Perspectives budgétaires

Le nouveau budget maintient l’objectif du gouvernement précédent de limiter le déficit de cette année à 1,5 milliard de dollars et de revenir à l’équilibre budgétaire dès 2013-2014. Cependant, il ne sera pas facile de revenir à un budget équilibré. En raison du sombre contexte économique mondial, l’économie québécoise ne connaîtra pas une croissance aussi forte que prévu auparavant. Par ailleurs, les engagements pris par l’ancien gouvernement font que le manque à gagner atteindra 1,4 milliard de dollars en 2013-2014 et 2,8 milliards en 2014-2015. De plus, le nouveau gouvernement adopte aussi un certain nombre de mesures qui limiteront les recettes publiques. Ainsi, il a annulé l’augmentation prévue des frais de scolarité post-secondaire de 1 778 $ sur sept ans. Il est également revenu sur la décision d’augmenter de 0,01 $/kWh le prix de l’électricité patrimoniale pour se contenter d’indexer plutôt les prix de l’électricité sur le coût de la vie.
Pour que le gouvernement comble le manque à gagner et compense la baisse des recettes que représentent les nouvelles mesures, il lui faut à la fois réduire ses dépenses et augmenter les impôts. Au cours des deux prochains exercices, il limitera à 1,8 p. 100 et à 2,4 p. 100 respectivement l’accroissement des dépenses des programmes. En particulier, les organismes et les fonds spéciaux devront réduire leurs dépenses de 200 millions de dollars en 2013–2014 et 2 000 emplois (sur un total de 22 500) seront éliminés par attrition à Hydro-Québec.
Du côté des recettes, le taux d’imposition des revenus supérieurs à 100 000 $ sera haussé de 1,75 point de pourcentage et passera de 24 p. 100 à 25,75 p. 100. De même, au lieu d’éliminer la contribution santé comme il avait promis de le faire pendant la campagne électorale, le nouveau gouvernement la maintiendra, mais l’appliquera de façon plus progressive. (Voir le tableau « Structure révisée de la contribution santé ».) En conséquence, les travailleurs qui gagnent moins de 42 000 $ par année — soit les deux tiers des travailleurs — paieront moins que les 200 $ versés jusque-là. Pour la première fois depuis 2003, le gouvernement du Québec haussera aussi la taxe sur les produits du tabac. Le prix des cigarettes augmentera de 4 $ la cartouche, ce qui assurera une entrée d’argent supplémentaire estimée à 130 millions de dollars en 2013-2014. Les boissons alcoolisées seront aussi assujetties à une nouvelle taxe qui s’élèvera à 3 cents la bouteille de bière, à 17 cents la bouteille de vin et à 26 cents la bouteille de spiritueux.

Le nouveau gouvernement fait de la réduction de la dette une priorité importante. La dette brute du Québec devrait atteindre le montant astronomique de 200 milliards de dollars d’ici mars 2013, soit 55,7 p. 100 du PIB ou un point de pourcentage de plus que l’année précédente. Le gouvernement espère ramener le ratio de la dette brute par rapport au PIB en deçà de 50 p. 100 d’ici mars 2018 et s’en tient au même objectif plus lointain de 45 p. 100 d’ici 2025-2026. Pour atteindre ces objectifs, il prévoit exercer une gestion plus serrée du Plan québécois des infrastructures. Les investissements dans les immobilisations publiques, à l’origine de 65 p. 100 de l’augmentation de la dette brute de la province cette année, seront réduits de 1,5 milliard de dollars par an à partir de 2013–2014, en comparaison de ce que prévoyait le budget de mars 2012. Par conséquent, les dépenses en infrastructures seront plafonnées à 9,5 milliards de dollars en moyenne pendant les cinq prochaines années. (Voir le graphique « Les dépenses en infrastructures seront réduites de 1,5 milliard de dollars ».)