Production d’électricité à faibles émissions

Messages clés

  • Terre-Neuve-et-Labrador, province la plus performante à cet indicateur, décroche un « B » qui lui donne la 15e place au classement.
  • L’Alberta, l’Île-du-Prince-Édouard, le Québec, le Nouveau-Brunswick, le Manitoba et la Saskatchewan se situent en queue de peloton et écopent d’un « D– », avec des intensités énergétiques plus élevées que les autres provinces et pays du classement.
  • Le Canada est l’avant-dernier pays du classement et reçoit un « D ».

L’intensité énergétique mise en contexte

La majorité des dommages environnementaux dus à l’activité économique humaine provient de l’utilisation d’énergie. Certaines formes de production et d’utilisation de l’énergie ont peu d’incidences environnementales (p. ex. l’électricité solaire ou la chaleur générée par des pompes géothermiques), mais une grande partie de l’énergie que nous consommons a des conséquences environnementales importantes. En effet, la combustion de combustibles fossiles génère des gaz à effet de serre (GES) et d’autres émanations délétères qui contribuent aux changements climatiques et aux maladies respiratoires. De leur côté, les barrages hydroélectriques utilisés pour produire de l’électricité ne génèrent aucune émission directe de GES, mais ils peuvent modifier radicalement le paysage d’une région, mettant souvent en péril l’écosystème local.

Compte tenu des incidences environnementales des diverses formes d’énergie que nous utilisons, la quantité d’énergie produite et consommée a de l’importance. Toutes choses étant égales par ailleurs, les sociétés qui utilisent moins d’énergie – c’est-à-dire qui ont une plus petite intensité énergétique – ont moins d’incidence sur l’environnement que celles qui en consomment davantage.

Les provinces canadiennes, le Canada et les pays de comparaison devraient se donner pour objectifs stratégiques d’améliorer l’efficacité énergétique et de réduire l’intensité énergétique afin d’atténuer les changements climatiques et économiser l’énergie. Pour un avenir énergétique durable, le Canada doit promouvoir une activité économique et une croissance du PIB qui ne reposent pas sur une hausse de la consommation d’énergie ayant des incidences environnementales.

Pour mesurer l’intensité énergétique, on examine souvent le rapport entre l’énergie consommée et le PIB. Cet indicateur est plus efficace que celui de l’énergie utilisée par habitant, car cette utilisation est largement influencée par les revenus de la région concernée.

Pour mesurer l’intensité énergétique, nous nous servons de la consommation d’énergie finale d’une province ou d’un pays par unité de PIB. Cette consommation concerne l’énergie utilisée par les industries et les particuliers (c.-à-d. l’énergie qui sert à accomplir un travail, et non l’énergie transformée en d’autres formes d’énergie ou utilisée par l’industrie de l’énergie). Elle comprend notamment toutes les énergies primaires et secondaires servant à une utilisation finale dans une région, indépendamment de leur lieu de production. L’énergie primaire est l’énergie sous sa forme brute naturelle (p. ex. le pétrole brut, le charbon et l’énergie hydraulique), avant sa transformation en d’autres combustibles (énergie secondaire) plus largement consommés pour une utilisation finale (comme l’essence et l’électricité).

Comme l’indicateur de l’intensité énergétique porte uniquement sur la consommation finale d’énergie, il reflète les incidences environnementales liées à cette consommation, mais pas celles liées à la production et à la transformation de l’énergie. Les données n’incluent pas l’énergie consommée par les industries produisant de l’énergie, car les renseignements à cet égard ne sont pas disponibles pour toutes les provinces. Nous avons donc aussi exclu de cet indicateur les chiffres concernant l’énergie consommée par l’industrie de l’extraction de minerais, puisque Statistique Canada les agrège avec certaines données sur l’énergie utilisée par les industries d’extraction pétrolière et gazière. Cela fausse vers le bas les données sur l’utilisation d’énergie du Canada par rapport à d’autres pays, surtout pour les provinces ayant une importante industrie d’extraction de minerais. Toutefois, comme la consommation d’énergie de cette industrie représente seulement 3 % de la consommation nationale (d’après l’Agence internationale de l’énergie), son exclusion a probablement peu d’influence sur les résultats. De même, l’exclusion de l’énergie consommée par les industries produisant de l’énergie fausse quelque peu le bilan comparatif en avantageant les provinces et pays qui sont de grands producteurs d’énergie, puisque la contribution de ces industries au PIB reste prise en compte.

Il faut aussi noter que cet indicateur ne fait aucune distinction entre les incidences environnementales (souvent très différentes) de la consommation des différents types d’énergie.

Comment les provinces s’en sortent-elles par rapport aux pays de comparaison?

La plupart des provinces ont une intensité énergétique élevée et aucune ne décroche un « A » ou même un « B » . Seule Terre-Neuve-et-Labrador obtient un « C », avec une intensité énergétique de 0,100 tonne d’équivalent pétrole par 1 000 $ US de PIB, ce qui est supérieur de près de 50 % aux meilleurs pays de comparaison, à savoir le Royaume-Uni (0,055 tonne), l’Irlande (0,056 tonne) et la Suisse (0,058 tonne), mais similaire à l’Autriche (0,082 tonne) et à la Belgique (0,085 tonne).

Après Terre-Neuve-et-Labrador, les provinces les mieux classées sont la Colombie-Britannique et l’Ontario, qui reçoivent un « D » avec respectivement 0,117 et 0,120 tonne d’équivalents pétrole par 1 000 $ US de PIB, tout comme la Nouvelle-Écosse (0,123 tonne).

Le Canada (0,132 tonne) reçoit lui aussi globalement un « D ». Il est le deuxième pays le moins performant à cet indicateur, devançant uniquement la Finlande (0,135 tonne). Six provinces écopent d’un « D– », avec des intensités énergétiques supérieures à celle de la Finlande, dernier pays au classement. Ces provinces sont
l’Alberta (0,140 tonne), l’Île-du-Prince-Édouard (0,141 tonne), le Québec (0,146 tonne), le Nouveau-Brunswick (0,151 tonne), le Manitoba (0,153 tonne) et la Saskatchewan (0,176 tonne).

Comment les provinces s’en sortent-elles les unes par rapport aux autres?

Avec 0,10 tonne d’équivalents pétrole par 1 000 $ US de PIB, Terre-Neuve-et-Labrador est la province qui affiche la plus faible intensité énergétique, ce qui lui vaut un « C ». La Colombie-Britannique, l’Ontario et la Nouvelle-Écosse ont des intensités énergétiques plus élevées et reçoivent un « D ».

Les six autres provinces – l’Alberta, l’Île-du-Prince-Édouard, le Québec, le Nouveau-Brunswick, le Manitoba et la Saskatchewan – écopent d’un « D– », avec des intensités énergétiques plus fortes que l’ensemble des provinces et pays analysés dans le cadre du classement. L’intensité énergétique de la Saskatchewan est plus de deux fois supérieure à celle de Terre-Neuve-et-Labrador.

Comment la performance du Canada et des provinces a-t-elle évolué au fil du temps?

De 1995 à 2014, l’intensité énergétique de toutes les provinces a considérablement baissé. Au niveau national, le Canada a réduit son intensité énergétique de 29 %, passant de 0,19 tonne d’équivalent pétrole par 1 000 $ US de PIB en 1995 à 0,13 tonne en 2014. Proportionnellement, la province ayant affiché la plus forte baisse est Terre-Neuve-et-Labrador, où l’intensité énergétique est passée de 0,20 tonne en 1995 à 0,10 tonne en 2014, soit une chute de 50 %. Cette chute résulte à la fois d’une réduction de l’utilisation d’énergie et d’une forte croissance économique.

Comment l’intensité de la production d’énergie primaire a-t-elle évolué?

La consommation d’énergie finale permet de faire des comparaisons entre les provinces et pays du classement en ce qui concerne l’énergie consommée pour une utilisation finale, mais elle ne tient pas compte de l’énergie primaire utilisée pour produire l’énergie secondaire. Elle n’est pas non plus directement liée aux incidences environnementales de la production d’énergie primaire ou de la transformation de l’énergie primaire en énergie secondaire.

Quand nous comparons la production d’énergie primaire avec le PIB pour les provinces et pays du classement, nous obtenons un éventail beaucoup plus vaste. L’Alberta se classe bon dernier, avec une intensité de production démesurée par rapport à celle du premier au classement, à savoir le Japon. L’intensité de la production d’énergie primaire de l’Alberta (1,13 tonne d’équivalents pétrole par 1 000 $ US de PIB) est plus de 150 fois supérieure à celle du Japon (< 0,01 tonne d’équivalents pétrole par 1 000 $ US de PIB).

Terre-Neuve-et-Labrador, province la plus performante à l’indicateur de l’intensité énergétique, fait beaucoup moins bien qu’à celui de la production d’énergie primaire, avec la troisième intensité la plus élevée, derrière l’Alberta et la Norvège. Cette disparité vient du fait qu’une grande partie de l’énergie produite par Terre-Neuve-et-Labrador (en majorité du pétrole brut) n’est pas consommée localement.

L’indicateur de la production d’énergie primaire montre à quel point l’économie du Canada dépend de la production d’énergie. Les seules économies qui dépendent plus que le Canada de la production d’énergie sont l’Australie et la Norvège. Toutefois, la Saskatchewan et Terre-Neuve-et-Labrador ont une intensité de production d’énergie plus élevée que l’Australie, et l’Alberta enregistre l’intensité la plus élevée de tout le classement.

Pourquoi le Canada et la plupart des provinces ont-ils une intensité énergétique si élevée?

La structure industrielle du Canada, l’immensité de son territoire et son climat froid font de ce pays un très grand consommateur d’énergie. Contrairement à la plupart des autres pays développés, le Canada a une économie qui dépend fortement des industries primaires, comme l’extraction de ressources et l’agriculture. Or, les industries primaires consomment généralement plus d’énergie que les industries de services par dollar de PIB qu’elles génèrent. La dépendance du Canada à l’égard des industries primaires fait donc augmenter son intensité énergétique par rapport aux pays dont l’économie repose davantage sur les industries de services.

La géographie et le climat du Canada influent aussi sur son intensité énergétique. Le vaste territoire sur lequel s’étend le pays provoque de grosses pertes pendant le transport de l’électricité et une forte demande pour le transport de personnes et de marchandises. En outre, la froideur du climat nécessite davantage d’énergie pour le chauffage que dans les pays plus chauds.

L’intensité énergétique du Canada reflète aussi le rôle du pays en tant que grand exportateur d’énergie.

Les différences régionales entre les provinces canadiennes résultent largement de leurs différentes économies. La Saskatchewan et l’Alberta, qui ont des intensités énergétiques très élevées, doivent une part beaucoup plus importante de leur PIB aux industries produisant des biens que la plupart des provinces (45 à 50 % contre une moyenne canadienne de 30 %). Pour diminuer leur intensité énergétique, elles devraient diversifier leur économie et réduire leur dépendance à l’égard des industries primaires. Des grands changements de cette nature sont peu susceptibles de se produire dans un avenir proche.

En ce qui concerne l’intensité de production d’énergie, l’économie du Canada, et plus particulièrement les économies de la Colombie-Britannique, de la Saskatchewan, de Terre-Neuve-et-Labrador et de l’Alberta, dépendent largement de la production et de l’exportation d’énergie. Par conséquent, leur intensité de production est plus élevée que celle de la plupart des autres provinces et pays du classement, où la production d’énergie représente une plus faible part de l’activité économique totale.

Quelle est l’intensité des émissions de carbone résultant de la consommation d’énergie au Canada?

Les incidences environnementales de la consommation d’énergie varient considérablement selon les sources d’énergie. L’une des incidences les plus notables est l’émission de gaz à effet de serre (GES), en raison des effets de ceux-ci sur le réchauffement de la planète. La quantité de GES émise par unité d’énergie consommée varie largement.

Pour calculer l’intensité des émissions de GES, nous examinons les émissions résultant de la consommation finale d’énergie et de la production d’électricité. Nous excluons les émissions de GES en amont générées pendant la transformation, l’extraction et le raffinage des combustibles fossiles, car ces derniers font l’objet d’un commerce important et la prise en compte de ces émissions en amont pénaliserait lourdement les grands exportateurs d’énergie comme l’Alberta, la Saskatchewan et la Norvège. Le même problème se pose pour l’électricité importée ou exportée, mais le volume d’électricité commercialisé par rapport à sa consommation dans les pays de l’OCDE est beaucoup plus faible que pour le charbon, le gaz naturel et les produits pétroliers. En outre, comme l’intensité des émissions de carbone dues à la production d’électricité varie énormément d’une province ou d’un pays à l’autre, l’exclusion de ces émissions écarte une grande partie des émissions dues à l’utilisation d’énergie dans les provinces ou pays qui dépendent largement des combustibles fossiles pour générer de l’électricité.

Certes, la plupart des provinces canadiennes sont de grosses consommatrices d’énergie, mais plusieurs provinces émettent relativement peu de GES par rapport à l’énergie qu’elles consomment. Ainsi, le Québec a une intensité d’émissions de GES dues à l’utilisation d’énergie plus faible que l’ensemble des provinces et pays du classement (sauf la Suède et la Norvège), avec tout juste 1,55 tonne d’équivalents CO2 par tonne d’équivalent pétrole consommée. De même, la Colombie-Britannique et le Manitoba s’en sortent relativement bien, avec 1,94 et 1,95 tonne d’équivalents CO2 par tonne d’équivalent pétrole consommée, respectivement (5e et 6e place pour ce classement).

À l’autre bout de ce classement, c’est la Nouvelle-Écosse qui enregistre la plus forte intensité d’émissions de GES liées à l’utilisation d’énergie, avec 4,47 tonnes d’équivalents CO2 par tonne d’équivalent pétrole consommée, juste derrière l’Australie (4,32 tonnes), pays le plus mal classé.

De toute évidence, la consommation d’énergie est particulièrement préoccupante en Nouvelle-Écosse et en Saskatchewan. Ces deux provinces ont une intensité énergétique élevée (elles reçoivent un « D » et un « D– », respectivement pour cet indicateur) et génèrent plus d’émissions par unité d’énergie consommée que la plupart des autres provinces et pays du classement. Elles dépendent largement du charbon pour produire leur électricité (Voir Production d’électricité à faibles émissions). De ce fait, elles émettent plus de GES que les autres provinces et pays du classement, puisque le charbon y est la forme d’énergie primaire qui est la plus fréquemment utilisée pour produire de l’électricité et qui émet la plus grande quantité de GES. En Nouvelle-Écosse, les émissions de GES dues à la production d’électricité publique et de chaleur représentent 27 % des émissions totales. En Saskatchewan, cette proportion est de 44 %. La réduction de la dépendance au charbon dans ces provinces contribuerait donc grandement à faire baisser les émissions de GES et l’intensité des émissions de GES résultant de l’utilisation d’énergie.