Cambriolages

Messages clés

  • L’Ontario et l’Île-du-Prince-Édouard affichent les plus faibles taux de cambriolage au Canada, ce qui leur vaut un « A » et une place parmi les cinq premières régions au bilan global.
  • Bien qu’elle enregistre le plus haut taux de cambriolage de toutes les provinces, la Saskatchewan obtient malgré tout un « B », car son taux est de loin inférieur à celui du dernier pays au classement, les Pays-Bas.
  • Le taux de cambriolage au Canada a considérablement diminué ces 15 dernières années.

Le taux de cambriolage mis en contexte

Une qualité de vie supérieure passe obligatoirement par un sentiment de sécurité personnelle et communautaire. Les effets financiers, physiques et psychologiques de la criminalité diminuent le degré de confiance dans une société et, de ce fait, compromettent la cohésion sociale. Dans son bilan comparatif, le Conference Board analyse les statistiques sur les crimes contre la personne (taux d’homicide) et contre les biens (taux de cambriolage). Le crime peut avoir d’importantes conséquences sur le bien-être des victimes et sur l’ensemble de la société.

Selon l’Office des Nations Unies contre la drogue et le crime, on entend par cambriolage l’« accès non autorisé à une partie d’un bâtiment/d’un logement ou d’autres locaux avec ou sans recours à la force (…) dans l’intention de commettre un vol [de biens] » (entrée par effraction).

Comment se comparent les taux de cambriolage dans les provinces à ceux des pays semblables au Canada?

Affichant toutes deux des taux moyens de 296 et 375 cambriolages pour 100 000 habitants, respectivement enregistrés de 2013 à 2015, l’Ontario et l’Île-du-Prince-Édouard sont les provinces les mieux classées; elles obtiennent un « A » et l’une des cinq premières places, aux côtés des pays de comparaison suivants : le Japon (83), la Norvège (315) et la Finlande (327). La Nouvelle-Écosse (388), le Nouveau-Brunswick (408) et le Québec (435) méritent aussi un « A », grâce à des taux de cambriolage moyens sur trois ans se situant entre 380 et 440 pour 100 000 habitants.

Dans l’ensemble, le Canada (438) s’en tire bien : il décroche un « A » et se classe au 4e rang parmi les 16 pays de comparaison. Les cinq provinces restantes obtiennent un « B ». Terre-Neuve-et-Labrador (491) et l’Alberta (539) terminent juste devant l’Allemagne (544). Le Manitoba (628), la Colombie-Britannique (635) et la Saskatchewan (754) affichent des taux de cambriolage moyens supérieurs au taux de cambriolage moyen des États-Unis sur trois ans, soit 607 cambriolages pour 100 000 habitants.

Le pays de comparaison aux prises avec le plus haut taux de cambriolage est les Pays-Bas – de 2012 à 2014, le pays a enregistré en moyenne 1 677 cambriolages pour 100 000 habitants.

Comment les provinces s’en sortent-elles les unes par rapport aux autres?

L’Ontario arrive bon premier avec, en moyenne, moins de 300 cambriolages pour 100 000 habitants de 2013 à 2015. L’Île-du-Prince-Édouard, la Nouvelle-Écosse, le Nouveau-Brunswick et le Québec font aussi bonne figure, affichant des taux de cambriolage moyens inférieurs à la moyenne nationale de 438 cambriolages pour 100 000 habitants. C’est en Saskatchewan et en Colombie-Britannique qu’on observe les taux de cambriolage moyens les plus élevés parmi les provinces. À 754 cambriolages pour 100 000 habitants, le taux de cambriolage moyen sur trois ans de la Saskatchewan est bien plus d’une fois et demie supérieur à la moyenne nationale.

Qu’en est-il des territoires sur le plan des cambriolages?

Le Yukon affiche un taux de cambriolage supérieur à la moyenne nationale, mais tout de même relativement faible si on le compare à ceux de la plupart des pays de comparaison. Le territoire a enregistré en moyenne 652 cambriolages pour 100 000 habitants de 2013 à 2015, ce qui lui vaut un « B ».

Les Territoires du Nord-Ouest et le Nunavut ont les taux de cambriolage les plus élevés du Canada, si bien qu’ils écopent d’un « C » et d’un « D », respectivement. De 2013 à 2015, le taux de cambriolages moyen au Nunavut a atteint 1 668 pour 100 000 habitants, soit plus de trois fois et demie la moyenne nationale. Les Territoires du Nord-Ouest s’en tirent à peine mieux, avec un taux de cambriolage moyen de plus de 1 207 pour 100 000 habitants, c’est-à-dire près de trois fois la moyenne nationale.

Nous n’incluons pas les territoires dans nos calculs aux fins des comparaisons provinciales et internationales, car les données ne sont pas disponibles pour des indicateurs clés du bilan social comparatif. Cependant, le Conference Board entend inclure les territoires dans son analyse et il fournit donc des renseignements sur leur performance quand des données sont disponibles.

Le taux de cambriolage au Canada est-il en baisse?

Oui. Le taux de cambriolage au Canada a considérablement diminué ces 15 dernières années. Même s’il est passé de 427 en 2014 à 443 en 2015, la tendance globale est à la baisse depuis les 20 dernières années. De 1998 à 2015, le taux a chuté de plus de 60 %. Les reculs les plus importants parmi les provinces ont été observés en Ontario et au Québec, où les taux ont diminué d’environ 70 %. Dans les territoires, c’est au Yukon qu’on a noté la plus forte amélioration. En effet, on y a enregistré une baisse du taux de cambriolage de 59 % de 1998 à 2015.

On ne connaît pas très bien les raisons de cette amélioration continue des statistiques canadiennes sur la criminalité au cours des 20 dernières années. De nombreux facteurs, plutôt qu’un seul, sont sans doute à l’origine de ce recul des taux de criminalité. Le vieillissement de la population canadienne y est pour quelque chose, tout comme l’évolution des activités de loisirs de la jeunesse canadienne. Les hommes de moins de 30 ans, qui constituent la majeure partie des contrevenants, passent maintenant plus de temps entre quatre murs à utiliser des appareils électroniques, si bien qu’ils sont moins longtemps exposés au risque de s’attirer des ennuis en pratiquant d’autres activités. Les jeux vidéo, les médias sociaux et l’accès instantané et illimité aux vidéos et à la messagerie sont autant de facteurs qui pourraient avoir contribué à la baisse des taux de criminalité1. On a observé une énorme baisse des cambriolages perpétrés par des jeunes au Canada – le taux a chuté de près de 80 % de 1998 à 2015.

L’amélioration des technologies, notamment des dispositifs antivol, a aussi été un facteur de la diminution des taux de criminalité2. D’autres facteurs pourraient également avoir joué un rôle, y compris l’évolution des pratiques policières, « les fluctuations du taux de chômage, l’évolution des tendances en matière de consommation d’alcool, les caractéristiques des quartiers ainsi que le changement des attitudes envers la criminalité et les comportements à risque3 ».

Le glissement vers la cybercriminalité – activité plus lucrative entraînant un moins grand risque direct – pourrait aussi avoir contribué à la baisse des taux de cambriolage. Plus de 9 000 cas de cybercriminalité – ou 33 pour 100 000 habitants – ont été déclarés par les services de police en 2012. Les cas de fraude ont représenté plus de la moitié des cybercrimes déclarés la même année4.

À quoi sont dus les taux élevés de cambriolage en Saskatchewan, dans les Territoires du Nord-Ouest et au Nunavut?

Les taux de criminalité dans le nord de la Saskatchewan sont plus de cinq fois supérieurs à ceux dans le sud de la province, alors que le taux global de criminalité dans les territoires est près de sept fois plus élevé que la moyenne nationale.

Les hauts taux de criminalité s’expliquent notamment par le fait que les populations dans le nord de la province et dans les territoires sont un peu plus jeunes que dans le Sud5.

En outre, c’est en Saskatchewan et dans les territoires que les proportions d’Autochtones figurent parmi les plus élevées au pays. En Saskatchewan, plus de 15 % de la population est autochtone. Dans les Territoires du Nord-Ouest et au Nunavut, les proportions de la population qui sont d’identité autochtone s’élèvent à 52 et à 86 %, respectivement6. Les taux de criminalité dans les populations autochtones sont plus hauts, et le taux d’incarcération chez les Autochtones est environ 10 fois supérieur à celui observé chez les non-Autochtones7. Un certain nombre de facteurs socioéconomiques interdépendants aident à expliquer les hauts taux de criminalité dans les populations autochtones – le taux de chômage élevé, la pauvreté et le faible niveau de scolarisation ont une incidence, tout comme les abus d’alcool et de drogues et les traumatismes, qui découlent tous des déplacements successifs de populations et des pensionnats. De plus, « les taux élevés d’incarcération des Autochtones ont été liés à de la discrimination systémique et à des attitudes fondées sur des préjugés raciaux et culturels8 ».

Que peuvent faire les provinces et les territoires pour faire encore reculer la criminalité?

Les méthodes de prévention de la criminalité qui s’attaquent aux causes profondes sont généralement les plus fructueuses. Après avoir analysé des programmes canadiens, américains et britanniques qui ont été fructueux, le Conference Board du Canada formule les recommandations suivantes9 :

  • Commencer par apprendre à connaître la collectivité et ses problèmes.
  • Définir des programmes et des politiques pour régler ces problèmes dans leur contexte communautaire, et se concentrer sur la réduction de la criminalité.
  • Tirer les enseignements de programmes de prévention menés ailleurs avec succès et s’en inspirer.
  • Garder le cap – les programmes de prévention ne porteront pas leurs fruits sans d’importants effort.
  • Obtenir l’engagement de hauts fonctionnaires.
  • Fournir des ressources suffisantes.
  • Veiller à la coopération et à la coordination entre les organisations qui cherchent à réduire la criminalité.
  • Adopter une approche globale de la prévention et élaborer des stratégies multidimensionnelles.

On ne peut faire baisser le taux de criminalité dans les populations défavorisées, comme celles qui vivent dans certaines collectivités autochtones, sans efforts concertés pour améliorer la situation socioéconomique. Pour faire reculer la criminalité dans ces régions, il est essentiel de s’attaquer à des problèmes persistants, comme la pauvreté et la toxicomanie, et d’améliorer les résultats scolaires.

La Cour suprême du Canada reconnaît les facteurs socioéconomiques et historiques à l’origine de taux de criminalité plus élevés dans les populations autochtones : « En clair, les tribunaux doivent prendre connaissance d’office de questions telles que l’histoire de la colonisation, des déplacements de populations et des pensionnats et la façon dont ces événements se traduisent encore aujourd’hui chez les peuples autochtones par un faible niveau de scolarisation, des revenus peu élevés, un taux de chômage important, des abus graves d’alcool ou d’autres drogues, un taux élevé de suicide et, bien entendu, un taux élevé d’incarcération. » (Juge LeBel s’exprimant au nom de la majorité dans R. c. Ipeelee, 2012)10.

Notes de bas de page

1    Zoe McKnight, « The Real Reason Crime Is Falling So Fast », Macleans.ca, 31 juillet 2015.

2    Kazi Stastna, « What’s Behind Canada’s Improving Crime Stats? », CBC News, 26 juillet 2013.

3    Statistique Canada, « Le taux de criminalité au Canada est en baisse depuis deux décennies ».

4    Benjamin Mazowita et Mireille Vézina, « Les cybercrimes déclarés par la police au Canada, 2012 », Ottawa, Statistique Canada, 25 septembre 2014.

5    Statistique Canada, « Les crimes déclarés par la police dans le Nord provincial et les territoires du Canada, 2013 », 5 mai 2015.

6    Statistique Canada, Enquête nationale auprès des ménages, Nombre et répartition de la population déclarant une identité autochtone et pourcentage d’Autochtones au sein de la population, Canada, provinces et territoires, 2011 (consulté le 11 mai 2016).

7    Bureau de l’enquêteur correctionnel, Document d’information : Délinquants autochtones – Une situation critique.

8    Ibid.

9    Rick Linden et Trefor Munn-Venn, Making Communities Safer: Lessons Learned Combatting Auto Theft in Winnipeg, Ottawa, Le Conference Board du Canada, 2008.

10    Bureau de l’enquêteur correctionnel, Document d’information : Délinquants autochtones – Une situation critique.