Étudiants étrangers dans l’enseignement supérieur

Messages clés

  • L’Î.-P.-É. est la province qui attire le plus d’étudiants étrangers, ce qui lui vaut un « B ».
  • Le pourcentage d’étudiants étrangers varie considérablement d’un bout à l’autre du Canada, allant de 14 % à l’Î.-P.-É. à 5 % en Saskatchewan.
  • Le gouvernement canadien s’est fixé un objectif ambitieux, qui est de doubler le nombre d’étudiants étrangers au Canada d’ici 2022.

Les taux d’étudiants étrangers dans les provinces mis en contexte

Dans une économie mondialisée, les pays et les provinces savent que les étudiants étrangers peuvent conférer de nombreux avantages au pays hôte, comme de stimuler la croissance économique en augmentant l’accès à divers marchés et en accroissant la stabilité économique des universités, entre autres choses. Cet indicateur évalue l’attractivité des systèmes postsecondaires provinciaux auprès des étudiants étrangers potentiels.

Comment compte-t-on les étudiants étrangers?

Il existe plusieurs sources de données sur le nombre d’étudiants étrangers au Canada. Statistique Canada recueille des renseignements auprès des différents collèges et universités, qui rendent compte du nombre d’étudiants inscrits à leurs programmes un jour donné de leur choix situé entre le 30 septembre et le 1er décembre1. D’après ces données, 165 960 étudiants étrangers poursuivaient des études supérieures au Canada en 2010. Il est à noter que les données de Statistique Canada ne comprennent pas les étudiants étrangers en stage.

Citoyenneté et Immigration Canada peut également renseigner sur le nombre d’étudiants étrangers. Comme ce ministère fédéral délivre des visas d’étudiant, il peut garder trace du nombre d’étudiants étrangers qui étudient au Canada. En 2010, Citoyenneté et Immigration Canada a recensé 217 995 étudiants étrangers au Canada. Cependant, les données ne font pas de différence entre les niveaux d’instruction. Les chiffres comprennent un nombre limité d’élèves du secondaire et d’apprentis, en plus des étudiants des collèges et universités.

L’OCDE obtient ses données auprès de Statistique Canada. C’est pourquoi nous utilisons les données de Statistique Canada dans ce bilan, car elles sont comparables à l’échelle internationale.

Où se situent les provinces par rapport aux pays comparables?

L’Australie a le plus grand pourcentage d’étudiants étrangers, soit plus de 20 % des étudiants de l’enseignement supérieur. Le Royaume-Uni se classe au deuxième rang, avec 16 %. Avec 14 % d’étudiants étrangers, l’Î.-P.-É. est la province la mieux classée, ce qui lui vaut un « B ».

La Saskatchewan est la province qui a la plus faible proportion d’étudiants étrangers et elle obtient un « D », comme le Manitoba et Terre-Neuve-et-Labrador. La Saskatchewan fait mieux que cinq des pays comparables au Canada, cependant, y compris les États-Unis. Ces derniers comptent de loin le plus grand nombre total d’étudiants étrangers, mais étant donné la taille du système éducatif américain, ils ne représentent pas un grand pourcentage de la population estudiantine totale. Par ailleurs, le pourcentage d’étudiants étrangers varie considérablement d’une école et d’un État à l’autre. Ainsi, l’Université de l’Illinois à Urbana-Champaign2 et l’Université de la Californie du Sud3 comptent dans leurs rangs environ 20 % d’étudiants étrangers, ce qui est nettement plus que la part globale du pays, qui est de 3,4 %.

Où se situent les provinces les unes par rapport aux autres?

En plus de classer les provinces par rapport à des pays comparables au Canada, nous les avons comparées entre elles et réparties selon trois catégories : « supérieure à la moyenne », « dans la moyenne » et « inférieure à la moyenne »4.

L’Î.-P.-É. est la seule province à se situer au-dessus de la moyenne grâce au dynamisme de son système collégial : 27 % des étudiants de l’Î.-P.-É. inscrits aux programmes des collèges sont des étudiants étrangers. Comme le nombre total d’inscrits dans l’enseignement supérieur est faible à l’Î.-P.-É., il ne faut pas beaucoup d’étudiants étrangers pour donner à la province un pourcentage élevé. Seuls 0,36 % des étudiants canadiens fréquentent un établissement d’enseignement postsecondaire à l’Î.-P.-É. Mais la province attire 0,71 % des étudiants étrangers au Canada – autrement dit, elle attire deux fois sa part.

L’Ontario et le Québec se situent dans la moyenne pour ce qui est du pourcentage d’étudiants étrangers. Ces provinces accueillent un grand nombre d’étudiants étrangers, mais elles ont aussi beaucoup d’étudiants de manière générale, ce qui fait que la part des étudiants étrangers est diluée.  L’Ontario attire plus ou moins sa part d’étudiants étrangers. En effet, 40 % des étudiants canadiens du niveau postsecondaire étudient en Ontario, et 41 % des étudiants étrangers au Canada étudient dans cette province.

Comment a évolué le classement provincial dans le temps?

Au cours des cinq dernières années, l’Î.-P.-É. a plus que doublé le nombre de ses étudiants étrangers, passant d’un « C » à un « B » dans le classement par rapport aux pays comparables au Canada. Plusieurs provinces ont vu leur note baisser ou monter dans la même période. Ainsi, la Colombie-Britannique et Terre-Neuve-et-Labrador sont toutes deux descendues d’un cran, passant de « B » à « C » et de « C » à « D », respectivement.

Quels sont les niveaux d’enseignement postsecondaire qui attirent le plus d’étudiants étrangers?

Au Canada, 72,2 % des étudiants étrangers sont inscrits dans des programmes de premier cycle, 19 % dans un collège et 9 % dans les cycles supérieurs. Cependant, la répartition varie d’une province à l’autre. L’Î.-P.-É. compte plus d’étudiants étrangers inscrits dans les programmes collégiaux que dans les programmes de premier cycle. En Nouvelle-Écosse, toutefois, presque tous les étudiants étrangers (97 %) sont inscrits dans des programmes de premier cycle.

Étant donné la répartition actuelle des étudiants étrangers, les provinces pourraient réfléchir, entre autres, à des façons d’attirer plus d’étudiants étrangers dans leurs collèges.

D’où viennent les étudiants étrangers?

Dans le cas de l’Australie, première au classement, 81 % des étudiants étrangers viennent d’Asie, dont 34 % de Chine. Les pays asiatiques sont également la principale source d’étudiants étrangers au Canada – 54 % des étudiants étrangers au Canada sont originaires d’Asie (25 % de Chine). Les É.-U. et la France sont la deuxième source d’étudiants étrangers, les étudiants français et américains représentant chacun 7 % de la population estudiantine étrangère au Canada.

Au Canada même, l’origine des étudiants étrangers varie d’une province à l’autre. Plus de 70 % des étudiants étrangers de l’Î.-P.-É. viennent de Chine. L’Ontario compte le plus gros contingent d’étudiants chinois (25 %), indiens (9 %) et sud-coréens (5 %). Le Québec attire des étudiants étrangers de pays très différents, probablement en raison de la connaissance du français. Plus précisément, 34 % des étudiants étrangers du Québec viennent d’Europe (dont 29 % de France). L’Afrique est la deuxième source d’étudiants étrangers du Québec (25 %).

Le Canada en fait-il assez pour attirer des étudiants étrangers et pour encourager les Canadiens à aller étudier à l’étranger?

Au Canada, l’éducation relève de la compétence provinciale, ce qui n’empêche pas le gouvernement fédéral de s’y intéresser de près. En conséquence, en janvier 2014, le ministère des Affaires étrangères, du Commerce et du Développement a publié la Stratégie du Canada en matière d’éducation internationale dont un des éléments clés est de doubler le nombre d’étudiants étrangers dans ce pays, pour le faire passer de 239 131 en 2011 à plus de 450 000 d’ici 20205. Il paraît souhaitable d’augmenter le nombre d’étudiants étrangers pour plusieurs raisons, dont les suivantes :

  • une plus grande diversité de la population estudiantine;
  • plus de revenus pour les établissements et des transferts de technologie qui peuvent aider à compenser la baisse du financement public de l’enseignement supérieur6 ;
  • moins de pénuries de main-d’œuvre qualifiée;
  • plus de possibilités de développement économique et commercial lorsque les étudiants regagnent leurs pays d’origine.

Alors que le Canada cherche surtout à attirer des étudiants étrangers, d’autres pays mettent beaucoup l’accent sur l’envoi d’étudiants à l’étranger7. Depuis plus de 60 ans, l’association des étudiants norvégiens à l’étranger accorde aux étudiants des bourses et des prêts pour qu’ils aillent étudier à l’étranger8. Dernièrement, la Norvège a annoncé une initiative visant à augmenter le nombre d’étudiants norvégiens qui partent étudier dans des établissements postsecondaires américains, canadiens et asiatiques9. Ces régions sont plus particulièrement ciblées afin d’améliorer les relations commerciales de la Norvège, dont la démarche n’est toutefois pas unique. Ainsi, la Russie a débloqué 165 M$ US sur trois ans pour envoyer 2 000 étudiants par an étudier à l’étranger en technologie, en sciences, en médecine, en commerce et en sciences sociales10. Le programme a globalement pour but de renforcer les collaborations internationales en recherche et, éventuellement, d’améliorer les résultats des établissements d’enseignement postsecondaire russes.

On reconnaît de plus en plus que la mobilité des étudiants étrangers sert tant les pays d’origine que les pays d’accueil. La Stratégie du Canada en matière d’éducation internationale évoque brièvement la nécessité que plus de Canadiens partent étudier à l’étranger, et elle y consacre des ressources. Les provinces et les établissements d’enseignement postsecondaire peuvent également jouer un rôle dans la formation de partenariats et offrir leur soutien pour permettre au Canada d’accueillir plus d’étudiants étrangers et d’envoyer plus de Canadiens étudier à l’étranger.

Notes de bas de page

1    Statistique Canada, Tableau 477-0019, Effectifs postsecondaires, selon le régime d’études, Classification pancanadienne type de l’éducation (CPCTE), Classification des programmes d’enseignement, regroupement principal (CPE_RP), sexe et statut immigrant, annuel (nombre), CANSIM (base de données) (consulté le 1er avril 2014).

2    Université de l’Illinois à Urbana-Champaign, Facts 2012–13: Illinois by the Numbers (consulté le 28 février 2014).

3    Université de la Californie du Sud, About USC (consulté le 28 février 2014).

4    Pour comparer les provinces canadiennes les unes par rapport aux autres, nous avons d’abord déterminé leur note moyenne et l’écart type des valeurs provinciales. L’écart type est la mesure de la variabilité qui existe à l’intérieur d’un ensemble de résultats. Si les résultats sont normalement répartis (c’est-à-dire que leur dispersion ne penche pas lourdement d’un côté ou de l’autre ou qu’elle ne comporte pas d’aberrations importantes), environ 68 % des résultats se trouveront à un écart type au-dessus ou en dessous de la moyenne. Toute province qui se situe à un écart type au-dessus de la moyenne est dite « supérieure à la moyenne ». Les provinces qui se situent à un écart type en dessous de la moyenne sont dites « inférieures à la moyenne ». Les autres provinces ont un rendement qui les situe « dans la moyenne ».

5    Gouvernement du Canada, Stratégie du Canada en matière d’éducation internationale, Ottawa, ministère des Affaires étrangères, du Commerce et du Développement, 2011, p. 11.

6    Glen Hodgson et Ben Tomlin, Opportunity Begins at Home: Enhancing Canadian Commercial Services Exports, Ottawa, Le Conference Board du Canada, 2006, p. 11.

7    Alex Usher, International Education Strategies–How Others Do It, 23 janvier 2014 (consulté le 28 février 2014).

8    Association of Norwegian Students Abroad, ANSA in English(consulté le 6 mars 2014).

9    Expat Forum, Norway Launches New International Education Strategy, 8 janvier 2013 (consulté le 6 mars 2014).

10    ICEF Monitor, Russia Announces US$165 Million Programme for Study Abroad, 12 juin 2014 (consulté le 6 mars 2014).