Émissions d’oxydes de soufre

Messages clés

  • L’Île-du-Prince-Édouard est la province la plus performante. Elle décroche un « A », mais se classe derrière sept des pays de comparaison.
  • Le Manitoba enregistre le taux le plus élevé d’émission d’oxydes de soufre parmi les provinces et pays du classement, ce qui lui vaut un « D– ».
  • Le Canada reçoit un « B », mais ne devance au classement qu’un seul pays, l’Australie.

Les émissions d’oxydes de soufre mises en contexte

Les oxydes de soufre sont émis lors de la combustion des combustibles fossiles et d’autres processus industriels. Parmi ses sources figurent donc les fonderies, les centrales électriques, les usines sidérurgiques, les raffineries pétrolières et les usines de pâtes et papiers. Il existe aussi des sources plus petites, dont le chauffage des locaux résidentiels, commerciaux et industriels. Les oxydes de soufre contribuent à la mauvaise qualité de l’air et peuvent affecter directement le système respiratoire des humains et des animaux, en déclenchant des maladies respiratoires et en aggravant les maladies respiratoires et cardiovasculaires existantes. Ils peuvent aussi endommager les écosystèmes aquatiques, les bâtiments, les cultures agricoles et les forêts.

Combinés aux oxydes d’azote, les oxydes de soufre réagissent avec d’autres substances pour former de la pluie, du brouillard ou de la neige acides. Les précipitations acides endommagent la végétation, les bâtiments et les matériaux, et contribuent à l’acidification des écosystèmes aquatiques et terrestres.

Le dioxyde de soufre (SO2) peut contribuer à la formation secondaire de matières particulaires fines d’un diamètre de 2,5 micromètres ou moins (PM2,5) en se combinant avec d’autres particules dans l’atmosphère pour former des sulfates. Les matières particulaires nuisent à la santé humaine et à l’environnement, tout en contribuant à la formation de la brume sèche régionale qui réduit la visibilité.

Comment les provinces s’en sortent-elles par rapport aux pays de comparaison?

La plupart des provinces se montrent peu performantes pour cet indicateur et se retrouvent au bas du classement par rapport aux pays de comparaison. L’Île-du-Prince-Édouard, première province au classement, décroche un « A » avec un taux d’émission de 4,1 kg par habitant, comparable à celui de la France (3,7 kg) et de la Belgique (4,3 kg). Malgré cette bonne note, elle se classe derrière sept des pays de comparaison. La Suisse affiche le plus bas taux d’émission par habitant, avec 1,4 kg, ce qui correspond environ au tiers du taux de l’Île-du-Prince-Édouard.

Trois autres provinces décrochent aussi un « A » pour cet indicateur : le Québec (14,9 kg), la Colombie-Britannique (16,6 kg) et l’Ontario (18,6 kg), qui émettent moins de 20 kg d’oxydes de soufre par habitant, un taux comparable à celui des États-Unis (15 kg). Cependant, ici aussi, malgré leur « A », ces provinces font pâle figure par rapport à la plupart des pays de comparaison. En fait, parmi les 15 pays comparables au Canada, seule l’Australie fait moins bien, avec un taux d’émission de 103 kg par habitant – soit plus de cinq fois le taux de l’Ontario.

Le Canada (31,6 kg), qui occupe l’avant-dernière place au classement des pays, obtient globalement un « B », tout comme le Nouveau-Brunswick (28,5 kg) et Terre-Neuve-et-Labrador (48,4 kg). L’Alberta est la seule à recevoir un « C », avec un taux d’émission de 69,3 kg par habitant. La Nouvelle-Écosse (79,9 kg) et la Saskatchewan (88,2 kg) obtiennent toutes deux un « D », avec un taux compris entre 80 et 90 kg par habitant.

Le Manitoba écope quant à lui d’un désastreux « D– » et se classe en queue de peloton avec un taux d’émission d’oxydes de soufre de 122,5 kg par habitant.

Comment les provinces s’en sortent-elles les unes par rapport aux autres?

L’Île-du-Prince-Édouard est de loin la province la plus performante à cet égard, avec un taux de seulement 4 kg par habitant. Le Québec, la Colombie-Britannique et l’Ontario affichent également des taux d’émission relativement bas – même si les taux de ces provinces, qui se situent entre 15 et 20 kg par habitant, sont entre quatre et cinq fois supérieurs à celui de l’Île-du-Prince-Édouard.

Le Nouveau-Brunswick et Terre-Neuve-et-Labrador se classent en milieu de peloton, avec un taux environ 8 à 12 fois supérieur à celui de l’Île-du-Prince-Édouard.

L’Alberta, la Nouvelle-Écosse et la Saskatchewan s’en sortent mal pour cet indicateur, avec un taux compris entre 80 et 90 kg par habitant.

Le Manitoba est la province la moins bien classée, avec un taux d’émission d’oxydes de soufre légèrement supérieur à 122 kg par habitant – soit près de 30 fois le taux de l’Île-du-Prince-Édouard.

Comment les territoires s’en sortent-ils pour cet indicateur?

Le Yukon affiche un très bas taux d’émission d’oxydes de soufre, avec seulement 1 kg par habitant, et décroche un « A+ », arrivant en tête du classement général. Ce faible taux d’émission est principalement due à la diminution de la production de gaz naturel sur le territoire. Avant 2013, l’industrie pétrolière en amont générait plus de 95 % des émissions d’oxydes de soufre du Yukon. Cependant, la production de gaz naturel a été interrompue en 2012, ce qui a entraîné une diminution drastique des émissions du Yukon.

Les Territoires du Nord-Ouest et le Nunavut se montrent également performants, obtenant un « A » pour leurs taux d’émission respectifs de 18 kg et 24 kg par habitant.

Nous n’incluons pas les territoires dans nos calculs aux fins des comparaisons provinciales et internationales, car les données pour chacun des territoires ne sont pas disponibles pour plusieurs indicateurs du bilan comparatif de l’environnement. Cependant, le Conference Board entend inclure les territoires dans son analyse et fournit donc des renseignements sur leur performance quand des données sont disponibles.

Comment la performance du Canada et des provinces a-t-elle évolué au fil du temps?

Les émissions d’oxydes de soufre par habitant au Canada ont chuté de 71 %, passant de 111 kg en 1990 à 32 kg en 2014. La plupart des provinces ont réduit d’au moins 50 % leurs émissions d’oxydes de soufre par habitant. La seule exception est la Saskatchewan, qui n’a réduit ses émissions que de 11 % depuis 1990.

Dans la plupart des provinces, les réductions des taux d’émission ont été régulières et progressives, à quelques exceptions près. Le Manitoba est un cas particulier, étant donné qu’au début des années 1990, il avait un taux d’émission largement supérieur à celui des autres provinces. De 2007 à 2011, il a nettement réduit ce taux grâce à la diminution de ses émissions dues aux industries de la fonderie et du raffinage, qui restent toutefois à l’origine de la grande majorité des émissions d’oxydes de soufre dans cette province. Les émissions de la province ont toutefois augmenté de plus de 20 % en termes absolus depuis 2011, année où elles avaient atteint un creux.

Où les provinces canadiennes doivent-elles chercher un modèle à suivre?

Si l’Île-du-Prince-Édouard se montre très performante à cet indicateur, la plupart des provinces canadiennes se classent derrière presque tous les pays de comparaison et pourraient nettement réduire leurs émissions d’oxydes de soufre.

Les pays de comparaison européens surclassent depuis longtemps le Canada et les États-Unis sur le plan de la réduction des émissions d’oxydes de soufre. Les États-Unis, comme le Canada, ont réduit leurs émissions par habitant dans une moindre proportion par rapport aux autres pays du classement.

Les pays européens ont montré qu’il était possible de réduire considérablement les émissions d’oxydes de soufre en relativement peu de temps. Ainsi, en 1990, l’Allemagne et le Royaume-Uni enregistraient un taux d’émission annuel nettement supérieur à celui du Canada. Cependant, en 2012, ces deux pays avaient réduit leurs émissions à un niveau largement inférieur à celui du Canada, et leurs niveaux d’émissions par habitant étaient inférieurs à ceux de toutes les provinces, à l’exception de l’Île-du-Prince-Édouard.

L’Allemagne a remplacé ses vieilles installations de combustion par des nouvelles qui utilisent une technologie plus perfectionnée. Elle a aussi réglementé la désulfuration des gaz de combustion (gaz d’échappement) émis par les grandes usines de combustion de l’est du pays, et est passée du charbon, qui contient un taux élevé de soufre, à des carburants gazeux et liquides, qui en contiennent moins.

Résultat? L’Allemagne a réduit ses émissions d’oxydes de soufre de plus de 90 % (en chiffres absolus) entre 1990 et 20121. Cette baisse a été enregistrée même si les deux tiers de l’électricité allemande sont produits par la combustion de combustibles fossiles2. Cela démontre qu’il est possible de réduire nettement les émissions d’oxydes de soufre, y compris dans les provinces ayant une forte dépendance à la combustion pour produire l’électricité.

Les récentes mesures prises au Canada devraient aider à réduire davantage les émissions d’oxydes de soufre. En 2012, le Conseil canadien des ministres de l’Environnement (un conseil intergouvernemental qui facilite la prise de mesures environnementales concertées entre les ordres de gouvernement fédéral, provincial et territorial), à l’exception du ministre de l’Environnement du Québec, a décidé de mettre en œuvre un système pancanadien de gestion de la qualité de l’air – un ensemble de lignes directrices pour surveiller les émissions et fixer des normes à cet égard. Ce système comprend des normes sur la qualité de l’air – définies selon les normes canadiennes de qualité de l’air ambiant – pour les particules fines (PM2,5) et l’ozone. Des normes sont en cours d’élaboration pour le dioxyde d’azote (NO2) et le dioxyde de soufre (SO2). Le système de gestion de la qualité de l’air délimite aussi des zones atmosphériques (à l’intérieur des provinces et des territoires) et des bassins atmosphériques régionaux (qui transcendent les frontières provinciales et territoriales) afin de guider la coopération entre les différentes administrations pour se conformer aux normes canadiennes de qualité de l’air ambiant. De plus, il fixe des exigences de base relatives aux émissions industrielles afin d’uniformiser les normes sur les émissions à l’intention des industries du Canada et exige que des données sur les émissions et la qualité de l’air ambiant soient rendues publiques.

Notes de bas de page

1    OCDE, OECD Stats : Émissions de polluants de l’air (consulté le 9 juillet 2015).

2    Agence internationale de l’énergie, Monthly Electricity Statistics (consulté le 9 juillet 2015).