

La Saskatchewan et l’Alberta ont connu une autre année éprouvante en 2016. Pendant les années 2000 et au début des années 2010, ces deux provinces ont décroché plusieurs A+ au fil des ans, grâce aux prix élevés du pétrole et d’autres produits de base. Elles ont ainsi stimulé la croissance canadienne durant la plupart de ces années. Mais lorsque les cours pétroliers ont chuté, elles sont devenues des boulets pour la croissance économique canadienne.

Les bilans de la croissance économique des provinces se sont-ils améliorés au fil du temps?

Les notes obtenues par bon nombre de provinces ont évolué au cours des dernières décennies, notamment en raison des changements structurels survenus dans les économies mondiale et canadienne.

L’effondrement des prix des matières premières a considérablement changé la donne dans certaines provinces en matière de croissance. Terre-Neuve-et-Labrador, qui écopait généralement d’un D durant les années 1990, s’est mise à décrocher régulièrement des A dans les années 2000, grâce au développement de ses ressources énergétiques extracôtières et à l’augmentation de sa production de minerai de fer et de nickel. En raison des difficultés éprouvées par le secteur des ressources, la province a fait marche arrière et s’est remise à recevoir des D au cours de l’actuelle décennie, bien qu’elle ait réussi à obtenir un C dans le dernier bilan comparatif. La Saskatchewan, l’Alberta et la Colombie-Britannique, qui recevaient des D ou des D- dans les années 1980, ont fait un bond en avant dans les années 2000 et se sont mises à récolter des B et des C, grâce à la forte demande et aux prix élevés de leurs exportations de ressources naturelles. Dans les années 2010, ces trois provinces ont reculé de nouveau pour afficher une performance moyenne de C.

Dans certaines provinces, la tendance a été plus constante au fil du temps. L’Ontario a décroché des A dans les années 1980, alors que la province connaissait une forte croissance de ses exportations et de son activité manufacturière, avec en fond de toile une vigoureuse croissance économique américaine et un dollar canadien qui s’échangeait en dollars US à un taux bien inférieur à la parité. Cependant, la province a obtenu en moyenne des C dans les années 2000 et 2010. À partir du début des années 2000, le dollar canadien, qui avait atteint un creux de 0,62 $ US, a été porté par la hausse des cours pétroliers et des produits de base, s’appréciant ainsi jusqu’à dépasser la parité. Cette hausse du huard, conjuguée à une économie américaine aux prises avec deux pénibles récessions dans les années 2000, a entraîné une baisse abrupte de la demande pour les exportations ontariennes vers les États-Unis. La chute subséquente de l’activité économique a ralenti la croissance du PIB réel provincial.

De la même manière, la Nouvelle-Écosse et le Nouveau-Brunswick, qui obtenaient tous deux des B dans les années 1980, se sont vu attribuer en moyenne des D dans les années 2010.

Au Québec, le taux de croissance a peu varié au fil du temps. La province a écopé de D dans les années 1980 et 1990 et, même si elle s’est vu décerner en moyenne un C dans les années 2000, sa note globale est retombée à un D dans les années 2010 jusqu’à maintenant.

Comment s’en sont tirés les territoires au chapitre de la croissance économique?

En 2016, la performance des territoires quant à la croissance économique a été très contrastée. Le Yukon décroche un A+ pour sa croissance du PIB réel de 8,3 %. Le Nunavut obtient un B pour sa croissance de 3,9 %, se classant tout juste derrière la province affichant la plus forte croissance (Colombie-Britannique). Les Territoires du Nord-Ouest (T.N.-O.), quant à eux, obtiennent un D-, car leurs résultats sont inférieurs au pays de comparaison le plus mal classé au chapitre de la croissance, le Japon (1,0 %). Les T.N.-O. ont enregistré une croissance de 0,4 % en 2016.

La forte croissance du Yukon est attribuable à la production du secteur minier, mais cette situation ne durera pas. En 2017, la croissance économique pâtira de la baisse de la production minière. À T.N.-O., l’économie a stagné en 2016 en raison de la fermeture de quelques petites mines et du ralentissement des travaux de construction d’une nouvelle mine de diamants d’envergure. Cette nouvelle mine contribuera toutefois à renforcer l’économie. Quant au Nunavut, sa croissance a été généralisée, étant à la fois soutenue par des projets d’infrastructures, des dépenses gouvernementales et une production minière accrue. La hausse considérable de la production minière contribuera à stimuler l’économie du territoire au cours des prochaines années.

Les trois territoires ont des économies largement tributaires des ressources. Une dépendance envers l’extraction des ressources est préjudiciable pour deux raisons : d’une part, le financement relatif au développement de nouvelles mines est souvent difficile à obtenir et, d’autre part, les prix des matières premières fluctuent fortement en raison des conditions changeantes de l’économie mondiale. En ce sens, les territoires doivent relever des défis semblables à ceux de nombreux marchés émergents et d’autres régions tributaires des ressources, où les économies sont soumises aux fluctuations des prix des produits de base en raison de leur forte dépendance à l’égard des ressources naturelles pour ce qui est de la création de richesses et d’emplois.

Nous n’incluons pas les territoires dans nos calculs aux fins des comparaisons provinciales et internationales, car les données ne sont pas disponibles pour tous les indicateurs faisant partie des six catégories principales du bilan comparatif. Cependant, le Conference Board entend inclure les territoires dans son champ d’analyse et réalise des bilans comparatifs distincts pour les territoires quand les données sont disponibles, comme pour la croissance économique.

Le Conference Board publie deux fois par an un rapport intitulé Territorial Outlook dans lequel il examine la conjoncture économique et financière de chaque territoire, notamment les résultats par industrie, la situation du marché du travail et la composition démographique. Le Territorial Outlook est disponible en ligne à e-Library et, pour nos clients abonnés, à e-Data.

Le Centre pour le Nord, créé en 2009 par le Conference Board du Canada, mène également des recherches sur des questions concernant les territoires.

Les provinces riches en pétrole pourront-elles se rétablir?

Les prix des produits de base semblent avoir atteint le creux de leur cycle et les cours pétroliers devraient s’établir en moyenne autour de 50 $ US en 2017, puis augmenter petit à petit au cours des prochaines années. Ainsi, même si la croissance économique ne rejoindra probablement pas les sommets atteints lors du boom pétrolier, le pire est derrière l’Alberta et la Saskatchewan, qui devraient connaître un redressement. En Alberta, la reconstruction de Fort McMurray contribuera également à stimuler le PIB.

Terre-Neuve-et-Labrador a connu une croissance étonnamment forte en 2016, mais ses perspectives économiques sont beaucoup plus sombres en 2017. Les nouveaux investissements se font rares dans cette province, le gouvernement provincial a mis en place des mesures d’austérité pour équilibrer le budget en quelques années et les quotas de pêche ont été réduits pour 2017.

La croissance de l’Ontario laisse-t-elle présager une renaissance industrielle?

L’Ontario a déjà été le moteur de la croissance économique du pays. Son secteur manufacturier, notamment le secteur de l’automobile et des pièces d’automobile, a joué un rôle déterminant dans ce succès. La faiblesse du huard et la vigoureuse croissance de l’Ontario indiquent-elles que ce secteur redeviendra le chef de file de l’économie canadienne?

Les fabricants ont sans doute de meilleurs jours devant eux, mais la prudence est de mise. En 2016, la croissance ontarienne a été majoritairement attribuable aux dépenses de consommation plutôt qu’aux exportations de marchandises. L’investissement des entreprises dans le matériel et l’outillage, essentiel pour améliorer la capacité de production de la province, reste faible. Une grande quantité de nouveaux investissements est nécessaire pour que le secteur manufacturier puisse générer une plus forte croissance, ce qui ne s’est pas produit ces dernières années. Dans l’état actuel des choses, l’avenir de l’Ontario passera plutôt par des services à forte valeur ajoutée et la fabrication d’équipements de haute technologie intégrés à des chaînes d’approvisionnement mondiales.

Une croissance économique plus forte contribue-t-elle au bien-être?

Le taux précis de croissance économique est important pour plusieurs raisons. Premièrement, dans le contexte d’une économie nationale, même de faibles taux de croissance peuvent représenter d’énormes montants en dollars. Par exemple, si une hausse de la croissance de 1 point de pourcentage peut paraître insignifiante, l’économie canadienne a produit en 2016 un peu plus de 2,0 billions $ (mille milliards $ ou T$) en biens et services. Cette augmentation de 1 % représentait donc 20 000 G$, soit environ le montant total recueilli par les organismes de bienfaisance et sans but lucratif cette même année.

Deuxièmement, un niveau de revenu constant dans une économie est insuffisant pour faire face à la hausse du coût de la vie engendrée par l’inflation. En 2016, le taux d’inflation au Canada a été de 1,4 %, ce qui signifie que l’économie canadienne devait croître de 1,4 % (en termes nominaux) seulement pour maintenir le niveau de vie de l’année précédente.

Comme les classements du bilan comparatif sont fondés sur la croissance du PIB réel, ils tiennent déjà compte de l’inflation. Est-ce bien vrai que même si la croissance du PIB réel est nulle, le rythme d’augmentation des salaires et des traitements suivra plus ou moins celui de l’inflation? Pas vraiment. Certes, une économie qui connaît une croissance nulle du PIB réel pourra produire le même volume de biens et de services que les années précédentes, mais les revenus se feront de plus en plus minces chaque année au fur et à mesure que la population s’accroîtra. Comme la population canadienne s’est accrue de 1,2 % l’an dernier, le taux de croissance économique devrait dépasser de 1,2 % celui de l’inflation pour que le revenu par habitant demeure constant.

La croissance économique ne peut avoir une incidence positive sur le niveau de vie que lorsqu’une économie croît assez vite pour suivre à la fois le rythme de l’inflation et celui de la croissance démographique. Par conséquent, il est aussi important d’examiner la croissance du PIB réel que le revenu par habitant pour mesurer la performance économique.

Même un taux de croissance légèrement plus élevé peut avoir d’importants effets sur le bien-être au fil du temps. En 2016, le PIB réel du Canada a atteint 1,8 T$ (en dollars de 2007), ou l’équivalent de 49 500 $ par personne. En 1991, soit une génération avant, il était de 978 G$ (en dollars de 2007), ou l’équivalent de 34 900 $ par personne. La croissance annuelle moyenne du PIB réel s’établissait donc à 2,5 % à cette époque. Si l’économie canadienne avait progressé de 1 point de pourcentage de moins chaque année, c’est-à-dire une croissance moyenne de 1,5 %, le PIB réel du Canada serait aujourd’hui de 1,4 T$ (en dollars de 2007), ou l’équivalent de 39 100 $ par personne. Un individu moyen ne remarquera pas cette différence de 1 % au cours d’une année donnée, mais durant toute cette période, cette variation de la croissance moyenne se serait traduite par une différence de 21 % du revenu réel par habitant, ce qui aurait certainement été ressenti par tous.

Il est également important d’avoir une croissance économique plus élevée pour une autre raison. Comme la croissance augmente les revenus et les bénéfices des entreprises, elle suscite une hausse proportionnelle des recettes gouvernementales – à un niveau d’imposition constant. Aux prises avec une population vieillissante, les pays développés voient augmenter leur proportion des personnes à charge par rapport à celles en âge de travailler. Le vieillissement de la population entraîne rapidement une hausse des coûts des services publics, tels que les soins de santé et les retraites. Étant donné l’augmentation de la proportion de personnes à charge, ces coûts croissants doivent être assumés par un bassin de plus en plus réduit de contribuables.

Soumis à ces pressions, les gouvernements peuvent y répondre en diminuant la qualité des services, en sabrant d’autres dépenses de programmes ou en augmentant les impôts. Aucun de ces choix n’est réjouissant. Une croissance économique robuste sera donc essentielle pour assurer la viabilité des finances publiques au cours des prochaines décennies.

Notes de bas de page

1    CBC News, Hebron Project Reaches Key Milestones, 28 octobre 2016.