Mortalité due au diabète

Messages clés

  • Le Nunavut est la seule région canadienne à se placer en tête de classement, mais il est probable que ses faibles taux de mortalité due au diabète tiennent à une forte mortalité prématurée due à d’autres maladies.
  • La prévalence du diabète continue d’augmenter; environ 2 millions de Canadiens sont diabétiques.
  • Des mesures préventives, comme un mode de vie actif et une alimentation saine, aident à réduire les risques d’apparition d’un diabète de type 2.

Mettre la mortalité due au diabète en contexte

Le diabète a pris des proportions épidémiques dans le monde et, d’après l’International Diabetes Federation, il s’agit d’un des problèmes de santé majeurs du XXIe siècle. En 2013, environ 5,1 millions de décès lui étaient imputables à l’échelle planétaire1. On estime à plus de 382 millions le nombre de diabétiques dans le monde et, si rien n’est fait, d’ici 2035, on dépassera vraisemblablement les 592 millions2. D’après les estimations, 316 millions de personnes dans le monde présentent une intolérance au glucose, ce qui est un précurseur du diabète. Leur nombre devrait passer à 471 millions d’ici 2035, équivalant à 8 % de la population adulte3.

Le diabète touche maintenant une génération plus jeune. Autrement dit, ce qui était une maladie de la vieillesse atteint à présent des personnes en âge de travailler, voire plus jeunes. Selon l’International Diabetes Federation, vu la diminution de l’activité physique et l’augmentation de l’obésité, le diabète de type 2 chez les enfants risque de devenir un problème de santé publique mondial4.

Le diabète est à la fois une maladie chronique et un facteur de risque important d’autres maladies chroniques. Il risque de peser lourd sur le système de soins de santé du Canada, car parmi ses complications courantes figurent les cardiopathies, les accidents vasculaires cérébraux, les troubles de la vue ou la cécité, l’insuffisance rénale et des lésions nerveuses5.

En raison de ces complications, il arrive souvent que des décès liés au diabète soient attribués à d’autres maladies. On estime, par conséquent, que les taux de prévalence du diabète donnent une meilleure idée du fardeau de cette maladie que les taux de mortalité. Cependant, comme il n’existe pas de données internationales sur la prévalence du diabète qui soient comparables aux données nationales, nous ne pouvons pas comparer les taux de prévalence dans les provinces et territoires aux taux des autres pays de comparaison. Au lieu de cela, nous classons les taux de mortalité due au diabète afin d’évaluer le fardeau relatif de cette maladie.

Cependant, les taux de mortalité due au diabète doivent être remis en perspective. Les personnes âgées risquent davantage de mourir du diabète que les jeunes, ce qui veut dire que les régions où l’espérance de vie est faible n’enregistrent peut-être pas beaucoup de décès imputables à cette maladie tout simplement parce que la population ne vit pas assez longtemps. De plus, nombre de complications du diabète peuvent entraîner un décès dû à une autre cause sous-jacente.

Comment les provinces et les territoires s’en sortent-ils par rapport aux pays comparables au Canada?

Le Nunavut et les Territoires du Nord-Ouest se situent parmi les cinq premiers au classement des pays de comparaison du Canada, avec la Finlande, le Japon et le Royaume-Uni. En fait, le Nunavut occupe le premier rang et son taux de mortalité due au diabète, qui est le plus faible de toutes les régions de comparaison, lui vaut un « A+ ». Les Territoires du Nord-Ouest décrochent un « A » et occupent, globalement, le cinquième rang. Entre 2009 et 2011, les taux moyens de mortalité due au diabète au Nunavut et dans les Territoires du Nord-Ouest étaient respectivement de 4,4 et 10,2 décès pour 100 000 habitants. On ne trouve aucune province dans les dix premiers, mais l’Île-du-Prince-Édouard, l’Alberta et le Québec obtiennent tous un « B ».

Au total, le Canada obtient un « C » et se classe 12e sur les 16 pays de comparaison (et 18e sur les 29 régions de comparaison). Trois provinces et un territoire figurent dans les cinq derniers rangs, avec l’Autriche. Le Manitoba et la Saskatchewan obtiennent un « D », tandis que Terre-Neuve-et-Labrador et le Yukon, régions les plus mal classées au Canada, se voient attribuer un « D- ». Le Yukon a le pire taux moyen de mortalité due au diabète sur trois ans, soit 40,2 décès pour 100 000 habitants.

Comment se situent les provinces et les territoires les uns par rapport aux autres?

Avec les plus faibles taux de mortalité due au diabète du pays, le Nunavut et les Territoires du Nord-Ouest décrochent un « A ». L’Île-du-Prince-Édouard et l’Alberta sont les provinces les mieux classées et obtiennent un « B », comme le Québec. Terre-Neuve-et-Labrador, le Manitoba et la Saskatchewan sont les provinces les plus mal classées. Cependant, avec 40,2 décès pour 100 000 habitants, le Yukon a le taux de mortalité due au diabète le plus élevé du pays.

Qu’en est-il de la prévalence du diabète au Canada?

Le diabète est une des maladies les plus courantes au Canada : selon les estimations, 2 millions de Canadiens, soit une personne sur 16, ont reçu un diagnostic de diabète6. Le nombre réel de personnes souffrant de diabète pourrait être nettement plus élevé, car beaucoup vivent pendant des années avec cette maladie chronique avant qu’un diagnostic soit posé.

Malheureusement aussi, la prévalence du diabète continue d’augmenter. En 2003, 4,2 % de la population canadienne souffrait de diabète. En 2013, on parle de 5,3 %7. En fait, cette prévalence est en hausse dans toutes les provinces depuis dix ans. A contrario, elle a toutefois baissé au Yukon et dans les Territoires du Nord-Ouest. (Le manque de continuité dans les données historiques sur le Nunavut empêche de tirer des conclusions définitives). L’Association canadienne du diabète s’attend à ce que 10 % de la population souffre du diabète d’ici 20208.


C’est en Colombie-Britannique que la proportion de la population vivant avec le diabète est la plus faible, soit seulement 4,3 % entre 2011 et 2013. Le Yukon, où la mortalité due au diabète est la plus forte, a un taux de prévalence moyen sur trois ans proche de la moyenne nationale. Les Territoires du Nord-Ouest affichent le deuxième taux de prévalence le plus faible, soit 4,8 %. D’après les dernières données dont on dispose pour le Nunavut, à savoir celles de 2009, 5,4 % de la population souffrait du diabète1.

Terre-Neuve-et-Labrador, province qui affiche le taux le plus élevé de mortalité due au diabète, a aussi le taux moyen de prévalence le plus élevé des provinces.

Comment explique-t-on la hausse de l’incidence du diabète et des taux de mortalité?

Dans les pays à revenu élevé, de 85 à 95 % environ des cas de diabète sont de type 210. Le nombre de personnes atteintes de diabète de type 2 augmente considérablement au Canada en raison du vieillissement de la population, de taux d’obésité en hausse et de modes de vie de plus en plus sédentaires11. L’activité physique, une alimentation saine, la perte de poids, le fait de ne pas fumer et la réduction du stress peuvent aider à retarder ou à prévenir l’apparition du diabète de type 2. Il ressort d’une étude que des personnes qui risquaient de développer un diabète de type 2 ont réussi à réduire ce risque de 58 % en pratiquant 30 minutes par jour une activité physique modérée et en perdant de 5 à 7 % de leur poids12.

Aucun segment de la population n’est à l’abri du diabète. Les Autochtones et les personnes d’origine hispanique, asiatique, y compris du sud et du sud-est de l’Asie, ou africaine sont plus susceptibles de souffrir de diabète13. Si l’on s’attend à ce que la prévalence du diabète augmente au Canada, c’est entre autres parce que la majorité des nouveaux immigrants appartiennent à certains de ces groupes.

Parmi les populations à risque, l’incidence croissante du diabète de type 2 chez les enfants fait partie des indicateurs les plus troublants. Si l’on ajoute les taux d’obésité infantile en hausse, il pourrait s’agir de la première génération d’enfants en plus de 100 ans dont l’état de santé risque d’être plus mauvais que celui de leurs parents.

Les taux d’obésité en hausse expliquent-ils l’augmentation de la prévalence du diabète?

L’augmentation du diabète de type 2 tient à des choix de comportement et de mode de vie. Les choix de mode de vie, comme l’activité physique et l’alimentation, influent sur l’état de santé. L’obésité est un des principaux facteurs associés à de nombreuses maladies chroniques, y compris les cardiopathies, l’hypertension et le diabète de type 2.

Le pourcentage de Canadiens obèses ou faisant de l’embonpoint continue d’augmenter. En 2013, environ 18,2 % des Canadiens âgés de 18 ans ou plus se déclaraient obèses, avec un indice de masse corporelle (IMC) de 30 ou plus, contre 14,9 % en 200314. C’est dans les provinces de l’Atlantique que les taux d’obésité sont les plus élevés. En 2013, environ 29,1 % de la population de plus de 18 ans se déclarait obèse à Terre-Neuve-et-Labrador, la Nouvelle-Écosse, l’Île-du-Prince-Édouard, et le Nouveau-Brunswick arrivant non loin derrière. Les Territoires du Nord-Ouest et le Nunavut ont également des taux d’obésité supérieurs à 20 %. C’est en Colombie-Britannique que ce taux est le plus faible parmi les provinces, soit 14,3 %.


Le diabète peut frapper à tout âge, et ce qui est décourageant, c’est que 20,7 % des jeunes Canadiens âgés de 12 à 17 ans se déclarent obèses15 et que ce taux augmente. C’est au Nunavut, au Yukon et à Terre-Neuve-et-Labrador que les taux d’obésité infantile sont les plus élevés.


Le calcul de l’IMC à partir de mesures réelles de la taille et du poids brossent un tableau encore plus sombre16. D’après les calculs reposant sur les mesures relevées, 25,4 % des Canadiens âgés de 15 ans et plus étaient jugés obèses en 201117. Parallèlement, le taux d’obésité mesuré chez les enfants approchait également les 25 %18. L’augmentation du nombre d’enfants faisant de l’embonpoint explique en partie l’incidence en hausse du diabète chez les enfants. Si l’alimentation joue un rôle important, le risque d’obésité infantile augmente également si le mode de vie est moins actif.

Pourquoi le taux de mortalité due au diabète est-il faible dans les Territoires du Nord-Ouest et au Nunavut alors que leurs facteurs de risque sont aussi élevés?

La population des territoires est confrontée aux mêmes facteurs de risque que celle des provinces en ce qui concerne le diabète – un taux de tabagisme et un indice de masse corporelle plus élevés. Donc, comme les taux de tabagisme et d’obésité sont plus élevés dans les territoires, on s’attendrait à ce que le taux de mortalité due au diabète y soit supérieur ou, au mieux, égal à la moyenne canadienne. Pourtant, le Nunavut et les Territoires du Nord-Ouest affichent tous deux de faibles taux de mortalité due au diabète, ce qui leur vaut un « A » (même si le Yukon se classe…).

Le faible taux de mortalité du Nunavut tient peut-être en partie à la couverture générale des médicaments contre le diabète dans le programme des Services de santé non assurés19. Cependant, le taux élevé de mortalité due à d’autres maladies (cancer, maladies respiratoires) explique très probablement pourquoi moins de décès sont attribués au diabète dans les Territoires du Nord-Ouest et au Nunavut. Il est possible que le diabète contribue à de nombreux décès dans ces territoires, mais qu’il ne soit pas enregistré comme étant la cause sous-jacente.

Pourquoi la Colombie-Britannique obtient-elle seulement un « C »?

La Colombie-Britannique a le plus faible taux de prévalence du diabète de toutes les provinces, soit seulement 4,3 % de la population déclarée comme vivant avec la maladie entre 2011 et 2013. La province a également le plus faible taux d’obésité du pays et elle affiche de bons résultats à d’autres facteurs de risque du diabète, y compris le tabagisme et l’inactivité physique. Cependant, la province n’obtient qu’un « C » à l’indicateur de la mortalité due au diabète et elle occupe le 4e rang des provinces. Il serait bon d’examiner plus avant les raisons de ce classement relativement bas de la province en ce qui concerne la mortalité due au diabète.

Que peut faire le Canada pour enrayer la hausse spectaculaire du diabète?

Le diabète de type 2 est une maladie complexe qui s’accompagne d’un lourd fardeau de complications. Même si on a diagnostiqué un diabète chez de nombreux Canadiens, il semblerait que 700 000 autres souffrent de la maladie sans le savoir20, ce qui risque de peser lourdement sur le système de soins de santé canadien à mesure que ces personnes vieilliront.

L’Agence de la santé publique du Canada estime que le fardeau économique total du diabète s’élevait à 2,3 G$ en 200821. Cela comprend les coûts directs liés au traitement et aux soins – c’est-à-dire les médicaments, médecins et soins hospitaliers – et les coûts indirects –, soit les coûts liés à la mortalité (coûts de production associés à la mortalité prématurée) et les coûts de production associés à la maladie et aux blessures22. Il s’agit d’une estimation prudente, car le diabète est une maladie complexe liée à l’apparition d’autres maladies chroniques, comme les maladies cardiovasculaires.

De fait, les taux de mortalité sont au moins deux fois plus élevés chez les diabétiques que chez les non-diabétiques – au Canada, ces taux étaient de quatre à six fois plus élevés chez les diabétiques âgés de 20 à 39 ans en 2008-2009. Ces taux de mortalité plus élevés se traduisent par une espérance de vie moindre. Dans la population en âge de travailler (âgée de 20 à 64 ans), l’espérance de vie des personnes atteintes de diabète était inférieure de cinq à dix ans23.

Bien que des traitements agressifs soient nécessaires pour les personnes souffrant de diabète, il faut aussi mettre l’accent sur les mesures préventives. Maintenir un poids santé en adoptant un mode de vie sain et de bonnes habitudes alimentaires réduit les risques d’apparition d’un diabète de type 2, ainsi que de nombreuses autres maladies chroniques. Ces comportements sains doivent être encouragés en milieu de travail, à l’école et dans la collectivité tout entière. In fine, c’est évidemment à chacun de prendre la responsabilité de sa propre santé et de la santé de ses enfants. Il faut s’investir dans le traitement, car l’investissement du patient dans ses propres soins est essentiel à de meilleurs résultats.

Notes de bas de page

1    International Diabetes Federation, Diabetes Atlas, Sixth Edition (consulté le 6 octobre 2014).

2    Ibid.

3    Ibid.

4    Ibid.

5    Agence de la santé publique du Canada, Votre guide du diabète, 2009.

6    Statistique Canada, Tableau 105-0501, Profil d’indicateurs de la santé, estimations annuelles, selon le groupe d’âge et le sexe, Canada, provinces, territoires, régions sociosanitaires (limites de 2013) et groupes de régions homologues, CANSIM (base de données) (consulté le 6 octobre 2014).

7    Ibid.

8    Association canadienne du diabète, Diabetes: Canada at the Tipping Point, 2011.

9    Statistique Canada, Tableau 105-0503,Profil d’indicateurs de la santé, taux normalisés selon l’âge, estimations annuelles, selon le sexe, Canada, provinces et territoires, CANSIM (base de données) (consulté le 6 octobre 2014).

10    International Diabetes Federation, Diabetes Atlas, Sixth Edition (consulté le 6 octobre 2014).

11    Association canadienne du diabète, Diabetes: Canada at the Tipping Point, 2011.

12    Association canadienne du diabète, The Prevalence and Costs of Diabetes, avril 2008 (consulté le 18 août 2008).

13    Association canadienne du diabète, Diabetes: Canada at the Tipping Point, 2011.

14    Statistique Canada, Tableau 105-0501, Profil d’indicateurs de la santé, estimations annuelles, selon le groupe d’âge et le sexe, Canada, provinces, territoires, régions sociosanitaires (limites de 2013) et groupes de régions homologues, CANSIM (base de données) (consulté le 6 octobre 2014).

15    Ibid.

16    On dispose de deux séries de mesures de l’IMC : les mesures autodéclarées et les données mesurées. On dispose pour la plupart des pays d’estimations fondées sur la taille et le poids autodéclarés. Les estimations de l’IMC calculées à partir de mesures réelles de la taille et du poids sont rares et n’existent que pour un nombre limité de pays – ces données sont généralement plus élevées et plus fiables que les estimations de l’IMC reposant sur l’autodéclaration.

17    OCDE, Panorama de la santé 2013.

18    Ibid.

19    Association canadienne du diabète, At the Tipping Point: Diabetes in Nunavut, 2011.

20    Association canadienne du diabète, An Economic Tsunami: The Costs of Diabetes in Canada, 2009.

21    Agence de la santé publique du Canada, Le fardeau économique de la maladie au Canada 2005-2008, mars 2014, p. 12.

22    Ibid., p. 3.

23    Agence de la santé publique du Canada, Le diabète au Canada : Perspective de santé publique sur les faits et chiffres, 2011, p. 37-38.