Mortalité due aux maladies du système nerveux

Messages clés

  • Les Territoires du Nord-Ouest et le Nunavut se classent en tête des régions canadiennes pour ce qui est de la mortalité due aux maladies du système nerveux, probablement à cause de la faible espérance de vie dans ces régions. La plupart des décès de ce type sont en effet attribuables à la maladie d’Alzheimer, qui touche les personnes âgées.
  • Le Québec, la Nouvelle-Écosse et le Yukon se retrouvent en queue de peloton, mais ils décrochent quand même un « C » à cause du taux de mortalité tellement élevé de la Finlande, qui occupe le dernier rang du classement.
  • Outre l’âge et les antécédents familiaux, le mode de vie est aussi un facteur de risque de la maladie d’Alzheimer.

Mettre la mortalité due aux maladies du système nerveux en contexte

En 2011, dernière année pour laquelle on dispose de données, environ 5 % des 12 037 décès enregistrés au Canada étaient imputables à des maladies du système nerveux1. Il en existe de nombreux types, notamment la méningite bactérienne, la maladie de Parkinson, la maladie d’Alzheimer, la maladie de Huntington, la sclérose en plaques et l’épilepsie. Au Canada, plus de la moitié des décès dus aux maladies du système nerveux sont attribuables à la maladie d’Alzheimer et près de 20 %, à la maladie de Parkinson2. Quoique touchant toutes deux le système nerveux, ces maladies sont très différentes. La maladie d’Alzheimer est une maladie dégénérative mortelle qui détruit les cellules du cerveau, alors que la maladie de Parkinson est une maladie à évolution lente qui se traduit par une perte de contrôle musculaire. On connaît mal les causes de ces deux maladies qui affectent généralement les personnes âgées.

Les taux de mortalité due aux maladies du système nerveux doivent être replacés en perspective. Comme la plupart de ces décès sont attribuables à la maladie d’Alzheimer, maladie de la vieillesse, il se peut que les régions où l’espérance de vie est plus faible enregistrent moins de décès dus aux maladies du système nerveux, tout simplement parce que la population meurt prématurément d’autres causes.

Comment s’en sortent les provinces et les territoires par rapport aux pays comparables au Canada?

Avec un taux moyen de mortalité sur trois ans due aux maladies du système nerveux de moins de 20 pour 100 000 habitants, les Territoires du Nord-Ouest et le Nunavut arrivent en tête de ce bilan comparatif au Canada. Les deux territoires obtiennent un « A » et se classent juste derrière le Japon, qui occupe le premier rang avec tout juste 10,3 décès pour 100 000 habitants dus aux maladies du système nerveux entre 2009 et 2011. L’Allemagne, l’Autriche et les Pays-Bas sont les trois autres pays de comparaison qui décrochent aussi un « A ».

Le Canada, qui se classe au 12e rang sur les 16 pays de comparaison, obtient un « B ». Entre 2009 et 2011, 35,2 Canadiens sont morts, en moyenne, des suites de maladies du système nerveux pour 100 000 habitants. Toutes les provinces se voient attribuer un « B », le Nouveau-Brunswick, Terre-Neuve-et-Labrador, la Nouvelle-Écosse et le Québec se classant sous la moyenne canadienne. Le Québec se classe globalement au pénultième rang, avec un taux de mortalité annuelle moyen de 45 décès pour 100 000 habitants. Le Yukon obtient également un « B » et se situe en dessous de la moyenne canadienne avec 40,1 décès pour 100 000 habitants. Avec un taux de mortalité moyen de 83,9 décès pour 100 000 habitants, soit plus d’une fois et demie le taux de mortalité de l’avant-dernier du classement, à savoir les États-Unis, la Finlande est la seule région à recevoir un « D ».


Presque toutes les régions obtiennent un « B » à cet indicateur parce que la Finlande est un cas particulier. Si nous excluons ce pays, la plupart des provinces et le Canada obtiennent un « C », et le Yukon, la Nouvelle-Écosse et le Québec un « D ».

Comment se situent les provinces et les territoires les uns par rapport aux autres?

Les Territoires du Nord-Ouest, le Nunavut et la Colombie-Britannique affichent les taux de mortalité due aux maladies du système nerveux les plus faibles au Canada, et la Nouvelle-Écosse et le Québec, les plus élevés. L’écart est grand entre les premiers et les derniers du classement, car le taux de mortalité due aux maladies du système nerveux des Territoires du Nord-Ouest est presque trois fois plus faible que celui du Québec.

Pourquoi les Territoires du Nord-Ouest et le Nunavut se classent-ils si bien?

Si les Territoires du Nord-Ouest et le Nunavut se classent si bien pour ce qui est de la mortalité due aux maladies du système nerveux, c’est peut-être pour la même raison qu’ils occupent de si bons rangs au classement relatif à la mortalité due aux maladies cardiovasculaires. Comme ces dernières, les maladies du système nerveux surviennent généralement à un âge plus avancé. Or, l’espérance de vie n’est que de 71,8 ans au Nunavut et de 77,1 ans dans les Territoires du Nord-Ouest. Seulement 3,5 % de la population du Nunavut et 6 % de celle des Territoires du Nord-Ouest sont âgées de 65 ans et plus, ce qui est nettement inférieur à la proportion moyenne de la population nationale dans ce groupe d’âge, soit 15 %3. Il se peut que les habitants du Nunavut et des Territoires du Nord-Ouest, dont les taux de mortalité due au cancer et aux maladies respiratoires sont les plus élevés du Canada, et dont les taux de suicide sont importants, ne vivent pas assez longtemps pour souffrir de la maladie d’Alzheimer ou de Parkinson.

Le classement change-t-il si l’on considère seulement la mortalité due à la maladie d’Alzheimer?

Le classement des taux de mortalité due à la maladie d’Alzheimer est à l’image du classement général des taux de mortalité due aux maladies du système nerveux. Le Japon se maintient au premier rang, tandis que les Territoires du Nord-Ouest et le Nunavut affichent les taux de mortalité attribuable à la maladie d’Alzheimer les plus faibles au Canada. Entre 2009 et 2011, environ 2,7 décès par an pour 100 000 habitants étaient attribuables à cette maladie dans les Territoires du Nord-Ouest, soit nettement moins que la moyenne canadienne de 18,6. La Nouvelle-Écosse et le Québec se situent en queue de classement à cet indicateur. Entre 2009 et 2011, ce sont en moyenne 26,7 décès par an pour 100 000 habitants qui étaient attribuables à la maladie d’Alzheimer en Nouvelle-Écosse, soit un peu plus qu’au Québec. Seuls les États-Unis et la Finlande affichent de résultats encore moins bons que ces provinces.

La Colombie-Britannique a de moins bons résultats pour ce qui est de la maladie d’Alzheimer et se classe 14e sur les 29 régions de comparaison, soit loin de sa 7e place finale aux taux de mortalité due aux maladies du système nerveux.

Peut-on se prémunir contre la maladie d’Alzheimer?

Les facteurs de risque les plus courants de la maladie d’Alzheimer sont l’âge et les antécédents familiaux. Comme ces facteurs sont normalement indépendants de notre volonté, la maladie d’Alzheimer semblait inévitable pour certaines personnes. Toutefois, la recherche commence à révéler des indices sur d’autres facteurs de risque sur lesquels il est possible d’influer par des choix de mode de vie et de bien-être généraux.

Il se peut, par exemple, qu’il existe un lien étroit entre les traumatismes crâniens graves et un risque futur de maladie d’Alzheimer, en particulier en cas de traumatisme répété ou de perte de connaissance. De plus en plus de preuves suggèrent aussi que le risque de maladie d’Alzheimer augmente en présence de troubles qui endommagent le cœur ou les vaisseaux sanguins4. En fait, il est possible que la moitié des cas de maladie d’Alzheimer dans le monde résultent de sept grands facteurs de risque que sont le diabète, l’hypertension artérielle, l’obésité, le tabagisme, la dépression, l’inactivité cognitive ou le faible niveau de scolarité, et l’inactivité physique5. Un mode de vie sain comprenant une alimentation saine, le maintien d’un poids santé, une activité physique régulière, le maintien d’une tension artérielle et de taux de cholestérol normaux, et la participation à des activités favorisant la socialisation et stimulant l’activité cérébrale peut aider à réduire le risque de développer la maladie d’Alzheimer6.

On pense souvent à tort qu’on ne meurt pas de la maladie d’Alzheimer. Cependant, une fois atteint le stade léger ou avancé de la maladie, le cerveau s’est suffisamment détérioré pour que des activités normales deviennent extrêmement difficiles, ce qui peut entraîner un manque de conscience de soi et même un alitement prolongé au cours duquel la personne nécessite des soins constants7. Les patients atteints de la maladie d’Alzheimer sont incapables de s’alimenter convenablement, ce qui les expose à d’autres maladies qui peuvent mettre leur vie en danger. Généralement, ces personnes succombent à une défaillance polyviscérale causée par des complications dues, entre autres, à des crises cardiaques, à des accidents vasculaires cérébraux et à des infections pulmonaires8.

Que fait-on au Canada pour lutter contre la maladie d’Alzheimer?

L’espérance de vie approche les 80 ans dans la plupart des régions du pays et l’âge fait partie des principaux facteurs de risque de la maladie d’Alzheimer. La population canadienne vieillissant, on s’attend à voir davantage de cas dans les années à venir. De plus, le mode de vie étant maintenant considéré comme un facteur de risque, encore plus de Canadiens pourraient développer la maladie.

En 2011, le gouvernement canadien a annoncé une enveloppe de 8,6 M$ pour de nouvelles recherches sur la maladie d’Alzheimer, le but étant de mieux comprendre celle-ci afin d’élaborer des stratégies efficaces en matière de prévention, de diagnostic précoce et de traitement9. D’après les recommandations formulées, des choses aussi simples qu’une intervention précoce, des services qui permettent d’accéder rapidement à un traitement et des mesures de soutien en milieu de travail peuvent beaucoup aider10.

Plus récemment, Santé Canada a annoncé qu’il travaillera en collaboration avec l’ensemble des provinces et des territoires afin de formuler une stratégie nationale pour lutter contre la démence. À l’heure actuelle, le Canada est le seul pays du G7 qui ne se soit pas doté d’une telle stratégie. En septembre 2014, le gouvernement fédéral a lancé le Consortium canadien en neurodégénérescence associée au vieillissement, financé à hauteur de 31,5 M$ sur cinq ans. Ce consortium se concentrera sur la recherche visant à :

  • retarder l’apparition de la démence et des maladies connexes;
  • prévenir la survenue de ces maladies;
  • améliorer la qualité de vie des Canadiens aux prises avec ces maladies ainsi que celle des personnes qui en prennent soin11.

Notes de bas de page

1    Statistique Canada, CANSIM, tableau 102-0526 (Décès selon la cause, Chapitre VI : Maladies du système nerveux [G00 à G99], le groupe d’âge et le sexe, Canada) (consulté le 28 octobre 2014).

2    Ibid.

3    Statistique Canada, CANSIM, tableau 051-0001 (Estimations de la population, selon le groupe d’âge et le sexe au 1er juillet, Canada, provinces et territoires) (consulté le 28 octobre 2014).

4    Alzheimer’s Association, Risk Factors (consulté le 28 octobre 2014).

5    D. E. Barnes et K. Yaffe, « The Projected Effect of Risk Factor Reduction on Alzheimer’s Disease Prevalence », The Lancet Neurology, vol. 10, n° 9, septembre 2011, p. 819-828.

6    Société Alzheimer Canada, Facteurs de risque (consulté le 28 octobre 2014).

7    National Institute on Aging, Alzheimer’s Fact Sheet, juillet 2011.

8    Agingcare.com, Why Do People Die From Alzheimer’s Disease? (consulté le 28 octobre 2014).

9    Instituts de recherche en santé, Le gouvernement du Canada passe à l’action pour lutter contre l’Alzheimer, communiqué, 28 janvier 2011.

10    Commission de la santé mentale du Canada, La nécessité d’investir dans la santé mentale au Canada, 2013.

11    Gouvernement du Canada, Le gouvernement Harper investit dans une initiative nationale de lutte contre la démence, communiqué, 10 septembre 2014.