Adultes ayant de hautes compétences en numératie

Messages clés

  • Globalement, le Canada obtient un « C » pour la proportion de sa population ayant de hautes compétences en numératie.
  • En tout, 13 % des adultes canadiens obtiennent les notes les plus élevées en numératie, ce qui représente un léger déclin en dix ans.
  • L’Alberta, la Colombie-Britannique et l’Ontario obtiennent un « B » pour ce qui est des hautes compétences en numératie, tandis que toutes les autres provinces obtiennent un « C » ou un « D ».

Pourquoi les compétences en numératie sont-elles importantes?

Les compétences en numératie – tout comme les compétences en littératie et les compétences en résolution de problèmes dans des environnements à forte composante technologique – influent sur le bien-être économique et social.

Étant donné le caractère essentiel de la communication écrite et des mathématiques de base dans pratiquement tous les domaines de la vie, et à la lumière de l’intégration rapide des TIC, les personnes doivent être en mesure de comprendre et de traiter de l’information textuelle et numérique, sous forme imprimée et électronique, et d’y répondre, pour pouvoir participer pleinement à la société – en tant que citoyens, membres d’une famille, consommateurs ou employés1.

Les compétences en numératie sont à la base du développement des compétences de niveau supérieur, comme celles exigées dans l’enseignement et les formations supérieurs et nécessaires pour participer avec succès au marché du travail. La maîtrise de la numératie influe sur la capacité d’une personne de trouver et de garder un emploi, et de gagner un salaire plus élevé2.

Les compétences en numératie sont également essentielles pour les entreprises parce qu’elles sont à la source de la capacité novatrice. De hautes compétences en numératie – ainsi que des compétences techniques et autres de niveau supérieur – permettent aux processus de transformation de l’innovation de s’opérer. Les entreprises classent systématiquement les compétences des employés parmi les quatre principaux facteurs nécessaires pour que l’innovation porte ses fruits3.

Cependant, des compétences adéquates en littératie, en numératie et en résolution de problèmes ne constituent pas seulement un enjeu économique.

Elles ont également de profondes conséquences sur de vastes considérations nationales, telles que les disparités économiques entre différents groupes; les résultats en matière de santé; les niveaux d’engagement politique; et la mesure dans laquelle les personnes se sentent intégrées à la société, ou isolées de celle-ci4.

Étant donné l’importance de la numératie dans la vie sociale et civique et pour l’économie, on mesure et suit depuis plus de deux décennies à l’échelle internationale les compétences en numératie des adultes, la dernière étude en date étant celle du Programme pour l’évaluation internationale des compétences des adultes (PEICA).

Comment mesure-t-on les compétences en numératie?

Aux fins du PEICA, la numératie est définie comme « la capacité de localiser, d’utiliser, d’interpréter et de communiquer de l’information et des concepts mathématiques afin de s’engager et de gérer les demandes mathématiques de tout un éventail de situations de la vie adulte5 ». On mesure « la capacité des répondants de comprendre de l’information mathématique afin de gérer les exigences mathématiques dans un éventail de situations de la vie quotidienne. La démarche nécessite de comprendre le contenu et les idées mathématiques (p. ex. quantités, nombres, dimensions,
relations), de même que la représentation d’un tel contenu (p. ex. objets, images, diagrammes, graphiques)6. »

Dans la toute dernière étude comparative internationale, on a évalué dans chaque pays participant les compétences en numératie d’adultes âgés de 16 à 65 ans sur un continuum de capacités en utilisant une échelle allant de 0 à 500. Les notes obtenues ont ensuite été divisées en six niveaux de compétence : les niveaux 1 à 5, plus le niveau inférieur à 1. Le Conference Board considère que les adultes ont de hautes compétences en numératie si leurs résultats les situent au niveau 4 ou 5. Les personnes qui possèdent de hautes compétences en numératie peuvent « comprendre des données mathématiques complexes et utiliser des arguments et des modèles mathématiques7 ».

Comment se classent le Canada et les provinces par rapport aux pays comparables?

Globalement, dans la toute dernière étude comparative internationale, le Canada obtient un « C » pour la proportion d’adultes ayant de hautes compétences en numératie. On considère que 13 % des adultes canadiens possèdent de hautes compétences en numératie, ce qui place le Canada dans la moyenne de l’OCDE, mais en dessous de beaucoup de pays comparables8.

En ventilant les résultats de l’étude par province, on s’aperçoit qu’aucune province n’obtient de « A » et que seuls l’Alberta, la Colombie-Britannique et l’Ontario décrochent un « B » à l’indicateur des hautes compétences en numératie. La Nouvelle-Écosse, le Manitoba, l’Île-du-Prince-Édouard et le Québec obtiennent un « C ». Les autres provinces (c.-à-d. la Saskatchewan, Terre-Neuve-et-Labrador et le Nouveau-Brunswick) obtiennent un « D ».

À l’étranger, sept pays comparables au Canada se voient attribuer un « A » pour ce qui est de la proportion de leur population adulte ayant de hautes compétences en numératie. L’Autriche et l’Allemagne obtiennent un « B » à cet indicateur, ce qui est mieux que le Canada dans son ensemble. De plus, seules trois provinces décrochent un « B ».

Où se situent les provinces les unes par rapport aux autres?

En plus de classer les provinces par rapport à des pays comparables au Canada, nous les avons comparées entre elles et réparties selon trois catégories : « supérieure à la moyenne », « dans la moyenne » et « inférieure à la moyenne »9.

Les résultats sont contrastés. Seule l’Alberta est considérée comme supérieure à la moyenne, tandis que Terre-Neuve-et-Labrador et le Nouveau-Brunswick, qui comptent chacun moins de 9 % d’adultes ayant de hautes compétences en numératie, se situent en dessous de la moyenne.

Comment les immigrants s’en sortent-ils au test de numératie?

Le Canada possède une population diversifiée. Selon les données de l’Enquête nationale auprès des ménages de 2011, 22 % de la population des 16 à 65 ans sont des immigrants10. Ceux-ci ne sont pas répartis uniformément dans le pays. Ainsi, 85 % des immigrants vivent dans trois provinces : l’Ontario (53,3 %), la Colombie-Britannique (17,6 %) et le Québec (14,4 %). Les 15 % restants vivent dans les sept autres provinces et les trois territoires11.

Il est important d’évaluer les résultats des immigrants sur le plan des compétences, surtout dans les trois provinces où ceux-ci représentent une large part de la population en âge de travailler. En général, la proportion des immigrants adultes ayant de hautes compétences en numératie est très inférieure à celle des adultes nés au Canada. Ainsi, en Ontario, la province qui accueille la plus grande proportion d’immigrants, seulement 8,4 % des nouveaux immigrants (ceux qui sont arrivés au Canada au cours des dix dernières années) ont de hautes compétences en numératie. Cela ne signifie pas que ces immigrants ont aussi des compétences insuffisantes en numératie dans leur langue maternelle. Cependant, ils s’en sortent mal dans l’une des langues officielles du Canada, à savoir l’anglais ou le français.

Le temps passé au Canada a une certaine incidence sur la part des immigrants ayant de hautes compétences en numératie. En Ontario, cette part monte à 9,5 % pour les immigrants qui vivent au Canada depuis plus de dix ans. Elle reste cependant nettement inférieure aux 15,6 % affichés par les adultes nés au Canada.

Ces résultats généraux valent aussi pour les deux autres provinces accueillant une large proportion d’immigrants et pour l’ensemble du Canada. Seule la Colombie-Britannique fait exception. En effet, les nouveaux immigrants y enregistrent des résultats similaires à ceux des immigrants de longue date.

Comment les Autochtones s’en sortent-ils au test de numératie?

La population autochtone du Canada est en augmentation. Ainsi, la part de la population canadienne s’identifiant comme Autochtone à l’Enquête nationale auprès des ménages de 2011 était de 4,3 %, alors qu’elle était de 3,3 % en 200112. Environ 61 % des Autochtones se sont identifiés comme membres des Premières Nations (la moitié de ces personnes vivaient dans une réserve), 32 % comme Métis seulement et 4,2 % comme Inuits seulement13. Il est important de noter que près de 15 % des Autochtones déclarent avoir pour langue maternelle une langue autochtone, ce qui influe probablement sur leurs résultats aux tests du PEICA, qui sont uniquement administrés en anglais ou en français14. Le PEICA a suréchantillonné la population autochtone afin de mieux évaluer les compétences de cette population diversifiée. Seuls les Autochtones vivant à l’extérieur des réserves ont participé au test15.

Des données détaillées sont disponibles sur les résultats des Autochtones dans l’ensemble du Canada et dans quatre provinces (Ontario, Manitoba, Saskatchewan et Colombie-Britannique). En général, les Autochtones sont beaucoup moins susceptibles que les non-Autochtones d’avoir de hautes compétences en numératie. C’est en Saskatchewan que les résultats sont les moins bons, tant pour les Autochtones que pour les non-Autochtones. La Colombie-Britannique et le Manitoba affichent la plus grande proportion d’Autochtones ayant de hautes compétences en numératie et devancent de peu l’Ontario à cet égard.

Certes, l’écart de proportion entre les Autochtones et les non-Autochtones ayant de hautes compétences en numératie est inquiétant, mais il est rassurant de voir qu’il se rétrécit quand on tient compte des niveaux d’études16. De toute évidence, l’amélioration des résultats scolaires est un facteur important dans l’amélioration des compétences de la population autochtone. Toutefois, afin de comprendre pleinement les raisons des écarts et d’établir les mesures et les politiques nécessaires pour les combler, il faut mener une analyse beaucoup plus approfondie, tenant compte des spécificités des Autochtones.

Les taux de numératie élevée ont-ils évolué au cours des années?

Depuis une vingtaine d’années, on compare de temps en temps les compétences en numératie des adultes de différents pays. Malheureusement, une comparaison directe des résultats n’est pas possible pour plusieurs raisons, y compris le fait qu’on a utilisé beaucoup plus de données pour construire l’échelle de numératie du PEICA17. Cependant, Statistique Canada a réévalué et rééchelonné les données de l’Enquête sur la littératie et les compétences des adultes (ELCA) de 2003 afin de permettre une comparaison à l’échelle du Canada seulement. D’autres travaux sont en cours pour permettre une ventilation plus détaillée par province18. Les données réévaluées révèlent qu’en 2003, 14 % des adultes avaient de hautes compétences en numératie. On est tombé à 13 % en 2012. Malgré les efforts déployés pour améliorer les taux de numératie des adultes au Canada, les résultats se sont dégradés ces dix dernières années pour ce qui est des hautes compétences en numératie19.

Notes de bas de page

1    Statistique Canada, Emploi et Développement social Canada et le Conseil des ministres de l’Éducation (Canada), Les compétences au Canada : Premiers résultats du Programme pour l’évaluation internationale des compétences des adultes, n° au catalogue 89-555-X, Ottawa, Statistique Canada, 2013, p. 6.

2    OCDE, Perspectives de l’OCDE sur les compétences 2013 : Premiers résultats de l’Évaluation des compétences des adultes, Paris, OCDE, 2013, p. 26-27.

3    Douglas Watt and Daniel Munro, Skills for Business Innovation Success: It’s People Who Innovate, Ottawa, Le Conference Board du Canada, 2014, p. 15.

4    Statistique Canada, Emploi et Développement social Canada et le Conseil des ministres de l’Éducation (Canada), Les compétences au Canada : Premiers résultats du Programme pour l’évaluation internationale des compétences des adultes, n° au catalogue 89-555-X, Ottawa, Statistique Canada, 2013, p. 5.

5    OCDE, Perspectives de l’OCDE sur les compétences 2013 : Premiers résultats de l’Évaluation des compétences des adultes, Paris, OCDE, 2013, p. 64.

6    Statistique Canada, Les compétences au Canada : Premiers résultats du Programme pour l’évaluation internationale des compétences des adultes, Ottawa, Statistique Canada, 2013, p. 8.

7    Ibid., 18.

8    Ibid.

9    Pour comparer les provinces canadiennes les unes par rapport aux autres, nous avons d’abord déterminé leur note moyenne et l’écart type des valeurs provinciales. L’écart type est la mesure de la variabilité qui existe à l’intérieur d’un ensemble de résultats. Si les résultats sont normalement répartis (c’est-à-dire que leur dispersion ne penche pas lourdement d’un côté ou de l’autre ou qu’elle ne comporte pas d’aberrations importantes), environ 68 % des résultats se trouveront à un écart type au-dessus ou en dessous de la moyenne. Toute province qui se situe à un écart type au-dessus de la moyenne est dite « supérieure à la moyenne ». Les provinces qui se situent à un écart type en dessous de la moyenne sont dites « inférieures à la moyenne ». Les autres provinces ont un rendement qui les situe « dans la moyenne ».

10    Statistique Canada, Emploi et Développement social Canada et Conseil des ministres de l’Éducation (Canada), Les compétences au Canada : Premiers résultats du Programme pour l’évaluation internationale des compétences des adultes, no 89-555-X au catalogue, Ottawa, Statistique Canada, 2013, p. 49.

11    Statistique Canada, Immigration et diversité ethnoculturelle au Canada, no 99-010-X au catalogue, Ottawa, Statistique Canada, 2014.

12    Statistique Canada, Les peuples autochtones au Canada : Premières Nations, Métis et Inuits, no 99-011-X au catalogue, Ottawa, Statistique Canada, 2014.

13    Ibid.

14    Statistique Canada, Les peuples autochtones et la langue, no 99-011-X au catalogue, Ottawa, Statistique Canada, 2014.

15    Sur les 1 400 685 personnes s’identifiant comme Autochtones en 2011, environ 1 086 319 (78 %) vivaient à l’extérieur des réserves.

16    Conseil des ministres de l’Éducation (Canada), PEICA au Canada, diaporama, 2013.

17    Statistique Canada, Les compétences au Canada : Premiers résultats du Programme pour l’évaluation internationale des compétences des adultes, Ottawa, Statistique Canada, 2013, p. 57.

18    Ibid., 55.

19    Ibid., 99.