
À la recherche de professionnels autochtones
Accroître la représentation autochtone en santé au Canada

English • 14 mai 2025
L’importance d’évaluer le niveau de représentation
Cette analyse s’inscrit dans le cadre du projet de recherche « Compétences futures pour les soins de santé autochtones » mené pour le compte du Centre des Compétences futures du Canada. Ce projet fera avancer la réflexion en vue d’accroître le bassin de travailleurs autochtones et les possibilités de perfectionnement au profit des Autochtones dans les professions de la santé au Canada.
Cette expérience en ligne brosse un portrait de la représentation des Autochtones dans les professions de soins de santé primaires au Canada.
Le projet « Compétences futures pour les soins de santé autochtones », qui comporte plusieurs volets, examine la participation des Autochtones aux professions du domaine de la santé au Canada. Le premier volet présente une analyse quantitative de la représentation des Autochtones dans les professions de soins primaires au Canada.
Dans le cadre de publications à venir, nous examinerons de plus près le cas des médecins et des paraprofessionnels. Nous menons actuellement des entretiens auprès d’étudiants, de médecins et de paraprofessionnels autochtones afin de mieux comprendre leur réalité et les obstacles auxquels ils ont été confrontés durant leur formation. Nous réalisons également des études de cas et recueillons de l’information précieuse sur les programmes existants qui font la promotion de parcours professionnels dans le domaine de la santé et qui soutiennent la formation de médecins et de paraprofessionnels autochtones.

La représentation autochtone en santé : une question importante
On observe des inégalités marquées en santé entre les populations autochtones et non autochtones au Canada, notamment des taux disproportionnés de maladies chroniques, de problèmes de santé mentale et une espérance de vie plus courte chez les populations autochtones1. En raison d’obstacles systémiques, notamment le racisme, la discrimination et l’inégalité d’accès aux soins, les Autochtones sont moins susceptibles de recevoir des soins équitables et en temps opportun2.
Le fait d’accroître le nombre de professionnels autochtones de la santé constitue un atout précieux pour lutter contre ces inégalités. En 2015, la Commission de vérité et réconciliation appelait les gouvernements et les établissements d’enseignement postsecondaire à accroître le nombre de professionnels autochtones œuvrant dans le domaine de la santé3.
Les soins prodigués par des professionnels de la santé autochtones favorisent l’inclusion et contribuent à contrer la discrimination systémique4. Cela permet d’instaurer la confiance et d’améliorer l’accès à des soins adaptés et sécuritaires sur le plan culturel5. Dans ce contexte, les patients sont plus susceptibles de se prévaloir de soins – et de le faire rapidement. Ils sont également plus enclins à faire part de leurs préférences en matière de traitement et de suivre leur plan de traitement6.
Lorsque les Autochtones exercent un leadership et participent aux décisions au sein du système de santé canadien, les soins sont mieux adaptés aux besoins des personnes et des communautés autochtones et sont prodigués dans le respect des récits, des traditions et des pratiques de guérison autochtones7.
Évaluer l’écart en matière de représentation des Autochtones
Dans ce premier volet du projet des Compétences futures pour les soins de santé autochtones, nous utilisons les données nationales tirées du Recensement de la population de Statistique Canada pour examiner la représentation des Autochtones dans les professions de soins primaires partout au Canada, dans différents contextes géographiques. Par ailleurs, nous examinons l’évolution de la représentation des Autochtones au sein de chaque profession de soins primaires entre 2016 et 2021.
Consultez le rapport technique pour en savoir plus sur notre analyse.
Qu’entend-on par représentation égale?
L’égalité de représentation est respectée lorsque la part des Autochtones en emploi au sein d’une profession de la santé d’une région donnée correspond à la part des Autochtones vivant dans cette région. La taille des populations autochtones varie d’un bout à l’autre du pays, tout comme les cibles visant une représentation égale des Autochtones.
Soins primaires
Bien souvent, les soins de santé primaires constituent la première et principale porte d’accès au système de soins de santé au Canada, qui comprend les soins de base, le diagnostic, le traitement et la gestion des problèmes de santé ainsi que la promotion de la santé et la prévention des maladies8.
Cependant, au Canada, les Autochtones sont moins susceptibles d’avoir accès à des soins primaires essentiels que les non-Autochtones, les écarts les plus importants étant observés chez les Autochtones vivant dans une région rurale ou éloignée9.
Les médecins de famille et les infirmières praticiennes sont la pierre angulaire des soins primaires au Canada. Cependant, comme de nombreuses communautés autochtones sont établies dans les régions nordiques, rurales et éloignées où les infrastructures de santé sont limitées, d’autres professionnels de la santé jouent un rôle clé dans la prestation de soins de santé primaires auprès de ces communautés. Nous avons choisi de mettre l’accent sur la représentation des Autochtones dans les professions de soins primaires suivantes :
- omnipraticiens et médecins en médecine familiale
- infirmières praticiennes
- personnel infirmier autorisé et personnel infirmier psychiatrique autorisé
- psychologues
- pharmaciens
- diététistes et nutritionnistes
- dentistes
- hygiénistes et thérapeutes dentaires
- professionnels paramédicaux
- spécialistes en médecine clinique et de laboratoire

Pour connaître les raisons qui ont motivé ce choix de professions jugées importantes dans la prestation de soins primaires aux Autochtones, consultez notre rapport technique.
Bien que notre analyse porte principalement sur les professions du domaine des soins de santé primaires, n’hésitez pas à télécharger nos données supplémentaires qui fournissent des estimations de la représentation autochtone en 2021 à l’échelle nationale pour l’ensemble des professions de la santé.
- Agence de la santé publique du Canada, « Les principales inégalités en santé au Canada »; Loppie et Wien, « Comprendre les inégalités en santé vécues par les peuples autochtones »; Reading et Wien, « Inégalités en matière de santé et déterminants sociaux ».
- Statistique Canada, « L’accès aux soins de santé et l’expérience de soins »; Yangzom, Masoud et Hahmann, « Primary Health Care Access »; Barbo et Alam, « Indigenous People’s Experiences ».
- Commission de vérité et réconciliation du Canada, « Commission de vérité et réconciliation du Canada : Appels à l’action ».
- Barbo et Alam, « Indigenous People’s Experiences »; Gibson et coll., « Enablers and Barriers to the Implementation of Primary Health Care Interventions for Indigenous People »; Bearskin et coll., « Truth to Action »; Régie de la santé des Premières Nations, « FNHA’s Policy Statement on Cultural Safety and Humility ».
- Barbo et Alam; Gibson et coll.; Bearskin et coll.; Régie de la santé des Premières Nations.
- Centre de collaboration nationale de la santé autochtone, « Towards Cultural Safety for Métis »; Swidrovich, « Indigenous Awareness and Effective Interaction »; Baba, « Cultural Safety in First Nations ».
- Greenwood, Leeuw et Lindsay, « Défis relatifs à l’équité en matière de santé ».
- Santé Canada, « À propos du système de santé du Canada »; Statistique Canada, « Enquête sur l’accès aux soins de santé ».
- Yangzom, Masoud et Hahmann, « Primary Health Care Access ».
Il faut accroître la représentation des Autochtones

En réponse à l’Appel à l’action de la Commission de vérité et réconciliation visant à augmenter le nombre de professionnels autochtones en santé, les établissements postsecondaires s’affairent à établir des partenariats avec les organisations de santé et les communautés autochtones afin de mettre en œuvre des programmes ciblés en appui au développement professionnel des étudiants autochtones.
Toutefois, en 2021, les Autochtones demeuraient sous-représentées à l’échelle nationale dans l’ensemble des professions de soins primaires que nous avons étudiées, à l’exception des professionnels paramédicaux. Pour plusieurs professions des soins primaires, il faudrait augmenter de plus de 100 % la représentation des Autochtones pour atteindre une représentation égale.
Le monde de l’enseignement supérieur : un frein à la représentation des Autochtones
Les Autochtones sont sous-représentés dans l’ensemble des professions de la santé exigeant un diplôme postsecondaire, et leur représentation diminue au fur et à mesure que les exigences de scolarisation augmentent. Nous observons les plus faibles taux de représentation autochtone au sein des professions de soins primaires qui nécessitent le plus haut niveau de scolarité, comme les omnipraticiens et les médecins en médecine familiale.
Provinces/Territoires
La représentation des Autochtones est plus élevée dans certaines provinces
En 2021, les Autochtones étaient sous-représentés dans presque toutes les professions de soins primaires à l’étude, et ce, dans l’ensemble des provinces et territoires. Toutefois, certaines provinces et les territoires doivent en faire davantage afin d’atteindre une représentation égale.
Des fossés urbain/rural, Nord/Sud
Les régions rurales et du Nord du Canada accusent un retard en matière de représentation
La représentation des Autochtones dans les professions de soins de santé primaires est plus faible dans les régions rurales et nordiques que dans les régions urbaines et du Sud du pays.
Les étudiants autochtones des régions nordiques et rurales qui poursuivent des études postsecondaires sont désavantagés en raison des défis uniques auxquels ils sont confrontés. Au nombre de ces défis, on compte un moins grand nombre de programmes postsecondaires offerts dans leur région (ce qui entraîne des coûts de déménagement et de réinstallation plus élevés), l’absence de programmes d’études adaptés à la culture et un accès limité aux ressources de préparation aux études postsecondaires comme le tutorat, l’orientation scolaire et le mentorat10.

- McKeown et coll., « Indigenous Educational Pathways »; Gordon et White, « Indigenous Educational Attainment in Canada ».
Premières Nations, Inuits et Métis
Les membres des Premières Nations et les Métis sont les plus représentés
Les Métis constituent la majeure partie des professionnels autochtones dans la plupart des professions de soins primaires que nous avons étudiées, suivis par les professionnels issus des Premières Nations. Les Inuits demeurent faiblement représentés dans les professions de soins primaires.
La plupart des communautés inuites sont situées dans l’Arctique, où elles sont confrontées à des défis considérables en raison de leur éloignement et d’infrastructures rudimentaires qui limitent l’accès aux services essentiels, y compris à l’éducation11. En 2021, les Inuits affichaient la plus faible scolarisation parmi les trois groupes autochtones reconnus au Canada12. Et puisque les professions du secteur des soins de santé spécialisés nécessitent une formation et un niveau de scolarité avancés, ces obstacles contribuent probablement à la plus faible représentation des Inuits au sein des professions de la santé.
- Relations Couronne-Autochtones et Affaires du Nord Canada, « Cadre stratégique pour l’Arctique et le Nord ».
- Statistique Canada, « Tableau 98-10-0413-01 ».
La représentation des Autochtones augmente

La représentation des Autochtones s’améliore chez les médecins et le personnel infirmier
Depuis la publication des Appels à l’action de la Commission de vérité et réconciliation, le soutien au recrutement et à la rétention des professionnels de la santé autochtones s’est amélioré. Ce soutien accru comprend notamment des initiatives qui font la promotion de parcours professionnels dans le domaine de la santé et qui encouragent les investissements dans des programmes qui favorisent l’accès aux études en santé et la persévérance scolaire. Des réformes institutionnelles dans l’enseignement des soins de santé sont également en cours afin d’accroître l’inclusion et d’intégrer les remèdes traditionnels et les pratiques autochtones de guérison et de mieux-être dans les programmes d’études13.
Entre 2016 et 2021, la représentation autochtone a augmenté dans la plupart des professions de soins primaires à l’étude. Les professions ayant enregistré les plus fortes hausses sont les omnipraticiens, les médecins en médecine familiale, le personnel infirmier autorisé et le personnel infirmier psychiatrique.
- Aziz, Saba et Ward, « Indigenous Representation in Health Care Improving »; CBC News, « Truth and Reconciliation in Canada ».
La méthodologie et les hypothèses de prévision pour chaque scénario sont décrites en détail dans notre rapport technique :
Ce rapport a été préparé grâce au soutien financier du Centre des Compétences futures. Le Conference Board du Canada est fier d’être un partenaire de recherche au sein du consortium du Centre des Compétences futures. Pour de plus amples renseignements sur le Centre, consultez son site Web à fsc-ccf.ca.
De nombreux collègues du Conference Board ont contribué à faire de ce projet de recherche une réalité. Adam Fiser, chercheur principal associé, Ph. D., a conçu ce projet et a supervisé l’ensemble du processus de recherche. Jacob LeBlanc, associé de recherche, M.A.; et Amanda Thompson, associée de recherche principale, Ph. D., ont réalisé la recherche et Alicia Hussain, chercheur associé principal, Ph.D., et Stefan Fournier, directeur général, M.A., ont formulé des commentaires sur les premières ébauches. Natasha Delrosario, designer graphique, a conçu cette expérience en ligne.
Nous remercions également les membres du Conseil consultatif de la recherche qui ont soutenu cette recherche :
- Richard Budgell, professeur adjoint, Département de médecine familiale, Université McGill
- Sydney Forbes, coprésidente section Est, Association des étudiants en médecine autochtones du Canada
- Leila Gillis, directrice générale par intérim et infirmière en chef, Bureau des soins de santé primaires, Direction générale de la santé des Premières Nations et des Inuits, Services aux Autochtones Canada
- KC Herne, étudiante en médecine, Faculté de médecine, Université McGill
- Melanie Osmack, directrice générale, Association des médecins autochtones du Canada
- Sarah Konwahahawi Rourke, directrice du Programme autochtone des professions de la santé, Université McGill
- Sam Senecal, directeur des Affaires autochtones, École de médecine du Nord de l’Ontario
- Derek Thompson, directeur de la participation des Autochtones, Université de la Colombie-Britannique