Adultes ayant de hautes compétences en littératie

Messages clés

  • Globalement, dans la toute dernière étude comparative internationale, le Canada obtient un « C » pour ce qui est des hautes compétences en littératie.
  • En tout, 14 % des adultes canadiens obtiennent les notes les plus élevées en littératie, ce qui représente une baisse significative en dix ans.
  • Seules l’Alberta et la Colombie-Britannique obtiennent un B pour ce qui est des hautes compétences en littératie, tandis que toutes les autres provinces obtiennent un « C » ou un « D ».

Pourquoi les compétences en littératie sont-elles importantes?

Les compétences en littératie – tout comme les compétences en numératie et les compétences en résolution de problèmes dans des environnements à forte composante technologique – influent sur le bien-être économique et social.

Étant donné le caractère essentiel de la communication écrite et des mathématiques de base dans pratiquement tous les domaines de la vie, et à la lumière de l’intégration rapide des TIC, les personnes doivent être en mesure de comprendre et de traiter de l’information textuelle et numérique, sous forme imprimée et électronique, et d’y répondre, pour pouvoir participer pleinement à la société – en tant que citoyens, membres d’une famille, consommateurs ou employés1.

1.

La maîtrise de la littératie influe sur la capacité d’une personne de trouver et de garder un emploi et de gagner un salaire plus élevé2

La maîtrise de la littératie influe sur la capacité d’une personne de trouver et de garder un emploi et de gagner un salaire plus élevé2. Elle est également essentielle pour les entreprises parce qu’elle constitue la base de la capacité novatrice. De hautes compétences en littératie – ainsi que des compétences techniques et autres de niveau supérieur – permettent aux processus de transformation de l’innovation de s’opérer. Les entreprises classent systématiquement les compétences des employés parmi les quatre principaux facteurs nécessaires pour que l’innovation porte ses fruits3.

Cependant, des compétences adéquates en littératie, en numératie et en résolution de problèmes dans des environnements à forte composante technologique ne constituent pas seulement un enjeu économique. Elles ont aussi de profondes conséquences sociales. Les résultats du PEICA montrent que les adultes qui possèdent de hautes compétences en littératie sont au moins deux fois plus susceptibles de faire état de degrés de confiance et d’efficacité politique élevés, d’une bonne santé et d’une participation à des activités bénévoles, même après les ajustements selon l’âge, le sexe, le niveau d’études, le statut d’immigrant et la langue d’origine4.

Comment mesure-t-on les compétences en littératie?

Aux fins des tests du PEICA, la littératie est définie comme « la capacité de comprendre, d’évaluer, d’utiliser et de s’engager dans des textes écrits pour participer à la société, pour accomplir ses objectifs et pour développer ses connaissances et son potentiel5 ». « La démarche nécessite de repérer, de cerner et de traiter l’information qui apparaît dans une variété de textes associés à un éventail de milieux6. »

Dans la toute dernière étude comparative internationale, on a évalué dans chaque pays participant les compétences en littératie d’adultes âgés de 16 à 65 ans sur un continuum de capacités en utilisant une échelle allant de 0 à 500. Les notes obtenues ont ensuite été divisées en six niveaux de compétence : les niveaux 1 à 5, plus le niveau inférieur à 1. Le Conference Board considère que les adultes ont de hautes compétences en littératie si leurs résultats les situent au niveau 4 ou 5.

Selon Emploi et Développement social Canada, une personne devrait avoir une littératie de niveau 3 au moins pour bien fonctionner dans la société canadienne7. Les personnes ayant des compétences en littératie supérieures (c.-à-d. de niveau 4 ou 5) peuvent aller plus loin et « accomplir des tâches qui nécessitent l’intégration d’informations de plusieurs textes denses, ainsi qu’un raisonnement par inférence8 ».

Comment se classent le Canada et les provinces par rapport aux pays comparables?

Globalement, dans la toute dernière étude comparative internationale, le Canada obtient un « C » pour la proportion d’adultes ayant de hautes compétences en littératie. On considère que 14 % des adultes canadiens possèdent de hautes compétences en littératie, ce qui place le Canada au-dessus de la moyenne de 12 % de l’OCDE, mais nettement en dessous des pays comparables les mieux classés9.

En ventilant les résultats de l’étude par province, on s’aperçoit qu’aucune province n’obtient de « A » à l’indicateur des hautes compétences en littératie et que seules l’Alberta et la Colombie-Britannique décrochent un « B ». L’Ontario, le Manitoba, l’Île-du-Prince-Édouard et la Nouvelle-Écosse récoltent un « C ». Les autres provinces (c.-à-d. le Québec, la Saskatchewan, le Nouveau-Brunswick et Terre-Neuve-et-Labrador) obtiennent un « D ».

À l’étranger, seuls le Japon et la Finlande se voient attribuer un « A » pour ce qui est de la proportion de leur population adulte ayant de hautes compétences en littératie. L’Australie, les Pays-Bas et la Suède obtiennent un « B » à cet indicateur, ce qui est mieux que le Canada dans son ensemble. De plus, seules deux provinces décrochent un « B ».

Où se situent les provinces les unes par rapport aux autres?

En plus de classer les provinces par rapport à des pays comparables au Canada, nous les avons comparées entre elles et réparties selon trois catégories : « supérieure à la moyenne », « dans la moyenne » et « inférieure à la moyenne »10.

Les résultats sont contrastés. L’Alberta et la Colombie-Britannique sont considérées comme supérieures à la moyenne, tandis que Terre-Neuve-et-Labrador et le Nouveau-Brunswick, qui comptent chacun moins de 11 % d’adultes ayant des compétences en littératie élevées, se situent en dessous de la moyenne.

Comment les immigrants s’en sortent-ils au test de littératie?

Le Canada possède une population diversifiée. Selon les données de l’Enquête nationale auprès des ménages de 2011, 22 % de la population des 16 à 65 ans sont des immigrants11. Ceux-ci ne sont pas répartis uniformément dans le pays. Ainsi, 85 % des immigrants vivent dans trois provinces : l’Ontario (53,3 %), la Colombie-Britannique (17,6 %) et le Québec (14,4 %). Les 15 % restants vivent dans les sept autres provinces et les trois territoires12.

Il est important d’évaluer les résultats des immigrants sur le plan des compétences, surtout dans les trois provinces où ceux-ci représentent une large part de la population en âge de travailler. En général, la proportion des immigrants adultes ayant de hautes compétences en littératie est très inférieure à celle des adultes nés au Canada. Ainsi, en Ontario, la province qui accueille la plus grande proportion d’immigrants, seulement 6,8 % des nouveaux immigrants (ceux qui sont arrivés au Canada au cours des dix dernières années) ont de hautes compétences en littératie. Cela ne signifie pas que ces immigrants ont aussi des compétences insuffisantes en littératie dans leur langue maternelle. Cependant, ils s’en sortent mal dans l’une des langues officielles du Canada, à savoir l’anglais ou le français.

Le temps passé au Canada a une certaine incidence sur la part des immigrants ayant de hautes compétences en littératie. En Ontario, cette part monte à 8,6 % pour les immigrants qui vivent au Canada depuis plus de dix ans. Elle reste cependant nettement inférieure aux 18,3 % affichés par les adultes nés au Canada.

Ces résultats généraux valent aussi pour les deux autres provinces accueillant une large proportion d’immigrants et pour l’ensemble du Canada. Seule la Colombie-Britannique fait exception. En effet, les nouveaux immigrants y enregistrent de meilleurs résultats que les immigrants de longue date.

Comment les Autochtones s’en sortent-ils au test de littératie?

La population autochtone du Canada est en augmentation. Ainsi, la part de la population canadienne s’identifiant comme Autochtone à l’Enquête nationale auprès des ménages de 2011 était de 4,3 %, alors qu’elle était de 3,3 % en 200113. Environ 61 % des Autochtones se sont identifiés comme membres des Premières Nations (la moitié de ces personnes vivaient dans une réserve), 32 % comme Métis seulement et 4,2 % comme Inuits seulement14. Il est important de noter que près de 15 % des Autochtones déclarent avoir pour langue maternelle une langue autochtone, ce qui influe probablement sur leurs résultats aux tests du Programme pour l’évaluation internationale des compétences des adultes (PEICA), qui sont uniquement administrés en anglais ou en français15. Le PEICA a suréchantillonné la population autochtone afin de mieux évaluer les compétences de cette population diversifiée. Seuls les Autochtones vivant à l’extérieur des réserves ont participé au test16.

Des données détaillées sont disponibles sur les résultats des Autochtones dans l’ensemble du Canada et dans quatre provinces (Ontario, Manitoba, Saskatchewan et Colombie-Britannique). En général, les Autochtones sont beaucoup moins susceptibles que les non-Autochtones d’avoir de hautes compétences en littératie. C’est au Manitoba que l’écart entre ces deux groupes est le plus grand. En effet, 15,1 % des non-Autochtones ont de hautes compétences, contre 6,8 % des Autochtones. L’Ontario affiche l’écart le plus faible.

Certes, pareil écart est inquiétant, mais il est rassurant de voir que les Autochtones et les non-Autochtones ayant des niveaux d’études similaires ont aussi des niveaux de compétences semblables en littératie17. De toute évidence, l’amélioration des résultats scolaires est un facteur important dans l’amélioration des compétences de la population autochtone. Toutefois, afin de comprendre pleinement les raisons des écarts et d’établir les mesures et les politiques nécessaires pour les combler, il faut mener une analyse beaucoup plus approfondie, tenant compte des spécificités des Autochtones.

Les taux de littératie élevée ont-ils évolué au cours des années?

Depuis une vingtaine d’années, on compare de temps en temps les compétences en littératie des adultes de différents pays. Malheureusement, une comparaison directe des résultats n’est pas possible pour plusieurs raisons, y compris le fait que la notion de littératie a évolué afin de tenir compte de la nouvelle réalité des textes numériques18. Cependant, Statistique Canada a réévalué et rééchelonné les données de l’Enquête sur la littératie et les compétences des adultes (ELCA) de 2003 afin de permettre une comparaison à l’échelle du Canada seulement. D’autres travaux sont en cours pour permettre une ventilation plus détaillée par province19. Les données réévaluées révèlent qu’en 2003, 18 % des adultes avaient de hautes compétences en littératie20. On est tombé à 14 % en 2012. Malgré les efforts déployés pour améliorer les taux de littératie des adultes au Canada, les résultats se sont dégradés ces dix dernières années pour ce qui est des hautes compétences en littératie.

Notes de bas de page

1    Statistique Canada, Emploi et Développement social Canada et Conseil des ministres de l’Éducation (Canada), Les compétences au Canada : Premiers résultats du Programme pour l’évaluation internationale des compétences des adultes, n° au catalogue 89-555-X, Ottawa, Statistique Canada, 2013, p. 6.

2    OCDE, Perspectives de l’OCDE sur les compétences 2013 : Premiers résultats de l’Évaluation des compétences des adultes, Paris, OCDE, 2013, Paris, OCDE, 2013, p. 26-27.

3    Douglas Watt and Daniel Munro, Skills for Business Innovation Success: It’s People Who Innovate. (Ottawa, Le Conference Board du Canada, 2014), 15.

4    OCDE, Perspectives de l’OCDE sur les compétences 2013 : Premiers résultats de l’Évaluation des compétences des adultes, Paris, OCDE, 2013, Paris, OCDE, 2013, p. 27.

5    Ibid., 64.

6    Statistique Canada, Les compétences au Canada : Premiers résultats du Programme pour l’évaluation internationale des compétences des adultes, Ottawa, Statistique Canada, 2013, p. 8.

7    Emploi et Développement social Canada, Apprentissage – Littératie des adultes.

8    Statistique Canada, Emploi et Développement social Canada et Conseil des ministres de l’Éducation (Canada), Les compétences au Canada : Premiers résultats du Programme pour l’évaluation internationale des compétences des adultes, n° au catalogue 89-555-X, Ottawa, Statistique Canada, 2013, p. 15.

9    Ibid.

10    Pour comparer les provinces canadiennes les unes par rapport aux autres, nous avons d’abord déterminé leur note moyenne et l’écart type des valeurs provinciales. L’écart type est la mesure de la variabilité qui existe à l’intérieur d’un ensemble de résultats. Si les résultats sont normalement répartis (c’est-à-dire que leur dispersion ne penche pas lourdement d’un côté ou de l’autre ou qu’elle ne comporte pas d’aberrations importantes), environ 68 % des résultats se trouveront à un écart type au-dessus ou en dessous de la moyenne. Toute province qui se situe à un écart type au-dessus de la moyenne est dite « supérieure à la moyenne ». Les provinces qui se situent à un écart type en dessous de la moyenne sont dites « inférieures à la moyenne ». Les autres provinces ont un rendement qui les situe « dans la moyenne ».

11    Statistique Canada, Emploi et Développement social Canada et Conseil des ministres de l’Éducation (Canada), Les compétences au Canada : Premiers résultats du Programme pour l’évaluation internationale des compétences des adultes, no 89-555-X au catalogue, Ottawa, Statistique Canada, 2013, p. 49.

12    Statistique Canada, Immigration et diversité ethnoculturelle au Canada, no 99-010-X au catalogue, Ottawa, Statistique Canada, 2014.

13    Statistique Canada, Les peuples autochtones au Canada : Premières Nations, Métis et Inuits, no 99-011-X au catalogue, Ottawa, Statistique Canada, 2014.

14    Ibid.

15    Statistique Canada, Les peuples autochtones et la langue, no 99-011-X au catalogue, Ottawa, Statistique Canada, 2014.

16    Sur les 1 400 685 personnes s’identifiant comme Autochtones en 2011, environ 1 086 319 (78 %) vivaient à l’extérieur des réserves.

17    Conseil des ministres de l’Éducation (Canada), PEICA au Canada, diaporama, 2013.

18    Statistique Canada, Emploi et Développement social Canada et Conseil des ministres de l’Éducation (Canada), Les compétences au Canada : Premiers résultats du Programme pour l’évaluation internationale des compétences des adultes, n° au catalogue 89-555-X, Ottawa, Statistique Canada, 2013, p. 57.

19    Ibid., 55.

20    Ibid., 99.