Production de déchets

Messages clés

  • La Nouvelle-Écosse, qui produit la plus petite quantité de déchets par habitant de toutes les provinces (386 kg), décroche un « A ».
  • L’Alberta, qui produit le plus de déchets avec 1 007 kg par habitant, reçoit un « D ».
  • Le Canada produit en moyenne 720 kg de déchets par habitant.

Mettre la production de déchets municipaux en contexte

Tous les déchets collectés peuvent être traités de deux façons. Ils peuvent soit être éliminés, habituellement par incinération ou enfouissement dans des décharges, soit être détournés des décharges et des incinérateurs pour être recyclés ou compostés, en général. Les déchets éliminés (appellés ci-dessous déchets non récupérés) contribuent à des problèmes environnementaux comme la destruction d’habitats, la pollution des eaux de surface et souterraines, et d’autres formes de contamination des sols, de l’eau et de l’air. L’incinération dégage des substances toxiques, tandis que les décharges émettent du méthane (qui contribue au réchauffement de la planète) et d’autres gaz1.

Dans le cadre de ce bilan comparatif, nous analysons les déchets solides non récupérés par habitant provenant à la fois de sources résidentielles et non résidentielles au Canada et dans les provinces. Les déchets non résidentiels comprennent les déchets non dangereux produits par toutes les autres sources, notamment les déchets générés par l’industrie, l’activité commerciale et les institutions (secteur ICI), ainsi que la construction. Certains matériaux sont exclus des déchets non dangereux, comme l’asphalte, le béton, les briques, le sable et le gravier. Nous n’avons pas inclus les déchets qui sont récupérés pour être recyclés, compostés ou autre, vu que les impacts environnementaux des déchets récupérés sont bien moindres que ceux des déchets éliminés.

Bien que l’Organisation de coopération et développement économiques (OCDE) publie des rapports sur la production de déchets municipaux, des données similaires ne sont pas disponibles pour le Canada. Les données canadiennes ne sont ventilées que par sources résidentielles et non résidentielles. Alors que la plupart des déchets résidentiels sont collectés au Canada par les municipalités, certains mais pas tous les déchets non résidentiels sont collectés par le secteur privé. Comme cette catégorie de déchets n’est pas incluse dans les données de l’OCDE, les données disponibles pour le Canada ne sont pas comparables aux données fournies par l’OCDE. Par conséquent, nous avons évalué la production de déchets non récupérés dans les provinces seulement, sans faire de comparaisons avec les pays analysés dans ce bilan comparatif.

Comment se situent les provinces les unes par rapport aux autres?

Avec 386 kg de déchets non récupérés produits par habitant, la Nouvelle-Écosse fait mieux que toutes les autres provinces et décroche le seul « A ». La Colombie-Britannique (573 kg), le Nouveau-Brunswick (651 kg) et l’Ontario (673 kg) arrivent respectivement deuxième, troisième et quatrième au classement provincial, remportant un « B ». Terre-Neuve-et-Labrador (743 kg) et le Québec (749 kg) récoltent tous deux un « D ». Les trois dernières provinces ont des taux de production de déchets non récupérés bien au-dessus de la moyenne canadienne de 720 kg : le Manitoba (854 kg), la Saskatchewan (881 kg) et l’Alberta (1 007 kg) sont les provinces les plus mal classées, se voyant ainsi attribuer un « D ». Chacune de ces provinces produit plus du double de ce que produit le Néo-Écossais moyen par an. On ne dispose d’aucune donnée pour l’Île-du-Prince-Édouard.

Comment la performance du Canada et des provinces a-t-elle évolué au fil du temps?

De 2002 à 2012, la production annuelle de déchets non récupérés par habitant du Canada a baissé de 48 kg, soit de 6 % par rapport à 2002, alors qu’elle atteignait 768 kg. Cette tendance nationale était attribuable aux baisses enregistrées en Ontario (–124 kg), en Colombie-Britannique (–82 kg), au Québec (–37 kg) et en Nouvelle-Écosse (–30 kg). La production de déchets non récupérés par habitant a toutefois augmenté dans les autres provinces, relativement peu à Terre-Neuve-et-Labrador (+18 kg), mais davantage ailleurs : Manitoba (+78 kg), Alberta (+83 kg), Saskatchewan (+83 kg) et Nouveau-Brunswick (+99 kg).

Cependant, cette baisse globale du Canada sur 10 ans masque le fait qu’à l’échelle nationale, la production de déchets non récupérés par habitant a augmenté de 2002 à 2006, année où elle a atteint un record (811 kg), avant de baisser de nouveau. Cette tendance a été observée dans la plupart des provinces, excepté trois qui ont vu leur production de déchets non récupérés par habitant augmenter depuis 2006, à savoir le Manitoba (+89 kg), la Saskatchewan (+41 kg) et la Nouvelle-Écosse (+3 kg). Donc, si certaines provinces ont enregistré une augmentation nette depuis 2002, la plupart ont amorcé une tendance à la baisse et voient diminuer leur production de déchets non récupérés depuis quelques années.

Pourquoi le Canadiens produisent-ils autant de déchets?

L’augmentation de la production de déchets est liée aux taux d’urbanisation, aux types et aux habitudes de consommation, au revenu des ménages et aux modes de vie. Le revenu par habitant et le revenu disponible moyen des ménages ne cessent d’augmenter au Canada depuis les années 1980, ce qui entraîne une augmentation des taux de consommation des ménages.

À l’échelle nationale, la majeure partie des déchets canadiens non récupérés (62 %) proviennent de sources non résidentielles, comme l’industrie, les activités commerciales, les institutions et la construction. Cela varie quelque peu d’une province à l’autre. Terre-Neuve-et-Labrador est celle qui dévie le plus de la moyenne nationale, avec seulement 47 % de déchets non récupérés provenant de sources non résidentielles. À l’opposé se trouve l’Alberta, où 70 % des déchets non récupérés proviennent de sources non résidentielles.

Les différences de sources de production de déchets entre les provinces tiennent probablement aux différences entre leurs économies. Il ne semble cependant pas y avoir de forte corrélation avec le revenu par habitant. En Nouvelle-Écosse, qui produit le moins de déchets résidentiels non récupérés par habitant (154 kg), le revenu disponible par habitant est supérieur à celui de trois provinces qui produisent plus de déchets non récupérés par habitant, à savoir le Nouveau-Brunswick, le Québec et l’Île-du-Prince-Édouard2. À l’opposé, la province qui enregistre la plus grande production de déchets résidentiels non récupérés par habitant, à savoir Terre-Neuve-et-Labrador (393 kg), n’affichait que le cinquième revenu disponible par habitant en 2012. Les deux provinces où le revenu disponible par habitant est le plus élevé, soit l’Alberta et la Saskatchewan, ont une production de déchets résidentiels non récupérés par habitant (302 kg et 291 kg, respectivement) inférieure non seulement à celle de Terre-Neuve-et-Labrador, mais aussi à celle du Manitoba (376 kg) et du Québec (344 kg), provinces où le revenu disponible par habitant est plus bas que la moyenne nationale. Cela laisse supposer que des facteurs sans rapport avec la richesse expliquent les différences de production de déchets résidentiels non récupérés par habitant.

Le Canada et les provinces gèrent-ils leurs déchets de façon durable?

En 2012, le Canada a produit 33,4 millions de tonnes de déchets (incluant ceux qui ont été récupérés), dont 25 millions de tonnes ont fini dans des décharges ou des incinérateurs3. Le reste, soit 8,4 millions de tonnes (25 %), a été récupéré par le recyclage, la réutilisation ou le compostage4. En tout, 40 % du tonnage récupéré se composait de papier et matières connexes, et 29 % de matières organiques compostables. Les 31 % restants se composaient principalement de verre, de métaux, de plastique, d’appareils ménagers et de matériaux utilisés dans la construction.

À l’échelle nationale, les taux de récupération sont plus élevés en ce qui concerne les déchets résidentiels. Sur les 8,4 millions de tonnes récupérées, 4,7 provenaient de sources résidentielles5. Cela équivaut au tiers des 14,3 millions de tonnes de déchets produits au total par des sources résidentielles. Les sources non résidentielles, en revanche, ont produit 19,2 millions de tonnes de déchets, mais seulement 3,8 ont été récupérées, ce qui donne un taux de récupération de seulement 20 %. Par tonne, le taux de récupération résidentiel est de 50 % supérieur au taux de récupération non résidentiel (33 % contre 20 %). Il faut cependant noter que si l’on mesure les déchets en volume (p. ex. en mètres cubes au lieu de tonnes), les taux de récupération pourraient être différents en raison de la composition différente des déchets résidentiels et non résidentiels.

Les taux de récupération varient beaucoup d’une province à l’autre.

La Nouvelle-Écosse et la Colombie-Britannique affichent des résultats remarquables. Elles détournent en effet des décharges respectivement 41 et 37 % des déchets produits. Les taux de récupération du Québec, de l’Ontario et du Nouveau-Brunswick se situent entre 20 et 30 %, ce qui est proche de la moyenne nationale de 25 %. L’Alberta, le Manitoba et la Saskatchewan ont les taux de récupération les plus faibles, soit environ 15 % de la totalité des déchets produits, ou environ le tiers du taux de récupération de la Nouvelle-Écosse. À l’échelle nationale, le taux de réacheminement des déchets est resté relativement stable depuis 2002, passant de 22 à 25 % d’ici 2012.

Comme on pouvait s’y attendre, les provinces qui produisent la plus petite quantité de déchets non récupérés par habitant (Nouvelle-Écosse et Colombie-Britannique) ont également les taux de récupération de déchets les plus élevés. De même, les provinces qui produisent le plus de déchets par habitant (Alberta, Saskatchewan et Manitoba) ont les taux de récupération des déchets les plus faibles de toutes les provinces. Cela signifie donc que les provinces qui affichent les plus mauvais résultats peuvent suivre deux approches pour les améliorer : réduire leur production de déchets non récupérés et augmenter la quantité et le type de déchets récupérés.

Depuis quelques années, de nombreuses municipalités prennent des mesures pour récupérer davantage de déchets. Ottawa, par exemple, a institué en 2010 un programme de poubelle verte pour collecter et composter les déchets organiques. La ville est ensuite passée en 2012 à un ramassage des ordures bihebdomadaire. Globalement, ces changements ont fait passer le taux de récupération des déchets résidentiels d’Ottawa de 32 à 46 %6. Beaucoup d’autres villes ont des programmes de bacs verts similaires pour collecter les déchets organiques, dont Vancouver, Toronto, Montréal, Moncton et Halifax, tandis que d’autres, comme Calgary, comptent en mettre un en place dans un proche avenir.

De quoi le Canada a-t-il besoin pour améliorer ses pratiques de gestion durable des déchets?

La gestion des déchets municipaux est coûteuse. En 2012, les administrations municipales canadiennes ont consacré plus de 3,2 G$ à la collecte, au transport, à l’élimination et à la récupération des déchets7.

Le Canada doit effectuer une meilleure intégration des systèmes de gestion des déchets (en incluant dans tout système d’élimination la prévention, le recyclage et le compostage des déchets), tout en faisant de la réduction de l’impact sur l’environnement la priorité absolue. Pour établir des pratiques de gestion des déchets municipaux plus durables, le défi consistera à réduire la quantité de déchets solides produits, tout en augmentant la quantité de déchets récupérés dans les décharges grâce au recyclage et à d’autres initiatives économiquement viables.

Pour savoir comment certaines villes adoptent le concept d’écologie industrielle pour réduire les déchets, veuillez consulter le chapitre 4 de Mission Possible: Successful Canadian Cities, intitulé « Environmentally Sound Growth ».

Notes de bas de page

1    David R. Boyd, Canada vs. the OECD: An Environment Comparison, Victoria, Eco-Research Chair of Environmental Law and Policy, Université de Victoria, 2001 (consulté le 19 août 2008).

2    Statistique Canada, CANSIM tableau 384-5000, Données sur la performance économique provinciale et territoriale à long terme (consulté le 10 novembre 2015).

3    Statistique Canada, CANSIM tableau 153-0041, Élimination de déchets, selon la source, Canada, provinces et territoires (consulté le 9 juillet 2015).

4    Statistique Canada, CANSIM tableau 153-0043, Matières récupérées, selon le type, Canada, provinces et territoires (consulté le 9 juillet 2015).

5    Statistique Canada, CANSIM tableau 153-0042, Matières récupérées, selon la source, Canada, provinces et territoires (consulté le 9 juillet 2015).

6    Ville d’Ottawa, Déchets et recyclage : Données – aperçu (consulté le 24 novembre 2015).

7    Statistique Canada, CANSIM tableau 153-0045, Caractéristiques des administrations publiques de l’industrie de la gestion des déchets, Canada, provinces et territoires (consulté le 9 juillet 2015).