Équité du rendement de l’apprentissage

Messages clés

  • Six provinces obtiennent un « A » en ce qui concerne l’équité du rendement de l’apprentissage.
  • L’écart de résultats aux tests de mathématiques du PISA entre les élèves nés dans le pays et les élèves immigrés est moindre dans les pays qui mettent l’accent sur l’immigration économique (p. ex. Canada, Royaume-Uni, Australie).
  • Au Canada, la langue que parlent les élèves immigrés à la maison n’a pas nécessairement d’incidence sur leurs résultats aux tests de mathématiques du PISA.

L’équité du rendement de l’apprentissage au Canada mise en contexte

L’ambitieuse promesse de l’enseignement public est d’offrir à tous les élèves, quel que soit leur milieu socioéconomique, une égalité des chances en matière d’apprentissage et de préparation au travail et à la poursuite d’études. L’Organisation pour la coopération et le développement économiques (OCDE) souligne que [traduction] « l’intégration réussie des enfants d’immigrés dans la société est une indication essentielle de l’efficacité de la politique sociale d’un pays en général et de sa politique en matière d’éducation en particulier1 ».

Dans une société d’immigrants comme celle du Canada, cette ambition revêt une importance capitale si l’on entend s’assurer que les enfants immigrés bénéficient d’une égalité des chances dans la vie avec les enfants nés dans ce pays. L’éducation canadienne tient cette promesse, même s’il reste matière à amélioration.

L’équité du rendement de l’apprentissage se mesure à l’écart qui sépare les élèves nés dans un pays de ceux qui y émigrent dans les résultats des tests de mathématiques. Les tests de mathématiques utilisés pour ce bilan comparatif sont ceux du Programme international pour le suivi des acquis des élèves (PISA), qui est une évaluation internationale des compétences et connaissances des élèves de 15 ans, coordonnée par l’OCDE.

Quel est le classement international des provinces en matière d’équité du rendement de l’apprentissage?

Six provinces, l’Ontario, l’Alberta, le Manitoba, la Colombie-Britannique, le Nouveau-Brunswick et la Saskatchewan, obtiennent un « A ». Globalement, les provinces se classent assez bien à cet indicateur, et une seule n’obtient qu’un « C ». (Terre-Neuve-et-Labrador n’a pas fourni de données.) Plusieurs pays européens obtiennent de mauvais résultats à cet indicateur. Le Danemark, la France, la Belgique et la Finlande se voient attribuer un « D », et l’écart entre les résultats aux tests des élèves nés dans ces pays et ceux qui y ont émigré est grand.

Les politiques d’immigration expliquent-elles les écarts de résultats des pays?

Il est probable que les politiques d’immigration ont une incidence sur l’équité du rendement de l’apprentissage des différents pays. Ceux qui affichent les meilleurs résultats – Australie, R.-U. et Canada – ont tous des systèmes d’immigration à points qui mettent l’accent sur le volet économique. Dans ces pays, beaucoup d’enfants d’immigrés ont des parents très performants comparativement dont la demande d’immigration a été retenue en raison d’une contribution économique potentielle importante à leur pays d’accueil. De plus, les connaissances linguistiques sont également un déterminant clé de l’admissibilité dans chacun de ces pays. Des parents qui connaissent la langue dominante du pays sont aussi mieux placés pour aider leurs enfants à s’intégrer dans le système scolaire et dans la société en général.

La Finlande, pays qui obtient la plus faible note à l’équité du rendement de l’apprentissage, a un des taux les plus élevés de demandeurs d’asile dans sa population immigrée. Ces dix dernières années, les demandeurs d’asile représentaient le quart des nouveaux immigrés en Finlande2. En 2011, les demandeurs d’asile y venaient principalement d’Iraq, de Somalie et de Russie3. Comme les demandeurs d’asile émigrent pour fuir les persécutions, il est probable que beaucoup ne se sont pas vraiment préparés à émigrer et qu’ils n’ont pas nécessairement leur mot à dire dans le choix du pays d’accueil. Résultat, beaucoup ne connaissent pas suffisamment la langue pour pouvoir s’adapter facilement et pour aider leurs enfants à s’intégrer dans leur nouveau milieu éducatif. En outre, il est d’autant plus difficile de combler l’écart en Finlande que les Finlandais de naissance obtiennent de très bons résultats aux tests du PISA. Il faudrait plus de données pour déterminer si les enfants immigrés (en particulier réfugiés) finissent par rattraper leur retard sur la population née dans le pays.

Comment se situent les provinces les unes par rapport aux autres?

En plus de classer les provinces par rapport à des pays comparables au Canada, nous les avons comparées entre elles et réparties selon trois catégories : « supérieure à la moyenne », « dans la moyenne » et « inférieure à la moyenne »4.

C’est en Ontario que l’écart entre les résultats aux tests de mathématiques entre les élèves nés au Canada et immigrés était le plus petit et la province se classe au-dessus de la moyenne, talonnée par l’Alberta. C’est à l’Î.-P.-É. que l’écart est le plus grand.

Le nombre d’élèves immigrés qui parlent la langue du test à la maison peut être un des facteurs qui influent sur les résultats des élèves à cet indicateur. La majorité des immigrés parlent une des deux langues officielles à leur arrivée au Canada5. Cependant, avec Terre-Neuve-et-Labrador, l’Î.-P.-É. a un des plus faibles taux de maîtrise de l’anglais chez les immigrés au Canada.

Toutefois, alors qu’on pourrait s’attendre à ce que les immigrés qui parlent la langue du test à la maison obtiennent de meilleurs résultats que ceux qui ne la parlent pas, on constate en examinant les données provinciales que ce n’est pas toujours le cas. Dans trois seulement des sept provinces pour lesquelles on dispose de données, les immigrés qui parlent la langue du test à la maison obtiennent de meilleurs résultats que les autres. Il reste à voir quels seraient les résultats si les tests portaient sur la maîtrise de la compréhension de l’écrit au lieu des mathématiques. (Les tests du PISA 2012 portaient principalement sur les mathématiques, raison pour laquelle on ne dispose pas de résultats pour la compréhension de l’écrit par statut d’immigration.)

Bien que la langue soit certainement importante, il est possible que la politique d’immigration sélective du Canada ait une incidence sur les résultats des jeunes immigrés. Le Canada recherche des personnes instruites qui, à leur tour, donneront une base solide aux résultats scolaires de leurs enfants, indépendamment de la langue parlée à la maison. Globalement, les écarts assez minimes entre les résultats aux tests de mathématiques du PISA des élèves nés au Canada et des élèves immigrés est un signe que les systèmes éducatifs provinciaux contribuent à l’équité du rendement de l’apprentissage.

Notes de bas de page

1    OCDE, Résultats du PISA 2012 : L’équité au service de la réussite (Volume II), Donner des chances identiques à tous les élèves, Paris, OCDE, 2013, p. 71.

2    OCDE, Stat. Extracts, Base de données sur les migrations internationales. Par comparaison, ces dix dernières années, les demandeurs d’asile représentaient environ 3 % des personnes immigrant en Australie, 12 % de celles immigrant au Canada et 34 % de celles immigrant en France (qui n’obtient pas non plus un bon résultat à cet indicateur).

3    UNHCR, Asylum Trends 2012. Genève, Haut commissariat pour les réfugiés des Nations-Unies (HCRNU), 2013, p. 24.

4    Pour comparer les provinces canadiennes les unes par rapport aux autres, nous avons d’abord déterminé leur note moyenne et l’écart type des valeurs provinciales. L’écart type est la mesure de la variabilité qui existe à l’intérieur d’un ensemble de résultats. Si les résultats sont normalement répartis (c’est-à-dire que leur dispersion ne penche pas lourdement d’un côté ou de l’autre ou qu’elle ne comporte pas d’aberrations importantes), environ 68 % des résultats se trouveront à un écart type au-dessus ou en dessous de la moyenne. Toute province qui se situe à un écart type au-dessus de la moyenne est dite « supérieure à la moyenne ». Les provinces qui se situent à un écart type en dessous de la moyenne sont dites « inférieures à la moyenne ». Les autres provinces ont un rendement qui les situe « dans la moyenne ».

5    Citoyenneté et  Immigration Canada, Faits et chiffres 2012 (consulté le 6 mars 2014).