Mortalité due au cancer

Messages clés

  • La Colombie-Britannique et l’Alberta, qui affichent les taux de décès dus au cancer les plus faibles au pays, obtiennent un « A ».
  • Le Nunavut, le Yukon et les Territoires du Nord-Ouest obtiennent tous un « D- » à l’indicateur de la mortalité due au cancer et se classent derrière le pays de comparaison affichant les plus mauvais résultats, à savoir le Danemark.
  • Le cancer du poumon continue de tuer plus de Canadiens que tout autre type de cancer; le cancer du sein est la deuxième cause de mortalité parmi les Canadiennes.

Mettre la mortalité due au cancer en contexte

Au départ de son « marathon de l’espoir », en 1980, Terry Fox, figure emblématique canadienne, imaginait ce qui arriverait si les Canadiens soutenaient la recherche sur le cancer. Depuis, le Canada a beaucoup progressé dans le traitement de cette maladie, qui reste malheureusement la principale cause de décès prématuré dans le pays. Le nombre grandissant de Canadiens chez qui l’on diagnostique un cancer se traduit par des pressions de plus en plus fortes sur les systèmes de santé. Les progrès dans la prévention du cancer et les améliorations apportées à sa prise en charge demeurent imprévisibles, ce qui en fait un défi permanent en matière de soins de santé pour les gouvernements canadiens et étrangers.

On ne saurait trop insister sur l’impact du cancer sur la vie des patients, sur leur famille et sur le système de soins de santé. Le stress émotionnel, physique et psychologique pour les personnes atteintes d’un cancer – et pour leur famille – est profond. Presque tout le monde au Canada est touché par le cancer d’une manière ou d’une autre. Toutes les heures, neuf personnes en meurent1, et tous les ans, le nombre de diagnostics de cancer augmente. En 2014, selon les estimations, 191 300 Canadiens ont reçu un tel diagnostic et 76 600 sont morts des suites d’un cancer2.

La prise en charge du cancer représente un lourd fardeau pour l’économie. D’après une estimation, dans les 30 prochaines années, 2,4 millions de travailleurs développeront un cancer et 872 000 en mourront3. En 2008, le cancer a coûté 4,4 G$ à l’économie canadienne en coûts directs liés aux soins de santé – c’est-à-dire les médicaments, médecins et soins hospitaliers – et en coûts indirects – soient les coûts liés à la mortalité (coûts de production associés à la mortalité prématurée) et les coûts de production associés à la maladie et aux blessures4,5.

Les Canadiens continuent de payer un lourd tribut au cancer, et le pays ne doit pas prendre de retard sur les pays comparables dans les efforts qu’il déploie pour réduire l’incidence du cancer et la mortalité qui lui est attribuable.

Comment les provinces et les territoires s’en sortent-ils par rapport aux pays comparables au Canada?

De toutes les provinces, c’est en Colombie-Britannique que la mortalité due au cancer est la plus faible. Ainsi, entre 2009 et 2011, la province comptait 189,9 décès pour 100 000 habitants, ce qui lui vaut un « A ». Elle n’est devancée au classement international que par la Finlande, la Suisse, le Japon et la Suède. La Colombie-Britannique n’est pas la seule province à obtenir une très bonne note. Avec une moyenne de 194,5 décès pour 100 000 habitants, l’Alberta décroche également un « A » et se classe juste derrière la moyenne des États-Unis.

Globalement, le Canada obtient un « B » et se classe au 11e rang sur les 16 pays de comparaison. Les taux de mortalité en Ontario et en Saskatchewan sont inférieurs à la moyenne canadienne, et les deux provinces obtiennent également un « B ». C’est à Terre-Neuve-et-Labrador, en Nouvelle-Écosse et au Québec que les taux moyens de mortalité dus au cancer sont les plus élevés. Avec un « D », les territoires arrivent au dernier rang du classement et se situent même après le pays de comparaison affichant les pires résultats à cet égard, à savoir le Danemark. Entre 2009 et 2011, le Yukon et le Nunavut comptaient, respectivement, jusqu’à 304,2 et 423,5 décès pour 100 000 habitants.

Comment se situent les provinces et les territoires les uns par rapport aux autres?

Avec les plus faibles taux de mortalité du pays, la Colombie-Britannique et l’Alberta sont les deux seules provinces à décrocher un « A » en ce qui a trait à la mortalité due au cancer. La plupart des provinces obtiennent un « B » ou un « C ». Terre-Neuve-et-Labrador, qui obtient un « D », est la plus mal classée. C’est dans les territoires que les taux de mortalité due au cancer sont les plus élevés au Canada.

Quels sont les types de cancer qui contribuent le plus aux taux de mortalité au Canada?

Environ 50 % des décès attribuables au cancer sont dus aux cancers du poumon, du côlon, du sein et de la prostate. Avec 27 % des décès chez les hommes comme chez les femmes, le cancer du poumon reste la principale cause de décès dus à cette maladie au Canada6.

Le Canada obtient un « D » à l’indicateur de la mortalité due au cancer du poumon. Entre 2009 et 2011, un nombre moyen de 56,6 décès pour 100 000 habitants lui étaient attribuables, soit près de deux fois le taux du pays en tête de classement, la Suède (31,6 décès pour 100 000 habitants). Les effets de l’historique de tabagisme des Canadiens se reflètent dans le nombre élevé de décès attribuables au cancer du poumon. Paradoxalement, le Canada a aussi un des taux de tabagisme les moins élevés parmi les pays de comparaison. L’intervalle est souvent long entre l’exposition à des facteurs de risque, comme le tabagisme, et le moment où l’on détecte un cancer. Comme les taux de tabagisme ont beaucoup baissé au Canada, les taux de mortalité due au cancer du poumon devraient diminuer au cours des prochaines décennies.

À l’heure actuelle, aucune province canadienne ne dépasse le « C » pour ce qui est de la mortalité due au cancer du poumon, et c’est dans l’est du pays que les taux sont les plus élevés. En fait, le Québec et les provinces de l’Atlantique affichent toutes des taux supérieurs à la moyenne canadienne et obtiennent des « D- ». Ce n’est pas surprenant, car c’est là que l’on trouve certains des taux de tabagisme les plus élevés du pays. La Colombie-Britannique, l’Alberta et l’Ontario ont les taux de mortalité due au cancer du poumon les plus faibles. Quant au Manitoba et à la Saskatchewan, même s’ils font mieux que la moyenne canadienne, ils obtiennent un « D ». Le plus mauvais taux est celui du Nunavut, qui a étonnamment enregistré, entre 2009 et 2011, 199,4 décès dus au cancer du poumon pour 100 000 habitants, soit plus du double du taux du Yukon et plus du triple du taux des Territoires du Nord-Ouest. Les trois territoires obtiennent un « D– » à l’indicateur de la mortalité due au cancer du poumon.

Le cancer du côlon est la deuxième cause de décès dus au cancer chez les hommes et la troisième cause chez les femmes au Canada. Globalement, le Canada obtient un « B » en ce qui concerne la mortalité due au cancer du côlon. L’Île-du-Prince-Édouard, le Nouveau-Brunswick, l’Alberta, la Colombie-Britannique et la Saskatchewan décrochent tous un « A ». À l’Île-du-Prince-Édouard, on n’a enregistré en moyenne que 19,3 décès attribuables au cancer du côlon pour 100 000 habitants entre 2009 et 2011, ce qui est nettement inférieur à la moyenne canadienne de 23,3 décès. Terre-Neuve-et-Labrador et les territoires obtiennent tous un « D- » à l’indicateur de la mortalité due à ce cancer. La moyenne sur trois ans du taux de mortalité due au cancer du côlon est de 34,1 à Terre-Neuve-et-Labrador. Les taux dans les territoires étaient encore plus élevés, le Nunavut se classant dernier avec une moyenne de 42,4 décès attribuables à ce cancer pour 100 000 habitants entre 2009 et 2011.

Au Canada, le cancer du sein est la deuxième cause de décès chez les femmes et on lui doit près de 14 % des décès dus au cancer7. Avec une moyenne sur trois ans de 26 décès dus au cancer du sein pour 100 000 habitantes, le Canada obtient un « C » à cet indicateur. Le Japon occupe la première place du classement des pays de comparaison, avec pratiquement moitié moins (14) de décès dus à ce cancer pour 100 000 habitantes.

Il n’y a pas grande différence entre les taux de mortalité dus au cancer du sein d’une province à l’autre. La plupart des provinces obtiennent un « C ». Les mieux classées, c’est-à-dire la Colombie-Britannique et l’Alberta, décrochent un « B ». Terre-Neuve-et-Labrador est la seule province à se voir attribuer un « D » à cet indicateur. Dans les territoires, le Nunavut décroche un « A+ » à l’indicateur du cancer du sein, ce qui le place devant le premier du classement des pays de comparaison, à savoir le Japon. Entre 2009 et 2011, seulement 2,7 femmes en moyenne sur 100 000 habitantes du Nunavut sont décédées des suites d’un cancer du sein. Les Territoires du Nord-Ouest obtiennent également un bon résultat à cet indicateur, soit un « B », et ils devancent la province la mieux classée, à savoir la Colombie-Britannique. Le plus mauvais résultat est celui du Yukon qui, avec le taux moyen de mortalité le plus élevé en ce qui concerne le cancer du sein entre 2009 et 2011, se voit attribuer un « D- ».

Les taux d’incidence du cancer du poumon diminuent-ils?

Globalement, au Canada, c’est l’incidence du cancer du poumon qui, de tous les types de cancer, a le plus baissé depuis 1992. De fait, le nombre moyen de nouveaux cas de cancer du poumon est passé de 62,2 à 52,6 pour 100 000 habitants entre 1992 et 2010. C’est la Colombie-Britannique qui a enregistré la baisse provinciale la plus impressionnante. Le Nouveau-Brunswick et l’Ontario marquent aussi d’immenses progrès. Même le Québec a sensiblement amélioré son taux de nouveaux cas de cancer du poumon. En revanche, Terre-Neuve-et-Labrador, l’Île-du-Prince-Édouard et la Saskatchewan vont dans la mauvaise direction, car le nombre de nouveaux cas de cancer du poumon y a, en fait, augmenté depuis 1992.


La diminution de l’incidence du cancer du poumon tient à la baisse des taux de tabagisme. En 2013, 14,2 % des Canadiens âgés de 12 ans et plus fumaient des cigarettes tous les jours, soit une baisse de près de quatre points de pourcentage en dix ans8. C’est en Colombie-Britannique que le taux d’incidence de ce cancer était le plus faible de toutes les provinces en 2010. C’est aussi dans cette province qu’on fume le moins – en 2013, elle comptait 11 % de fumeurs quotidiens dans sa population âgée de 12 ans et plus. Les taux d’incidence du cancer du poumon sont également faibles en Alberta et en Ontario par rapport aux autres provinces. En 2013, 13 % de la population ontarienne fumait quotidiennement.

Dans la plupart des provinces, l’incidence du cancer du poumon diminue avec la baisse des taux de tabagisme. Terre-Neuve-et-Labrador, l’Île-du-Prince-Édouard et la Saskatchewan, les trois provinces qui affichaient des taux d’incidence du cancer du poumon plus élevés en 2010 qu’en 1992, ont également des taux de tabagisme supérieurs à la moyenne canadienne.


Le Nunavut a réduit son taux de nouveaux cas de cancer du poumon de plus de moitié entre 1992 et 2010. Cependant, avec 143 nouveaux cas pour 100 000 habitants, son taux d’incidence actuel est le plus élevé du pays et il est de plus du double de celui de la province la plus mal classée, à savoir le Québec (65,5 nouveaux cas de cancer du poumon pour 100 000 habitants). Les deux autres territoires affichent de bien meilleurs résultats à cet indicateur – les Territoires du Nord-Ouest ont le taux d’incidence de nouveaux cas de cancer du poumon le plus faible du Canada, tandis que le Yukon termine devant le Nouveau-Brunswick, l’Île-du-Prince-Édouard, la Nouvelle-Écosse et le Québec, même si son taux d’incidence du cancer du poumon a augmenté depuis 1992. Si l’incidence du cancer du poumon est tellement faible dans les Territoires du Nord-Ouest, c’est peut-être en partie parce que le cancer y est souvent détecté trop tard – 41 % des cas de cancer du poumon y sont découverts au stade 49.

Les taux de tabagisme sont nettement supérieurs à la moyenne canadienne dans les territoires. En 2013, 47,8 % de la population âgée de 12 ans et plus fumait tous les jours au Nunavut, contre 14,2 % pour l’ensemble du Canada. Bien que les taux de tabagisme soient beaucoup plus faibles au Yukon et dans les Territoires du Nord-Ouest (18,9 % et 25,3 %, respectivement), ils restent bien supérieurs à la moyenne canadienne. Ces taux baissent toutefois dans les territoires, comme dans les provinces.


Qu’en est-il de l’incidence du cancer du côlon et du cancer du sein?

L’incidence du cancer du côlon suit une tendance à la baisse au Canada depuis 1992, mais bien plus lente que celle de l’incidence du cancer du poumon. En 2010, on a dénombré 48,4 nouveaux cas de cancer du côlon pour 100 000 habitants, contre 53,3 en 1992.

C’est en Colombie-Britannique, en Alberta et en Saskatchewan que les taux d’incidence du cancer du côlon étaient les plus faibles de toutes les provinces en 1992. Cependant, ils ont remonté en Alberta et en Saskatchewan, et c’est maintenant l’Ontario qui occupe le deuxième rang parmi les provinces, derrière la Colombie-Britannique.

Le Nunavut et le Yukon continuent d’afficher les plus faibles taux d’incidence du cancer du côlon, mais leurs taux moyens de mortalité due à ce cancer étaient les plus élevés de 2009 à 2011. Par conséquent, le faible taux d’incidence dans les territoires pourrait être lié à un dépistage insuffisant. C’est en effet dans les territoires que la proportion de la population âgée de 50 ans et plus qui ne s’est pas soumise à un dépistage du cancer du côlon est la plus élevée10.


Grâce au dépistage du cancer du sein chez les femmes et aux progrès réalisés dans le traitement du cancer du sein, on a évité près de 24 000 décès depuis que le taux de décès dus au cancer du sein chez les femmes était à son plus haut, en 198611. Cependant, même si la mortalité imputable au cancer du sein ne cesse de reculer au Canada, le nombre de nouveaux cas de cancer du sein n’a pas énormément diminué. Cela tient en partie à une augmentation du dépistage de ce cancer depuis la fin des années 1980. En 2010, on diagnostiquait au Canada 100 nouveaux cas de cancer du sein pour 100 000 habitantes, soit à peu près le même taux que les 15 années précédentes.

Terre-Neuve-et-Labrador continue d’afficher le plus faible taux d’incidence du cancer du sein de toutes les provinces. Il est à noter que le nombre de nouveaux cas de cancer du sein augmente dans les Maritimes et au Québec depuis 1992, alors que dans le reste des provinces, il diminue.

Parmi les territoires, c’est le Nunavut qui avait le plus faible taux d’incidence de nouveaux cas de cancer du sein dans le pays en 2010, tandis que les Territoires du Nord-Ouest se classaient au deuxième rang des taux d’incidence les plus élevés. Au Yukon, le taux d’incidence de ce type de cancer était tout juste inférieur à la moyenne canadienne. Au cours de la dernière décennie, le taux d’incidence du cancer du sein a nettement augmenté au Yukon et dans les Territoires du Nord-Ouest. Inversement, il a baissé au Nunavut12. Il est à souligner que la proportion de femmes âgées de 50 à 69 ans qui se soumettent à un dépistage du cancer du sein dans ces deux territoires a diminué entre 2008 et 201213.


Notes de bas de page

1    Société canadienne du cancer, Statistiques canadiennes sur le cancer 2014, mai 2014, p. 6 (consulté le 25 septembre 2014).

2    Ibid., 6.

3    Paul Smetanin et Paul Kobak, Interdisciplinary Cancer Risk Management: Canadian Life and Economic Impacts, Toronto, RiskAnalytica, 2005 (consulté le 9 février 2012).

4    Agence de la santé publique du Canada, Le fardeau économique de la maladie au Canada, 2005-2008, Ottawa, Agence de la santé publique du Canada, mars 2014, p. 12.

5    Ibid., 3.

6    Société canadienne du cancer, Statistiques canadiennes sur le cancer 2014, mai 2014, p. 38 (consulté le 25 septembre 2014).

7    Idem.

8    Organisation de coopération et de développement économiques, Statistiques de l’OCDE sur la santé 2014.

9    Northwest Territories Health and Social Services, Cancer in the Northwest Territories, 2001–2010: Fact Sheet, 2014.

10    Statistique Canada, CANSIM, Tableau 105-0541, Test du saignement occulte fécal (RSOS) obtenu au cours des 2 dernières années, ou coloscopie ou sigmoïdoscopie obtenue au cours des 5 dernières années, selon le groupe d’âge et le sexe, 50 et plus, Canada, provinces, territoires et régions sociosanitaires (limites de juin 2007) et groupes homologues (consulté le 25 septembre 2014).

11    Société canadienne du cancer, Statistiques canadiennes sur le cancer 2014, mai 2014, p. 12 (consulté le 25 septembre 2014).

12    Statistique Canada, CANSIM, Tableau 103-0553, Nouveaux cas et taux normalisés selon l’âge du cancer primitif (d’après le fichier des totalisations du RCC de février 2014), selon le type de cancer et le sexe, Canada, provinces et territoires (consulté le 25 septembre 2014).

13    Partenariat canadien contre le cancer, Rapport de 2014 sur le rendement du système de lutte contre le cancer, Toronto, Partenariat canadien contre le cancer, 2014.