Croissance du PIB

Messages clés

  • Pour l’année 2013, Terre-Neuve-et-Labrador, la Saskatchewan et l’Alberta obtiennent toutes les trois « A+ » au chapitre de la croissance du PIB réel, grâce à des taux de croissance supérieurs à celui du pays de comparaison en tête du classement, l’Australie.
  • Avec un taux de croissance du PIB comparable à ceux des pays de la zone euro dévastés par la récession, le Nouveau-Brunswick reçoit un « C », la pire note parmi les provinces.
  • Les résultats de l’Ontario en matière de croissance du PIB n’ont pas cessé de se détériorer au cours des dernières décennies.

La croissance du PIB mise en contexte

La croissance du produit intérieur brut, ou PIB, sert souvent d’indicateur global de l’amélioration du niveau de vie ou de la prospérité d’un pays. Les données utilisées dans notre analyse ont été rajustées pour éliminer l’incidence de l’inflation sur le PIB et obtenir ainsi ce que les économistes appellent une croissance économique « réelle ».

Où se situent les taux de croissance du PIB des provinces par rapport à ceux d’autres pays?

Les provinces canadiennes possèdent d’abondantes sources d’énergie et d’autres ressources naturelles, ce qui aide certaines d’entre elles à obtenir des notes élevées sur le plan de la croissance du PIB comparativement à des pays semblables au Canada. De fait, Terre-Neuve-et-Labrador, l’Alberta et la Saskatchewan décrochent un « A+ », grâce à des taux de croissance du PIB supérieurs à celui du pays de comparaison en tête du classement, l’Australie, qui continue de tirer avantage de liens étroits avec les économies de la région de l’Asie-Pacifique. Avec des taux de croissance du PIB plus élevés que ceux de tous les pays de comparaison, à l’exception de l’Australie, l’Î.-P.-É. et la Colombie-Britannique méritent elles aussi une bonne note, soit un « A ».

Le Nouveau-Brunswick – la province la moins performante – reçoit un « C » pour sa croissance du PIB réel et rejoint donc les pays peu performants de la zone euro qui se sont enlisés dans une récession, en 2013, en raison des mesures d’austérité mises en œuvre pour juguler la dette publique. La France et l’Irlande récoltent aussi un « C » en matière de croissance du PIB, de même que la toute-puissante Allemagne. Même si ce pays jouit d’une économie beaucoup plus solide que celle de la plupart de ses voisins de la zone euro, ses exportations vers d’autres pays de la région ont souffert de la récession qui a frappé d’autres membres clés de la zone, dont la France. C’est ce facteur qui a fait reculer la croissance du PIB réel en Allemagne, en 2013.

Comment s’en tirent les provinces les unes par rapport aux autres?

En plus de classer les provinces par rapport à des pays comparables au Canada, nous les avons comparées entre elles et réparties selon trois catégories : « supérieure à la moyenne », « dans la moyenne » et « inférieure à la moyenne »1. Les trois provinces en tête du classement – Terre-Neuve, la Saskatchewan et l’Alberta – sont dotées de sources d’énergie et d’autres ressources très en demande sur la scène internationale ces dernières années. Elles ont donc obtenu, pour bon nombre de ces produits de base, des prix élevés qui ont fait augmenter considérablement l’emploi, les revenus et les dépenses et, ainsi, stimulé la croissance du PIB réel. La performance moyenne de l’Ontario et du Québec, les plus grandes provinces canadiennes, s’explique par la mollesse de la demande pour les exportations, due en majeure partie à la morosité de l’économie américaine et, dans une moindre mesure, à la conjoncture de récession dans la zone euro. La performance inférieure à la moyenne du Nouveau-Brunswick est aussi attribuable à la faible demande d’exportations de la part des É.-U. et à la piètre tenue de l’économie intérieure en 2013.

Les bilans de la croissance du PIB des provinces se sont-ils améliorés au fil du temps?

Les notes obtenues par bon nombre de provinces ont évolué au cours des dernières décennies, notamment en raison des changements structurels survenus dans les économies mondiale et canadienne.

Dans les années 1980 et 1990, Terre-Neuve décrochait rarement une note élevée au chapitre de la croissance du PIB. Depuis 2002, parallèlement à la mise en valeur de ses ressources énergétiques au large des côtes et à l’augmentation des cours du pétrole due à la forte demande en provenance de marchés émergents comme la Chine, la province a commencé à obtenir davantage de « A ». La dépendance de Terre-Neuve-et-Labrador à l’égard des exportations énergétiques signifie que la croissance du PIB est à la merci de la volatilité des prix mondiaux, comme en témoigne l’évolution des résultats économiques de la province. En effet, elle a obtenu un « D » en 2008 et en 2009, soit à l’époque où la grave récession mondiale avait entraîné la dégringolade des cours mondiaux du pétrole, et un autre en 2012 dû à la chute des prix des minerais métalliques et à une baisse de la production de pétrole en raison de programmes d’entretien. De toute évidence, il y a de bons et de mauvais côtés à ce que la richesse dépende des ressources naturelles. On n’a qu’à penser à l’instabilité économique de marchés émergents riches en ressources comme le Venezuela et le Nigeria. Malgré l’abondance de son pétrole, le Nigeria affiche un faible revenu par habitant, même par rapport à celui d’autres pays pauvres d’Afrique, tandis que le Venezuela enregistre le plus faible taux de croissance du PIB et le plus haut taux d’inflation en Amérique latine.2

La Saskatchewan et l’Alberta ont elles aussi reçu quelques « D » pour la croissance de leur PIB réel dans les années 1980 et 1990, et même au début des années 2000. Toutefois, la flambée des prix des produits de base au milieu des années 2000 a contribué à stimuler la croissance du PIB réel dans ces provinces : depuis, les « A » et les « B » sont plus fréquents.

Les revers de fortune de l’Ontario, la plus grande province canadienne, se mesurent également à l’évolution des notes qu’elle a obtenues au chapitre de la croissance du PIB réel au cours des dernières décennies. Dans les années 1980 et 1990, la province a récolté principalement des « A » et des « B » . Ensemble, la forte croissance aux États-Unis et la valeur du huard, qui s’établissait bien en-dessous de la parité avec le dollar américain, ont favorisé une croissance vigoureuse des exportations et de l’activité manufacturière, surtout dans le domaine des véhicules motorisés et leurs pièces. Cette conjoncture s’est traduite par une importante progression de l’emploi et des revenus et, comme on pouvait s’y attendre, du PIB réel. Toutefois, depuis le début des années 2000, l’Ontario n’a pas réussi à décrocher de « A », écopant même de quelques « D ». Au début des années 2000, éperonné par l’envolée des prix des produits de base, notamment le pétrole, le huard a commencé à s’apprécier; il est parti du seuil de 0,62 $ US pour finalement dépasser la parité avec le billet vert en 2007. Cette appréciation du dollar canadien, conjuguée au repli de l’économie américaine, frappée par deux dures récessions dans les années 2000, a entraîné une baisse abrupte de la demande pour les exportations ontariennes à destination des États-Unis. Résultat : l’activité économique a fortement ralenti, entravant du même coup la croissance du PIB réel dans la province.

Comment s’en sont tirés les territoires au chapitre de la croissance du PIB ces dix dernières années?

En 2013, le Nunavut a obtenu la note « A+ » et les Territoires du Nord-Ouest ont récolté un « A », tandis que le Yukon a reçu un « B ». Ces notes supérieures à la moyenne sont attribuables à l’essor de l’industrie minière dans la région. Toutefois, cette dépendance à l’égard des mines est précaire pour deux raisons : il est souvent difficile d’obtenir du financement pour mettre en valeur de nouvelles mines et les prix fluctuent brusquement, au gré de l’évolution de la conjoncture économique mondiale, comme en témoigne la volatilité des notes qu’ont décrochées les territoires en matière de croissance du PIB au cours des dernières décennies. En effet, il est souvent arrivé qu’un « A » soit soudainement remplacé par un « D », une imprévisibilité due aux fluctuations des économies dont la croissance du PIB repose en bonne partie sur les mines. En ce sens, les territoires font face à des difficultés semblables à celles de nombreux marchés émergents et d’autres régions tributaires des ressources, où le fait que la richesse et l’emploi soient si étroitement liés aux ressources naturelles laisse l’économie à la merci des oscillations des prix des produits de base.

Nous n’incluons pas les territoires dans nos calculs aux fins des comparaisons provinciales et internationales, car les données ne sont pas disponibles pour de nombreux indicateurs faisant partie des six catégories principales du bilan comparatif. Cependant, le Conference Board entend inclure les territoires dans son champ d’analyse et réalise des bilans comparatifs distincts pour les territoires quand les données sont disponibles, comme pour la croissance du PIB.

Le Conference Board publie deux fois par an un rapport intitulé Territorial Outlook dans lequel il examine la conjoncture économique et financière de chaque territoire, notamment les résultats par industrie, la situation du marché du travail et la composition démographique. Le Territorial Outlook est disponible en ligne à e-Library et, pour nos clients abonnés, à e-Data.

Le Centre pour le Nord, créé en 2009 par le Conference Board du Canada, mène également des recherches sur des questions concernant les territoires.

La Saskatchewan, l’Alberta et les autres provinces en tête du peloton pourront-elles maintenir ce rythme de croissance du PIB?

Au cours des deux prochaines années, la tendance à la hausse du PIB réel – qui a généralement permis aux provinces des Prairies d’afficher une croissance supérieure à celle de la majorité des provinces – devrait se poursuivre. Même si la demande chinoise a quelque peu ralenti et que les prix mondiaux des produits de base ont diminué durant la dernière année, ceux-ci demeurent suffisamment vigoureux pour que les provinces de l’Ouest canadien continuent de bénéficier d’une demande mondiale forte et de prix relativement élevés pour leurs ressources. Toutefois, il est peu probable qu’au cours des 12 à 24 prochains mois, le PIB réel affiche des bonds aussi imposants que ceux de 3 à 5 % enregistrés par moment en Saskatchewan et en Alberta, car on n’attend pas de hausse significative des prix mondiaux des produits de base. En Alberta, les investissements dans le secteur énergétique s’accroîtront modestement.

De même, il est peu probable que Terre-Neuve, qui a enregistré le plus haut taux de croissance du PIB en 2013, demeure en tête du classement devant le ralentissement de l’activité dans les secteurs de la production pétrolière et de la construction prévu en 2014 et en 2015.

Le Québec et l’Ontario continueront-elles d’obtenir des résultats moyens au chapitre de la croissance du PIB?

L’Ontario et le Québec devraient voir leurs taux de croissance du PIB réel s’accélérer dans une certaine mesure grâce à la réaction des manufacturiers face à la dépréciation du huard et à la demande grandissante en provenance du marché américain. Ce rajustement stimulera la croissance de l’emploi et du revenu, ainsi que l’activité économique. À mesure que les perspectives des deux plus grandes provinces canadiennes s’amélioreront au cours des deux prochaines années, et que celles des provinces dépendantes des ressources s’assombriront quelque peu, on assistera probablement à un rétrécissement de l’écart de croissance du PIB réel entre les provinces du Centre et celles de l’Est ou de l’Ouest du Canada.

Les provinces en tête du classement maintiendront-elles leur avance sur la scène internationale?

Terre-Neuve, la Saskatchewan et l’Alberta affichaient en 2013 une croissance du PIB supérieure à celle de tous les pays semblables au Canada. Cette performance exceptionnelle par rapport à des pays européens devrait se poursuivre au cours des 12 à 24 prochains mois. Dans la zone euro, le redressement économique consécutif à la récession sera long et difficile, en raison de la lenteur de la réforme des marchés du travail entreprise en Espagne, en France, en Italie et en Grèce. À cela s’ajoutera le lourd fardeau de la dette publique. La récession dans la zone euro a même porté préjudice à des pays européens qui n’utilisent pas l’euro, comme la Suisse et la Norvège.

Cependant, le ralentissement de la croissance du PIB réel des provinces canadiennes tributaires des ressources en tête du classement, conjugué à la sortie de la récession qui frappe la zone euro, finira par réduire l’écart entre les provinces canadiennes riches en ressources et l’Europe au cours des 5 à 10 prochaines années.

En 2013, l’Australie a mérité un « A » grâce à un taux de croissance du PIB presque équivalent à celui de certaines des meilleures provinces canadiennes. L’Australie est semblable au Canada en ceci que la robustesse de son économie est en partie attribuable à des ressources naturelles abondantes. En outre, les liens étroits qu’entretient l’Australie avec la région de l’Asie-Pacifique, qui continuera de dominer le classement mondial au chapitre de la croissance du PIB réel au cours des prochaines années, laissent croire que les résultats du pays en matière de croissance du PIB pourraient ressembler à ceux des provinces de l’Ouest au cours des prochaines années.

Notes de bas de page

1  Pour comparer les provinces canadiennes les unes par rapport aux autres, nous avons d’abord déterminé leur note moyenne et l’écart type des valeurs provinciales. L’écart type est la mesure de la variabilité qui existe à l’intérieur d’un ensemble de résultats. Si les résultats sont normalement répartis (c’est-à-dire que leur dispersion ne penche pas lourdement d’un côté ou de l’autre ou qu’elle ne comporte pas d’aberrations importantes), environ 68 % des résultats se trouveront à un écart type au-dessus ou en dessous de la moyenne. Toute province qui se situe à un écart type au-dessus de la moyenne est dite « supérieure à la moyenne ». Les provinces qui se situent à un écart type en dessous de la moyenne sont dites « inférieures à la moyenne ». Les autres provinces ont un rendement qui les situe « dans la moyenne ».

2  Malgré ses grandes richesses pétrolières, le Nigeria affiche un faible revenu par habitant, même par rapport aux autres pays pauvres d’Afrique, tandis que le Venezuela a la croissance du PIB la plus lente et le taux d’inflation le plus élevé d’Amérique latine.