État de santé mentale autodéclaré

Messages clés

  • Terre-Neuve-et-Labrador se classe au premier rang des provinces en ce qui a trait à l’état de santé mentale autodéclaré, près de 75 % de ses habitants qualifiant leur état de santé mentale de « très bon » ou d’« excellent ».
  • Les trois territoires occupent les dernières positions du classement pour cet indicateur.
  • La première stratégie en matière de santé mentale au Canada a été lancée en 2012.

Mettre l’état de santé mentale autodéclaré en contexte

Ensemble, la santé physique et la santé mentale déterminent l’état de santé général d’une personne et influent sur sa qualité de vie. De nos jours, la notion de bonne santé mentale ne consiste pas seulement en une absence de maladies mentales (troubles mentaux ou affectifs, ou détresse, par exemple), mais aussi en la présence de facteurs comme la capacité à jouir de la vie1.

La dépression, l’une des premières causes d’incapacité, touche environ 121 millions de personnes dans le monde2. Les troubles de l’humeur, qui comprennent la dépression et le trouble affectif bipolaire, figurent parmi les maladies mentales les plus courantes au sein de la population canadienne. Selon l’enquête de Statistique Canada sur la santé mentale et le bien-être réalisée dans le cadre de l’Enquête sur la santé dans les collectivités canadiennes, un adulte sur sept a souffert d’un trouble de l’humeur à un moment de sa vie, d’après les symptômes déclarés3. On estime que 20 % des Canadiens seront touchés par la maladie mentale au cours de leur vie. En outre, « près de la moitié (49 %) des gens estimant avoir déjà été atteints de dépression ou d’anxiété n’ont jamais consulté un médecin à ce sujet4. »

En général, on ne se fonde pas sur les taux de mortalité pour évaluer l’incidence des troubles mentaux, car les personnes qui en sont atteintes n’en meurent pas toutes; d’ailleurs, la plupart ne sont même pas hospitalisées. Pourtant, les troubles mentaux demeurent la deuxième cause d’hospitalisation des Canadiens de 15 à 34 ans, et la troisième chez ceux de 35 à 44 ans5. La prévalence des troubles de l’humeur au Canada continue d’augmenter : 7,5 % des Canadiens de 12 ans et plus ont reçu un diagnostic de trouble de l’humeur en 2013, contre 5,1 % en 20036.

L’état de santé mentale autodéclaré est une mesure subjective de l’état de santé mentale général. Il donne une indication de la part de la population souffrant d’une « forme de trouble mental, de problème mental ou émotionnel ou de détresse qui n’est pas nécessairement reflétée dans l’autoperception de la santé7. »

Quels sont les facteurs de risque des troubles mentaux?

Les troubles mentaux résultent d’une interaction complexe de facteurs, allant de la génétique aux influences liées à la biologie, à la personnalité et à l’environnement. Parmi les facteurs de risque, on note les antécédents familiaux de maladies mentales; la famille, le milieu de travail et le stress lié à certains événements de la vie; les maladies chroniques; la consommation de substances, l’âge et le sexe – les risques variant selon le trouble mental8.

Selon Santé Canada, les « maladies mentales sont caractérisées par des altérations de la pensée, de l’humeur ou du comportement […] associées à un état de détresse et à un dysfonctionnement marqués. » Les maladies mentales comprennent, par exemple, la dépression majeure et le trouble bipolaire, la schizophrénie, les troubles anxieux, les troubles de la personnalité, les troubles de l’alimentation, les toxicomanies et l’état de stress post-traumatique. « Les symptômes de la maladie mentale varient de légers à graves, selon le type de maladie mentale, la personne, la famille et le contexte socioéconomique9. »

Comment les provinces et les territoires qualifient-ils leur état de santé mentale?

Terre-Neuve-et-Labrador affiche le taux de santé mentale perçue le plus enviable parmi les provinces et les territoires – 74,5 % de ses habitants de 12 ans et plus ont qualifié leur état de santé mentale d’« excellent » ou de « très bon » en 2013. Le Québec suit tout juste derrière avec un taux de 73,9 %. Le Nunavut arrive bon dernier et présente une valeur aberrante : seulement 55 % de sa population de 12 ans et plus juge son état de santé mentale comme étant « excellent » ou « très bon », ce qui est beaucoup plus bas que la moyenne canadienne de 71,6 %.

Au chapitre de l’état de santé mentale autodéclaré, les trois territoires occupent les dernières positions du classement. Comme le Nunavut représente une valeur aberrante, le Yukon et les Territoires du Nord-Ouest reçoivent la note « B », même si leur rang est plutôt bas par rapport aux provinces. Si on exclut le Nunavut du bilan, les deux autres territoires obtiennent un « D » et trois provinces méritent la note « A » : Terre-Neuve-et-Labrador, le Québec et l’Alberta.


Dans quelle mesure ce classement reflète-t-il l’état de santé autodéclaré?

Dans l’ensemble, le classement lié à l’état de santé mentale autodéclaré reflète celui établi pour l’état de santé autodéclaré. Les provinces du Québec, de l’Alberta et du Manitoba affichent de bons résultats aux deux indicateurs, tandis que le Nunavut arrive bon dernier. On note toutefois certaines différences. Les Territoires du Nord-Ouest se situent à l’avant-dernier rang au chapitre de l’état de santé mentale autodéclaré, mais ils obtiennent un « A+ » pour l’état de santé général autodéclaré, devançant ainsi les provinces, les territoires et les pays de comparaison. Le Yukon aussi tire bien son épingle du jeu relativement à l’état de santé autodéclaré, mais affiche un piètre rendement quant à l’état de santé mentale autodéclaré.

À l’inverse, Terre-Neuve-et-Labrador et la Saskatchewan se classent derrière les autres provinces et les territoires pour l’état de santé autodéclaré, mais obtiennent de bien meilleurs résultats en ce qui concerne l’état de santé mentale autodéclaré. En fait, Terre-Neuve-et-Labrador mène le classement national pour l’indicateur de l’état de santé mentale autodéclaré, mais se situe sous la moyenne nationale pour l’état de santé autodéclaré. 

Les Canadiens devraient-ils se préoccuper de la santé mentale?

Oui. L’augmentation du taux de maladie mentale est inquiétante pour plusieurs raisons. Les services de santé au Canada – en particulier dans le domaine de la santé mentale – requièrent une réforme approfondie. D’aucuns déplorent la stigmatisation dont fait l’objet la maladie mentale, y compris les préjugés entretenus par les professionnels de la santé. Le manque d’interventions précoces pose aussi des problèmes et entraîne d’importantes répercussions économiques.   

La maladie mentale est un grave problème également au sein de la population autochtone, notamment chez les jeunes. Au Canada, le taux de suicide des Autochtones est de deux à trois fois supérieur à celui des non-Autochtones. Fait encore plus troublant, le taux de suicide chez les jeunes Autochtones est de cinq à six fois plus élevé que chez les jeunes non-Autochtones10.

Quelle incidence a la maladie mentale sur les Canadiens en milieu de travail?

La maladie mentale a non seulement des répercussions sur les relations interpersonnelles, la santé physique et le fonctionnement social, mais elle peut également avoir des effets défavorables sur le rendement au travail. Il est difficile de mesurer cette incidence avec précision, car dans bien des cas, les personnes aux prises avec une maladie mentale continuent de se rendre au travail. Toutefois, on estime que le fardeau économique de la maladie mentale au Canada s’élève à environ 51 G$ par année11. Ce calcul comprend les coûts liés aux soins de santé, à la perte de productivité et à la diminution de la qualité de vie associée à l’état de santé.

Le Conference Board du Canada a publié une étude intitulée Créer des milieux de travail propices à la santé mentale, fondée sur les résultats d’un sondage national mené en 2011 auprès de plus d’un millier d’employés. Parmi les employés qui ont répondu au questionnaire, 12 % d’entre eux ont dit qu’ils étaient actuellement aux prises avec un problème de santé mentale et 32 % qu’ils l’avaient été par le passé. Ainsi, près de la moitié des employés sondés ont déclaré avoir souffert d’un problème de santé mentale à un moment de leur vie12. Dans un autre rapport publié en 2012, le Conference Board estimait que la santé mentale coûtait au Canada 20,7 G$ annuellement, résultat de la réduction du taux d’activité13.

Étant donné que les problèmes de santé mentale touchent une forte proportion d’employés en milieu de travail, les entreprises doivent apprendre à gérer la santé mentale et le mieux-être. Les cadres et les employés ne semblent pas être sur la même longueur d’onde quand on leur demande ce qu’ils pensent de la capacité du milieu de travail à offrir un environnement de santé mentale sain : 82 % des cadres ayant répondu au sondage du Conference Board estimaient que leur organisation offrait un environnement de travail propice à une bonne santé mentale, mais 30 % seulement des employés étaient du même avis14.

Que fait le Canada pour lutter contre la maladie mentale?

En mai 2006, le Comité sénatorial permanent des affaires sociales, des sciences et de la technologie a publié un rapport phare sur la santé mentale intitulé De l’ombre à la lumière. Ce rapport renferme plus de 100 recommandations qui couvrent l’ensemble du système de santé et qui pourraient avoir d’importantes répercussions sur ce volet fragmenté du système de santé. Par suite de ce rapport, le gouvernement fédéral a mis sur pied la Commission de la santé mentale en août 2007. Cette commission est devenue la pierre angulaire de la stratégie du Canada pour lutter contre les troubles mentaux.

En 2009, la Commission a lancé l’initiative Changer les mentalités, qui vise l’éradication de la stigmatisation associée à la maladie mentale au Canada. Changer les mentalités travaille avec des partenaires de partout au Canada pour combattre la stigmatisation parmi les fournisseurs de soins de santé, les jeunes, la population active et les médias15.

En 2012, la Commission a élaboré une stratégie en matière de santé mentale ayant pour objectif d’améliorer la santé mentale et le bien-être de toutes les personnes vivant au Canada et de créer un système de santé mentale pouvant véritablement répondre aux besoins des personnes ayant des troubles mentaux et des maladies mentales et de leurs proches. Elle lance un appel à tous les Canadiens pour qu’ils s’investissent davantage dans la cause de la santé mentale et qu’ils donnent naissance à un vaste mouvement social en faveur d’une meilleure santé mentale. Le fait de mieux faire connaître les enjeux liés à la santé mentale contribuera à atténuer la stigmatisation et aidera à faire en sorte que les personnes aux prises avec un trouble mental ou une maladie mentale soient traitées avec respect et dignité, tout en obtenant l’aide dont elles ont besoin16.

Notes de bas de page

1    Emploi et Développement social Canada, Indicateurs de mieux-être au Canada.

2    WorldOrganisation mondiale de la santé, Santé mentale : La dépression (consulté le 13 janvier 2012).

3    Agence de la santé publique du Canada, Qu’est-ce que la dépression? (consulté le 13 janvier 2012).

4    Association canadienne pour la santé mentale, Information rapide : La santé mentale/la maladie mentale (consulté le 25 novembre 2014).

5    Parachute Canada, Principales causes d’hospitalisation, Canada, 2009/2010 (consulté le 25 novembre 2014).

6    Statistique Canada, Trouble de l’humeur (consulté le 3 octobre 2014).

7    Statistique Canada, Santé mentale perçue (consulté le 3 octobre 2014).

8    Agence de la santé publique du Canada, Maladie mentale (consulté le 13 janvier 2012).

9    Agence de la santé publique du Canada, Aspect humain de la santé mentale et de la maladie mentale au Canada 2006.

10    Santé Canada, Savoir et AGIR : la prévention du suicide chez les jeunes des Premières nations (consulté le 27 février 2012).

11    K. L. Lim, P. Jacobs, A. Ohinmaa, D. Schopflocher et C. S. Dewa, « Une nouvelle mesure, fondée sur la population, du fardeau économique de la maladie mentale au Canada », Maladies chroniques au Canada, vol. 28, no 3 (2008), p. 103-110.

12    Karla Thorpe et Louise Chénier, Créer des milieux de travail propices à la santé mentale : Points de vue des employés et des gestionnaires de premier niveau, Ottawa, Le Conference Board du Canada, juin 2011, p. i.

13    The Conference Board of Canada, Mental Health Issues in the Labour Force: Reducing the Economic Impact on Canada (Ottawa: The Conference Board of Canada, July 2012).

14    Karla Thorpe et Louise Chénier, Créer des milieux de travail propices à la santé mentale : Points de vue des employés et des gestionnaires de premier niveau, Ottawa, Le Conference Board du Canada, juin 2011, p. ii.

15    Commission de la santé mentale du Canada, Changer les mentalités (consulté le 25 novembre 2014).

16    Commission de la santé mentale du Canada, Changer les orientations, changer des vies : Stratégie en matière de santé mentale pour le Canada, Calgary, Commission de la santé mentale du Canada, 2012.