Éducation et compétences dans les territoires

Messages clés

  • Les populations autochtones des territoires accusent généralement un retard sur les populations non autochtones pour ce qui est du niveau de scolarité et des compétences des adultes.
  • La langue et la culture, le soutien familial et communautaire, les rôles économiques traditionnels, les infrastructures et la gouvernance sont les principaux facteurs contextuels qui aident à expliquer la performance territoriale au chapitre de l’éducation et des compétences.
  • Un niveau de scolarité plus élevé contribue à resserrer l’écart de compétences entre les populations adultes autochtones et non autochtones des territoires.
  • Les données concernant les territoires sont rares pour la plupart des indicateurs utilisés pour comparer les niveaux de scolarité et de compétences dans les bilans provinciaux. D’autres études sont nécessaires à l’appui de l’évaluation des compétences des élèves de la maternelle à la 12e année et des adultes dans la population active, en particulier au Nunavut et dans les Territoires du Nord-Ouest.

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Pourquoi examiner l’éducation et les compétences dans les territoires séparément du reste du Canada?

Lorsqu’on évalue la performance des territoires sur le plan de l’éducation et des compétences, il faut tenir compte du contexte qui aide à expliquer pourquoi la performance territoriale moyenne est différente des moyennes provinciales et, bien souvent, inférieure à celles-ci. Dans les territoires, des problèmes d’infrastructure, des questions de gouvernance et l’éloignement des établissements d’enseignement sont autant de facteurs qui influent sur la performance sur le plan de l’éducation et des compétences. Comme les territoires, en particulier le Nunavut et les Territoires du Nord-Ouest, comptent des populations autochtones nombreuses, il est important de les situer dans leur contexte historique, socio-économique et culturel quand on analyse leurs résultats en matière d’éducation et de compétences.

Comment mesure-t-on la performance des territoires au chapitre de l’éducation?

Nous avons suivi le cadre de référence utilisé pour évaluer la performance provinciale et avons retenu des indicateurs de performance dans trois domaines : les compétences de la maternelle à la 12e année, l’enseignement postsecondaire et les compétences des adultes, afin d’examiner la performance des territoires sur le plan de l’éducation et des compétences. Malheureusement, il n’existe pas de données sur les territoires pour la plupart des indicateurs retenus pour comparer le niveau de scolarité et de compétences dans les bilans provinciaux. En conséquence, au lieu de créer des bilans pour les territoires, nous comparons une série d’indicateurs de performance pertinents pour chaque niveau.

  1. M–12e : Le Programme international pour le suivi des acquis des élèves (PISA) de l’OCDE est la source de données sur les principales compétences de la maternelle à la 12e année utilisée dans les bilans provinciaux, mais les élèves des territoires n’y ont pas participé. En fait, l’information relative à leur performance de la maternelle à la 12e année se limite aux évaluations territoriales qui mesurent leurs compétences en anglais et en mathématiques. Il existe très peu de données publiques pour l’évaluation des élèves du Nunavut. Les taux de diplomation secondaire dans les trois territoires sont également comparés.
  2. Enseignement postsecondaire : Les données sur ce niveau dans les territoires sont plus faciles à obtenir et à comparer aux performances nationales et provinciales que les données de la maternelle à la 12e année. Les taux de diplomation universitaire et collégiale et les taux de diplomation des apprentis (ce qui comprend les certificats d’une école de métiers) sont examinés. Cependant, comme l’Enquête nationale auprès des ménages de 2011 n’est pas un recensement, il se peut que les données ne tiennent pas vraiment compte de certaines régions de population autochtone du Nord. C’est dans le Yukon que le taux global de non-réponse était le plus élevé (29,9 %), puis venaient le Nunavut (25,2 %) et les Territoires du Nord-Ouest (16,1 %). On ne dispose pas de taux de non-réponse ventilés par catégories de populations autochtones et non autochtones des territoires.
  3. Éducation des adultes et des travailleurs : Comme dans les bilans provinciaux, les compétences des adultes des territoires sont évaluées au moyen du Programme pour l’évaluation internationale des compétences des adultes (PEICA) de l’OCDE, qui porte sur la littératie, la numératie et la résolution de problèmes dans des environnements à forte composante technologique. L’Enquête auprès des ménages a été utilisée pour évaluer l’avantage que procurent des études postsecondaires sur le plan du revenu.

Qu’est-ce qui influe sur l’éducation et les compétences dans les territoires?

Une multitude de facteurs influencent les choix individuels pour ce qui est de poursuivre et d’achever des études de différents niveaux, depuis les caractéristiques personnelles et familiales jusqu’aux possibilités offertes. Dans les territoires, les facteurs qui influent sur l’éducation et les compétences comprennent la langue et la culture, le soutien familial et communautaire, les rôles économiques traditionnels, les problèmes d’infrastructure et les questions de gouvernance. 

Langue et culture

Près d’un tiers des enfants et des jeunes autochtones des territoires ont une langue autochtone pour seule langue maternelle1. Cette estimation est largement faussée par la population inuite majoritaire du Nunavut dont près de 80 % des membres déclarent avoir pour langue maternelle l’inuktitut dans l’Enquête nationale auprès des ménages de 2011. Il est probable qu’avoir pour première langue une langue autochtone influe sur la performance aux épreuves de compétence normalisées administrées en anglais ou en français, comme celles du PIAAC. Il ressort de la recherche sur les programmes d’enseignement primaire du Nunavut, qui évoluent, que de passer abruptement  de langues autochtones à l’anglais ou au français dans l’enseignement risque de contribuer à une perte de maîtrise des langues maternelles autochtones et de l’anglais ou du français2.

Soutien familial et communautaire

Les parents et autres tuteurs adultes ont une grande influence sur les enfants et les jeunes, car ils représentent des modèles importants à suivre ou établissent les conditions dans lesquelles les jeunes seront élevés à la maison, entre autres. La diplomation secondaire dans les territoires est inférieure à la moyenne nationale, et la recherche montre que les enfants dont les parents ou les tuteurs n’ont pas terminé le secondaire ont tendance à obtenir de moins bons résultats à l’école3. L’impact historique des pensionnats continue d’affecter les familles autochtones du Nord et pourrait teinter la perception qu’ont les parents ou des tuteurs du système d’éducation.

La famille élargie et les institutions communautaires, comme les centres préscolaires, apportent un soutien social essentiel pour élever des enfants dans les collectivités nordiques. D’après les études sur l’éducation des jeunes enfants dans les populations autochtones du Nord, la participation à des programmes préscolaires contribue à un meilleur rendement scolaire4.

Rôles économiques traditionnels

Dans les trois territoires, la pêche, la chasse et le piégeage continuent de faire partie de l’économie quotidienne des ménages au sein des familles d’un certain nombre de communautés autochtones du Nord. Il n’existe pas de mesure équivalente de ces compétences dans les enquêtes internationales sur les compétences des adultes et les enquêtes de Statistique Canada n’en tiennent pas vraiment compte. Pourtant, les connaissances traditionnelles ont un rôle important à jouer dans le bien-être des Autochtones du Nord, la formation de l’identité et les moyens de subsistance auxquels peuvent aspirer les jeunes habitants de ces régions5.

Infrastructures

Les lacunes sur le plan des infrastructures essentielles, comme les routes toutes saisons, la distribution d’énergie et les télécommunications à large bande, empêchent la prestation de services éducatifs dans les collectivités nordiques éloignées. Les installations de télécommunications à large bande limitées des territoires limitent la capacité de leurs citoyens de participer à l’économie numérique ou de profiter d’applications novatrices, comme le cyberapprentissage. Étant donné que les nouvelles compétences en milieu de travail, comme la résolution de problèmes dans des environnements à forte composante technologique, dépendent d’un accès adéquat à l’infrastructure informatique et à la connectivité, de nombreuses collectivités nordiques et de communautés autochtones restent à la traîne.

Des trois territoires, c’est le Yukon qui possède les meilleures infrastructures routières, énergétiques et de télécommunications. Sa densité de population plus élevée et sa meilleure connectivité constituent des avantages pour la prestation des services publics et le développement économique. Des établissements d’enseignement, comme le Yukon College, sont également présents sur le terrain dans la plupart des collectivités du Yukon et peuvent profiter des infrastructures développées du territoire pour offrir des services au-delà de la capitale, Whitehorse.

Questions de gouvernance

Le chevauchement des compétences entre les programmes territoriaux, autochtones et, dans certains cas, fédéraux contribue à créer des problèmes de gouvernance qui risquent d’empêcher de progresser sur des questions telles que la conception des programmes d’études, le financement des programmes et l’évaluation des élèves. En outre, plusieurs études récentes — y compris une série de rapports du vérificateur général — soulignent un manque de planification, de mesures de reddition des comptes et de capacités en ressources humaines pour mettre en œuvre et surveiller la politique éducative dans les territoires, en particulier au Nunavut et dans les Territoires du Nord-Ouest6. De plus, les petites communautés autochtones éloignées et autonomes n’ont peut-être pas les moyens d’offrir des services éducatifs à leurs membres.

D’autres facteurs importants influent sur l’éducation et les compétences, tels que la santé et le bien-être ainsi que la disponibilité des programmes et des services.

Comment s’en sortent les jeunes des territoires aux tests de compétences?

Territoires du Nord-Ouest

Les Territoires du Nord-Ouest, qui suivent certains programme d’études de l’Alberta (en particulier au secondaire), mesurent systématiquement les résultats de la maternelle à la 12e année en langues et en mathématiques au moyen de tests fonctionnels par classe et des tests de connaissances de l’Alberta (Alberta Achievement Tests).

Les tests fonctionnels par classe utilisés en anglais et en mathématiques indiquent le niveau d’études auquel se situe un élève tout au long de l’année, selon l’évaluation des professeurs7. Pour l’année scolaire 2011-2012, source des données les plus récentes, de 60 à 67 % des élèves de 9e année ou en dessous (sauf la 1re année) avaient un rendement correspondant à leur année ou plus en anglais. La fourchette est plus large en mathématiques, de 61 à 79 % des élèves de 9e année ou en dessous (sauf la 1re année) y ayant un rendement correspondant à leur année ou plus. La performance en mathématiques en particulier semble baisser dans les classes plus avancées. Les élèves de 1re année s’en sortent un peu mieux à ces évaluations, selon lesquelles ils sont de 83 à 90 % à avoir un rendement correspondant à leur année et au-dessus en anglais et en mathématiques.

On note cependant une nette différence de performance entre les élèves de la capitale, Yellowknife et des centres régionaux (Hay River, Fort Smith et Inuvik) et ceux des collectivités éloignées. En 9e année, près de 80 % des élèves de Yellowknife ont un rendement correspondant à leur année ou plus en anglais et en mathématiques, contre moins de 40 % pour les élèves des collectivités éloignées. Il faut souligner que la concentration d’enfants et de jeunes non autochtones est plus grande dans la capitale que dans le reste des Territoires du Nord-Ouest8.

Les résultats des élèves de 3e, 6e et 9e années en 2011-2012 aux tests de connaissances standardisés de l’Alberta en anglais et en mathématiques montrent que les Territoires du Nord-Ouest accusent globalement un retard. À l’exception des compétences en mathématiques en 3e année, moins de 50 % des élèves atteignent un niveau acceptable, que ce soit en anglais ou en mathématiques9.

Yukon

Le système éducatif du Yukon a commencé à suivre, à partir de l’année scolaire 2012-2013, le modèle d’évaluation des compétences de base de la C.-B. (Foundation Skills Assessment), au lieu des tests de connaissances de l’Alberta appliqués jusque-là. On fait passer aux élèves de 4e et de 7e année des tests reposant sur le modèle de la C.-B. afin d’évaluer leurs aptitudes en anglais et en mathématiques. Les résultats des tests de 2012-2013 montrent que de 57 à 60 % des élèves de 4e année répondent aux attentes en anglais et en mathématiques. Ce pourcentage est légèrement inférieur pour les élèves de 7e année, de 54 à 56 % d’entre eux répondant aux attentes établies. Les résultats des tests montrent que les élèves non autochtones s’en sortent un peu mieux en ce qui a trait aux compétences en lecture en anglais et que ceux-ci sont 5 à 7 % plus nombreux que les élèves autochtones à répondre aux attentes en compétences à l’écrit et en calcul.

Nunavut

Malheureusement, il n’existe pas de données publiques sur la performance des élèves de la maternelle à la 12e année au Nunavut. Le programme d’études est en pleine refonte en raison de critiques importantes formulées à l’encontre du programme original d’éducation bilingue du territoire.

En 2006, la Commission Berger sur la mise en de l’Accord sur les revendications territoriales du Nunavut a attiré l’attention du pays tout entier sur les difficultés que pose la conception des programmes d’études appropriés de la maternelle à la 12e année pour les élèves autochtones du Nord. Dans son rapport, la Commission faisait observer comment, dans le programme bilingue original du Nunavut, les élèves inuits ont appris l’inuktitut à l’école primaire jusqu’à une période de transition abrupte en 4e et 5e années, où l’anglais est devenue la langue d’enseignement essentielle, l’inuktitut étant proposé en cours supplémentaire. La Commission concluait que, d’après les données disponibles, cette transition a vraisemblablement contribué à une perte de l’inuktitut, tout en diminuant la confiance des élèves inuits en anglais comme en inuktitut.

Le territoire a maintenant des modèles d’enseignement en trois langues pour tenter de répondre aux différents besoins des jeunes et faciliter la transition entre les matières autochtones et non autochtones. Le Nunavut réexamine également son approche à l’égard de l’évaluation des élèves.

Quels résultats obtiennent les territoires pour ce qui est de l’achèvement des études secondaires?

Un diplôme d’études secondaires est généralement un préalable indispensable pour suivre des études postsecondaires et c’est un passage obligé en vue de la préparation au milieu de travail. L’achèvement des études secondaires est donc aussi un indicateur indirect du développement socio-économique. Les taux de diplomation secondaire varient considérablement d’un territoire à l’autre. En 2011, ils étaient de près de 88 % au Yukon, 78,4 % dans le T.N.-O. et tout juste 54 % au Nunavut.

Les taux d’achèvement des études secondaires sont plus faibles chez les Autochtones. Dans les territoires, c’est au Nunavut que l’écart entre les populations autochtones et non autochtones est le plus important à cet égard. Il est de 53,8 points de pourcentage. Dans les T.N.-O., cet écart est de 32,4 %, tandis qu’au Yukon, il est de 20,2 %.

Quels résultats obtiennent les territoires pour ce qui est de l’achèvement des études postsecondaires?

Les indicateurs de l’achèvement des études postsecondaires mesurent la part de la population en âge de travailler qui possède un diplôme collégial, une attestation d’un programme d’apprentissage, un certificat d’école de métiers ou un diplôme universitaire. Les programmes d’études collégiales ou d’apprentissage et les écoles de métiers jouent un rôle particulièrement important dans l’acquisition de compétences et la préparation au milieu de travail dans les territoires.

Il est important de souligner que les titulaires de diplôme d’études postsecondaires ont peut-être obtenu celui-ci dans un autre territoire ou dans une province et pas nécessairement dans leur territoire de résidence. Les indicateurs d’achèvement des études mesurent donc les qualifications de personnes vivant dans les territoires et pas les systèmes éducatifs de ces derniers. En outre, les populations dont le taux d’achèvement des études collégiales est très élevé n’affichent pas toujours d’aussi bons résultats pour ce qui est des programmes d’apprentissage ou des diplômes universitaires. Comme le pourcentage total de diplômés collégiaux, universitaires et de programmes d’apprentissage ne peut pas dépasser 100 %, le fait d’augmente les taux de diplômés d’une catégorie d’enseignement postsecondaire fera baisser les taux des autres catégories.

Collèges, programmes d’apprentissage et certificats d’école de métiers

La croissance industrielle et socio-économique rapide que connaissent les territoires s’accompagne d’une demande croissante de personnes hautement qualifiées. Étant donné le manque d’options postsecondaires universitaires dans les territoires eux-mêmes, les collèges — comme le Yukon College, le Collège Aurora (T.N.-O.) et le Collège de l’Arctique (Nunavut) — jouent un rôle essentiel pour ce qui est d’aider les jeunes à poursuivre leurs études sans avoir à quitter leur collectivité ou leur région. Les collèges et les centres de formation qui proposent des formations professionnelles et des programmes d’apprentissage aident sans doute aussi à soulager la demande de main-d’œuvre des secteurs des ressources non renouvelables dans le Nord. Si l’on veut que ces secteurs continuent de grandir et profitent aussi aux collectivités locales, ces dernières devront leur fournir la main-d’œuvre technique hautement qualifiée dont ils ont besoin.

En 2011, le Yukon se classait en tête des territoires quant aux taux d’achèvement des études collégiales et de l’apprentissage, 23,5 % de sa population en âge de travailler détenant un diplôme collégial et 13,2 % un certificat d’apprentissage. Selon notre définition de l’achèvement des études collégiales, qui comprend les certificats et diplômes des cégeps et autres établissements non universitaires, le Yukon présente la plus forte concentration de diplômés collégiaux âgés de 25 à 64 ans du Canada. Les taux dans les Territoires du Nord-Ouest ne diffèrent que légèrement pour ce qui est de l’achèvement des études collégiales et de l’obtention de certificats d’apprentissage, soit 22,5 et 11,5 %, respectivement. Au Nunavut, 17 % de la population a une formation collégiale et 10 % une formation d’apprentissage.

Les taux d’achèvement des études collégiales dans la population autochtone des territoires sont inférieurs à ceux de la population non autochtone. Cependant, l’inverse vaut pour l’obtention des certificats d’apprentissage. C’est au Nunavut que l’écart est le plus grand entre les populations autochtones et non autochtones pour ce qui est de l’achèvement des études collégiales, et dans les Territoires du Nord-Ouest qu’il est le plus faible.

Les taux d’achèvement des études collégiales dans les populations autochtones varient également davantage que dans les populations non autochtones dans l’ensemble des territoires. Le Nunavut affiche le plus faible taux d’achèvement des études collégiales chez les Autochtones, soit tout juste plus de 15 %, tandis que les T.N.-O. et le Yukon affichent des taux d’environ 20 %.

Université

Aucune université n’est présente sur le terrain dans les territoires, mais les trois collèges territoriaux proposent des diplômes universitaires en partenariat avec des universités du Sud et des organismes professionnels comme le Conseil pour l’avancement des agents de développement autochtones (CAADA) et la Registered Nurses Association of Northwest Territories and Nunavut. Bien qu’il existe pour les habitants des territoires des possibilités de préparer des diplômes universitaires à distance et en ligne, ces options dépendent d’une infrastructure de soutien, comme la connectivité Internet, qui n’est peut-être pas suffisante, surtout dans les petites collectivités à l’écart des capitales territoriales.

Le Yukon arrive en tête des territoires pour ce qui est de l’achèvement des études universitaires, suivi de près par les Territoires du Nord-Ouest. Le Nunavut ne s’en sort pas si bien — seulement 13 % de sa population est diplômée d’une université. En 2011, le pourcentage de la population en âge de travailler qui détenait un diplôme universitaire au Yukon était supérieur de 12,8 points de pourcentage au pourcentage du Nunavut.

Les différences en ce qui concerne l’achèvement des études universitaires sont importantes entre les populations autochtones et non autochtones des territoires. L’écart le plus grand s’observe au Nunavut, où 47,8 % de la population non autochtone est titulaire d’un diplôme universitaire (ce qui est nettement supérieur à la moyenne nationale), contre seulement 2,2 % de la population autochtone. Cet écart tient dans une large mesure à la population en âge de travailler qui a étudié en dehors du Nunavut. Si nous limitons notre analyse aux études faites au Nunavut, seulement 13 % de la population non autochtone en âge de travailler possède un baccalauréat ou un diplôme universitaire de niveau supérieur, contre 58 % des non-Autochtones qui ont étudié en dehors du Nunavut10. C’est le Yukon qui affiche le plus fort pourcentage d’Autochtones titulaires d’un diplôme universitaire, soit 9,4 %, puis viennent les Territoires du Nord-Ouest avec 6,1 %.

Note-t-on un écart entre les sexes en ce qui concerne l’achèvement des études postsecondaires?

L’écart entre les sexes est calculé en prenant la valeur absolue de 1 moins le ratio hommes-femmes ayant fait des études postsecondaires, ou supérieures, par rapport au ratio hommes-femmes dans la population globale. Pour plus de détails sur calcul, veuillez vous reporter au bilan provincial sur l’écart entre les sexes dans l’enseignement supérieur.

Si nous excluons les programmes d’apprentissage du calcul, nous arrivons à un indice inférieur à 1 pour les trois territoires, ce qui signifie que le ratio hommes-femmes ayant achevé des études postsecondaires est inférieur au ratio hommes-femmes dans la population globale. Autrement dit, la proportion de femmes dans la population ayant fait des études supérieures est plus importante que leur pourcentage de la population le laisserait supposer. Cette tendance est la même dans toutes les provinces et dans l’ensemble du Canada.

L’écart entre les sexes est plus grand chez les Autochtones que chez les non-Autochtones dans les territoires si l’on exclut les programmes d’apprentissage.

L’écart entre les sexes se réduit considérablement lorsqu’on inclut les programmes d’apprentissage dans le calcul et la réduction est encore plus nette dans la population autochtone. Cela montre que, dans les territoires, les hommes sont plus nombreux que les femmes chez les Autochtones à choisir les programmes d’apprentissage comme option postsecondaire viable.

Chez les Autochtones des Territoires du Nord-Ouest, on arrive presque à égalité des sexes (si l’on inclut les programmes d’apprentissage), alors que c’est parmi les non-Autochtones du Nunavut que le déséquilibre entre les sexes est le plus grand.

Quels avantages procurent les diplômes et les certificats postsecondaires sur le plan du revenu dans les territoires?

L’éducation améliore les perspectives individuelles sur le marché du travail, réduit le risque de chômage et fait augmenter les gains. L’avantage sur le plan du revenu associé à des niveaux d’éducation supérieurs donne une approximation de l’ampleur de ces gains (pour plus de détails sur la méthodologie, veuillez vous reporter au bilan provincial sur l’avantage que procure un diplôme universitaire sur le plan du revenu).

Avantage sur le plan du revenu des études collégiales, des programmes d’apprentissage et des certificats d’écoles de métier

C’est dans les Territoires du Nord-Ouest que l’avantage sur le plan du revenu procuré par un certificat ou un diplôme postsecondaire inférieur au baccalauréat est le plus important. En 2010, les personnes ayant ce niveau d’éducation gagnaient 127,73 $ pour 100 $ gagnés par un diplômé du secondaire. Les Territoires du Nord-Ouest devançaient nettement le Yukon (119,82 $) et le Nunavut (120,63 $). En termes absolus, le Nunavut affichait en 2010 le plus haut revenu pour les personnes titulaires d’un certificat ou d’un diplôme postsecondaire inférieur au baccalauréat. Le revenu absolu élevé s’explique en partie par la forte proportion de la population employée par le gouvernement. En 2010, 48,4 % des emplois au Nunavut se trouvaient dans le secteur public et dans l’éducation, ce qui représentait environ 5 600 emplois11.

Avantage sur le plan du revenu pour les diplômés universitaires

En 2010, les diplômés universitaires gagnaient 154,45 $ au Nunavut, 150,01 $ au Yukon et 149,57 $ dans les Territoires du Nord-Ouest pour 100 $ gagnés par un diplômé du secondaire. Autrement dit, les territoires étaient à peu près à égalité pour ce qui est de l’avantage sur le plan du revenu procuré par l’université. L’avantage du revenu élevé tient en partie à la rareté, car il y a dans les territoires une demande de diplômés universitaires non satisfaite dans le secteur des ressources non renouvelables et dans la fonction publique.

Avantage sur le plan du revenu des diplômes postsecondaires pour les populations autochtones

À l’exception des femmes au Nunavut, l’avantage que procure une éducation postsecondaire est plus grand pour les Autochtones que pour les non-Autochtones dans l’ensemble des territoires. De plus, chez les Autochtones, l’avantage sur le plan du revenu est toujours plus important pour les hommes que pour les femmes, ce qui donne à penser que, dans les territoires, les hommes gagnent plus que les femmes à faire des études supérieures.

En 2010, les diplômés universitaires autochtones gagnaient systématiquement plus de 160 $ pour 100 $ gagnés par des diplômés du secondaire autochtones. Pour les Autochtones du Nord titulaires d’un certificat ou d’un diplôme postsecondaire inférieur au baccalauréat, ce sont les Territoires du Nord-Ouest qui offraient l’avantage le plus élevé sur le plan du revenu en 2010, les diplômés du postsecondaire gagnant 127,56 $ pour 100 $ gagnés par un diplômé du secondaire. Parallèlement, l’avantage sur le plan du revenu pour les diplômés du postsecondaire en 2010 était de 116,94 $ au Yukon et de 118,94 $ au Nunavut.

Quels résultats les territoires obtiennent-ils à l’évaluation des compétences des adultes?

En comparaison des provinces, les territoires, à l’exception du Yukon, obtiennent généralement de moins bons résultats aux tests de littératie, de numératie et de résolution de problèmes dans des environnements à forte composante technologique du Programme pour l’évaluation internationale des compétences des adultes (PEICA) de l’OCDE. Cependant, cela tient dans une large mesure à la contribution des résultats des Autochtones au score global des territoires. Ces derniers ont les plus fortes concentrations d’Autochtones au Canada, soit 81 % de la population âgée de 16 à 65 ans au Nunavut, 46 % dans les Territoires du Nord-Ouest et 21 % au Yukon12.

Lorsque nous séparons les autochtones et non autochtones des territoires parmi les répondants, nous constatons que la proportion de répondants non autochtones obtient d’aussi bons résultats, voire de meilleurs que leurs pairs non autochtones dans les provinces en littératie, en numératie et en résolution de problèmes dans des environnements à forte composante technologique.

Si nous vérifions l’achèvement des études dans les territoires, nous constatons que la performance moyenne de la population non autochtone reste supérieure à celle de la population autochtone, mais pas d’autant. Il est important de souligner que beaucoup d’Autochtones du Nord déclarent avoir une langue autochtone pour langue maternelle, ce qui influe probablement sur leur performance aux tests du PEICA, qui sont en anglais ou en français seulement.

Le PEICA a suréchantillonné la population autochtone afin de mieux évaluer les compétences de cette population diversifiée13.

Adultes ayant des compétences insuffisantes en littératie

Le Conference Board considère comme insuffisantes les compétences en littératie inférieures au niveau 3 du PEICA. Parmi les territoires, c’est le Nunavut qui a la plus forte proportion de personnes ayant des compétences insuffisantes en littératie, soit 83,2 % de la population, principalement en raison de sa population inuite majoritaire. En général, les populations autochtones des territoires comprennent plus d’adultes ayant des compétences insuffisantes en littératie. La performance du Nunavut à l’enquête du PEICA est très contrastée, la population autochtone ayant la plus grande proportion de répondants dont les compétences en littératie sont insuffisantes (91,9 %) et la population non autochtone, la plus faible proportion (33,5 %).

Pour en savoir plus sur l’évaluation des compétences en littératie, veuillez vous reporter au bilan provincial.

Adultes ayant de hautes compétences en littératie

Le Conference Board considère que les adultes ont de hautes compétences en littératie s’ils se classent aux niveaux 4 ou 5 du PEICA. Le Yukon a la plus forte proportion de personnes ayant de hautes compétences en littératie, dépassant le Nunavut, qui a la plus faible, de 12,7 points de pourcentage.

Les constatations en ce qui concerne le pourcentage estimatif des sous-populations fonctionnant avec de hautes compétences en littératie selon la définition du PEICA sont plus difficiles à interpréter en raison de la plus grande variabilité des résultats des répondants. Néanmoins, en tenant compte des écarts-types, les contrastes sont nets entre la performance des populations autochtones et non autochtones dans tous les territoires, ces dernières obtenant de bien meilleurs résultats. C’est au Nunavut que l’écart de rendement est le plus important entre les populations autochtones et non autochtones. Sa population non autochtone y a la plus forte proportion moyenne de personnes possédant de hautes compétences en littératie des trois territoires et sa population autochtone, la plus faible.

Pour en savoir plus sur l’évaluation des compétences en littératie, veuillez vous reporter au bilan provincial.

Adultes ayant des compétences insuffisantes en numératie

Le Conference Board considère comme insuffisantes les compétences en numératie inférieures au niveau 3 du PEICA. Le Nunavut est le territoire qui compte la plus grande proportion d’adultes ayant des compétences insuffisantes en numératie (87,3 %) et le Yukon, la plus faible (55,8 %).

Comme pour les compétences en littératie, les disparités sont importantes entre les compétences en numératie des adultes autochtones et celles des populations non autochtones. C’est au Nunavut que l’écart de performance entre Autochtones et non-Autochtones est le plus grand. Les compétences en numératie de plus de 90 % de sa population autochtone sont insuffisantes. En revanche, la population non autochtone du Nunavut est, des trois territoires, celle qui a la plus faible proportion d’adultes ayant des compétences insuffisantes en numératie.

Pour en savoir plus sur l’évaluation des compétences en numératie, veuillez vous reporter au bilan provincial.

Adultes ayant de hautes compétences en numératie

Le Conference Board considère que les adultes ont de hautes compétences en numératie s’ils se classent aux niveaux 4 ou 5 au PEICA. Parmi les territoires, c’est le Yukon qui a la plus forte proportion de personnes ayant de hautes compétences en numératie. Le Nunavut a la plus faible proportion de la population totale ayant de hautes compétences en numératie.

Dans les trois territoires, les non-Autochtones obtiennent plus ou moins les mêmes résultats, environ 15 % de la population ayant de hautes compétences en numératie. Cependant, il existe au sein des territoires des différences importantes entre la proportion des Autochtones et des non-Autochtones ayant de hautes compétences en numératie. Dans les Territoires du Nord-Ouest et au Yukon, moins de 3 % de la population autochtone a de hautes compétences en numératie. On ne dispose pas de données sur les Autochtones du Nunavut.

Pour en savoir plus sur l’évaluation des compétences en numératie, veuillez vous reporter au bilan provincial.

Adultes ayant des compétences insuffisantes en résolution de problèmes

Le Conference Board considère que les adultes ont des compétences insuffisantes en résolution de problèmes dans des environnements à forte composante technologique s’ils appartiennent à un des trois groupes suivants :

  1. Ils se classent sous le niveau 2 au test du PEICA sur la résolution de problèmes dans des environnements à forte composante technologique.
  2. Ils ont échoué au test sur les compétences de base en informatique. Pour pouvoir évaluer les compétences en résolution de problèmes, il fallait que les répondants remplissent la version informatisée du PEICA.
  3. Ils ont eux-mêmes déclaré n’avoir aucune expérience des ordinateurs.

Le Nunavut affiche apparemment le plus faible pourcentage de répondants ayant des compétences insuffisantes en résolution de problèmes dans des environnements à forte composante technologique, mais ces résultats sont faussés par le fait que plus de 54 % de ses répondants autochtones n’ont pas participé au test.

Si l’on fait abstraction de biais potentiels, l’écart entre la proportion des populations autochtones et non autochtones ayant des compétences insuffisantes en résolution de problèmes dans des environnements à forte composante technologique est beaucoup plus faible qu’entre les proportions de population ayant des compétences insuffisantes en littératie et en numératie. C’est au Yukon que l’écart est le plus grand (12,2 points de pourcentage) entre les proportions de populations autochtones et non autochtones ayant des compétences insuffisantes. C’est aussi le Yukon qui a le plus faible taux de non-réponse pour les participants autochtones (25 %) et non autochtones (12,3 %). Dans les Territoires du Nord-Ouest, les Autochtones et les non-Autochtones obtiennent des résultats équivalents pour ce qui est des compétences insuffisantes en résolution de problèmes (encore que le taux de non-réponse des Autochtones soit supérieur à 36 %, contre 10,3 % pour les non-Autochtones).

Pour en savoir plus sur l’évaluation des compétences en résolution de problèmes, veuillez vous reporter au bilan provincial.

Adultes ayant de hautes compétences en résolution de problèmes

Les personnes dont les résultats se situent au niveau 3 du PEICA sont considérées comme ayant de hautes compétences en résolution de problèmes dans des environnements à forte composante technologique. Les non-Autochtones s’en tirent mieux à ce test que les Autochtones, mais il y a de grandes variations dans les deux groupes, en particulier dans celui des non-Autochtones au Yukon. On ne dispose pas de données sur ce niveau de compétence pour les Autochtones du Nunavut.

Pour en savoir plus sur l’évaluation des compétences en résolution de problèmes, veuillez vous reporter au bilan provincial.

Qu’en est-il des régions provinciales nordiques du Canada?

Les populations autochtones sont nombreuses dans les régions provinciales nordiques du Canada, qui se distinguent des régions méridionales par leurs caractéristiques de développement. Malheureusement, il n’est pas facile d’obtenir des données sur les régions nordiques.

Le Centre pour le Nord du Conference Board a mené des recherches approfondies sur les difficultés associées à l’éducation et à l’acquisition de compétences dans le Nord :

Notes de bas de page

1    Julia O’Sullivan et Janet Goosney. Get Ready, Get Set, Get Going: Learning to Read in Northern Canada, Thunder Bay, Lakehead University, 2007.

2    Andrew Hodgkins. « Bilingual Education in Nunavut: Trojan Horse or Paper Tiger », Revue canadienne des jeunes chercheures et chercheurs en éducation, vol. 3, no 1, juin 2010.

3    Statistique Canada. Aperçu de l’Enquête auprès des peuples autochtones.

4    Ibid.

5    Siomonn Pulla. Building On Our Strengths: Aboriginal Youth Wellness in Canada’s North, Ottawa, Le Conference Board du Canada, 2014. [Tirer parti de nos atouts : Le mieux-être des jeunes Autochtones du Nord canadien, résumé français du rapport intégral].

6    Voir, par exemple, 2013 novembre — Rapport du vérificateur général du Canada : L’éducation au Nunavut.

7    Les tests fonctionnels par classe ne constituent par les meilleurs instruments de mesure car ils sont trés subjectifs.

8    Gouvernement des Territoires du Nord-Ouest. N.W.T. Releases 2013 Student Assessment Results, news release, 12 septembre 2014.

9    Ibid.

10    Statistique Canada. Enquête nationale auprès des ménages de 2011, n° 99-012-X2011059 au catalogue.

11    Source : Statistique Canada. Enquête sur la population active, dossier préparé par le Bureau de la statistique du Nunavut, 14 janvier 2014.

12    Statistique Canada. Enquête nationale auprès des ménages de 2011.

13    Statistique Canada. Emploi et Développement social Canada et le Conseil des ministres de l’Éducation (Canada). Les compétences au Canada : Premiers résultats du Programme pour l’évaluation internationale des compétences des adultes (PEICA), n° 89-555-X au catalogue, Ottawa, Statistique Canada, 2013.