Émissions de PM10

Messages clés

  • L’Ontario, le Manitoba et la Colombie-Britannique sont les provinces les plus performantes. Elles décrochent respectivement un « C » (Ontario) et un « D » (Manitoba et Colombie-Britanique), occupant les 11e,  15e et 16e places parmi les 24 provinces et pays du classement.
  • Toutes les autres provinces écopent d’un « D– » et se classent en queue de peloton.
  • Le Canada reçoit un « D ». C’est le pays du classement qui enregistre le taux le plus élevé d’émission de PM10.

Les matières particulaires mises en contexte

Les matières particulaires font partie des nombreux polluants qui contribuent à amoindrir la qualité de l’air au Canada. Les matières particulaires atmosphériques sont dues tant à l’activité humaine (p. ex. combustion de combustibles fossiles) qu’à des phénomènes naturels (p. ex. feux de friches).

L’exposition à ces particules peut provoquer tout un éventail de problèmes de santé, notamment des maladies cardiaques et respiratoires aggravées (asthme, bronchite, emphysème et diverses formes de cardiopathies)1. Les enfants, les personnes âgées et celles souffrant de troubles respiratoires sont particulièrement vulnérables. D’autres polluants atmosphériques toxiques peuvent se lier aux matières particulaires déjà présentes dans l’air, ce qui crée des risques supplémentaires pour la santé. L’exposition aux matières particulaires représente un danger pour les habitants des régions rurales et urbaines du Canada et peut toucher n’importe quelle région du pays tout au long de l’année.

Les matières particulaires peuvent aussi endommager la végétation, les matériaux et les bâtiments. Quand elles se déposent sur du métal, du bois, de la pierre, une surface peinte ou du textile, elles peuvent provoquer des salissures et une décoloration, en plus d’une dégradation physique et chimique de ces matériaux. Elles peuvent aussi s’infiltrer dans le sol et en augmenter la valeur du pH, ou encore s’accumuler à la surface des plantes et entraver leur capacité de photosynthèse2.

Comme d’autres polluants atmosphériques, les matières particulaires contribuent à réduire la visibilité et à alimenter la brume sèche à l’échelle régionale3.

Les émissions de matières particulaires sont mesurées en kilogrammes par habitant, mais les calculs ne tiennent pas compte des émissions de PM10 provenant des « sources ouvertes » – à savoir les sources diffuses émettant sur de vastes zones géographiques, comme la poussière des routes et les feux de forêt4. Les sources ouvertes sont à l’origine de la plupart des émissions de PM10 au Canada, mais peu de données internationales sur les émissions des sources ouvertes sont disponibles à des fins de comparaison. Donc, ce bilan comparatif mesure uniquement les matières particulaires émises par des sources comme les industries et la combustion du bois de chauffage.

Qu’est-ce qui provoque les émissions de matières particulaires atmosphériques?

Les matières particulaires atmosphériques proviennent en grande partie des activités humaines. Elles sont notamment constituées des particules minérales générées par l’exploitation minière; des sols agricoles emportés par le vent; des composés organiques volatils provenant des véhicules, des processus industriels et des solvants; des sulfates et des nitrates provenant des centrales électriques et du secteur des transports; ainsi que des poussières des routes et des chantiers de construction5. Pour leur part, les matières particulaires de source naturelle sont constituées des particules provenant des feux de friches, des poussières soulevées par le vent, des embruns chargés de sel marin, de certaines particules minérales, d’oxydes d’azote d’origine naturelle et de certains composés organiques volatils provenant des plantes, des animaux et des champignons.

Les PM10 sont des matières particulaires ayant un diamètre de 10 micromètres ou moins. On les répartit généralement en particules fines – 2,5 micromètres ou moins (PM2,5) et en grosses particules – plus de 2,5 micromètres.

Les plus grosses particules, appelées « grosses particules inhalables », se trouvent à proximité des routes et des industries qui génèrent beaucoup de poussières, comme l’agriculture et l’exploitation minière.

Les PM2,5, ou « particules fines », se trouvent dans les fumées et la brume sèche et peuvent être directement émises par des sources comme les feux de forêt. Elles peuvent aussi se former quand les gaz dégagés par les centrales électriques, les industries et les automobiles réagissent dans l’air6.

Comment les provinces s’en sortent-elles par rapport aux pays de comparaison?

Le Canada et ses provinces reçoivent de faibles notes, la plupart des provinces se classant derrière tous les pays de comparaison. Avec des émissions de PM10 inférieures à 11 kg par habitant, l’Ontario (6,7 kg), le Manitoba (9,7 kg) et la Colombie-Britannique sont les seules provinces à afficher un taux d’émission inférieur à la moyenne nationale (11,2 kg), mais elles ne reçoivent respectivement qu’un « C » et des « D ». Ces provinces ont un taux comparable à celui des États-Unis (7,7 kg), de la Norvège (9,2 kg) et de la Finlande (9,2 kg), mais supérieur à celui de la France (4,3 kg) et du Danemark (5,1 kg), respectivement 9e et 10e au classement. Le taux d’émission de l’Ontario est plus de quatre fois supérieur à celui des Pays-Bas (1,6 kg), qui arrive en tête au classement général.

La majorité des provinces écopent d’un « D– », avec un taux d’émission allant de 12 kg par habitant pour l’Alberta à 22,4 kg pour Terre-Neuve-et-Labrador, qui se situe tout au bas du classement général.

Le Canada reçoit un « D » et est le dernier parmi les 14 pays du classement (aucune donnée n’est disponible pour le Japon ou l’Australie).

Comment les provinces s’en sortent-elles les unes par rapport aux autres?

Les meilleures provinces du classement sont l’Ontario et le Manitoba, qui affichent un taux d’émission inférieur à 10 kg par habitant. La Colombie-Britannique se situe non loin derrière, avec un taux d’émission de 10,7 kg par habitant.

Si la plupart des provinces écopent d’un « D– », elles affichent une vaste palette de taux d’émission. Ainsi, l’Alberta (12 kg) et le Québec (13,5 kg) ont un taux inférieur à 15 kg par habitant, tandis que la Nouvelle-Écosse (17,5 kg), le Nouveau-Brunswick (17,9 kg), l’Île-du-Prince-Édouard (18,1 kg) et la Saskatchewan (19,6 kg) ont un taux compris entre environ 18 et 20 kg par habitant.

Terre-Neuve-et-Labrador enregistre le plus haut taux d’émission par habitant, avec 22,4 kg, soit plus du triple de l’Ontario.

Comment les territoires s’en sortent-ils pour cet indicateur?

Les territoires affichent différents taux d’émission de PM10. Le Yukon s’en sort très bien, avec seulement 4,4 kg par habitant. Il reçoit un « B » et se classe devant l’Ontario, la province la plus performante. Le Nunavut et les Territoires du Nord-Ouest, d’autre part, ont des taux élevés d’émission (12,6 et 14,9 kg par habitant respectivement) et les deux écopent d’un « D– ». Cependant, malgré leurs faibles notes, ces territoires font mieux à cet indicateur que la moitié des provinces.

Nous n’incluons pas les territoires dans nos calculs aux fins des comparaisons provinciales et internationales, car les données pour chacun des territoires ne sont pas disponibles pour plusieurs indicateurs du bilan comparatif de l’environnement. Cependant, le Conference Board entend inclure les territoires dans son analyse et fournit donc des renseignements sur leur performance quand des données sont disponibles.

Comment les émissions de PM10 au Canada ont-elles évolué au fil du temps?

À l’échelle nationale, le taux d’émission de PM10 a considérablement chuté au Canada entre 1990 et 2014, passant de 29 kg par habitant à 11 kg – soit une baisse de plus de 60 %. La plupart des provinces ont réduit leur taux d’émission de manière régulière et substantielle. La plus forte réduction a eu lieu en Colombie-Britannique, qui a fait passer ses émissions de 49 à 11 kg par habitant (soit une baisse de 78 %) et la plus faible est survenue à l’Île-du-Prince-Édouard, qui est passée de 33 à 18 kg par habitant (soit une diminution de 45 %).

La Saskatchewan fait exception. En effet, son taux d’émission de PM10 a nettement augmenté entre 1993 et 2000, poussé par la hausse rapide des émissions dues à la production d’électricité. Cependant, il a ensuite baissé en flèche, grâce à la rapide réduction des émissions provenant de la production d’électricité et de l’industrie céréalière. En 2014, la Saskatchewan avait réduit ses émissions de PM10 par habitant de 65 % sous les niveaux de 1990, ce qui est comparable à la réduction nationale moyenne.

Quelles sont les principales sources de matières particulaires au Canada?

Environ 95 % des PM10 émises au Canada proviennent de sources ouvertes (non incluses dans les comparaisons internationales)7. Parmi ces émissions, près de la moitié sont les poussières des routes (revêtues et non revêtues), tandis que 32 % proviennent des chantiers de construction et 19 % de l’agriculture.

La répartition des émissions des sources « fermées » varie d’une province à l’autre, mais la majorité des émissions au Canada sont imputables aux trois sources suivantes :

  • la combustion résidentielle du bois (43 %);
  • les activités industrielles (36 %) : exploitation de mines et de carrières (10 %), industries céréalières (4,3 %), ciment et béton (3,8 %), pâtes et papiers (3,3 %) et exploitation pétrolière en amont (3 %);
  • le transport (15,3 %) : véhicules hors route (6,2 %), véhicules utilitaires lourds (2,9 %) et transport maritime (1,7 %).

Il existe toutefois des différences notables entre les provinces. Ainsi, à l’Île-du-Prince-Édouard, la proportion de PM10 due aux activités industrielles est de seulement 5 %, ce qui est largement inférieur face aux autres provinces. La majorité des émissions de PM10 proviennent de la combustion résidentielle de bois (83 %) – ce qui est beaucoup plus que dans toutes les autres provinces.

En Saskatchewan, la situation est inversée. Seulement 8 % des émissions de PM10 proviennent de la combustion résidentielle de bois et plus de 58 % des PM10 sont émises par les industries (une proportion plus élevée que dans toutes les autres provinces à l’exception de la Colombie-Britannique). Plus de 40 % des émissions des industries proviennent des industries céréalières. La Saskatchewan enregistre aussi la plus forte proportion d’émissions de PM10 dues aux transports, soit 28 %.

Si nous tenons compte des sources ouvertes d’émission de PM10 dans nos calculs, le classement provincial connaît des changements notables. Les trois provinces des Prairies chutent en bas du classement. Ces provinces affichent un taux élevé d’émission de poussières provenant des routes non revêtues et de l’agriculture. L’Alberta et la Saskatchewan ont aussi des niveaux extrêmement élevés d’émission de PM10 due aux chantiers de construction. Si les émissions de poussières dues à l’agriculture sont en baisse, celles dues aux routes non revêtues et aux chantiers de construction sont en hausse dans les trois provinces des Prairies. D’autre part, la prise en compte des sources ouvertes permet à la Colombie-Britannique, qui était en milieu de peloton, de remonter dans le peloton de tête du classement des provinces. L’Ontario reste très bien classé.

Que fait le Canada pour réduire les émissions de matières particulaires?

Le Canada a considérablement réduit son taux d’émission de matières particulaires de 1990 à 2014. Cependant, comme son taux reste supérieur à celui de tous les autres pays du classement, il y a encore place à l’amélioration.

En 2012, le Conseil canadien des ministres de l’Environnement (un conseil intergouvernemental qui facilite la prise de mesures environnementales concertées entre les ordres de gouvernement fédéral, provincial et territorial), à l’exception du ministre de l’Environnement du Québec, a décidé de mettre en œuvre un système pancanadien de gestion de la qualité de l’air – un ensemble de lignes directrices pour surveiller les émissions et fixer des normes à cet égard. Ce système comprend des normes sur la qualité de l’air – définies dans les normes canadiennes de qualité de l’air ambiant – pour les particules fines (PM2,5) et l’ozone.

En juin 2014, le gouvernement du Canada a proposé le Règlement multisectoriel sur les polluants atmosphériques, un nouveau règlement obligatoire sur les émissions qui s’appliquerait à l’industrie. Si ce règlement est adopté et mis en œuvre progressivement comme prévu, la réduction des émissions de PM2,5 (par rapport à un scénario de statu quo) permettrait aux Canadiens d’économiser 3,8 G$ (en dollars indexés de 2012) en dépenses de santé entre 2013 et 20358. Comme ce règlement sur les émissions porte uniquement sur les sources fermées, il est peu susceptible d’avoir une incidence sur les plus grosses sources d’émission de matières particulaires au Canada – à savoir les poussières provenant des routes et des chantiers de construction.

Notes de bas de page

1   Canada, ministère de l’Environnement, Particules (consulté le 22 mars 2016).

2    Upadhi Friday et coll., « Ecological Effects of Particulate Matter on the Histochemical Content of Alchonea cordifolia, Musa pradisiaca, and Manihot esculenta »International Journal of Scientific & Technology Research, vol. 3, no 12, p. 389.

3    États-Unis, Environmental Protection Agency, Visibility: Basic Information (consulté le 13 juillet 2015).

4    Canada, ministère de l’Environnement, Glossaire.

5    Caitlin Hancey, Particulate Matter, Ground-Level Ozone, and the Canada-Wide Standards Regulatory Process, Ottawa, Sierra Club, décembre 1999 (consulté le 19 août 2008).

6    États-Unis, Environmental Protection Agency, Particulate Matter, 18 mars 2013 (consulté le 13 juillet 2015).

7    Calcul effectué avec les données du ministère de l’Environnement du Canada, Inventaire des émissions de polluants atmosphériques, 1er mai 2015 (consulté le 13 juillet 2015).

8    Gazette du Canada, Règlement multisectoriel sur les polluants atmosphériques. L’estimation des économies pour les dépenses de santé correspond à la somme des bénéfices pour la santé de la réduction des émissions de PM2,5 provenant des moteurs, des chaudières ainsi que des appareils de chauffage utilisés par les installations industrielles et les cimenteries. Voir les tableaux 10, 20 et 25.