Achèvement des études universitaires

Messages clés

  • L’Ontario est la seule province à recevoir un « A » pour cet indicateur, n’étant ainsi dépassée que par la Norvège et les États-Unis.
  • Ces 15 dernières années, toutes les provinces ont augmenté la part de leur population titulaire d’un diplôme universitaire.
  • Comme le taux de diplomation universitaire des 25 à 34 ans augmente plus vite dans les pays comparables au Canada que dans la plupart des provinces du pays, peu de provinces parviendront probablement à combler un jour l’écart.

L’achèvement des études universitaires mis en contexte

La part de la population titulaire d’un diplôme universitaire est en hausse au Canada et dans les autres pays. Des citoyens instruits participent plus activement à la société : ils tendent à prendre de meilleures décisions sur des facteurs touchant à leur qualité de vie (p. ex. le régime alimentaire, le tabac, l’exercice physique) et ils gagnent un salaire plus élevé que les personnes moins instruites. Ce que les décideurs savent aussi très bien, et dont le grand public a moins conscience, c’est que les personnes instruites et qualifiées contribuent largement à l’innovation et à la productivité des entreprises ainsi qu’à la performance économique du pays. Dans une économie mondiale interdépendante, les pays (et les provinces) qui comptent davantage de travailleurs hautement qualifiés possèdent un net avantage compétitif.

Où se situent les provinces canadiennes par rapport aux pays comparables au Canada?

L’Ontario est la seule province à recevoir un « A » pour cet indicateur. En effet, 31 % des Ontariens en âge de travailler sont titulaires d’un diplôme universitaire, ce qui place l’Ontario derrière la Norvège (36 %) et les États-Unis (32 %). Quatre provinces reçoivent un « B » et cinq un « C ».

Il est important de noter que les pays (ou provinces) qui affichent d’excellents résultats au chapitre de l’a diplomation au collégials ne feront probablement pas aussi bien sur le plan universitaire. En effet, le pourcentage total des diplômés des collèges et des universités dans un pays ne peut pas dépasser 100 %. Par conséquent, à un certain point, l’augmentation du taux de diplômés dans un type d’établissement a pour corollaire la baisse du taux de diplômés dans l’autre type d’établissement. C’est ce qui se passe pour la Norvège, par exemple, qui se classe dernière pour les études collégiales et première pour les études universitaires.

Comment les provinces s’en sortent-elles les unes par rapport aux autres?

En plus de classer les provinces par rapport à des pays comparables au Canada, nous les avons comparées entre elles et réparties selon trois catégories : « supérieure à la moyenne », « dans la moyenne » et « inférieure à la moyenne »1.

L’Ontario et la Colombie-Britannique se situent au-dessus de la moyenne pour cet indicateur, tandis que Terre-Neuve-et-Labrador et le Nouveau-Brunswick se classent en dessous de la moyenne. En 2012, la part de l’Ontario pour la population en âge de travailler et titulaire d’un diplôme universitaire se situait à 12,6 points de pourcentage au-dessus de celle du Nouveau-Brunswick.

Le taux provincial de diplomation universitaire a-t-il augmenté au fil du temps?

Depuis 1998, le Canada reçoit un « B » pour la part de sa population qui est titulaire d’un diplôme universitaire. Les résultats des provinces sont légèrement plus variables. Ainsi, la Nouvelle-Écosse et l’Ontario sont toutes deux montées d’une note, tandis que le Manitoba, qui est monté ou descendu d’un cran à la fois d’une année à l’autre, affiche actuellement un « C ».

Dans l’ensemble, le taux canadien de diplomation universitaire a augmenté, passant de 18 % en 1998 à près de 27 % en 2011. Cependant, le Canada n’est pas le seul pays du classement à améliorer ses résultats pour cet indicateur. Par conséquent, ses provinces doivent continuer à augmenter leurs taux ne serait-ce que pour conserver leur place.

Les provinces à la traîne peuvent-elles combler leur écart avec les provinces et les pays les plus performants?

L’un des moyens de répondre à cette question est d’examiner le taux de diplomation universitaire pour le groupe d’âge le plus jeune (les 25 à 34 ans). Une plus forte hausse de ce taux dans une province ayant de mauvaises performances pour cet indicateur signifierait qu’au fil du temps, l’écart se réduirait entre cette province et les provinces et pays de tête.

Toutefois, beaucoup de provinces auront du mal à rattraper les premiers du classement. Pour la cohorte des 25 à 34 ans, sept pays affichent des taux de diplomation supérieurs à ceux de la province canadienne la plus performante2. La Norvège conservera probablement sa première place pendant un bon moment.

Cependant, les États-Unis semblent perdre du terrain. La part des 25 à 34 ans qui sont titulaires d’un diplôme universitaire est de seulement 33 %, ce qui les place au 8e rang du classement parmi les pays comparables au Canada, à égalité avec le Danemark. Le problème des États-Unis est que le taux de diplomation universitaire n’a pas connu la même augmentation dans la cohorte des 25 à 34 ans que dans les cohortes plus âgées. Avec un taux de 33 %, la part des 25 à 34 ans titulaires d’un diplôme universitaire dépasse de seulement 2 % celle des 55 à 64 ans. Aujourd’hui, pour la cohorte des 25 à 34 ans, les États-Unis se situent à 13 points de pourcentage derrière la Norvège et risquent maintenant d’être délogés de la première place qu’ils obtenaient généralement pour cet indicateur.

En ce qui concerne les provinces canadiennes, la Nouvelle-Écosse et l’Ontario affichent toutes deux la plus forte proportion des 25 à 34 ans titulaires d’un diplôme universitaire, avec un taux de 34 % chacune, qui les laisse néanmoins 12 points derrière la Norvège. La cohorte des 25 à 34 ans de Nouvelle-Écosse a considérablement augmenté son taux par rapport à celui des 55 à 64 ans.

Une comparaison des taux entre les cohortes d’âges permet de constater que le fossé se creuse entre les hommes et les femmes. La majorité de l’augmentation du taux de diplômés universitaires chez les 25 à 34 ans est essentiellement due au taux largement supérieur observé chez les femmes.

Un groupe n’a pas connu de hausse significative de son taux de diplomation universitaire : les Autochtones. Dans l’ensemble du Canada, 9 % des Autochtones âgés de 55 à 64 ans et 11 % de ceux de 25 à 34 ans étaient titulaires d’un diplôme universitaire en 20113. Les chiffres sont légèrement supérieurs pour les Métis, où 16 % des 25 à 34 ans étaient titulaires d’un diplôme universitaire contre 8 % pour les Premières Nations et 5 % pour les Inuits. Bien que les faibles taux de diplomation au secondaire fassent obstacle à l’accès aux études postsecondaires pour certains jeunes Autochtones, les taux plus élevés de diplomation au collégial parmi les Autochtones montrent qu’il devrait aussi être possible d’améliorer les résultats pour les études universitaires.

Un diplôme universitaire est-il meilleur qu’un diplôme collégial?

On a longtemps soutenu, en s’appuyant sur les données relatives aux revenus, que l’obtention d’un diplôme universitaire constituait l’indicateur le plus pertinent pour mesurer la capacité du Canada à former des personnes douées en innovation et dotées d’excellentes compétences. Les données sur le « rendement de l’éducation » corroborent cet argument, car les diplômés universitaires, pris globalement, gagnent un salaire supérieur, en moyenne, à celui des diplômés collégiaux.

Cependant, davantage de diplômés universitaires cherchent à obtenir ensuite un diplôme collégial. En 2000, 10 % des diplômés collégiaux avaient auparavant obtenu un diplôme universitaire4. En 2005, ce taux était passé à 13 %5. Cette hausse peut traduire la valeur accordée aux programmes d’études appliquées proposés par les collèges. De plus amples recherches sont nécessaires pour établir le moment auquel les diplômés universitaires s’inscrivent à des programmes collégiaux (p. ex. immédiatement après l’obtention de leur diplôme universitaire ou en milieu de carrière), et les types de programmes suivis (p. ex. une extension de leurs études de premier cycle ou un changement complet d’orientation).

Selon des recherches récentes, la discipline étudiée pourrait être plus importante que le type d’établissement scolaire fréquenté. Ainsi, une étude a établi que les hommes titulaires d’un diplôme universitaire dans des disciplines abstraites comme les lettres et les sciences humaines, la biologie et les sciences agricoles ont un salaire inférieur de plus de moitié à celui des hommes titulaires d’un diplôme universitaire dans des disciplines ayant une portée pratique ou visant des filières professionnelles – comme le commerce, la médecine et l’ingénierie6. Une autre étude a mis en évidence des différences de salaire similaires entre les disciplines collégiales au Canada et constaté que ces écarts poussent les étudiants à s’inscrire dans les disciplines offrant de meilleures perspectives salariales7.

Peut-être la différence entre collège et université est-elle moins importante que l’adéquation de la discipline par rapport au marché de l’emploi, puisque c’est cette adéquation – avec l’offre et la demande – qui fixe la valeur marchande des travailleurs qualifiés.

Notes de bas de page

1     Pour comparer les provinces canadiennes les unes par rapport aux autres, nous avons d’abord déterminé leur note moyenne et l’écart type des valeurs provinciales. L’écart type est la mesure de la variabilité qui existe à l’intérieur d’un ensemble de résultats. Si les résultats sont normalement répartis (c’est-à-dire que leur dispersion ne penche pas lourdement d’un côté ou de l’autre ou qu’elle ne comporte pas d’aberrations importantes), environ 68 % des résultats se trouveront à un écart type au-dessus ou en dessous de la moyenne. Toute province qui se situe à un écart type au-dessus de la moyenne est dite « supérieure à la moyenne ». Les provinces qui se situent à un écart type en dessous de la moyenne sont dites « inférieures à la moyenne ». Les autres provinces ont un rendement qui les situe « dans la moyenne ».

2    La ventilation des données sur l’achèvement des études universitaires n’est pas encore disponible pour 2012. OCDE, Regards sur l’éducation 2013, Paris, Éditions OCDE, 2013. Statistique Canada, Indicateurs de l’éducation au Canada : une perspective internationale 2013, Ottawa, Statistique Canada, 2014.

3    Statistique Canada, Enquête nationale auprès des ménages, 99-012-X2011046.

4    Mary Allen et Chantal Vaillancourt, Promotion de 2000 : profil des diplômés du postsecondaire et endettement des étudiants, Catalogue no 81-595-MIF no 16, Ottawa, Statistique Canada, 2004.

5    Justin Bayard et Edith Greenlee, L’obtention d’un diplôme au Canada : profil, situation sur le marché du travail et endettement des diplômés de la promotion de 2005, Catalogue no 81-595-M no 74, Ottawa, Statistique Canada, 2009.

6    Alan Stark, Which Fields Pay, Which Fields Don’t? An Examination of the Returns to University Education in Canada by Detailed Field of Study, Ottawa, ministère des Finances Canada, février 2007.

7    Brahim Boudarbat, Earnings and Community College Field of Study Choice in Canada, document de travail, Bonn, Institute for the Study of Labour, mai 2004.