Mortalité due aux maladies cardiovasculaires

Messages clés

  • Le Nunavut et le Québec, régions canadiennes les mieux classées, obtiennent un « A » à l’indicateur de la mortalité due aux maladies cardiovasculaires, mais le classement du Nunavut est étonnant parce que les facteurs de risque y sont élevés dans les deux cas.
  • Terre-Neuve-et-Labrador et les Territoires du Nord-Ouest arrivent en queue de peloton, avec des taux moyens de mortalité due aux maladies cardiovasculaires de 200 décès ou plus pour 100 000 habitants.
  • C’est au Nunavut que la prévalence de l’hypertension artérielle, un facteur de risque majeur des maladies cardiovasculaires, est la plus élevée.

Mettre la mortalité due aux maladies cardiovasculaires en contexte

En 2011 – dernière année pour laquelle on dispose de données publiées1 –, près de 20 % des décès survenus au Canada étaient imputables aux maladies cardiovasculaires (46 852 décès), qui restent les principales causes d’hospitalisation dans le pays2.

Au Canada, plus de la moitié des décès attribuables à des maladies cardiovasculaires sont dus à des cardiopathies ischémiques, également appelées coronaropathies, maladies qui affectent l’alimentation du cœur. Les vaisseaux sanguins sont rétrécis, ce qui réduit l’apport en oxygène et en nutriments et peut finir par provoquer une crise cardiaque. Les décès dus aux accidents vasculaires cérébraux (AVC) représentent environ 20 % des décès imputables aux maladies cardiovasculaires au Canada3.

Il est à noter que les décès dus aux maladies cardiovasculaires surviennent généralement à un âge plus avancé. Dans les régions où l’espérance de vie est moindre et où les facteurs de risque sont élevés, on dénombre en fait moins de décès dus à ces maladies, tout simplement parce que la population meurt prématurément d’autres maladies.

Comment les provinces et les territoires s’en sortent-ils par rapport aux pays comparables au Canada?

Avec un taux moyen de mortalité sur trois ans de seulement 97,2 pour 100 000 habitants, le Nunavut se classe en tête des régions canadiennes. Le territoire décroche un « A » et il n’est devancé au classement général que par la France, qui n’a enregistré que 84,5 décès dus aux maladies cardiovasculaires pour 100 000 habitants par an en moyenne entre 2009 et 2011. Le Japon et les Pays-Bas se classent également en bonne place par rapport aux pays de comparaison. Le Québec est la seule province à se voir décerner un « A », avec un taux moyen de mortalité de 124,6 décès pour 100 000 habitants.

Globalement, le Canada se classe 6e sur les 16 pays de comparaison et obtient un « B ». Entre 2009 et 2011, il a enregistré en moyenne 141,9 décès pour 100 000 habitants dus aux maladies cérébrovasculaires. Le Québec, la Colombie-Britannique et le Nouveau-Brunswick sont les seules autres régions où les taux de mortalité due à ces maladies sont inférieurs à la moyenne canadienne. Cependant, cinq autres régions obtiennent également un « B » par rapport aux pays comparables au Canada, à savoir l’Ontario, la Nouvelle-Écosse, la Saskatchewan, le Yukon et le Manitoba.

L’Alberta et l’Île-du-Prince-Édouard décrochent toutes deux un « C », tout comme les Territoires du Nord-Ouest et la province la plus mal classée, Terre-Neuve-et-Labrador. Avec 202,3 décès dus aux maladies cardiovasculaires pour 100 000 habitants, cette dernière occupe l’avant-dernier rang du classement, juste devant la Finlande, qui est la seule à écoper d’un « D », avec un taux moyen de mortalité de 251 décès pour 100 000 habitants.

Comment se situent les provinces et les territoires les uns par rapport aux autres?

Le Nunavut affiche le plus faible taux de mortalité due aux maladies cardiovasculaires du Canada. Le Québec et la Colombie-Britannique sont les provinces les mieux classées, alors que les Territoires du Nord-Ouest et Terre-Neuve-et-Labrador sont les plus mal classés. L’écart est grand entre les premiers et les derniers à cet indicateur : le taux de mortalité due aux maladies cardiovasculaires à Terre-Neuve-et-Labrador est plus du double de celui du Nunavut.

Les classements en ce qui concerne la mortalité due aux cardiopathies et celle due aux AVC diffèrent-ils sensiblement d’une province et d’un territoire à l’autre?

Si on regarde séparément la mortalité due aux cardiopathies et celle due aux AVC, des différences énormes deviennent évidentes. La plupart des provinces obtiennent un « A » à l’indicateur de la mortalité due aux AVC par rapport aux pays comparables au Canada. En fait, le Québec décroche un « A+ », avec le plus faible taux de mortalité de toutes les régions, soit seulement 33,7 décès pour 100 000 habitants. Terre-Neuve-et-Labrador et le Yukon occupent les derniers rangs. Le Yukon, qui se voit attribuer un « D » avec le troisième taux de mortalité le plus élevé, se classe beaucoup moins bien pour ce qui est de la mortalité due aux AVC que pour celle due aux cardiopathies et aux AVC.

Les résultats en ce qui concerne la mortalité due aux cardiopathies ne sont pas aussi bons. Toutes les provinces se situent en milieu de classement, avec des « B » et des « C ». Avec 147,8 décès pour 100 000 habitants, les Territoires du Nord-Ouest sont les seuls avec l’Autriche et la Finlande à recevoir un « D ».

Comment s’en sortent les provinces et les territoires pour ce qui est de la tension artérielle – facteur de risque important des maladies cardiovasculaires?

L’hypertension artérielle, ou hypertension est le premier facteur de risque d’AVC et un facteur de risque important des cardiopathies. Même si l’âge, l’ethnicité et le sexe d’une personne expliquent en partie certains cas d’hypertension, d’autres facteurs, comme un mode de vie peu sain, l’inactivité physique et la consommation de tabac, peuvent accroître le risque d’hypertension artérielle4.

Malheureusement, la prévalence de l’hypertension est en hausse au Canada. En 2013, environ 14,1 % de la population souffrait d’hypertension, contre 13 % en 2003. Si on regarde les données des trois dernières années (2011 à 2013), les Territoires du Nord-Ouest affichaient la plus faible prévalence d’hypertension, suivis par la Colombie-Britannique, le Québec et le Yukon. Moins de 14 % de la population souffrait d’hypertension dans ces quatre régions sur ces trois ans. Parallèlement, dans toutes les autres régions et au Nunavut, la prévalence de l’hypertension était supérieure à la moyenne canadienne. Nunavut, Terre-Neuve-et-Labrador et le Nouveau-Brunswick se situent en queue de peloton, avec une prévalence moyenne de l’hypertension approchant les 17 % ou les dépassant, entre 2011 et 2013.


Pourquoi ce bilan du Nunavut est-il si bon?

Le « A » du Nunavut et son deuxième rang à l’indicateur de la mortalité due aux maladies cardiovasculaires peuvent être trompeurs. Le territoire obtient de piètres résultats aux principaux facteurs de risque, affiche des taux élevés en ce qui concerne la prévalence de l’obésité, du tabagisme, de la consommation excessive d’alcool et de l’hypertension, mais cela ne semble pas se traduire par des décès dus aux maladies cardiovasculaires.

Cela tient peut-être au fait que les décès dus aux maladies cardiovasculaires surviennent normalement à un âge plus avancé et que l’espérance de vie au Nunavut n’est que de 71,8 ans. D’après le rapport intitulé Suivi des maladies du cœur et des accidents vasculaires cérébraux au Canada, environ 4,8 % de la population canadienne se déclare atteinte d’une cardiopathie. Ce chiffre est bien plus élevé parmi les personnes âgées, soit 14,8 % dans le groupe de 65 à 74 ans et 22,9 % dans celui de 75 ans et plus5. Il se peut que l’espérance de vie au Nunavut, qui enregistre les taux de mortalité due au cancer et aux maladies respiratoires les plus élevés du Canada, ainsi qu’un taux de suicide très élevé, ne soit pas assez longue pour que ses habitants souffrent de maladies cardiovasculaires.

Existe-t-il une relation entre le diabète et les maladies cardiovasculaires?

Une personne qui souffre de diabète risque aussi de souffrir de cardiopathie ou d’être victime d’un AVC. En fait, environ 80 % des Canadiens diabétiques meurent d’une crise cardiaque ou d’un AVC6. Le risque de cardiopathie est plus élevé chez les diabétiques, car ils présentent des causes supplémentaires de cardiopathie et risquent de développer des cardiopathies plus jeunes ainsi que d’être atteints de formes plus graves de ces maladies. En fait, on parle de cardiopathie diabétique pour désigner la maladie lorsqu’elle atteint des personnes souffrant de diabète7.

Le diabète peut également causer des problèmes de santé qui accroissent le risque d’AVC. L’hypertension artérielle est un facteur de risque majeur et une des principales causes d’AVC. Beaucoup de diabétiques ont aussi un taux de cholestérol élevé, ce qui accroît leur risque d’AVC. Les lésions cérébrales peuvent être plus graves et plus étendues si la glycémie est élevée au moment où se produit un AVC8.

Pourquoi les taux de mortalité due aux cardiopathies sont-ils aussi élevés à Terre-Neuve-et-Labrador et dans les Territoires du Nord-Ouest?

Les Territoires du Nord-Ouest et Terre-Neuve-et-Labrador ont les taux les plus élevés de mortalité due aux cardiopathies de tous les territoires et provinces. À tous les facteurs de risque de cardiopathie – hypertension, diabète, tabagisme, obésité et inactivité physique –, Terre-Neuve-et-Labrador affiche des résultats inférieurs à la moyenne canadienne. Les résultats des Territoires du Nord-Ouest ne sont pas aussi mauvais que ceux de Terre-Neuve-et-Labrador en ce qui concerne ces facteurs de risque, mais leurs taux de tabagisme et d’obésité restent nettement supérieurs à la moyenne canadienne.

Quel est le coût individuel et sociétal des maladies cardiovasculaires?

En raison de récents progrès dans les traitements, beaucoup de personnes qui auraient succombé à des maladies cardiovasculaires dans le passé vivent maintenant avec ces maladies. La réduction de la mortalité due aux maladies cardiovasculaires se traduit certes par une plus longue espérance de vie pour les Canadiens, mais il ne faut pas nécessairement voir dans une vie plus longue en mauvaise santé un indicateur d’amélioration de la santé.

Les maladies cardiovasculaires ont un impact majeur sur la qualité de vie des patients. Selon une enquête réalisée en 2000 par la Fondation des maladies du cœur et de l’AVC, plus de 90 % des Canadiens qui font une crise cardiaque et plus de 80 % des victimes d’AVC qui arrivent vivants à l’hôpital survivront9. Toutefois, bon nombre de ces patients ont du mal à apporter les changements nécessaires à leur mode de vie pour éviter des complications futures.

En plus de causer aux patients des difficultés considérables et de nuire à leur qualité de vie, les maladies cardiovasculaires ont un coût économique important. Non seulement ils pèsent sur le système de santé, mais ils ont également un impact sur l’économie globale par l’absentéisme et la baisse de productivité. Au Canada, le coût total des maladies cardiovasculaires était estimé à 12 G$ en 200810. Ce coût comprend les coûts directs – c’est-à-dire les médicaments, médecins et soins hospitaliers – et les coûts indirects – autrement dit les coûts liés à la mortalité (coûts de production associés à la mortalité prématurée) et les coûts de production associés à la maladie et aux blessures11.

Notes de bas de page

1    Statistique Canada, Tableau 102-0529, Décès, selon la cause, Chapitre IX : Maladies de l’appareil circulatoire (100 à 199), le groupe d’âge et le sexe, Canada – annuel (nombre), CANSIM (base de données) (consulté le 8 octobre 2014).

2    Institut canadien d’information sur la santé, Aperçu des soins de santé au Canada selon les listes des 10 premiers résultats, 2011, Ottawa, ICIS, 2011.

3    Statistique Canada, Tableau 102-0529, Décès, selon la cause, Chapitre IX : Maladies de l’appareil circulatoire (100 à 199), le groupe d’âge et le sexe, Canada – annuel (nombre), CANSIM (base de données) (consulté le 8 octobre 2014).

4    Heart and Stroke Foundation, Getting Your Blood Pressure in Check.

5    Agence de la santé publique du Canada, 2009 Suivi des maladies du cœur et des accidents vasculaires cérébraux au Canada.

6    Association canadienne du diabète, An Economic Tsunami: The Costs of Diabetes in Canada, 2009.

7    National Heart, Lung, and Blood Institute, What Is Diabetic Heart Disease?

8    National Stroke Association, Diabetes and Stroke.

9    Fondation des maladies du cœur et de l’AVC, 2014 Report on Health—Creating Survivors.

10    Agence de la santé publique du Canada, Le fardeau économique de la maladie au Canada 2005-2008, mars 2014, p. 12.

11    Ibid., 3.