Adultes ayant des compétences insuffisantes en littératie
Messages clés
- Globalement, dans la toute dernière étude comparative internationale, le Canada obtient un « C » pour ce qui est des compétences insuffisantes en littératie.
- En tout, 48 % des adultes canadiens ont des compétences insuffisantes en littératie, ce qui représente une augmentation significative en dix ans.
- Aucune province n’obtient plus que « C » pour ce qui est des compétences insuffisantes en littératie.
Pourquoi les compétences en littératie sont-elles importantes?
Les compétences en littératie – tout comme les compétences en numératie et les compétences en résolution de problèmes dans des environnements à forte composante technologique – influent sur le bien-être économique et social.
Étant donné le caractère essentiel de la communication écrite et des mathématiques de base dans pratiquement tous les domaines de la vie, et à la lumière de l’intégration rapide des TIC, les personnes doivent être en mesure de comprendre et de traiter de l’information textuelle et numérique, sous forme imprimée et électronique, et d’y répondre, pour pouvoir participer pleinement à la société – en tant que citoyens, membres d’une famille, consommateurs ou employés1.
Les efforts continus déployés pour développer les compétences en littératie des enfants, des jeunes et des adultes sont révélateurs de l’importance de la littératie dans la capacité individuelle de trouver et de garder un emploi. Des compétences insuffisantes en littératie entament le potentiel de tout un chacun de décrocher un emploi ou une promotion, et nuisent à l’économie par les occasions manquées d’innover et d’améliorer la productivité. De plus, elles posent un risque pour la santé et la sécurité en milieu de travail, car les personnes ne possédant pas les capacités voulues en lecture et en compréhension ne pourront peut-être pas comprendre des manuels écrits, des pictogrammes d’avertissement et des instructions en milieu de travail2. Il peut aussi arriver que, dans certains milieux de travail, des compétences insuffisantes en littératie compromettent la santé et la sécurité publiques.
Cependant, les compétences adéquates en littératie ne constituent pas seulement un enjeu économique. Elles ont aussi de profondes conséquences sociales. Par exemple, les personnes dont les compétences en littératie sont insuffisantes sont plus susceptibles de faire état de problèmes de santé, d’être moins engagées politiquement et d’être plus isolées sur le plan social3.
Au-delà du système scolaire formel, il existe d’autres moyens pour les adultes d’acquérir des compétences en littératie. Ainsi, certains gouvernements provinciaux ont des bureaux qui s’occupent exclusivement du développement des compétences des adultes, et ils aident souvent les employeurs à améliorer les compétences en littératie en milieu de travail. Le Bureau de l’alphabétisation et des compétences essentielles, organisme fédéral, finance des recherches sur la meilleure façon de concevoir et de dispenser aux adultes une formation en littératie. Il fait aussi connaître des histoires de réussite et partage des outils pour l’évaluation et la formation en littératie4.
Comment mesure-t-on les compétences en littératie?
Aux fins des tests du PEICA, les compétences en littératie sont définies comme « la capacité de comprendre, d’évaluer, d’utiliser et de s’engager dans des textes écrits pour participer à la société, pour accomplir ses objectifs et pour développer ses connaissances et son potentiel5 ». « La démarche nécessite de repérer, de cerner et de traiter l’information qui apparaît dans une variété de textes associés à un éventail de milieux6 ».
Dans la toute dernière étude comparative internationale, on a évalué dans chaque pays participant les compétences en littératie d’adultes âgés de 16 à 65 ans sur un continuum de capacités en utilisant une échelle allant de 0 à 500. Les notes obtenues ont ensuite été divisées en six niveaux de compétence : les niveaux 1 à 5, plus le niveau inférieur à 1. Selon Emploi et Développement social Canada, une personne devrait avoir une littératie de niveau 3 au moins pour bien fonctionner dans la société canadienne7. Le Conference Board du Canada estime que des compétences en littératie inférieures au niveau 3 sont insuffisantes.
Comment se classent le Canada et les provinces par rapport aux pays comparables?
Globalement, dans la toute dernière étude comparative internationale, le Canada obtient un « C » pour la proportion d’adultes ayant des compétences insuffisantes en littératie. On considère, en fait, que les compétences en littératie de 48 % des adultes canadiens sont insuffisantes, soit 31,7 % se situant au niveau 2, 12,6 % au niveau 1 et 3,8 % en dessous du niveau 1. Autrement dit, une part assez importante de la population adulte – près du tiers – se situe au niveau 2 et pourrait atteindre le niveau 3 avec une aide limitée. Par ailleurs, 16 % de la population adulte, qui se situe au niveau 1 ou en dessous, auraient besoin de beaucoup d’aide et de formation pour atteindre le niveau 3.
En ventilant les résultats de l’étude par province, on s’aperçoit qu’aucune province n’obtient plus que « C » à l’indicateur des compétences insuffisantes en littératie. L’Alberta, l’Île-du-Prince-Édouard, la Colombie-Britannique, l’Ontario, le Manitoba et la Saskatchewan décrochent un « C ». Les autres provinces obtiennent un « D ».
À l’étranger, seul le Japon se voit attribuer un « A », grâce à la proportion relativement faible d’adultes aux compétences insuffisantes en littératie. La Finlande, les Pays-Bas, l’Australie, la Suède, la Norvège et la Flandre (Belgique) obtiennent un « B » à cet indicateur, ce qui est mieux que le Canada dans son ensemble et que toute province canadienne.
Où se situent les provinces les unes par rapport aux autres?
En plus de classer les provinces par rapport à des pays comparables au Canada, nous les avons comparées entre elles et réparties selon trois catégories : « supérieure à la moyenne », « dans la moyenne » et « inférieure à la moyenne8 ».
Les résultats sont contrastés. L’Alberta et l’Î.-P.-É. se situent au-dessus de la moyenne, tandis que Terre-Neuve-et-Labrador, où près de 60 % des adultes ont des compétences insuffisantes en littératie, est la seule province en dessous de la moyenne.
Comment les immigrants s’en sortent-ils au test de littératie?
Le Canada possède une population diversifiée. Selon les données de l’Enquête nationale auprès des ménages de 2011, 22 % de la population des 16 à 65 ans sont des immigrants9. Ceux-ci ne sont pas répartis uniformément dans le pays. Ainsi, 85 % des immigrants vivent dans trois provinces : l’Ontario (53,3 %), la Colombie-Britannique (17,6 %) et le Québec (14,4 %). Les 15 % restants vivent dans les sept autres provinces et les trois territoires10.
Il est important d’évaluer les résultats des immigrants sur le plan des compétences, surtout dans les trois provinces où ceux-ci représentent une large part de la population en âge de travailler. En général, les immigrants adultes, nouveaux ou de longue date, sont beaucoup plus susceptibles que les adultes nés au Canada d’avoir des compétences insuffisantes en littératie. Ainsi, au Québec, 65 % des nouveaux immigrants (ceux qui sont arrivés au Canada au cours des dix dernières années) et 63 % des immigrants de longue date (ceux qui vivent au Canada depuis plus de dix ans) ont des compétences insuffisantes en littératie. Cela ne signifie pas que ces immigrants ont aussi des compétences insuffisantes en littératie dans leur langue maternelle. Cependant, ils s’en sortent mal dans l’une des langues officielles du Canada, à savoir l’anglais ou le français.
Comment les Autochtones s’en sortent-ils au test de littératie?
La population autochtone du Canada est en augmentation. Ainsi, la part de la population canadienne s’identifiant comme Autochtone à l’Enquête nationale auprès des ménages de 2011 était de 4,3 %, alors qu’elle était de 3,3 % en 200111. Environ 61 % des Autochtones se sont identifiés comme membres des Premières Nations (la moitié de ces personnes vivaient dans une réserve), 32 % comme Métis seulement et 4,2 % comme Inuits seulement12. Il est important de noter que près de 15 % des Autochtones déclarent avoir pour langue maternelle une langue autochtone, ce qui influe probablement sur leurs résultats aux tests du PEICA, qui sont uniquement rédigés en anglais ou en français13. Le PEICA a suréchantillonné la population autochtone afin de mieux évaluer les compétences de cette population diversifiée. Seuls les Autochtones vivant à l’extérieur des réserves ont participé au test14.
Des données détaillées sont disponibles sur les résultats des Autochtones dans l’ensemble du Canada et dans quatre provinces (Ontario, Manitoba, Saskatchewan et Colombie-Britannique). En général, les Autochtones sont beaucoup plus susceptibles que les non-Autochtones d’avoir des compétences insuffisantes en littératie. Cependant, il existe des différences importantes entre les provinces. Ainsi, 70 % des Autochtones de la Saskatchewan ont des compétences insuffisantes en littératie, soit 23 points de pourcentage de plus que les non-Autochtones. C’est en Ontario que l’écart de proportion est le plus faible : 52 % pour les Autochtones contre 47 % pour les non-Autochtones.
Certes, pareil écart est inquiétant, mais il est rassurant de voir que les Autochtones et les non-Autochtones ayant des niveaux d’études similaires ont aussi des niveaux de compétences semblables en littératie15. De toute évidence, l’amélioration des résultats scolaires est un facteur important dans l’amélioration des compétences de la population autochtone. Toutefois, afin de comprendre pleinement les raisons des écarts et d’établir les mesures et les politiques nécessaires pour les combler, il faut mener une analyse beaucoup plus approfondie, tenant compte des spécificités des Autochtones.
Les taux de littératie insuffisante ont-ils changé dans le temps?
Depuis une vingtaine d’années, on compare de temps en temps les compétences en littératie des adultes de différents pays. Malheureusement, une comparaison directe des résultats n’est pas possible pour plusieurs raisons, y compris le fait que la notion de littératie a évolué afin de tenir compte de la nouvelle réalité des textes numériques16. Cependant, Statistique Canada a réévalué et rééchelonné les données de l’Enquête sur la littératie et les compétences des adultes (ELCA) de 2003 afin de permettre une comparaison à l’échelle du Canada seulement. D’autres travaux sont en cours pour permettre une ventilation plus détaillée par province17. Les données réévaluées révèlent qu’en 2003, 42 % des adultes avaient des compétences en littératie insuffisantes. On est passé à 48 % en 2012. Malgré les efforts déployés pour améliorer les taux de littératie des adultes au Canada, la proportion d’adultes ayant des compétences en littératie insuffisantes a augmenté au cours des dix dernières années.
Notes de bas de page
1 Statistique Canada, Emploi et Développement social Canada et Conseil des ministres de l’Éducation (Canada), Les compétences au Canada : Premiers résultats du Programme pour l’évaluation internationale des compétences des adultes, n° au catalogue 89-555-X, Ottawa, Statistique Canada, 2013 p. 6.
2 Alison Campbell, What You Don’t Know Can Hurt You: Literacy’s Impact on Workplace Health and Safety, Ottawa, Le Conference Board du Canada, 2010.
3 OCDE, Perspectives de l’OCDE sur les compétences 2013 : Premiers résultats de l’Évaluation des compétences des adultes, Paris, OCDE, 2013, p. 27.
4 Emploi et Développement social Canada, L’alphabétisation et les compétences essentielles.
5 OCDE, Perspectives de l’OCDE sur les compétences 2013 : Premiers résultats de l’Évaluation des compétences des adultes, Paris, OCDE, 2013, p. 64.
6 Ibid., 8.
7 Emploi et Développement social Canada, Apprentissage – Littératie des adultes.
8 Pour comparer les provinces canadiennes les unes par rapport aux autres, nous avons d’abord déterminé leur note moyenne et l’écart type des valeurs provinciales. L’écart type est la mesure de la variabilité qui existe à l’intérieur d’un ensemble de résultats. Si les résultats sont normalement répartis (c’est-à-dire que leur dispersion ne penche pas lourdement d’un côté ou de l’autre ou qu’elle ne comporte pas d’aberrations importantes), environ 68 % des résultats se trouveront à un écart type au-dessus ou en dessous de la moyenne. Toute province qui se situe à un écart type au-dessus de la moyenne est dite « supérieure à la moyenne ». Les provinces qui se situent à un écart type en dessous de la moyenne sont dites « inférieures à la moyenne ». Les autres provinces ont un rendement qui les situe « dans la moyenne ».
9 Statistique Canada, Emploi et Développement social Canada et Conseil des ministres de l’Éducation (Canada), Les compétences au Canada : Premiers résultats du Programme pour l’évaluation internationale des compétences des adultes, no 89-555-X au catalogue, Ottawa, Statistique Canada, 2013, p. 49.
10 Statistique Canada, Immigration et diversité ethnoculturelle au Canada, no 99-010-X au catalogue, Ottawa, Statistique Canada, 2014.
11 Statistique Canada, Les peuples autochtones au Canada : Premières Nations, Métis et Inuits, no 99-011-X au catalogue, Ottawa, Statistique Canada, 2014.
12 Ibid.
13 Statistique Canada, Les peuples autochtones et la langue, no 99-011-X au catalogue, Ottawa, Statistique Canada, 2014.
14 Sur les 1 400 685 personnes s’identifiant comme Autochtones en 2011, environ 1 086 319 (78 %) vivaient à l’extérieur des réserves.
15 Conseil des ministres de l’Éducation (Canada), PEICA au Canada, diaporama, 2013.
16 Statistique Canada, Emploi et Développement social Canada et Conseil des ministres de l’Éducation (Canada), Les compétences au Canada : Premiers résultats du Programme pour l’évaluation internationale des compétences des adultes, n° au catalogue 89-555-X, Ottawa, Statistique Canada, 2013, p. 57.
17 Ibid., 55.