Méthodologie

Que mesure le Conference Board par son bilan comparatif?

Le bilan comparatif permet de déterminer dans quelle mesure le Canada et ses provinces et territoires réussissent à créer une qualité de vie supérieure et durable pour tous les Canadiens.

Qu’entend-on par « qualité de vie supérieure et durable pour tous les Canadiens »?

Le Conference Board estime que l’objectif d’une qualité de vie supérieure et durable pour tous les Canadiens est atteint si le Canada et les provinces et territoires obtiennent un rendement supérieur et durable dans les six catégories suivantes :

  • Économie
  • Société
  • Innovation
  • Environnement
  • Santé
  • Éducation et compétences

Le mot « durable » est un qualificatif très important. En effet, le Canada ne peut pas se contenter de stimuler la croissance économique s’il le fait aux dépens de l’environnement ou de la cohésion sociale. Par exemple, le fait d’exploiter et d’exporter toutes nos ressources naturelles pour profiter des cours élevés des produits de base enrichira peut-être le pays à court terme, mais cette richesse ne sera pas durable à long ni même à moyen terme. Le Conference Board a toujours soutenu que la croissance économique et la durabilité du milieu physique doivent se fondre en un seul concept, celui d’une prospérité nationale durable, ce que nous appelons ici une « qualité de vie supérieure et durable pour tous les Canadiens ».

On peut définir et aborder la notion de durabilité de nombreuses façons, mais la définition la plus souvent utilisée est celle de la Commission Brundtland des Nations Unies : « Le développement durable est un développement qui répond aux besoins du présent sans compromettre la capacité des générations futures de répondre aux leurs1. »

Comment le Conference Board choisit-il ses indicateurs?

Les performances du Canada : Bilan comparatif ne vise à évaluer que des indicateurs de « résultats », autrement dit des indicateurs qui nous disent ce à quoi arrive le Canada et non quels efforts il consent. Dans la catégorie de l’innovation, toutefois, nous utilisons plusieurs indicateurs d’intrants comme indicateurs indirects des résultats.

Les performances du Canada tient aussi compte d’indicateurs sur lesquels les politiques publiques peuvent influer, c’est-à-dire des facteurs contribuant à la qualité de vie susceptibles d’être modifiés par l’action de particuliers, d’organisations ou des instances publiques. Ces politiques peuvent exercer sur les indicateurs une influence directe (p. ex. une loi exigeant à tout le monde d’aller voter) ou indirecte, en influant sur les intrants, ce qui se répercute sur la production (p. ex. une politique qui cherche à réduire les taux de tabagisme pour faire baisser les taux de mortalité). Certains indicateurs soulignent un écart de performance (c.-à-d. des différences de niveau entre des pays), alors que d’autres mettent l’accent sur les progrès réalisés en vue de combler un écart (c.-à-d. les différences de taux de croissance entre les pays).

Tous les indicateurs utilisés pour mesurer la performance répondent aux critères suivants :

  • L’indicateur fournit des renseignements importants sur la performance ou le statut d’une catégorie particulière.
  • Les politiques peuvent influer sur l’indicateur et celui-ci est utile pour les politiques.
  • Les données relatives à l’indicateur sont fiables et disponibles en temps voulu.
  • Les données sont suffisamment cohérentes pour permettre une analyse comparative dans le temps et entre pays.
  • De l’avis général, l’évolution de l’indicateur dans un sens est meilleure que dans l’autre.

Où le Conference Board obtient-il les données?

Environ 80 % des données utilisées dans le rapport d’analyse comparative internationale sont fournies par l’Organisation de coopération et de développement économiques (OCDE). Le reste vient d’autres sources fiables, comme les Nations Unies, la Banque mondiale et le Center for Environmental Law and Policy de l’Université Yale.

Presque toutes les données provinciales et territoriaux viennent de Statistique Canada. La liste complète des sources de données se trouve aux pages des Sources de données.

Les données utilisées pour chaque indicateur sont les plus récentes.

Comment le Conference Board choisit-il les 16 pays comparables?

Nous commençons avec les pays que la Banque mondiale classe parmi les pays à revenu élevé. Il s’agit, en fait, du groupe de pays susceptibles d’être parvenus durablement à une qualité de vie élevée, ce qui en fait un groupe de comparaison intéressant. Nous utilisons trois filtres pour déterminer quels pays parmi les 38 de ce groupe nous garderons dans notre analyse :

  • Population : Nous éliminons les pays peuplés de moins de 1 million d’habitants, ce qui en fait neuf, dont le Luxembourg et l’Islande, par exemple.
  • Superficie : Nous éliminons les pays de moins de 10 000 km² afin de limiter notre analyse à des pays qui sont plus que des villes États, comme Singapour.
  • Revenu (produit intérieur brut) par habitant : Nous classons les pays restants selon la moyenne du revenu réel par habitant sur cinq ans et ne retenons que les pays qui se classent au-dessus de la moyenne, ce qui élimine 13 pays, dont l’Espagne, la Nouvelle-Zélande et Israël, par exemple.

À partir de ces critères, 16 pays, dont le Canada, forment notre groupe de comparaison :

  • Australie
  • Autriche
  • Belgique
  • Canada
  • Danemark
  • Finlande
  • France
  • Allemagne
  • Irlande
  • Japon
  • Pays-Bas
  • Norvège
  • Suède
  • Suisse
  • Royaume-Uni
  • États-Unis

Le groupe de comparaison reste constant dans toutes les catégories de performance. De cette manière, le pays qui obtient les meilleurs résultats (dans chaque catégorie et pour chaque indicateur) est inclus dans toutes les analyses et nous pouvons comparer la performance dans le temps.

Lorsque nous ne disposons pas en temps voulu de données sur un pays pour un indicateur particulier, nous ne l’incluons pas dans le bilan comparatif correspondant.

Comment le Conference Board attribue-t-il les notes à chaque indicateur?

Pour dresser notre bilan comparatif, nous avons adopté un barème de classement de type bulletin de notes, fondé sur une pondération A, B, C et D. Nous attribuons les notes comme suit :

  • Pour chaque indicateur de résultat, nous calculons la différence entre les pays en tête et en queue de classement, puis nous divisons ce chiffre par 4, ce qui donne quatre quartiles.
  • Un pays obtient la note A pour un indicateur donné si son résultat se situe dans le premier quartile, B s’il est dans le deuxième, C dans le troisième et D dans le dernier.

Par exemple, pour l’indicateur de l’innovation « Articles scientifiques par million d’habitants », le premier au classement (Suisse) a produit 1 176 articles scientifiques par million d’habitants en 2005 et le dernier (Japon) 424 articles. Voici à quoi correspondent A, B, C et D selon notre méthode de classement :

A : de 988 à 1 176 articles scientifiques
B : de 800 à 987 articles scientifiques
C : de 612 à 799 articles scientifiques
D : de 424 à 611 articles scientifiques

(Remarque : Dans cet exemple, une note élevée indique un très bon résultat. Pour les indicateurs où une note faible est synonyme de très bon résultat, comme les notes concernant la pauvreté dans la catégorie Société, l’ordre de classement est inversé.)

Un indicateur, l’inflation, n’est pas noté en utilisant la méthode standard et la méthode a été modifiée pendant la récession de 2008-2009 pour deux indicateurs, soit la croissance du PIB et la croissance de la productivité du travail.

Inflation

En ce qui concerne l’inflation, nous attribuons un A lorsqu’elle se situe dans la fourchette cible de maîtrise de l’inflation de la Banque du Canada, soit entre 1 et 3 %. En dehors de cette fourchette cible (que ce soit en dessus ou en dessous), la note sera inférieure. Plus le pays s’éloigne de la fourchette cible, plus la note est basse. Les pays dont l’inflation se situe entre 0 et 1 % ou entre 3 et 4 % obtiennent un B. Nous estimons qu’entre 0 et 1 %, l’inflation se trouve dans une « zone de danger » parce qu’elle peut être le signe qu’un pays glisse vers la déflation. Sauf si ce très faible taux d’inflation s’explique par une appréciation de la monnaie ou une forte croissance de la productivité, auquel cas le pays se voit attribuer un A. Si l’inflation se situe entre 0 et -2 % (déflation) ou entre 4 et 6 %, la note sera un C. La plus mauvaise note, le D, est attribuée si l’inflation est supérieure à 6 % ou si les prix baissent de plus de 2 %, ce qui est le signe d’une déflation plus grave.

Croissance du PIB et de la productivité du travail

Pendant la récession de 2008-2009, la plupart des pays ont enregistré une croissance négative du PIB et de la productivité du travail, ce qui nous a conduits à modifier notre barème pour cette période afin qu’aucun A ou B ne soit attribué à un pays dont la croissance était négative.

Selon la formule suivante, les notes A ou B ont été attribuées aux pays dont la croissance était positive et les notes C ou D à ceux dont la croissance était négative :

  • Nous calculons la différence entre le pays qui obtient les meilleurs résultats et zéro, et nous divisons ce chiffre par 2. Un pays se voit attribuer un A pour la croissance si son résultat se situe dans la moitié supérieure de ce chiffre et un B autrement.
  • Nous calculons la différence entre zéro et le pays qui obtient les moins bons résultats, et nous divisons ce chiffre par 2. Un pays se voit attribuer un C pour la croissance si son résultat se situe dans la moitié supérieure de ce chiffre et un D autrement.

Comment le Conference Board attribue-t-il les notes à chaque catégorie de performance?

Nous convertissons d’abord les données de chaque indicateur en une unité commune en normalisant chaque point de données à l’aide de la formule suivante :

Valeur normalisée =(valeur de l’indicateur – valeur minimale)x 100
(valeur maximale – valeur minimale)

Cette formule permet d’obtenir une série de données dans lesquelles le pays qui se classe en tête obtient 100 et celui qui est en queue de classement zéro.

Un indice composite est ensuite calculé pour chaque pays en faisant la moyenne de toutes les valeurs d’indicateur normalisées. Aucune pondération différentielle explicite n’est accordée aux indicateurs en fonction de leur importance. En fait, nous donnons implicitement une pondération équivalente à tous les indicateurs. Telle est l’approche standard employée par la plupart des organisations en l’absence d’une raison impérative d’appliquer des pondérations différentes.

Nous attribuons une note pour la catégorie de performance en appliquant la méthode suivante :

  • Nous calculons la différence entre l’indice composite de la catégorie du pays de tête et de queue et nous divisons ce chiffre par 4, ce qui donne quatre quartiles.
  • Un pays obtient la note A pour la catégorie si son résultat se situe dans le premier quartile, B s’il est dans le deuxième, C dans le troisième et D dans le dernier.

Comment le Conference Board compare-t-il les résultats des provinces?

Pour la plupart des indicateurs, les provinces sont comparées aux 16 pays comparables en utilisant le même barème A, B, C et D que pour l’analyse comparative internationale. Cela nous permet d’évaluer les résultats provinciaux dans un contexte international et de nous assurer que les notes attribuées aux provinces sont équitables.

Par exemple, pour l’indicateur évaluant le niveau d’études secondaires, la province qui affiche les moins bons résultats – Terre-Neuve-et-Labrador – obtient un B parce que son taux d’études secondaires de 82,4 % est supérieur à celui de huit pays du groupe de comparaison. Dans le pays qui enregistre les plus mauvais résultats, la Belgique, seulement 71,3 % de la population adulte est titulaire d’un diplôme d’études secondaires. Si nous attribuions des notes aux provinces uniquement en fonction des résultats provinciaux, Terre-Neuve-et-Labrador obtiendrait un D, même si ses résultats sont assez bons dans un contexte international. De même, à l’indicateur mesurant le nombre de titulaires de doctorat, toutes les provinces affichent de piètres résultats. Cependant, si nous attribuions des notes uniquement en fonction des résultats provinciaux, la province qui affiche les meilleurs résultats, le Québec, obtiendrait automatiquement un A, même si ses résultats sont faibles par rapport à ceux de pays comparables.

Pour comparer les provinces dans un contexte international, nous calculons les notes A, B, C et D en utilisant les données des 16 pays comparables.

  • Pour chaque indicateur, nous calculons la différence entre les pays de tête et de queue et nous divisons ce chiffre par 4, ce qui donne quatre quartiles.
  • Une province obtient la note A à un indicateur donné si son résultat se situe dans le premier quartile, B s’il est dans le deuxième, C dans le troisième et D dans le dernier.
  • Si une province fait mieux que le pays comparable le mieux classé, elle obtient un A+.
  • Si une province fait pire que le pays comparable le moins bien classé, elle obtient un D-.

En l’absence de données internationales comparables pour un indicateur donné, les données provinciales sont utilisées pour calculer les quartiles A, B, C et D. L’indicateur de l’inflation est noté en utilisant une méthode différente, comme il est expliqué plus haut.

Les notes des catégories sont attribuées de la même manière que pour l’analyse comparative internationale. Les données des pays comparables sont comprises dans les calculs. Pour une catégorie donnée, chaque point de données pour chaque indicateur est normalisé et un indice composite est ensuite calculé pour chaque province et pays en prenant la moyenne de toutes les valeurs d’indicateur normalisées. Des notes A, B, C et D sont ensuite attribuées à chacun des résultats de l’indice composite des différents pays et provinces.

En plus d’être classées par rapport à des pays comparables au Canada, les provinces sont comparées entre elles et réparties selon trois catégories : provinces supérieures à la moyenne, moyennes et inférieures à la moyenne.

  • Pour chaque indicateur, nous déterminons d’abord le score moyen et l’écart type des valeurs provinciales. L’écart type mesure la variabilité dans une série de chiffres. Si les chiffres sont répartis normalement (c.-à-d. la répartition ne penche pas fortement d’un côté ou de l’autre et/ou ne comporte pas de valeurs aberrantes importantes), environ 68 % seront compris dans un écart type au-dessus ou en dessous de la moyenne.
  • Toute province qui se situe à un écart type au-dessus de la moyenne est dite « supérieure à la moyenne ». Les provinces qui se situent à un écart type en dessous de la moyenne sont dites « inférieures à la moyenne ». Les autres provinces ont un rendement qui les situe « dans la moyenne ».

Comment le Conference Board compare-t-il les résultats des territoires?

Pour l’instant, seule la catégorie Santé de notre bilan comparatif tient compte des territoires, car les données ne sont pas disponibles pour de nombreux indicateurs faisant partie des autres catégories. Cependant, au Conference Board, nous faisons tout notre possible pour inclure les territoires dans notre analyse. C’est pourquoi nous réalisons des bilans comparatifs distincts pour les territoires quand les données sont disponibles, comme nous l’avons fait dans la catégorie Économie. Les notes relatives à chaque indicateur et catégorie sont calculées de la même manière pour les territoires que pour les provinces.

Notes

1  Gro Harlem Brundtland., Rapport de la Commission mondiale sur l’environnement et le développement : Notre avenir à tous, Oxford, Oxford University Press, 1987, p. 40.