Revenu par habitant

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(Uniquement disponible en anglais.)

Messages clés

  • L’Alberta reçoit un « A+ », avec un revenu par habitant supérieur à celui de tous les pays comparables au Canada.
  • Le Nouveau-Brunswick et l’Île-du-Prince-Édouard obtiennent un « D- », avec un revenu par habitant inférieur à celui de la France, qui est le moins performant à cet égard parmi les pays comparables au Canada.
  • La note de l’Ontario baisse progressivement depuis le début des années 1980.

Le revenu par habitant mis en contexte

Le revenu par habitant, calculé en divisant le produit intérieur brut (PIB) par le nombre d’habitants, est la statistique la plus fréquemment utilisée pour comparer le bien-être économique entre plusieurs pays. Il mesure la valeur des biens et des services qui sont échangés sur le marché. Une bonne performance pour cet indicateur, que ce soit sur le plan de sa croissance ou de son niveau, ne garantit pas une qualité de vie élevée. Néanmoins, un pays qui ne génère pas suffisamment de revenus pour ses citoyens est entravé dans ce qu’il peut faire au chapitre environnemental et social.

Cet indicateur se mesure par habitant parce que le revenu total d’un pays peut augmenter en même temps que sa population, sans pour autant que le niveau de revenu du citoyen moyen connaisse une amélioration. Pour comparer en chiffres absolus le revenu par habitant dans le temps, on rajuste l’indicateur de manière à supprimer les effets de la variation des prix.

Beaucoup d’économistes ont souligné les défauts du revenu par habitant pour mesurer le bien-être. Par exemple, le revenu par habitant augmente en fait avec la criminalité si le pays consacre plus d’argent à la lutte contre la criminalité montante – en étoffant les forces de police ou en améliorant les technologies de collecte du renseignement. Ainsi, parmi les 16 pays comparables au Canada, les États-Unis possèdent le deuxième plus haut niveau de revenu par habitant, mais aussi les taux de pauvreté et d’homicide les plus élevés et l’espérance de vie la plus basse. Plusieurs indicateurs ajustés selon le PIB sont en cours d’élaboration afin d’essayer de tenir compte des aspects sociaux ou environnementaux qui ne sont pas incorporés dans le calcul du PIB.

Comment les provinces canadiennes s’en sortent-elles par rapport aux pays comparables au Canada?

Seule l’Alberta décroche un « A+ », avec un revenu par habitant qui dépasse même celui de la Norvège, pays dont on considère généralement qu’il possède l’un des niveaux de vie les plus élevés au monde. La Saskatchewan et Terre-Neuve-et-Labrador reçoivent un « B », avec un revenu par habitant proche de celui de la Suisse. La forte augmentation du PIB réel que ces provinces ont enregistrée récemment grâce à la prospérité du secteur des ressources a contribué à hausser le niveau de leur revenu par habitant.

Le Nouveau-Brunswick et l’Île-du-Prince-Édouard se trouvent au bas de la liste. Ces deux provinces obtiennent un « D- », avec un revenu par habitant inférieur à celui de la France, qui est le moins performant à cet égard parmi les pays comparables au Canada. Avec des « D » et des « D », le Manitoba, le Québec, la Nouvelle-Écosse, le Nouveau-Brunswick et l’Île-du-Prince-Édouard se trouvent dans le même groupe que le Japon et que certains pays européens ayant connu une faible croissance économique ces deux dernières décennies. Le Japon a stabilisé son revenu par habitant – la crise économique de 20 ans qu’il a traversée était due à une déflation que ses gouvernements successifs n’ont réussi à juguler que très récemment. Cette situation contraste avec celle des années 1970 et 1980, où le niveau de vie du Japon était monté en flèche grâce à la prospérité de ses exportations vers les pays développés de l’Occident.

Comment les provinces s’en sortent-elles les unes par rapport aux autres?

En plus de classer les provinces par rapport à des pays comparables au Canada, nous les avons comparées entre elles et réparties selon trois catégories : « supérieure à la moyenne », « dans la moyenne » et « inférieure à la moyenne »1. L’Alberta est la seule à être considérée « supérieure à la moyenne » en ce qui a trait au revenu par habitant en 2013. Ce n’est guère surprenant étant donné la prospérité du secteur énergétique, qui a permis à la province d’augmenter nettement son PIB réel. Ce sont les Provinces maritimes (à savoir la Nouvelle-Écosse, le Nouveau-Brunswick et l’Île-du-Prince-Édouard) qui enregistrent le revenu par habitant le plus faible. Depuis de nombreuses décennies, elles affichent une croissance du PIB réel inférieure au reste du Canada, générant de ce fait un faible niveau de revenu par habitant. Le Nouveau-Brunswick et l’Île-du-Prince-Édouard sont les deux seules provinces dont le revenu par habitant a été inférieur à 30 000 $US en 2013.

Pourquoi l’Alberta est-elle la plus performante?

La prospérité du secteur albertain de l’énergie a généré un immense afflux d’investissements ainsi qu’une croissance de l’emploi et du revenu qui ont non seulement propulsé l’Alberta en tête des provinces ayant le plus haut de niveau de vie, mais qui lui ont aussi permis d’égaler les pays développés affichant les meilleurs résultats en la matière. Bien que la prospérité albertaine ait entraîné une forte migration interprovinciale, particulièrement en provenance des provinces du centre du Canada et de l’Atlantique, l’augmentation du PIB réel a été suffisamment forte pour compenser la hausse démographique et maintenir le revenu par habitant à un niveau élevé (une hausse démographique tend à faire baisser le revenu par habitant). Entre 1981 et 2013, la population albertaine a augmenté de 76 %, soit la plus forte hausse du pays. En comparaison, la population canadienne n’a augmenté que de 42 % durant la même période.

Quel est le lien entre la productivité et le revenu par habitant?

Le principal déterminant du revenu par habitant d’un pays, à long terme, est le niveau et la croissance de sa productivité. La raison? Il n’existe aucune limite à la croissance de la productivité. Certains facteurs ont des limites, comme le nombre d’heures qu’un employé peut travailler par jour, le niveau auquel le taux de chômage peut descendre de façon durable, le niveau maximal que peut atteindre le taux d’activité et la proportion maximale des personnes en âge de travailler par rapport à la population totale. Par contre, l’innovation et l’évolution technologique peuvent soutenir indéfiniment la croissance de la productivité, stimulant ainsi le taux de croissance au fil du temps.

Dans l’équation ci-dessous, la productivité est la seule composante à pouvoir augmenter indéfiniment. Donc, augmenter la productivité est le seul moyen qu’a le Canada pour réduire de façon durable l’écart important qui s’est creusé ces dernières décennies entre son revenu par habitant et celui des États-Unis.

Pourquoi la plupart des provinces affichent-elles un revenu par habitant inférieur à celui des États-Unis?

Pour comprendre les différences qui existent entre les provinces et les pays comparables au Canada, nous devons examiner l’équation présentée plus haut et trouver la composante du revenu par habitant qui est à l’origine de l’écart de revenu.

Cette équation montre que le revenu par habitant est constitué de trois composantes :

  • La productivité du travail, qui correspond au PIB par heure travaillée. Elle mesure la valeur économique produite par l’employé moyen.
  • L’intensité du travail, qui correspond au nombre moyen d’heures travaillées par employé.
  • Le marché du travail, qui correspond à la part d’employés dans la population générale. Il est influencé par trois facteurs :
    • la capacité de l’économie à créer des emplois;
    • le profil démographique – la proportion de la population qui est en âge de travailler et donc potentiellement apte au travail;
    • la proportion de la population en âge de travailler qui rejoint réellement la population active.

Le tableau indique en dollars réels le montant de la contribution de chaque composante à l’écart de revenu pour 2012. Ainsi, en Ontario, le revenu par habitant était de 36 300 $ US en 2012, alors qu’il était de 45 283 $ US aux États-Unis, ce qui donne un écart de revenu de 8 983 $ US. La plus faible productivité du travail a contribué à hauteur de 11 374 $ US à cet écart et le nombre inférieur d’heures de travail par an accomplies par les travailleurs ontariens par rapport à leurs homologues américains a ajouté 1 446 $ US supplémentaires à ce nombre. Toutefois, l’Ontario a heureusement un taux d’emploi plus élevé, un taux d’activité supérieur et un profil démographique plus favorable. Ensemble, ces facteurs agissant sur le marché du travail ont permis de réduire de 3 837 $ US l’écart de revenu.

En 2012, l’Alberta est la seule province dont le revenu par habitant a été supérieur à celui des États-Unis. Bien qu’elle ait eu une productivité du travail légèrement inférieure, les autres composantes ont largement joué en sa faveur.

Globalement, voici la manière dont les trois composantes du revenu par habitant ont agi sur l’écart de revenu entre les provinces et les États-Unis en 2012 :

  • Dans toutes les provinces, la productivité du travail plus faible qu’aux États-Unis a représenté la plus grande part de l’écart de revenu. C’est à l’Île-du-Prince-Édouard qu’elle a eu l’effet le plus délétère, atteignant les 20 246 $ US et en Alberta qu’elle a eu le moins d’effet, avec un montant de seulement 826 $ US.
  • L’effet de l’intensité du travail a aggravé l’écart de revenu dans toutes les provinces, sauf en Alberta et à Terre-Neuve-et-Labrador. Le plus faible nombre d’heures enregistré dans huit provinces pourrait résulter soit d’une volonté de réduire le nombre d’heures travaillées soit de l’incapacité de l’économie provinciale à créer une demande suffisante pour que les travailleurs effectuent davantage d’heures. Le Québec, où les travailleurs effectuent en moyenne un peu moins de 32 heures par semaine, affiche la plus faible intensité de travail. Avec une moyenne hebdomadaire de 35 heures, l’Alberta enregistre l’intensité la plus haute.
  • Le marché du travail a dans la plupart des cas eu un effet positif, réduisant l’écart de revenu avec États-Unis pour toutes les provinces, sauf Terre-Neuve-et-Labrador.
    • La capacité à créer des emplois a été inégale. Le ratio entre l’emploi et la population active a été inférieur à celui des États-Unis dans quatre provinces (Terre-Neuve-et-Labrador, Île-du-Prince-Édouard, Nouvelle-Écosse et Québec) et supérieur dans les six autres. L’effet positif s’est particulièrement fait sentir au Manitoba et en Saskatchewan, où le taux de chômage est faible.
    • Le profil démographique a contribué à réduire l’écart de revenu dans toutes les provinces. Cela signifie que dans chacune d’elles, le pourcentage de la population en âge de travailler (et donc de contribuer à la création de produits et de services qui font monter le PIB) a été plus élevé qu’aux États-Unis.
    • Dans toutes les provinces, sauf à Terre-Neuve-et-Labrador, le taux d’activité plus élevé qu’aux États-Unis a contribué à réduire l’écart de revenu.

Quelle a été l’évolution du classement des provinces concernant le revenu par habitant??

Quelques provinces ont réussi à améliorer leur note au cours des dernières décennies. Ainsi, jusqu’au début des années 2000, Terre-Neuve-et-Labrador recevait généralement des « D ». Cependant, les réserves pétrolières de cette province, combinées à la hausse des prix mondiaux du pétrole, ont depuis fait monter le PIB réel et le revenu par habitant. Entre le milieu des années 2000 et 2013, Terre-Neuve-et-Labrador a surtout reçu des « C » ou des « B ». De leur côté, les autres provinces de l’Atlantique, qui ne peuvent pas compter sur de vastes réserves de pétrole, reçoivent essentiellement des « C » ou des « D » depuis le début des années 1980.

La note de l’Ontario baisse progressivement depuis le début des années 1980, reflétant les revers de fortune de l’économie de cette province. Dans les années 1980, l’Ontario recevait des « A » et des « B », suivis de simples « B » au début des années 1990, avant de tomber dans les « C ». La croissance du PIB réel de l’Ontario ralentit depuis les années 1980, car le secteur manufacturier de la province a pâti de la croissance instable des États-Unis, de la mondialisation et de l’appréciation du dollar canadien. De plus, en raison des déficits budgétaires chroniquement élevés et du niveau croissant d’endettement, il est difficile pour l’Ontario d’investir beaucoup plus d’argent dans l’éducation et l’innovation – qui sont des facteurs essentiels à l’augmentation de la productivité et à l’amélioration du niveau de vie.

Le Québec a lui aussi vu sa note se dégrader depuis le début des années 1980, recevant des « D » depuis le milieu des années 1990. L’économie de cette province a non seulement été affectée par les mêmes facteurs que l’économie ontarienne (c’est-à-dire l’appréciation du dollar canadien, le ralentissement de la croissance américaine et la mondialisation), mais aussi par d’autres. La frilosité des investisseurs a été alimentée par les incertitudes soulevées par le débat politique et deux référendums, qui freinent les investissements et l’innovation et minent la croissance de la productivité générale et du revenu par habitant depuis le milieu des années 1990.

Comment se portent les territoires?

Les Territoires du Nord-Ouest et le Yukon obtiennent des « A » ou des « B » depuis le début des années 2000. En fait, le revenu par habitant dans les Territoires du Nord-Ouest est beaucoup plus élevé que celui des provinces canadiennes depuis le début des années 2000, période à partir de laquelle les données pour ce territoire ont été dissociées de celles du Nunavut. La solide bassin de ressources naturelles des Territoires du Nord-Ouest, comme les diamants, le pétrole et le gaz, est le catalyseur de sa vigueur économique.

L’économie du Yukon repose elle aussi largement sur les ressources naturelles. Depuis le milieu des années 1980, le revenu par habitant du Yukon est supérieur à celui de toutes les provinces, à l’exception de l’Alberta.

Le revenu par habitant du Nunavut est inférieur à celui des Territoires du Nord-Ouest et du Yukon, mais il reste élevé selon les normes canadiennes, dépassant la moyenne nationale en 2010, 2011 et 2012. Comme son économie n’est pas aussi développée que celle des deux autres territoires, le Nunavut affiche un PIB général inférieur au leur.

Pour les prochaines années, les perspectives économiques des territoires demeurent positives. L’exploitation minière sera l’un des plus importants moteurs économiques du Nord canadien. Plusieurs nouvelles mines devraient ouvrir avant la fin de la décennie dans le Nunavut, le Yukon et les Territoires du Nord-Ouest.

Nous n’incluons pas les territoires dans nos calculs aux fins des comparaisons provinciales et internationales, car les données ne sont pas disponibles pour de nombreux indicateurs faisant partie des six catégories principales du bilan comparatif. Cependant, le Conference Board entend inclure les territoires dans son champ d’analyse et réalise des bilans comparatifs distincts pour les territoires quand les données sont disponibles, comme pour le revenu par habitant.

Le Conference Board publie deux fois par an un rapport intitulé Territorial Outlook dans lequel il examine la conjoncture économique et financière de chaque territoire, notamment les résultats par industrie, la situation du marché du travail et la composition démographique. Le Territorial Outlook est disponible en ligne à e-Library et, pour nos clients abonnés, à e-Data.

Le Centre pour le Nord, créé en 2009 par le Conference Board du Canada, mène également des recherches sur des questions concernant les territoires.

Un revenu par habitant élevé est-il synonyme de bien-être?

En règle générale, le bien-être d’un pays et le revenu par habitant vont de pair, parce que l’économie du pays doit générer un haut niveau de revenu pour financer les services sociaux qui assurent une qualité de vie élevée. Cependant, une comparaison du bien-être entre les États-Unis et le Canada montre qu’il faut manier avec prudence l’indicateur du revenu par habitant pour tirer des conclusions sur la qualité de vie dans ces deux pays.

Les provinces canadiennes, à l’exception de l’Alberta, affichent un revenu par habitant inférieur à celui des États-Unis. Pourtant, nombreux sont ceux qui pourraient arguer que la qualité de vie est supérieure au Canada, malgré un revenu par habitant plus bas. Ainsi, le Canada affiche un taux d’homicide par habitant largement inférieur à celui des États-Unis, et son système de soins de santé, même s’il est loin d’être parfait, fournit une protection universelle à tous les Canadiens. Ce n’est pas le cas aux États-Unis, où des millions d’Américains vivent toujours sans assurance médicale. Cela explique en partie pourquoi le Canada affiche de meilleurs résultats que les États-Unis en matière de santé. Même si la législation de l’administration Obama sur l’accès à des soins de santé abordables devrait améliorer le système de santé américain, il faudra des années pour que les Américains bénéficient du même accès aux soins de santé que les Canadiens, qui n’ont pas à redouter de se retrouver en faillite personnelle en raison d’une maladie inopinée.

Comment les provinces peuvent-elles augmenter leur revenu par habitant?

Selon les recherches du Conference Board, le meilleur moyen d’augmenter le revenu par habitant est de stimuler la productivité. Pour toutes les provinces, cela nécessite d’encourager l’innovation, d’investir davantage dans le matériel et l’outillage et d’attirer plus d’investissements étrangers direct. En outre, le fait d’accorder une plus grande priorité à la poursuite d’études postsecondaires, à l’apprentissage continu et à la formation en milieu de travail pourrait aussi stimuler la productivité et augmenter le revenu par habitant.

Notes de bas de page

1  Pour comparer les provinces canadiennes les unes par rapport aux autres, nous avons d’abord déterminé leur note moyenne et l’écart type des valeurs provinciales. L’écart type est la mesure de la variabilité qui existe à l’intérieur d’un ensemble de résultats. Si les résultats sont normalement répartis (c’est-à-dire que leur dispersion ne penche pas lourdement d’un côté ou de l’autre ou qu’elle ne comporte pas d’aberrations importantes), environ 68 % des résultats se trouveront à un écart type au-dessus ou en dessous de la moyenne. Toute province qui se situe à un écart type au-dessus de la moyenne est dite « supérieure à la moyenne ». Les provinces qui se situent à un écart type en dessous de la moyenne sont dites « inférieures à la moyenne ». Les autres provinces ont un rendement qui les situe « dans la moyenne ».