Les compétences professionnelles de demain exigeront des compétences sociales et émotionnelles

Le point sur l’évolution des besoins en compétences au 21e siècle

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La demande pour des employés qualifiés n’est pas nouvelle, sauf que les compétences considérées comme étant « en demande » ont évolué

Bien que le développement des compétences constitue une démarche que l’on poursuit tout au long de la vie, les compétences acquises lors d’une formation postsecondaire sont essentielles à la réussite en milieu de travail. Or, la demande de compétences sociales et émotionnelles (CSE) augmente. Les démarches entreprises à cet effet sont-elles suffisantes pour préparer les Canadiens à l’évolution du milieu du travail ?

Au nom du Centre des Compétences futures, Le Conference Board du Canada se penche sur les CSE et leur place dans le milieu de travail. Dans le cadre de ce projet pluriannuel, notre équipe de chercheurs explorera les tendances, défis et possibilités liés au développement des compétences sociales et émotionnelles et ce qu’elles signifient pour l’avenir du travail.

L’évolution des tendances des compétences au cours des dernières décennies

Emplois en agricultre

Le nombre d’emplois dans le secteur agricole chute au tournant du siècle.

Emplois en fabrication

Le pourcentage d’emplois dans le secteur de la fabrication a diminué de moitié depuis les années 1970.

Taux d’activité des femmes

Dans les années 1970, un peu plus de la moitié des femmes participent au marché du travail. Au tournant du siècle, ce pourcentage grimpe à près de 80 % et atteindra 83 %  
en 2018.

Taux d’activité des Autochtones

Les Autochtones participent de plus en plus à la population active à mesure que les besoins en matière d’employabilité de groupes vulnérables attirent l’attention.  

Note: Statistics Canada data on the Indigenous participation rate are only available starting in 2008.

Employés dans un milieu professionnel/de bureau

Un nombre croissant de Canadiens travaillent dans un milieu professionnel/de bureau, vu que la proportion de la population qui travaille dans les secteurs de la fabrication et de l’agriculture continue de diminuer.

Tendances du marché du travail canadien

(% en fonction du temps)

Dans la période d’après-guerre, il y a davantage d’employeurs qui cherchent des employés spécialisés en science, technologie et génie. On observe une hausse des inscriptions aux universités et du nombre de gestionnaires. 

Dans les années 1970, les employeurs sont surtout à la recherche d’aptitudes analytiques et techniques, mais les compétences interpersonnelles, de communication et de négociation prennent de plus en plus d’importance aux yeux des gestionnaires. On commence à s’interroger sur le type de formation qui permettra d’acquérir ces compétences.

L’informatique en milieu de travail suscite des préoccupations au sujet de l’automatisation, de  
l’« avenir du travail » et de la possibilité qu’elle entraîne un  
« chômage technologique » (déplacement en raison d’avancées technologiques).

On assiste au concept d’« apprentissage pour apprendre ». On met l’accent sur l’éventail de compétences dont les gens auront besoin, telles que la littératie et des « compétences génériques » comme, par exemple, la communication et la collaboration. 

En 2006, plus de 80 % des Canadiens vivent dans des villes de plus en plus diversifiées et multiculturelles, ce qui met en lumière le besoin de compétences interpersonnelles et interculturelles.

De plus en plus, les décideurs utilisent les termes « compétences sociales et émotionnelles ». 

Les technologies émergentes ravivent les craintes d’automatisation et de déplacement des travailleurs. Les compétences sociales et émotionnelles sont constamment en demande. 

Note: Milieu professionnel/de bureau comprend les administrations publiques; les soins de santé et l’assistance sociale; les services d’enseignement et les services scientifiques et techniques, selon le Système de classification des industries de l’Amérique du Nord. Cliquez ici pour en savoir plus.

Les changements technologiques auront une incidence considérable sur la main-d’œuvre canadienne.

Déjà, certaines tâches autrefois exécutées par des humains sont maintenant automatisées, et de nombreux experts estiment que nous ne sommes qu’au début d’une vague de transformation majeure du milieu de travail et des façons de travailler. 

Selon les chercheurs, plus du quart des emplois seront « fortement perturbés » au cours des dix prochaines années1, tandis que jusqu’à 42 % de la main-d’œuvre canadienne risque fortement d’être touché par l’automatisation au cours des dix à vingt prochaines années2.   

Alors que la demande de travailleurs moins formés ou moins scolarisés a diminué, en partie en raison de la mondialisation et de l’automatisation, en revanche, la demande de travailleurs hautement scolarisés possédant de solides compétences techniques a augmenté3.

Demande croissante de compétences sociales et émotionnelles

À noter, cependant, que dans cette économie émergente, les compétences techniques ne sont qu’une partie de l’équation. Plus que jamais, le succès en milieu de travail exigera un mélange de compétences techniques et de compétences sociales et émotionnelles. 

Les aptitudes sociales et émotionnelles décrivent la capacité d’une personne à maîtriser ses émotions et son comportement, à collaborer avec les autres, à établir des relations et à communiquer efficacement. Figurent dans cette catégorie de compétences recherchées, la pensée critique, la résilience et le leadership. 

À propos

Les compétences en gestion comprennent une gamme de compétences sociales et émotionnelles et de compétences techniques. 

Les employeurs ont tendance à souligner les compétences en gestion de projets et en gestion du temps, bien qu’on mentionne aussi les compétences en affaires et l’autogestion

The words in the illustration above represent a sample of social and emotional skills Canadian employers and HR professionals reported as in- demand in the past decade. 

Communiquer efficacement, c’est le fait de partager des idées ou de véhiculer un message dans un langage simple et clair. Cela comprend les formes verbales de communication (p. ex., écrire, parler) et les formes non verbales (p. ex., ton, contact visuel). La communication est aussi une voie à double sens : une forte capacité de communication repose sur des éléments essentiels, à savoir, une écoute active et la compréhension des autres. Les bons communicateurs s’adaptent à divers publics et à divers points de vue, connaissances, perspectives, milieux et origines.

La résolution de problèmes comprend la souplesse, la créativité, la pensée critique et la capacité de s’appuyer sur différentes perspectives et approches pour bien comprendre les diverses facettes d’un problème et y remédier. Les personnes qui possèdent cette compétence sont aptes à s’attaquer à un défi et à le décortiquer. Celles-ci posent les bonnes questions pour identifier un problème et ses causes. Elles sont aptes à proposer un remue-méninges pour trouver des solutions, à réfléchir sérieusement afin de trouver les meilleures solutions et à évaluer les risques et les possibilités inhérents.

La collaboration se résume à un travail d’équipe efficace, c’est-à-dire à rassembler les esprits afin de créer et d’atteindre des objectifs communs. Les collaborateurs efficaces cherchent des occasions de travailler avec les autres. Ils valorisent les opinions et approches divergentes et travaillent en équipe de façon collaborative et constructive. L’empathie, la résolution de problèmes et la communication claire et ouverte contribuent grandement à soutenir une bonne collaboration.

La résilience consiste à faire preuve de souplesse, à faire face à des facteurs de stress imprévus, à s’adapter à des environnements changeants et à s’épanouir dans des circonstances imprévisibles. Il s’agit de la capacité de chercher des soutiens appropriés et de « rebondir » lorsque les temps sont durs. Les personnes résilientes peuvent pivoter et s’adapter aux demandes changeantes et à la nature changeante du travail.

Les bons leaders font preuve d’initiative — ils n’ont pas peur de relever un défi, cherchent activement à assumer des responsabilités et prennent les choses en main lorsqu’il s’agit de prendre des décisions. Ces leaders cultivent une vision collaborative et inclusive. Ils fixent et atteignent des objectifs importants et aident les autres à faire de même. Ils influencent et motivent leurs collègues à faire du bon travail. Comment? En communiquant ouvertement et efficacement, en fournissant des conseils et en faisant preuve d’intégrité et d’empathie, surtout en cas de conflit.

La compétence culturelle englobe le respect des différentes pratiques culturelles, ainsi que la volonté de comprendre les autres sans juger et de s’adapter à divers perspectives et apprentissages. Cela exige un regard curieux, empathique et compatissant sur les diverses expériences des autres. Étant donné que la main-d’œuvre est de plus en plus diversifiée au Canada, le fait d’être sensible aux différences culturelles est une caractéristique à la fois valable et essentielle. Une telle compétence culturelle peut créer un environnement inclusif où le travail novateur et les idées avant-gardistes peuvent prospérer.

  • Éthique professionnelle (flexibilité, capacité d’adaptation, agilité)
  • Esprit critique (esprit créatif, sens de l’observation critique)
  • Compétences interpersonnelles (qualités humaines, aptitudes en relations humaines)
  • Intelligence sociale (aptitudes sociales, intelligence émotionnelle, perspicacité)

Lors des discussions sur l’évolution de l’économie et des besoins en compétences au Canada, les compétences suivantes reviennent souvent : le leadership, la résilience, la communication, la collaboration, la résolution de problèmes et les compétences interpersonnelles. 

Ces compétences sont très recherchées, mais elles sont difficiles à enseigner et à mesurer. Par conséquent, souvent, on n’en tient pas compte lors de l’évaluation de la réussite scolaire des élèves.

Quelle est la nature  du problème ?

La recherche sur les CSE, de même que les cadres et outils d’évaluation ont tendance à se concentrer sur le secteur de la maternelle à la 12e année. Dans quelle mesure ces cadres et outils peuvent-ils être adaptés aux étudiants de niveau postsecondaire, ou aux adultes en général? La question se pose, mais pour l’heure, demeure sans réponse.

La plupart des programmes postsecondaires tendent à développer les CSE de façon implicite ou indirecte (c.-à-d. des activités de travail de groupe qui renforcent les compétences interpersonnelles et le travail d’équipe). Cependant, les méthodes d’évaluation typiques ne mesurent pas l’incidence de ces expériences. Souvent, on tient pour acquis que celles-ci permettent de développer des compétences sociales et émotionnelles, mais on n’en évalue pas réellement l’incidence.

Cette situation peut expliquer l’écart apparent entre les compétences acquises par les étudiants dans le cadre de programmes postsecondaires et celles exigées par les employeurs. Par exemple, selon un sondage mené en 2018 auprès de 95 grands employeurs canadiens du secteur privé, « les employeurs sont moins impressionnés par les compétences humaines et le sens des affaires de base des nouveaux diplômés »4, bien que ceux-ci semblent avoir de bonnes compétences de base.

Les aptitudes sociales et émotionnelles sont malléables et peuvent donc changer et se développer jusqu’à l’âge adulte et au-delà

Les partenariats entre les établissements postsecondaires et les entreprises peuvent faire partie de la solution à cet égard. Selon la Table ronde sur les affaires et l’enseignement supérieur, les diplômés qui se sont engagés dans des activités d’apprentissage intégré au travail, telles que des programmes coopératifs ou des stages, sont plus susceptibles de dire, entre autres, que leur formation les a préparés à travailler en équipe, à avoir des relations interpersonnelles et à communiquer.

Bien entendu, les étudiants ne sont pas les seuls à ressentir les effets de l’automatisation et des technologies connexes. Si les emplois de demain mettent davantage l’accent sur les aptitudes sociales et émotionnelles (de plus en plus de recherches le laissent entendre), il devient donc prioritaire d’aider les adultes à évaluer et à améliorer leurs compétences.5

Quelles sont les prochaines étapes?

Les compétences professionnelles de demain exigeront des compétences sociales et émotionnelles. Dans le cadre d’un projet pluriannuel, le Centre des Compétences futures s’attardera à :

  • Établir l’état des programmes d’enseignement de compétences sociales et émotionnelles au Canada en misant sur les apprenants adultes dans les institutions postsecondaires.
  • Établir un pôle de connaissances numériques des ressources en matière de compétences sociales et émotionnelles à l’intention des enseignants, des employeurs et des responsables des politiques.
  • Évaluer les obstacles aux occasions d’apprentissage qui touchent des particuliers et groupes marginalisés et y remédier en trouvant des solutions vérifiables et les meilleures pratiques.
  • Identifier des moyens de traduire les résultats de recherche en outils pratiques destinés à faire la promotion de compétences sociales et émotionnelles à l’intention d’étudiants et d’employés.

Cliquez ici pour obtenir les dernières informations concernant notre projet de recherche sur les compétences sociales et émotionnelles.

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  1. 1 RBC, Humans Wanted, (Toronto : RBC, 2018), consulté le 26 juin 2019, https://discover.rbcroyalbank.com/humans-wanted-canadian-youth-can-thrive-age-disruption/.
  2. Creig Lamb, The Talented Mr. Robot: The Impact of Automation on Canada’s Workforce (Toronto : Brookfield Institute for Innovation + Entrepreneurship, 2016), consulté le 27 juin 2019, https://brookfieldinstitute.ca/report/the-talented-mr-robot/.
  3. Alessandra Colecchia et George Papaconstantinou, « The Evolution of Skills in OECD Countries and the Role of Technology » (Documents de travail de l’OCDE sur la science, la technologie et l’industrie, no 1996/08, Publications de l’OCDE, Paris, 1996), https://doi.org/10.1787/613570623323.
  4. Morneau Shepell, Navigating Change: 2018 Business Council Skills Survey (Toronto : Morneau Shepell et Conseil canadien des Affaires, 2018), p. 7–10, consulté le 27 juin 2019, https://www.morneaushepell.com/ca-en/insights/navigating-change-2018-business-council-skills-survey.
  5. Les dernières recherches du Forum économique mondial, de l’Institut C.D. Howe, de la RBC et de l’organisme Institute for Competitiveness & Prosperity laissent entendre que la plupart des nouveaux emplois de demain exigeront des compétences sociales et émotionnelles.