Élèves ayant des compétences en compréhension de l’écrit insuffisantes

Messages clés

  • Seules trois provinces canadiennes sur 10 méritent un « A » ou un « A+ » en raison de leurs faibles proportions d’élèves montrant des compétences en compréhension de l’écrit insuffisantes.
  • La Colombie-Britannique obtient un « A+ », la plus haute note parmi toutes les provinces et tous les pays comparables au Canada.
  • La proportion d’élèves dont le niveau de compétence en compréhension de l’écrit est insuffisant a considérablement augmenté dans toutes les provinces sauf deux entre 2000 et 2012, ce qui signifie que bon nombre d’entre eux sont plus susceptibles d’abandonner leurs études et d’éprouver des difficultés sur le marché du travail.

Les compétences en compréhension de l’écrit mises en contexte

Le Programme international pour le suivi des acquis des élèves (PISA) est une évaluation internationale des compétences et des connaissances des élèves de 15 ans dont la coordination est assurée par l’Organisation de coopération et de développement économiques (OCDE). Le PISA analyse dans quelle mesure les élèves approchant du terme de leur scolarité obligatoire ont acquis les compétences essentielles pour participer pleinement à la société moderne, en particulier en mathématiques, en compréhension de l’écrit et en sciences1. Cinq évaluations PISA comparables des compétences en compréhension de l’écrit ont été réalisées, soit en 2000, 2003, 2006, 2009 et 2012.

Dans le contexte du PISA, la compréhension de l’écrit, « c’est non seulement comprendre et utiliser des textes écrits, mais aussi réfléchir à leurs propos et s’y engager. Cette capacité devrait permettre à chacun de réaliser ses objectifs, de développer ses connaissances et son potentiel, et de prendre une part active dans la société2 ».

Quelles compétences en compréhension de l’écrit le PISA mesure-t-il?

Les compétences en compréhension de l’écrit évaluées à l’aide du PISA sont beaucoup plus vastes que la simple capacité de lire, d’épeler et de reconnaître des mots. La compréhension de l’écrit désigne la capacité des élèves d’utiliser l’information écrite dans un éventail de situations réelles3. En partant du principe que la lecture est une activité qui permet d’atteindre d’autres buts, l’enquête PISA « s’attache essentiellement à évaluer dans quelle mesure les individus sont capables de construire, de développer et d’interpréter le sens de ce qu’ils lisent dans un vaste éventail de textes familiers à l’intérieur ou à l’extérieur du cadre scolaire4 ».

La compréhension de l’écrit, telle qu’elle est définie dans ce contexte, s’entend d’une compétence qui peut être utilisée pour extraire le sens de divers textes écrits et, ainsi, faciliter l’accomplissement d’autres tâches pratiques.

Qu’entend-on par compétences en compréhension de l’écrit insuffisantes?

Dans le cadre du PISA, les compétences en compréhension de l’écrit sont évaluées sur une échelle où un rendement de 6 correspondant au niveau le plus élevé et un rendement inférieur au niveau 1, au plus faible.  Il n’y a pas de ligne de démarcation permettant d’affirmer qu’une personne possède ou non des compétences en compréhension de l’écrit. Toutefois, on remarque que les élèves se classant au niveau 2 ne sont capables d’accomplir que les tâches de compréhension de l’écrit les plus simples définies pour le PISA. En effet, le niveau 2 est décrit comme étant « un niveau seuil de compétence, auquel les élèves commencent à manifester les compétences en lecture qui leur permettront de participer à la vie efficacement et de manière productive5 ». Les élèves qui se classent au niveau 2 ou en deçà n’ont pas acquis les compétences en compréhension de l’écrit requises pour participer de façon efficace et productive aux activités de la vie courante.

Où se situent les provinces par rapport à des pays comparables au Canada?

Dans son ensemble, le Canada s’en tire vraiment bien comparativement à des pays semblables. Grâce au fait que seulement 30 % des Canadiens de 15 ans se classent au niveau 2 ou plus bas à l’épreuve de compréhension de l’écrit du PISA, le Canada est devancé uniquement par le Japon et l’Irlande parmi les pays comparables. À l’échelle provinciale, cependant, on observe d’importants écarts à la grandeur du pays.  

La Colombie-Britannique, dont seuls 25,3 % des élèves sont aux prises avec un niveau de compétence en compréhension de l’écrit insuffisant, dépasse toutes les provinces et tous les pays, ce qui lui vaut un « A+ »6. L’Ontario et l’Alberta affichent un bon rendement par rapport aux autres provinces et aux pays de comparaison. En effet, leur proportion d’élèves ayant des compétences en compréhension de l’écrit insuffisantes – 28,1 % en Ontario et 29,9 % en Alberta – étant inférieure à la moyenne canadienne (30,3 %), elles méritent un « A » par rapport aux pays comparables au Canada. Le Québec s’en tire lui aussi raisonnablement bien avec une proportion légèrement supérieure à la moyenne canadienne (31,5 %), ce qui lui assure la note de « B ».

Par contre, près de 42 % des élèves au Nouveau-Brunswick, 43 % au Manitoba et près de 45 % à l’Î.-P.-É. possèdent des compétences en compréhension de l’écrit insuffisantes, si bien que ces trois provinces reçoivent un « D » lorsque comparées à des pays semblables au Canada. Sur la scène internationale, ces notes placent ces provinces aux côtés des États-Unis (41,5 %), de l’Autriche (43,7 %) et de la Suède (46,3 %) – pays qui ont tous obtenu un « D ».  

Comment s’en tirent les provinces les unes par rapport aux autres?

En plus de classer les provinces par rapport à des pays comparables au Canada, nous les avons comparées entre elles et réparties selon trois catégories : « supérieure à la moyenne », « dans la moyenne » et « inférieure à la moyenne »7.

On note des écarts importants à l’échelle du pays. La Colombie-Britannique et l’Ontario ont un rendement supérieur à la moyenne, tandis que l’Î.-P.-É. et le Manitoba si situent en deçà de la moyenne. Les six autres provinces sont dans la moyenne.

Comment a évolué dans les provinces le niveau de compétence en compréhension de l’écrit insuffisant?

Entre 2000 et 2012, la proportion d’élèves canadiens affichant un niveau de compétence en compréhension de l’écrit insuffisant a augmenté dans toutes les provinces sauf deux. En Colombie-Britannique, cette proportion a atteint un sommet de presque 31 % en 2009, mais en 2012, elle avait presque chuté au niveau le plus bas enregistré dans cette province au cours des dix dernières années. Même si ses résultats ont varié d’année en année, l’Ontario s’est retrouvé, en 2012, au même niveau qu’en 2000. Toutefois, comme toutes les autres provinces et bon nombre des pays de comparaison ont vu leur performance reculer, la note relative de l’Ontario est passée de « B » à « A ».

Les pires changements ont été observés au Manitoba, où la proportion d’élèves ayant des compétences en compréhension de l’écrit insuffisantes est passée de 29 % en 2000 à plus de 43 % en 2012, ainsi qu’à l’Î.-P.-É., où elle a bondi de 34,7 à près de 45 %. Même si la Saskatchewan a réussi à conserver une note de « C » au cours des quatre dernières épreuves, elle a vu sa proportion d’élèves aux prises avec des compétences insuffisantes en matière de compréhension de l’écrit augmenter de près de neuf points de pourcentage depuis 2000, pour s’établir à 37,2 % en 2012. La performance moindre au Manitoba et en Saskatchewan pourrait s’expliquer en partie par les proportions élevées d’élèves autochtones dans ces provinces (16,7 et 15,6 % respectivement) par rapport à la moyenne canadienne (4,3 %). L’épreuve du PISA, toutefois, n’a pas été administrée dans les écoles des Premières Nations, donc seuls les élèves autochtones des autres écoles ont été évalués.

Les résultats à l’épreuve de compréhension de l’écrit du PISA sont-ils un indicateur pertinent de la réussite scolaire future?

La diminution de la proportion d’élèves peu performants en compréhension de l’écrit est une cible importante tant pour les élèves que pour la société dans son ensemble, en raison des coûts économiques et sociaux considérables qu’entraîne une faible performance à l’école8. Selon l’OCDE, les « niveaux de compétence en compréhension de l’écrit sont des variables prédictives plus probantes de la prospérité économique et du bien-être social que les indicateurs du niveau de formation basés sur les années d’études et l’apprentissage postérieur à la formation initiale9 ».

Des études antérieures fondées sur les résultats du PISA établissent une corrélation entre les compétences en compréhension de l’écrit à 15 ans et les résultats plus tard dans la vie. Ainsi, les résultats de l’Enquête auprès des jeunes en transition, réalisée par Statistique Canada, révèlent une association étroite entre la compétence en lecture et le niveau de scolarité atteint : les élèves canadiens dans le quartile inférieur des performances en lecture du PISA étaient beaucoup plus susceptibles de décrocher du secondaire et moins susceptibles d’avoir achevé une année d’études postsecondaires que ceux dans le quartile supérieur des performances en lecture. L’étude a montré également que les performances en lecture des élèves de 15 ans étaient de bons indicateurs du revenu10.

Notes de bas de page

1    OCDE, Cadre d’évaluation et d’analyse du cycle PISA 2012 : Compétences en mathématiques, en compréhension de l’écrit, en sciences, en résolution de problèmes et en matières financières, Paris, OCDE, 2013, p. 26.

2    Ibid., 28.

3    Ibid., 176.

4    OCDE, Apprendre aujourd’hui, réussir demain – Premiers résultats de PISA 2003, Paris, OCDE, 2004, p. 299-300.

5    Statistique Canada, À la hauteur : Résultats canadiens de l’étude PISA de l’OCDE – La performance des jeunes du Canada en lecture, en mathématiques et en sciences.

6    Aucune donnée n’a été recueillie dans les trois territoires et les écoles des Premières Nations.

7    Pour comparer les provinces canadiennes les unes par rapport aux autres, nous avons d’abord déterminé leur note moyenne et l’écart type des valeurs provinciales. L’écart type est la mesure de la variabilité qui existe à l’intérieur d’un ensemble de résultats. Si les résultats sont normalement répartis (c’est-à-dire que leur dispersion ne penche pas lourdement d’un côté ou de l’autre ou qu’elle ne comporte pas d’aberrations importantes), environ 68 % des résultats se trouveront à un écart type au-dessus ou en dessous de la moyenne. Toute province qui se situe à un écart type au-dessus de la moyenne est dite « supérieure à la moyenne ». Les provinces qui se situent à un écart type en dessous de la moyenne sont dites « inférieures à la moyenne ». Les autres provinces ont un rendement qui les situe « dans la moyenne ».

8    OCDE, Résultats du PISA 2009 : Tendances dans l’apprentissage : L’évolution de la performance des élèves depuis 2000 (Volume V), Paris, OCDE, 2011, p. 43.

9    OCDE, Résultats du PISA 2009 : Savoirs et savoir-faire des élèves – Performance des élèves en compréhension de l’écrit, en mathématiques et en sciences (Volume I), Paris, OCDE, 2011, p. 34.

10    Pierre Brochu, Marie-Anne Deussing, Koffi Houme et Maria Chuy, À la hauteur : Résultats canadiens de l’étude PISA de l’OCDE, Toronto, Conseil des ministres de l’Éducation (Canada), 2013, p. 10.