Émissions d’oxydes d’azote

Messages clés

  • L’Ontario est la province qui affiche le plus faible taux d’émission d’oxydes d’azote par habitant. Il décroche un « A » qui lui vaut la 12e place parmi les 26 provinces et pays du classement.
  • L’Alberta, la Saskatchewan, Terre-Neuve-et-Labrador et la Nouvelle-Écosse écopent d’un « D– » et arrivent derrière le pays de comparaison le moins bien classé, à savoir l’Australie.
  • Le Canada obtient un « C », devançant uniquement l’Australie, seul pays du classement à faire moins bien que lui.

Les émissions d’oxydes d’azote mises en contexte

Les oxydes d’azote contribuent à la formation du smog et des pluies acides. Ils sont dangereux pour la santé humaine et pour l’environnement. Les dioxydes d’azote (NO2) sont libérés pendant la combustion des combustibles fossiles essentiellement utilisés par les véhicules, pour la production d’électricité et dans les procédés de fabrication1. Ce polluant, surtout lié à la circulation routière, est principalement émis dans les zones urbaines. Il peut bloquer la diffusion de la lumière, réduisant la visibilité dans les zones urbaines. Plus largement, les oxydes d’azote émis à un endroit peuvent être transportés sur de longues distances par les vents dominants, contribuant à appauvrir la qualité de l’air et à générer des pluies acides dans d’autres régions.

Comment le dioxyde d’azote et le smog affectent-ils la qualité de vie des Canadiens?

Le dioxyde d’azote peut irriter les poumons et réduire la résistance aux infections respiratoires. Les personnes souffrant de problèmes respiratoires comme l’asthme ou la bronchite, ainsi que les enfants et les personnes âgées, sont particulièrement vulnérables.

Le dioxyde d’azote se transforme chimiquement en acide nitrique qui, lorsqu’il se dépose sous forme de pluie acide, contribue à l’acidification des lacs et endommage les écosystèmes aquatiques. Il peut aussi abîmer les arbres et les cultures, provoquant des pertes environnementales substantielles.

Quand le dioxyde d’azote se transforme chimiquement dans l’atmosphère, il devient un composant de l’ozone troposphérique et du smog. L’exposition au smog amoindrit la fonction respiratoire à court terme et en accélère la détérioration à long terme.

Comment les provinces s’en sortent-elles par rapport aux pays de comparaison?

L’Ontario est la seule province à décrocher un « A ». Son taux d’émission d’oxydes d’azote de 22,6 kg par habitant est comparable à celui du Danemark (20,6 kg) et de l’Autriche (21,2 kg), mais nettement supérieur à celui des 11 autres pays du classement qui affichent eux aussi un « A ».

Le Québec (27,6 kg) et l’Île-du-Prince-Édouard (37,7 kg) reçoivent un « B » et côtoient au classement la Finlande (26,9 kg), la Norvège (33,1 kg) et les États-Unis (39,1 kg).

Le Manitoba (45,3 kg) et le Nouveau-Brunswick (47,8 kg), ainsi que le Canada (53,3 kg), sont les seuls à recevoir un « C ». Le Canada est l’avant-dernier pays au classement général. L’Australie est le seul pays à avoir un taux d’émission plus élevé (75,2 kg), ce qui lui vaut un « D ». La Colombie-Britannique reçoit elle aussi un « D », avec un taux de 58,6 kg par habitant.

La Nouvelle-Écosse (76,7 kg), Terre-Neuve-et-Labrador (120,8 kg), la Saskatchewan (137,3 kg) et l’Alberta (162,6 kg) enregistrent les taux d’émission les plus élevés, ce qui leur vaut un « D– » et les place en queue de peloton. Avec un taux plus de deux fois supérieur à celui de l’Australie, l’Alberta et la Saskatchewan occupent les deux derniers rangs au classement général.

Comment les provinces s’en sortent-elles les unes par rapport aux autres?

L’Ontario et le Québec, les provinces les plus performantes, décrochent respectivement un « A » et un « B », avec un taux d’émission inférieur à 30 kg par habitant. L’Île-du-Prince-Édouard les talonne et obtient un « B » avec un taux avoisinant les 40 kg par habitant.

Le Manitoba et le Nouveau-Brunswick (avec un « C ») et la Colombie-Britannique (« D ») occupent le milieu du classement des provinces, avec un taux d’émission compris entre 45 et 60 kg par habitant, soit le double de l’Ontario et du Québec.

La Nouvelle-Écosse, Terre-Neuve-et-Labrador, la Saskatchewan et l’Alberta sont les provinces les moins bien classées, écopant toutes d’un « D– ». La Saskatchewan et l’Alberta sont largement à la traîne, avec un taux six à sept fois supérieur à celui de l’Ontario, la meilleure province au classement.

Comment les territoires s’en sortent-ils pour cet indicateur?

Les territoires ont un taux d’émission par habitant supérieur à celui de la plupart des provinces canadiennes. Parmi eux, c’est le Yukon qui affiche le taux le plus bas, avec 52 kg par habitant, ce qui lui vaut un « C ». Les deux autres territoires font pire que l’Alberta, province la moins bien classée, et écopent d’un « D– » avec un taux de 186 kg par habitant pour le Nunavut et de 278 kg pour les Territoires du Nord-Ouest.

Le taux extrêmement élevé enregistré dans les Territoires du Nord-Ouest est essentiellement dû aux activités de l’industrie minière et de l’exploitation des carrières, qui génèrent plus de 60 % des émissions d’oxydes d’azote du territoire. Le reste provient pour la plupart de la production d’électricité et du transport2. La majorité des émissions du Nunavut est également attribuable au transport (55 %) et à la production d’électricité (38 %), le transport maritime contribuant à plus de la moitié des émissions provenant du transport.

Nous n’incluons pas les territoires dans nos calculs aux fins des comparaisons provinciales et internationales, car les données pour chacun des territoires ne sont pas disponibles pour plusieurs indicateurs du bilan comparatif de l’environnement. Cependant, le Conference Board entend inclure les territoires dans son analyse et fournit donc des renseignements sur leur performance quand des données sont disponibles.

Comment la performance du Canada et des provinces a-t-elle évolué au fil du temps?

Le taux d’émission d’oxydes d’azote du Canada a nettement diminué, passant de 101 kg par habitant en 1990 à 53 kg en 2013, ce qui représente une baisse de 47 %. Toutes les provinces ont contribué à cette réduction. C’est l’Ontario qui a le plus réduit ses émissions (68 %). Donc, bien que les émissions d’oxydes d’azote du Canada demeurent élevées par rapport à la plupart des pays de comparaison, la situation s’améliore.

Les provinces canadiennes peuvent-elles réduire unilatéralement les émissions d’oxydes d’azote?

Les émissions de polluants ne connaissent pas de frontière géographique et il faut donc nouer des partenariats interrégionaux pour concevoir des solutions efficaces et durables. La pollution de l’air venue des États-Unis, par exemple, voyage jusque dans le sud de l’Ontario et du Québec ainsi que dans les provinces de l’Atlantique, faisant grimper les niveaux ambiants de polluants atmosphériques dans ces régions. Les polluants émis aux États-Unis peuvent accroître la concentration d’oxydes d’azote au Canada et contribuer à augmenter les niveaux d’ozone troposphérique, qui est un précurseur du smog. De même, les oxydes d’azote émis dans une province peuvent affecter l’environnement et la qualité de l’air dans d’autres provinces. Par conséquent, la réduction de ces émissions profite non seulement à la province concernée, mais aussi aux régions voisines, ce qui explique pourquoi les provinces ont tout intérêt à œuvrer ensemble pour réduire leurs émissions.

En 2012, le Conseil canadien des ministres de l’Environnement (un conseil intergouvernemental qui facilite la prise de mesures environnementales concertées entre les ordres de gouvernement fédéral, provincial et territorial), à l’exception du ministre de l’Environnement du Québec, a décidé de mettre en œuvre un système pancanadien de gestion de la qualité de l’air – un ensemble de lignes directrices pour surveiller les émissions et fixer des normes à cet égard. Ce système comprend des normes sur la qualité de l’air – définies dans les normes canadiennes de qualité de l’air ambiant – pour les particules fines (PM2,5) et l’ozone. Des normes sont en cours d’élaboration pour le dioxyde d’azote (NO2) et le dioxyde de soufre (SO2). Le système de gestion de la qualité de l’air délimite aussi des zones atmosphériques (à l’intérieur des provinces et des territoires) et des bassins atmosphériques régionaux (qui transcendent les frontières provinciales et territoriales) afin de guider la coopération entre les différentes administrations pour se conformer aux normes canadiennes de qualité de l’air ambiant. De plus, il fixe des exigences de base relatives aux émissions industrielles afin d’uniformiser les normes sur les émissions à l’intention des industries du Canada et exige que des données sur les émissions et la qualité de l’air ambiant soient rendues publiques.

En juin 2014, le gouvernement du Canada a proposé le Règlement multisectoriel sur les polluants atmosphériques, un nouveau règlement obligatoire sur les émissions qui s’appliquerait à l’industrie. Si ce règlement est adopté et mis en œuvre progressivement comme prévu, la réduction des émissions d’oxydes d’azote (par rapport au scénario du statu quo) permettrait aux Canadiens d’économiser environ 1,2 G$ (en dollars indexés de 2012) en dépenses de santé entre 2013 et 20353.

Notes de bas de page

1    Fondation David Suzuki, The Maple Leaf in the OECD: Comparing Progress Toward Sustainability, Vancouver, The David Suzuki Foundation, 2005.

2    Canada, ministère de l’Environnement, Inventaire des émissions de polluants atmosphériques (consulté le 22 mars 2016).

3    Gazette du Canada, Règlement multisectoriel sur les polluants atmosphériques. L’économie estimée en dépenses de santé correspond à la somme des bénéfices pour la santé d’une réduction des oxydes d’azote émis par les moteurs, chaudières et fours industriels utilisés par l’industrie (voir tableaux 10 et 20). Les répercussions sur la santé d’une réduction des émissions d’oxydes d’azote des cimenteries sont agrégées avec celles d’une réduction des émissions d’oxydes de soufre (voir tableau 25).