Titulaires de doctorat

Messages clés

  • Le Québec est la seule province à obtenir un « C » à cet indicateur; les neuf autres provinces obtiennent un « D » ou un « D- ».
  • Cinq provinces se voient attribuer un « D- » en raison de leur pourcentage de doctorats inférieur à celui du pays comparable le plus mal classé, à savoir le Japon.
  • Le nombre élevé de diplômés qui comptent quitter le Canada après leurs études de doctorat ajoute au problème de faibles taux d’obtention de doctorat dans les provinces.

Les titulaires de doctorat mis en contexte

Pour créer, commercialiser et diffuser l’innovation, il faut des gens hautement qualifiés. Non seulement les titulaires de doctorat sont qualifiés pour mener des travaux de recherche de pointe, mais ils constituent aussi une communauté réceptrice importante qui prend de nouvelles idées et de nouvelles technologies pour produire des produits et services nouveaux ou améliorés. Avec leurs connaissances et leurs compétences, les titulaires de doctorat sont bien placés pour créer des entreprises et des emplois qui feront progresser l’économie.

Nous examinons la cohorte d’âges des 25 à 39 ans parce que, d’après l’OCDE, c’est généralement dans cette fourchette d’âge que se trouvent les diplômés des programmes de recherche dans les pays de comparaison1.

Comment se classent les provinces en taux d’obtention de doctorat par rapport aux pays comparables au Canada?

Les taux d’obtention de doctorat dans les provinces sont étonnamment faibles par rapport aux taux des pays comparables au Canada. Globalement, le Canada occupe l’avant-dernier rang du classement. Cinq provinces obtiennent un « D-», leur taux d’obtention de doctorat étant inférieur à celui du bon dernier du classement, le Japon. Quatre provinces obtiennent un « D ». Avec un petit « C », le Québec est la province la mieux classée, juste devant l’Ontario, qui obtient un « D ».

Pourquoi le Canada se trouve-t-il au fond de la classe?

Le faible taux d’obtention de doctorat du Canada semble tenir à un problème structurel dans tout le pays, car toutes les provinces produisent toujours moins de doctorats proportionnellement que la plupart des pays de comparaison. Malgré l’importance des titulaires de doctorat pour l’innovation, le secteur privé canadien n’incite pas assez les étudiants à acquérir des compétences de pointe en sciences et en technologie, ainsi que des compétences en gestion des affaires. En comparaison des entreprises américaines, dans la plupart des secteurs d’activité, les entreprises canadiennes embauchent moins de titulaires de doctorat et les paient moins, ce qui explique peut-être en partie pourquoi moins d’étudiants font des études de doctorat au Canada2.

Dans un récent rapport sur les résultats du Canada en matière d’éducation, l’OCDE souligne que son piètre classement pour ce qui est des doctorats [traduction] « tient peut-être en partie à la faible demande de compétences avancées sur le marché du travail3 ». Les auteurs en citent pour preuve une enquête réalisée auprès de plus de 1 000 entreprises canadiennes effectuant de la R et D dont il ressort que seulement 18 % comptent des titulaires de doctorat dans leur effectif de R et D4.

De plus, le système éducatif canadien n’encourage pas assez d’étudiants à obtenir des diplômes d’études supérieures, surtout dans les disciplines scientifiques et techniques sur lesquelles repose l’innovation découlant de la R et D – peut-être parce que le financement est trop éparpillé entre des universités toujours plus nombreuses. Alors que le Canada affiche un taux d’achèvement des études secondaires, collégiales et universitaires supérieur à la moyenne – ce qui témoigne de l’efficacité du système éducatif pour la plupart des participants –, il n’obtient pas d’aussi bons résultats en haut de l’échelle pour ce qui est des personnes plus instruites et plus novatrices. Le Canada n’attire pas autant de diplômés dans ses programmes de recherche avancée, sans doute en partie parce qu’il a tendance à se concentrer sur le développement de la capacité de recherche régionale, par opposition au développement d’un certain nombre d’établissements hautement spécialisés de réputation mondiale.

Comment se situent les provinces les unes par rapport aux autres?

En plus de classer les provinces par rapport à des pays comparables au Canada, nous les avons comparées entre elles et réparties selon trois catégories : « supérieure à la moyenne », « dans la moyenne » et « inférieure à la moyenne »5.

Le Québec et l’Ontario ont tous deux une part de titulaires de doctorat supérieure à la moyenne si l’on compare les provinces entre elles seulement. Le Manitoba, le Nouveau-Brunswick et l’Î.-P.-É. se situent sous la moyenne. Les trois provinces les mieux classées pour cet indicateur sont également celles où se trouvent les plus grandes universités canadiennes et les universités qui proposent les programmes d’études supérieures les plus poussés. Cependant, les gens ne s’établissent pas forcément là où ils ont obtenu leur diplôme. Il ressort d’une enquête de Statistique Canada auprès de titulaires de doctorat que 20 % d’entre eux comptent quitter le Canada (au moins pendant un certain temps) une fois leurs études terminées. Aucune précision n’est donnée quant au nombre de titulaires de doctorat qui ont l’intention de déménager dans d’autres provinces6.

L’Enquête nationale auprès des ménages de 2011 fournit quelques éclaircissements sur la répartition des titulaires de doctorat entre les provinces. D’après l’enquête, 0,88 % des adultes en âge de travailler (de 25 à 64 ans) étaient titulaires d’un doctorat7 en 2011 au Canada. La plus forte proportion se trouvait en Ontario et en Colombie-Britannique, et les plus faibles taux, au Nouveau-Brunswick et à Terre-Neuve-et-Labrador. Les titulaires de doctorat sont plus mobiles que les diplômés des collèges et des universités et ils vont davantage là où l’exige le marché du travail8.

Le classement provincial s’est-il amélioré en ce qui concerne les titulaires de doctorat?

Le Québec est la seule province qui s’est améliorée par rapport aux pays comparables au Canada, puisqu’en 2010, elle était déjà passée d’un « D » à un « C ». Cependant, cette absence d’amélioration ne signifie pas qu’il n’y a pas eu de progrès. En fait, les provinces de l’Atlantique affichent les plus fortes augmentations de taux d’obtention de doctorat en pourcentage. Au cours des 10 dernières années, l’Î.-P.-É. a enregistré un taux de croissance annuel moyen de 12,7 %, Terre-Neuve-et-Labrador de 9,7 %, la Nouvelle-Écosse de 8,5 % et le Nouveau-Brunswick de 7 %. Malheureusement, comme elles partaient de plus bas, elles demeurent encore assez loin au classement, malgré cette nette croissance.

Que devraient faire les autres provinces pour obtenir un « C » comme le Québec?

Pour que l’Ontario – qui se classe juste derrière le Québec – décroche un « C », il aurait fallu que la province compte 278 titulaires de doctorat en plus en 2011, c’est-à-dire 2 693 au lieu de 2 415. Bonne dernière au classement, l’Î.-P.-É. aurait quant à elle dû tripler pratiquement son nombre de diplômés en 2011 (26 au lieu de 9) pour obtenir un « C ».

Les provinces verront-elles bientôt des améliorations?

D’autres pays font beaucoup mieux que le Canada pour ce qui est du taux de titulaires de doctorat. En 2000, neuf pays se sont vus attribuer un « D ». Depuis, ils ont tous augmenté leur nombre de titulaires de doctorat, mais le Japon et le Canada ont enregistré la plus faible hausse à cet égard. Résultat, seuls ces deux derniers pays se maintiennent à « D ».

La piètre performance pour ce qui est de cet indicateur est très préoccupante et elle n’est pas de bon augure. Le Canada offre moins d’emplois et d’incitations salariales que d’autres pays pour encourager les étudiants à poursuivre des études de doctorat. Son bassin déjà peu nombreux de titulaires de doctorat continue de diminuer, plus de 20 % de ces diplômés comptant quitter ce pays (au moins pour un temps) une fois leurs études terminées9.

Notes de bas de page

1    OCDE, Regards sur l’éducation 2013 : les indicateurs de l’OCDE, Paris, OCDE, 2013, p. 61.

2    Industrie Canada, Réaliser le potentiel des sciences et de la technologie au profit du Canada, Ottawa, Industrie Canada, 2007, p. 31.

3    Calista Cheung, Yvan Guillemette et Shahrzad Mobasher-Fard, « Tertiary Education: Developing Skills for Innovation and Long-Term Growth in Canada », Documents de travail du Département des affaires économiques, n° 991, Paris, Éditions OCDE, 2012, p. 25.

4    Examen du soutien fédéral de la recherche-développement, Innovation Canada : Le pouvoir d’agir, Rapport final du groupe d’experts, Ottawa, Industrie Canada, 2011, p. 5-5..

5    Pour comparer les provinces canadiennes les unes par rapport aux autres, nous avons d’abord déterminé leur note moyenne et l’écart type des valeurs provinciales. L’écart type est la mesure de la variabilité qui existe à l’intérieur d’un ensemble de résultats. Si les résultats sont normalement répartis (c’est-à-dire que leur dispersion ne penche pas lourdement d’un côté ou de l’autre ou qu’elle ne comporte pas d’aberrations importantes), environ 68 % des résultats se trouveront à un écart type au-dessus ou en dessous de la moyenne. Toute province qui se situe à un écart type au-dessus de la moyenne est dite « supérieure à la moyenne ». Les provinces qui se situent à un écart type en dessous de la moyenne sont dites « inférieures à la moyenne ». Les autres provinces ont un rendement qui les situe « dans la moyenne ».

6    Louise Desjardins et Darren King, Espérances et résultats sur le marché du travail des titulaires de doctorat des universités canadiennes, Ottawa, Statistique Canada, Ressources humaines et Développement des compétences Canada, 2011, p. 21.

7    Statistique Canada, Enquête nationale auprès des ménages de 2011, Tableaux de données n° 99-012-X2011040 au catalogue.

8    Laudeline Auriol, Careers of Doctorate Holders: Employment and Mobility Patterns, Paris, OCDE, 2010), p. 18.

9    Louise Desjardins et Darren King, Espérances et résultats sur le marché du travail des titulaires de doctorat des universités canadiennes, Ottawa, Statistique Canada, Ressources humaines et Développement des compétences Canada, 2011, p. 21.