Espérance de vie

Messages clés

  • La Colombie-Britannique et l’Ontario obtiennent un « A » pour l’espérance de vie. La Colombie-Britannique est seulement devancée par deux pays comparables au Canada : la Suisse et le Japon.
  • Les territoires se trouvent tout en bas du classement, le Nunavut enregistrant l’espérance de vie la plus faible, avec 71,8 ans.
  • La Colombie-Britannique affiche l’espérance de vie à 65 ans la plus élevée et ses habitants passent une grande partie de leur vie en parfaite santé.

Mettre l’espérance de vie en contexte

À l’époque de l’Empire romain, l’espérance de vie moyenne était de 25 ans. Au Canada et dans les pays comparables, elle était de 50 ans au tournant du XXe siècle et de 81,3 ans en 2011.

L’espérance de vie mesure le nombre moyen d’années qu’un bébé né aujourd’hui peut espérer vivre. Elle est généralement considérée comme un indicateur de la santé globale d’un pays. Elle s’est considérablement allongée pour la plupart des personnes de notre époque, à l’exception des habitants d’Afrique subsaharienne, où le sida fait des ravages. Les progrès de l’hygiène, de la nutrition, de la médecine et de la technologie médicale ont tous contribué à cet allongement.

Comment les provinces et les territoires s’en sortent-ils par rapport aux pays comparables au Canada?

La Colombie-Britannique et l’Ontario récoltent un « A » pour l’espérance de vie et se situent parmi les cinq premiers au classement, avec la Suisse, le Japon et la France. La Colombie-Britannique, qui affichait une espérance de vie de 82,2 ans en 2011, était uniquement devancée par la Suisse (82,8 ans) et le Japon (82,7 ans).

Avec une espérance de vie de 81,8 ans en 2011, le Québec fait légèrement mieux que la moyenne nationale (81,5 ans) et obtient un « B ». Dans son ensemble, le Canada reçoit lui aussi un « B », avec une espérance de vie légèrement supérieure à la moyenne des pays comparables. L’Alberta et le Nouveau-Brunswick obtiennent également un « B ».

L’Île-du-Prince-Édouard reçoit un C à l’indicateur de l’espérance de vie. La Nouvelle-Écosse, Terre-Neuve-et-Labrador et le Manitoba se situent dans le peloton de queue du classement, obtenant néanmoins un « C » aussi grâce aux faibles résultats affichés par le moins performant des pays comparables au Canada, les États-Unis, où un Américain moyen né en 2011 a une espérance de vie de seulement 78,7 ans. La Saskatchewan, qui écope d’un D, affiche le pire rendement de toutes les provinces.

Les territoires écopent tous d’un « D- », car leur espérance de vie est inférieure à celle du pays comparable au Canada le moins performant, à savoir les États-Unis. Ainsi, au Nunavut, l’espérance de vie en 2011 était de seulement 71,8 ans.

Comment se situent les provinces et les territoires les uns par rapport aux autres?

La Colombie-Britannique et l’Ontario sont les deux premières provinces du classement et les seules à décrocher un « A » pour l’indicateur de l’espérance de vie, tandis que le Manitoba et la Saskatchewan sont les provinces les moins bien classées. L’espérance de vie en Colombie-Britannique est supérieure de 2,6 années à celle en Saskatchewan. Les trois territoires occupent les dernières places du classement.

Pourquoi l’espérance de vie est-elle si faible dans les territoires?

L’espérance de vie est beaucoup plus faible dans les territoires que dans le reste du Canada. En fait, avec 71,8 ans, l’espérance de vie au Nunavut est plus comparable à celle de l’Ukraine qu’à celle du reste du Canada1. Un enfant né aujourd’hui au Nunavut a une espérance de vie inférieure d’environ dix ans à celle d’un enfant né en Colombie-Britannique.

Plusieurs facteurs pourraient être à l’origine de la plus faible espérance de vie dans les territoires. En effet, ceux-ci affichent de mauvais résultats pour les indicateurs socioéconomiques qui sont considérés comme des déterminants essentiels de la santé. Par exemple, ils présentent des niveaux plus élevés de chômage de longue durée et des proportions plus faibles de diplômés de l’enseignement secondaire et universitaire2,3. En outre, leurs taux de tabagisme, d’obésité et de toxicomanie figurent parmi les plus élevés du Canada, autant de problèmes qui sont associés à une mauvaise santé. En 2013, 19,3 % de la population canadienne des 12 ans et plus fumaient quotidiennement ou occasionnellement, tandis que le taux de tabagisme était de 25,9 % au Yukon, de 33,2 % dans les Territoires du Nord-Ouest et de 59 % au Nunavut4.

Le taux de suicide dans les territoires est parmi les plus élevés au pays, en particulier au Nunavut, où il est plus de six fois supérieur à la moyenne nationale pour 20115.

L’isolement des territoires peut lui aussi contribuer à la faible espérance de vie. En effet, en dehors des villes, les accidents et les blessures peuvent avoir plus souvent des conséquences mortelles, car la distance à parcourir pour se soigner est souvent plus grande que dans les provinces. Ce problème lié à l’isolement touche aussi le nord de la plupart des provinces, mais il est occulté, car la population vit majoritairement dans les parties méridionales.

Quel est le rôle de la richesse dans l’espérance de vie?

Les facteurs économiques jouent un rôle essentiel dans l’espérance de vie. En moyenne, les habitants des pays à revenus élevés vivent 19 ans de plus que les habitants des pays à faibles revenus6. L’espérance de vie moyenne au Canada et dans les pays comparables – qui sont parmi les plus riches au monde – est de 81,3 ans. De leur côté, les habitants d’Afrique vivent en moyenne 58 ans, tandis que ceux d’Asie du Sud-Est atteignent 67 ans7.

De même, dans un pays, les gens riches vivent généralement plus longtemps que les personnes plus pauvres. Le Canada affiche de fortes disparités régionales à cet égard. Selon les conclusions de l’Institut canadien d’information sur la santé, le taux annuel de mortalité est plus élevé dans les régions les plus rurales (où il est impossible de faire du navettage) que dans les régions urbaines : « Dans les régions où l’espérance de vie est élevée, on retrouve généralement un revenu moyen élevé, des niveaux d’instruction et des taux d’emploi élevés. Les autres facteurs associés à une bonne santé sont : une répartition équitable des revenus, des logements adéquats, un environnement social adéquat et propice au développement précoce de l’enfant8. »

Compte tenu des mauvaises conditions socioéconomiques qui règnent chez elles, les populations autochtones ont une espérance de vie beaucoup plus faible que le reste de la population canadienne. « Des études ont également démontré que l’espérance de vie des Autochtones au Canada est plus courte de cinq ans, et même plus, que celle de l’ensemble de la population canadienne9. » Parmi les dix provinces, le Manitoba et la Saskatchewan sont celles qui comptent le taux le plus élevé d’Autochtones dans leur population, soit 16,7 % et 15,6 % respectivement. Ce taux est encore plus élevé dans les territoires. En effet, les Autochtones représentent 23,1 % de la population au Yukon, 51,9 % dans les Territoires du Nord-Ouest et 86,3 % au Nunavut10. Il n’est donc pas surprenant que l’espérance de vie soit plus faible dans les territoires et dans ces deux provinces.

Le classement est-il différent pour l’espérance de vie à 65 ans?

L’espérance de vie à 65 ans mesure le nombre moyen d’années de vie restantes pour une personne de 65 ans, en fonction du taux de mortalité du moment. En général, l’espérance de vie augmente avec l’âge, de sorte qu’une personne qui atteint l’âge de 65 ans peut espérer vivre au-delà de l’espérance de vie estimée pour elle à sa naissance.

Le classement ne change pas beaucoup pour l’espérance de vie à 65 ans. La France, le Japon, et la Suisse restent les pays les plus performants, tandis que la Colombie-Britannique et l’Ontario continuent à devancer les autres provinces et territoires du Canada. Toutefois, la Colombie-Britannique et l’Ontario doivent se contenter d’un « B » pour cet indicateur, étant donné que la France se montre beaucoup plus performante. En effet, en Colombie-Britannique, l’espérance de vie à 65 ans est de 20,8 années, contre 21,6 années en France. De son côté, la Saskatchewan se classe beaucoup mieux pour cet indicateur. En 2011, une personne moyenne de 65 ans pouvait espérer vivre 19,9 années de plus (atteignant presque les 85 ans), alors que son espérance de vie moyenne à la naissance était de 79,7 ans. Toutes les provinces font mieux que les États-Unis, à l’exception de Terre-Neuve-et-Labrador, où l’espérance de vie à 65 ans est la même que pour un Américain moyen, à savoir 19,1 ans. Pour cet indicateur également, les territoires végètent au dernier rang du classement.

L’espérance de vie est-elle le meilleur indicateur pour décrire l’aspect sanitaire de la qualité de vie?

On reproche parfois à l’indicateur de l’espérance de vie d’accorder trop d’importance à la quantité des années de vie et pas assez à leur qualité. Pour résoudre ce problème, nous avons complété notre bilan comparatif par l’indicateur de la mortalité prématurée et celui de l’état de santé autodéclaré

L’espérance de vie ajustée en fonction de la santé (EVAS) est un autre indicateur souvent utilisé pour tenir compte de la qualité de vie. Il mesure le nombre moyen d’années qu’une personne peut espérer vivre en bonne santé.

Au lieu de considérer que toutes les années de vie sont égales, comme le fait l’indicateur traditionnel de l’espérance de vie, l’EVAS pondère les années de vie en fonction de l’état de santé. On le calcule en soustrayant de l’espérance de vie le nombre moyen d’années de mauvaise santé, pondéré par la gravité du problème médical.

Les Québécois nés entre 2005 et 2007 (années les plus récentes pour lesquelles des données EVAS sont disponibles à l’échelle provinciale) peuvent espérer passer 88,2 % de leur vie en bonne santé. L’espérance de vie moyenne au Québec étant de 80,7 ans pour cette période, les Québécois ont en moyenne 71,2 années de vie en bonne santé devant eux.

En Colombie-Britannique, un habitant moyen passe 87,4 % de sa vie en bonne santé. Cependant, comme l’espérance de vie moyenne est plus élevée dans cette province, il peut malgré tout espérer vivre en parfaite santé jusqu’à 71 ans, à l’instar d’un Québécois. Si l’Île-du-Prince-Édouard est la seule autre province à faire mieux que la moyenne canadienne (86,9 % de vie en parfaite santé), presque toutes les autres provinces atteignent 86 % et plus. Seule la Nouvelle‑Écosse fait exception, avec 85,4 % de vie en parfaite santé. Comme l’espérance de vie en Nouvelle‑Écosse était de 79,7 ans entre 2005 et 2007, une personne moyenne peut donc espérer vivre 68 ans en bonne santé. (Les données sur l’EVAS ne sont pas disponibles pour les territoires.)


Notes de bas de page

1    Organisation mondiale de la santé, Base de données de l’Observatoire mondial de la santé (consultée le 29 octobre 2014).

2    Michael Tjepkema, Russell Wilkins, Sacha Senécal, Éric Guimond et Christopher Penney, « La mortalité chez les Métis et les Indiens inscrits adultes au Canada : étude de suivi sur 11 ans », Rapports sur la santé, Statistique Canada, catalogue no 82-003-X, vol. 20, no 4, 2009, p. 31-51 (consulté le 30 décembre 2011).

3    Russell Wilkins, Sharanjit Uppal, Phillipe Finès, Sacha Senécal, Éric Guimond et Rene Dion, « Espérance de vie dans les régions où vivent les Inuits au Canada, 1989 à 2003 », Rapports sur la santé, Statistique Canada, catalogue no 82-003-X, vol. 19, no 1, 2008, p. 7-19 (consulté le 30 décembre 2011).

4    Statistique Canada, CANSIM, Tableau 105-0501 – Profil d’indicateurs de la santé, estimations annuelles, selon le groupe d’âge et le sexe, Canada, provinces, territoires, régions sociosanitaires (limites de 2013) et groupes de régions homologues, Statistique Canada, no 82-221-X au catalogue, Indicateurs de la santé (consulté le 17 novembre 2014).

5    Statistique Canada, Tableau  102-0563 – Principales causes de décès, population totale, selon le sexe, Canada, provinces et territoires, annuel, CANSIM – base de données (consulté le 17 novembre 2014).

6    Organisation mondiale de la santé, World Health Statistics 2014 (résumé en français intitulé Statistiques sanitaires mondiales 2014), Genève, OMS, 2014, p. 42.

7    Ibid., p. 68.

8    Institut canadien d’information sur la santé, Les soins de santé au Canada, 2000 : Un premier rapport annuel, Ottawa, Institut canadien d’information sur la santé, 2000, p. 6.

9    Ibid.

10    Statistique Canada, CANSIM, Tableau  109-0300 – Profil d’indicateurs de la santé, estimations annuelles, selon le groupe d’âge et le sexe, Canada, provinces, territoires, régions sociosanitaires (limites de 2013) et groupes de régions homologues, Statistique Canada, no 82-221-X au catalogue, Indicateurs de la santé.